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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Intersectionnalité et orthogonalité

Astérix et Obélix Mission Cléopatre — Le monologue d'Otis

Le 18/ 04/ 2025 : Châtenois-les-Forges

- Ça y est, tu reprends tes petites écritures ?

- Il faut bien reconnaître que ces temps-ci, je suis à sec d'inspiration, et puis ce retour en France s'annonce plein de contraintes à gérer... En voiture entre Rennes et Belfort j'ai eu tout le temps de lâcher prise...

Je m'imaginais dans le réfectoire de Cerisy à discuter avec les participants à l'un des colloques auxquels je me suis inscrit (Note 1)... Qu'aurai-je à leur dire pour alimenter la conversation ? Que je suis vide, n'ayant rien à offrir sinon des divagations creuses, abstract no sens, et que je suis à leur écoute, dans l'espoir d'autre chose, d'une ouverture, d'une aventure...

- Es-tu si bloqué que ça dans ta recherche sur l'Imaginaire ?

- Pis que cela : je doute de son intérêt. Et puis il faudrait un esprit bien plus affûté que le mien pour avancer... Non, autant passer à autre chose.

- C'est le moment d'apprendre le saxo ? 

- Pas encore, car ce matin, en retombant sur cette sortie d'Édouard Baer dans Mission Cléopâtre, je retrouve effectivement ce plaisir d'écrire, et des rencontres :

"... et c'est assez curieux que les hasards, les rencontres, forgent une destinée"

C'est très vrai et en même temps très drôle parce qu'en décalage total par rapport au contexte !

Je n'ai aucun besoin de justifier le fait d'écrire : ça me fait plaisir, ça m'aide à réfléchir sur des sujets qui m'intéressent un instant; point barre. Mon plaisir des rencontres ne passe pas par cette écriture puisque je n'ai pas de lecteur. Elles se font ailleurs, à Sermamagny comme ce soir par exemple, ou encore autour de la table d'hôte de Tati Joe le samedi à Abidjan, autour d'une piscine le dimanche à Bamako, sur Olla entre le phare Amédée et la baie de l'Orphelinat le week-end à Nouméa, et bien entendu à São Paulo ces derniers temps. Cerisy, ce sont des occasions que je me donne, comme le challenge HEC à La Rochelle début juin.

- Tu renonces à faire un bouquin sur l'entropologie ?

- Je me détache du désir d'être lu, c'est différent.

- N'était-ce pas implicite dans ta démarche elle-même ? Souviens-toi qu'au début il s'agissait d'explorer l'espace Imaginaire pour en sentir les limites. Cheminement personnel vers la vacuité Bouddhiste... 

- Oui, oui, ce détachement du désir d'être lu, fait partie de la démarche, cependant, j'aimerais de temps en temps adresser un clin d'oeil aux gens que je croise. Se détacher de soi ouvre aux autres...

J'étais donc à rêvasser ainsi en écoutant hier l'émission Zoom zoom zen sur France Inter. L'invitée, Nesrine Slaoui parlant de la double peine des femmes maghrébines, propose le terme de "arabisogynie" pour identifier ce phénomène. Au fil du débat, j'entends que ce terme, comme celui de "misogynoire" proposé par Moya Bailey, trouve son origine dans les travaux de la sociologue Kimberlé Crenshaw parlant d'intersectionnalité.

Et c'est là que je tique : "intersectionnalité" renvoie à un croisement, comme un point commun à deux courbes sécantes et le terme me semble mal choisi.

- Je ne vois pas : elles parlent bien d'une spécificité liée au fait d'appartenir à deux minorités souffrant de la double domination :

  • du mâle sur la femme d'une part et
  • du Blanc Caucasien sur les autres ethnies d'autre part...

- Oui, bien entendu, mais l'expérience dont parlent ces auteurs (Note 2) n'a rien à voir avec un "et" quelconque : leur expérience ne se résume pas à être femme Et noire ou femme ET maghrébine, c'est beaucoup plus riche que cela.

Pour l'exprimer correctement il faudrait passer par des orthogonalités, passer de [⚤] à [#].

Prends l'expérience d'une femme maghrébine : elle se situe sur une surface définie par deux axes (sexe; ethnie) et non à "l'intersection" des deux axes.

Pour faire un parallèle avec les "extensions galoisiennes" : en partant des nombres rationnels ℚ, il faut étendre le domaine de définition avec √∆ pour exprimer les racines d'une équation du type ax2+bx+c=0 sous forme rationnelle x=(-b∓√∆)/2a (ici), où √∆ est une extension du corps ℚ de départ, orthogonal à ℚ.

- Et quel est le corps de clôture de toutes les extensions que tes études socilologiques vont t'amener à distinguer ?

- l'humanité avec un grand H, naturellement. Comme tu le vois, il y a dans le concept d'orthogonalité une ouverture, alors que le terme "intersectionnalité" réduit la rencontre entre deux catégories à leur intersection.

- Et ça apporte quelque chose à leur combat ?

Les passantes

- Non, c'est ce dont nous parlions en ouverture. Si personne ne relève ma remarque pour ouvrir un dialogue, ça ne sert strictement à rien. À moi de m'en foutre et de passer outre, en faisant un clin d'oeil au passantes..

- Amen

Hari

Note 1 :

Le premier répond à mon goût pour le "Space opera", quant au second, il me donnera je l'espère le plaisir d'entendre François Jullien qui m'a donné beaucoup à méditer avec son "Traité de l'efficacité" comme introduction à la pensée Chinoise.

Si d'aventure quelques-uns d'entre vous pouvaient s'y rendre, cela nous donnerait l'occasion de bonnes et belles discussions ! 😋

Note 2 :

Je me refuse à l'écriture inclusive : elle n'inclut que le sexe, que faire alors pour distinguer également l'origine ethnique, ou la classe d'âge, ou l'état de santé ... La seule écriture inclusive que j'utilise est celle qui spécifie les modes ♧ ♢ ♡, les niveaux [∃][⚤][#][♻][∅] ou plus fréquemment les postures 𓁝/𓁜 du Sujet. 

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