Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
21 Mai 2018
J'ai passé dimanche à tenter de tourner une première vidéo !
Comme j'étais dans le bureau du rez-de-chaussée, volets fermés et éclairage réglé, je n'ai pas vu le temps passé et j'en suis sorti à 22 heures, en n'ayant rien fait de présentable.
Ça m'avait pris le samedi pour installer l'ensemble, poser une caméra en face de moi, et mon iPhone en secours sur un second trépied. Puis, j'ai recherché les logiciels à ma disposition pour monter l'ensemble, avec une prise de son via mon micro-cravate. En fait, je n'ai pas retrouvé le logiciel que j'avais déjà utilisé il y a deux ans. Le logiciel de mon iPad ne permet pas de faire grand-chose, et ce que je trouve sur internet coûte trop cher. Et je n'arrive pas à obtenir la souplesse d'écriture que je souhaite: mélangeant texte, images, dessin si possible animé. Et puis je ne me souviens plus du cours de maquillage que n'ont prodigué mes filles. Ma figure luit horriblement, j'ai des tâches de vieux et mes dents ne sont pas jolies jolies. Bref la déprime du samedi soir.
Dimanche, je découvre un petit logiciel (Explain Everything) inexploré sur l'IPad qui permet d'enregistrer ce que je trace à l'écran tout en permettant d'incruster des vidéos, soit des commentaires pris de l'IPad en direct, soit n'importe quel fichier. Bon, exit le micro, les caméras, le maquillage, et je me lance en direct, l'iPad tenu en mains faute de support permettant à la fois de me filmer et d'écrire en même temps, tant pis pour le plafond qui montre le bout de son nez au-dessus du fond vert...
Et je me retrouve en situation d'écrire, comme je le fais depuis bien longtemps ici sur ce blog: du mano à mano avec la page blanche. Et c'est là que ça devient intéressant: l'écriture diffère, elle se forme d'après l'outil. Tout de suite apparaît la nécessité de n'enregistrer que de très courtes scènes, quelques dizaines de secondes. Un plan = une idée. Fort heureusement le logiciel découpe la présentation en "pages" successives. Dont une idée = plan = une page.
Ensuite, l'incrustation permet des effets impossibles à écrire simplement. Par exemple je peux tracer l'ensemble Réel / Imaginaire / Symbolique, avec une incrustation de mon visage commentant cette construction, puis, faire glisser cette incrustation dans le schéma, et rajouter une autre lucarne commentant ce glissement lui-même, pour donner une idée de récurrence, et de relativité de l'image que l'on donne. C'est pas très facile, parce que les outils de montage du logiciel sont limités et que j'apprends à m'en servir, mais d'une certaine façon, la page "parle d'elle-même". Je peux, donner une image de moi et dessiner un phylactère sortant de ma bouche. J'écrase ainsi plusieurs niveaux de langage l'un sur l'autre de façon très visuelle, faciles à "comprendre". Il faudrait encore le dessin en 3D pour que ce soit plus souple, mais bon, c'est déjà pas mal.
Le point intéressant, c'est que mes idées elles-mêmes s'adaptent à ces nouvelles possibilités et que mon sujet m'échappe pour vivre sa vie. Cet outil m'oblige à faire le synopsis d'un discours que je ne pourrais pas tenir sur ce blog. Mais, s'il donne à voir en quelques secondes, ce qui demanderait des développements fastidieux à écrire, et ennuyeux à lire, il demande un temps de montage carnassier: il me bouffe tout mon temps pour un résultat très maladroit, brouillon !
Je vais assumer ma maladresse, et considérer ces bouts de vidéos, comme les billets de ce blog: des essais gardant la trace d'une évolution, la mienne. Car ce qui m'intéresse le plus dans l'aventure, ce sont les hiatus, les achoppements de la pensée, et la façon de les contourner qui m'oblige à creuser encore d'avantage pour répondre enfin à la question qui revient sans cesse : "mais enfin, où veux-tu en venir"?
L'idée que j'avais au départ était de reprendre ma présentation du 02/05, mais en voulant faire vite, je commence d'entrée à parler du triptyque R/I/S, pour m'apercevoir très vite (la vidéo me le renvoie au montage) que c'est commencer trop vite. Alors, je reviens sur synchronie / diachronie, en montrant le cousinage entre "diachronie et temps", pour m'apercevoir, en tournant, que la distinction est très relative: ce que je présente comme "synchronique" tel ma phrase "le petit chat est mort", s'énonce dans le temps, c'est donc "diachronique" de ce point de vue, selon ma description du temps. Ce qui me replonge sur la nécessité de repartir du trauma initial comme dans ma présentation du 02/05 ... Ce que j'avais voulu éviter en prenant ce raccourci... Alors, ce matin, j'hésite entre garder cette amorce, ou revenir à la présentation initiale... Quoique cette amorce garde un questionnement qui n'est pas inintéressant...
Bref cet outil n'est pas seulement une aide à la présentation d'une idée déjà là, mais un outil de conception. De même que l'écriture est un moyen d'accoucher de ses idées, avant même d'avoir l'intention de les transmettre.
Je sens que je vais me passionner pour ce nouveau joujou... Au risque de m'y perdre.
Hari
PS: je joins la vidéo de mes essais: pas de panique, je sais que c'est nul et que je dois tout reprendre. C'est juste un moyen de garder à mon propre usage une trace de mon évolution, et de ce point de vue, le plus intéressant, ce sont les bafouillages, les reprises, les hiatus, les hésitations qui m'intéressent le plus (et encore, j'ai beaucoup coupé). On va dire que c'est ici mon point de départ, le degré zéro !
PS 2 : le plus drôle, en revoyant ma première vidéo d'il a tout juste 2 ans (ça passe vite; voir ce billet) c'est que je suis toujours dans la même problématique. La différence entre les deux instants, c'est qu'entre temps je me suis intéressé à la théorie des catégories, et que j'ai lu J-P Changeux ; autrement dit je comprends mieux ce que je cherchais, et suis maintenant focalisé sur ce niveau I01 dont j'ai parlé dans mon dernier billet. Il suffit de présenter en 5mn cette évolution qui m'a pris deux ans !