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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Le rire est le propre de l'homme

En repensant à la différence pensée logique / pensée topologique (voir ici, je ne vais pas reprendre sinon je n'avance pas), j'essayais dans mon bain, d'imaginer un protocole expérimental à proposer à quelques amis neurologues, comme demander à des mathématiciens reconnus (médaille Fields par exemple) de suivre un raisonnement typiquement logique, puis un autre du domaine de la topologie et voir quelles zones du cerveau sont actives dans l'un et l'autre cas. Procéder de même avec des physiciens, en les faisant penser à leurs manips puis à leurs efforts pour en construire la théorie, ou l'inverse. J'aimerais beaucoup, par exemple, avoir l'honneur d'en discuter avec Alain Aspect.

Puis, chemin faisant, je me dis qu'un "saut diachronique", (i.e.: le Moi passant de I01 < Im à I01 < IR < Im) devait s'accompagner d'un sentiment quelconque, pour que le sujet puisse se souvenir de cet instant.

- Tu as déjà réfléchi à un changement de position ex ante / ex post:

 Ik < Im < Ik+1 < S < DM => Ik < Ik+1 < Im < S < DM

C'est déjà dans l'Homme Quantique, et en plusieurs endroits sur ce blog. Tu y as même vu le principe élémentaire de la jouissance, au sens psychanalytique (Lacanien) du terme. Mais c'est assez difficile de laisser un casque d'électrodes sur la tête d'Archimède en attendant qu'il sorte de son bain en s'écriant "j'ai trouvé" !

- Oui, mais ici, le saut est plus commun. Tout d'abord, il ne s'agit pas d'un changement de posture, mais d'un simple recul Imaginaire. Il doit donc être plus facilement identifiable, voire suffisamment répétitif pour qu'il puisse être enregistré.

- Et bien entendu tu as une idée de ce sentiment. S'agit-il de l'une de nos 4 pulsions primaires (voir "étude du système pulsionnel") ?

- Dans des cas extrêmes peut-être, mais je pense à quelque chose de plus intimement lié au langage, comme le rire.

- Le rire ? Tiens donc, et pourquoi ?

- Si tu y réfléchis bien, le rire naît d'une rupture dans un rythme. Il s'agit toujours d'une chute, qu'elle soit purement physique, ou de façon plus subtile dans l'ordonnancement du discours.

- Mais le rire peut naître d'une image, pas seulement d'un récit se déroulant dans le temps.

- Même lorsqu'il s'agit d'une image. Pour qu'elle prête à rire, il y a encore la surprise née d'une comparaison entre ce que l'on voit (le percept) et ce que l'on s'attend à voir (le concept). Et le rire, ou le sourire dans les cas faibles, sert de marqueur émotionnel pour que la mayonnaise prenne au niveau de l'amygdale et en fasse un souvenir. L'image de la Joconde déguisée en clown n'a de sens que pour qui se fait déjà une idée du tableau. Mais reconnais que le sentiment que l'on en retire est bien faible comparé à la chute d'une bonne histoire. Par curiosité, j'ai cherché sur le web des images correspondant à "Joconde clown", et j'avoue que j'en ai trouvé peu qui retiennent mon attention, à part peut-être ce tableau de Buffet :

Le rire est le propre de l'homme

Mais là, à part un sens de l'humour très particulier, tu en viens vite à un jugement esthétique du tableau en lui-même.

Non, le rire est intimement lié à une rupture dans un rythme, et donc, nécessite que nous soyons primitivement dans l'attente d'une histoire, c.-à-d. le déroulement d'une séquence. Et tout d'un coup, ce qui défilait "n'a plus de sens", au sens le plus général qui soit : nous avons perdu le fil du discours, la trame de l'histoire et le clown tombe de l'échelle, à plat, répandu par terre, exposé de toutes parts à la vue.

Eh bien je fais l'hypothèse que dans ce moment d'étonnement, la scène dont nous sommes spectateurs n'est plus d'ordre logique, mais d'ordre topologique : le non-sens est par nécessité au-dessus de la logique, il la transcende.

- L'inverse peut advenir, pense à la lettre cachée. L'impossibilité de reprendre la lettre, posée bien en vue tient à la situation de l'ensemble des personnages. Si l'un bouge en la prenant, il en révèle la place et détruit l'équilibre du tableau. Ici l'équilibre en se rompant engendrerait une action, un drame au sens purement étymologique du terme...

- Oui pour la rupture de symétrie, mais je ne pense pas que tu puisses facilement déclencher un rire de cette manière. D'une certaine façon la résolution de la scène n'amène pas de surprise: elle actualise seulement une potentialité déjà là. Il n'y a pas grande surprise à en attendre.

- Le rire serait donc, comme la jouissance, un encouragement à monter Im dans l'Imaginaire ?

- C'est ce que je pense et qui dit récompense, dit endorphine ou quelque chose de ce genre, qui viendrait à point pour souligner l'évolution et encourager sa répétition...

Pour en revenir à notre protocole, cette hypothèse conduirait à vérifier qu'une sécrétion endocrinienne accompagne le passage d'un raisonnement logique à un raisonnement topologique.

Reste à trouver les cobayes et les expérimentateurs pour en discuter plus avant.

À vos carnets d'adresses SVP... Et gardez le sourire !

Hari.

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