Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
4 Juin 2016
J’en suis toujours à peaufiner le début de mes vidéos.
Côté matériel, j’ai reçu mon éclairage (très basique : 3 diffuseurs avec des halogènes) ; l’écran vert pour le fond et mon pied d’appareil.
Le premier essai des lampes est décevant : la couleur ressort blafarde (une couleur de 5,400 °K) et la puissance lumineuse est assez faible. Je dois me mettre les spots pratiquement dans la figure pour avoir un résultat, bref j’en ai juste pour mon argent. Peut-être faudrait-il rajouter une lampe de chantier, plus chaude ? De plus, mon visage luit comme pas possible et je vais être obligé de faire quelque chose. Je m’imagine exposer le problème chez Séphora… J’irai avec les filles, pour essayer de passer inaperçu en me cachant derrière elles.
Par ailleurs je m’aperçois que Célia avait raison : j’ai le nez de travers. Il faudra trouver le bon angle pour ne pas fixer l’attention sur ce bout de nez. Et j’ai cette ride qui est comme une balafre verticale entre les deux yeux, c’est curieux à voir. Je ne parle pas des taches de vieillesse, ni du cou en ruines. Et mes dents ont besoin d’un détartrage : je vais demander à Marc de me prendre en urgence. Par ailleurs, elles sont jaunes, mais là je n’y peux pas grand-chose ; et celles du bas sont toutes petites, on dirait des dents de poisson, presque des chicots. J’ai intérêt à la fermer, quoique pour parler, ce soit difficile… On fera avec.
Côté maîtrise de Blender (pour les animations) ; je commence à me rendre compte de l’immensité de la tâche. Il va falloir revoir mes ambitions à la baisse pour ne pas m’y perdre. J’avais envisagé de créer une petite animation pour représenter le « Démon de Maxwell », avatar du démon juché sur l’épaule de Socrate, ou bien de Jiminy Criquet sur celle de Pinocchio. Je l’imaginais sous les traits du major Gruber de Moëbius, que j’utilise comme logo (ce qui me pose d’ailleurs problème car je n’ai aucun droit sur cette image.) Son rôle est essentiel dans la structure puisqu’il marque la position d’où l’on parle…
Cette histoire de logo fait d’ailleurs partie de la création d’une identité pour mes vidéos. Quel nom choisir ? Quel logo ? Quels décors ? Quelle bande-annonce en début de vidéo, comment les terminer ?
Et quel cadrage ? Gros plan ? Plan américain ? Juste le bonhomme ou bien une table devant moi ? Je me souviens d’une analyse de Schoendorffer sur le cinéaste Yasujirō Ozu. Il expliquait comment celui-ci faisait entrer le spectateur dans le cadre, en prenant une focale de 75 mm au lieu d’un 50 mm. Et je repense à eux en voyant ce court interview de José Mujica, l’ex-président de l’Uruguay. Le personnage me plait beaucoup, et le cadrage aussi. On ne peut pas lui échapper : il prend tout l’espace ; et l’œil n’est pas distrait par le fond puisqu’il est noir. Je vais peut-être le copier, pour marquer les points forts (créer des points d’accroche : voir ici sur le phénomène d'adhérence). Pour la hauteur de la caméra, je ne sais pas : de bas en haut, on ne verra que les fanons de mon cou ; de haut en bas, le front qui monte jusqu’au milieu du crâne ; avec le nez de traviol, ce n’est pas facile de passer la rampe. J’ai intérêt à retenir l’attention par autre chose que le physique ! On en est aux bronzés 2 :
« J’crois que toi et moi, on a un peu le même problème ; c’est qu’on peut pas vraiment tout miser sur notre physique, surtout toi. Alors si je peux me permettre de te donner un conseil, c’est oublies qu’t’as aucune chance, vas-y, fonce ! On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher»
Je désespère d’être prêt à temps pour le 10/07.
Bon, tout ceci, c’est pour la forme ; quant au fond… Pas mieux. Je vais faire ces vidéos, oui, d’accord, mais dans quel but exactement ?
Pour parler de moi, c’est évident. Laisser à mes filles un souvenir plus vivant qu’une simple photo. Et quoi de plus intime et personnel à leur léguer que ces pensées qui me définissent depuis que je tourne autour et qu’elles tournent en moi ; c’est à dire, depuis mon adolescence, en fait. Depuis ma lecture du cycle « Fondation » d’Asimov (j’en parle ici).
Mais, au-delà du cercle familial somme toute restreint, tout le monde s’en fout. Il faut bien avoir quelque chose à dire pour interpeler les autres. Socrate se baladait par les rues d’Athènes en questionnant les uns et les autres pour apprendre d’eux. Et dans l’exercice, il amusait la galerie et ceux qui le prenaient pour maître. Malheureusement, je ne suis ni Jean-Sol Partre, ni Michel Onfray, et pas l’ombre d’un adepte pour me suivre. Ce qui, à tout prendre, lorsque l’on considère la portérité de Jacques Lacan par exemple, est une bénédiction des Dieux !
Et puis, ce n’est pas dans ma nature : je n’ai pas besoin de débiner Freud pour exister. Ce n’est pas mon père ; juste quelqu’un dont les idées m’ont formé, même si j’en pointe les limites. De même qu’il serait idiot de critiquer Galilée parce qu’il n’a pas compris Einstein. Il y a un développement historique, une évolution des idées ; et l’exercice consistant à prouver la fausseté de concepts anciens, a posteriori, n’a aucun intérêt. Non, ce qui importe c’est le futur. Et pour l’envisager, comprendre de quelle façon il se nourrit du passé. Alors seulement on peut avancer d’un pas. C’est la démarche de Michel Foucault.
Belle envolée, et tout ça pour quoi ?
Pour en venir à ceci : puisque je ne sais pas par quel bout commencer, je vais tout simplement m’appliquer à moi-même l’approche que je définis. Coup de chance : j’ai à ma disposition plus de 180 articles de blogs écrits en quelques 10 ans, et un bouquin, qui fait étape. J’avais déjà fait l’exercice sur la psychanalyse (voir l’article psychanalyser la psychanalyse ).
Je vais donc mettre à plat tous mes articles, pour en dégager les lignes de force, les connexions. Et ma première vidéo sera le commentaire (comment dire) de ce « mapping ». Ce qui, après tout, n’est que l’expression « synchronique », la projection actuelle, d’un mouvement qui laisse des traces épisodiques pondues sur mon blog depuis une dizaine d’années…
(routine 01)
(go to routine 01)
Oups.
Hari
PS: en regardant une fiche sur le cinéma de Ozu, je tombe sur l'épitaphe qu'il a voulu sur sa tombe, un seul signe :
無 (mu) qui est un terme bouddhiste zen que l’on peut traduire par « le rien constant » ou « l’impermanence ». La traduction couramment donnée, « vide » ou « néant », semble donc bien incomplète.
Le rien constant ou l'impermanence...À méditer.