Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
6 Octobre 2007
Homme quantique, homme fractal
Je n’arrête pas de rebondir d’article en article sur les réflexions inspirées par cette émission sur Bob Dylan.
Je m’étais pourtant promis d’être sage –promis juré- suspension générale du jugement pour être entièrement à l’écoute de l’enseignement bouddhiste, dispensé par Thierry dans ce petit temple si cosy, au creux de la vallée de la Tyr.
Mais cette idée qui se cristallisait sous les touches du clavier, en rédigeant mon dernier article, cette hypothèse soulevée, selon laquelle nous pourrions à la fois être et ne pas être, me renvoie à d’autres pistes entr’aperçues.
Je n’ai ni le savoir, ni l’agilité d’esprit pour faire moi-même le pont théorique entre ce que je décris comme analyse diachronique (c'est-à-dire la vision de toute organisation comme un empilement de strates superposées, caractérisées chacune par une fréquence propre) et une représentation des organisations comme des modèles fractals.
Mais l’idée est la suivante: alors que dans la réalité matérielle, le temps s’écoulerait linéairement, et aurait une dimension égale à l’unité, notre incapacité à combler de nos représentations cet univers «compact» dans lequel nous baignons, nous ferait développer des «organisations fractales» pour appréhender le temps, représentations dans lesquelles, la dimension temporelle serait inférieure à 1.
De même qu’une éponge peut-être caractérisée par une dimension inférieure à 3, pour rendre compte du fait qu’elle n’occupe pas pleinement l’espace dans lequel elle s’inscrit.
C’est un peu une remise en cause du «carpe diem» dont on nous rebat les oreilles, pour nous culpabiliser de ne pas coller à la réalité, nous laisser distraire par notre imaginaire, mais sommes nous vraiment capables d’autre chose?
Nous sommes toujours sur plusieurs plans d’existence à la fois ; lorsque je conduis ma voiture comme ce jour-là, par exemple, beaucoup de gestes sont de simples réflexes, d’autres sont commandés par mon attention aux nids poules de cette route complètement défoncée, j’ai également l’oreille attirée par la radio, ce qui ne m’empêche pas de méditer sur l’article précédent de mon blog, alors que je suis par ailleurs inquiet de mon avenir, toujours porté par des projets en devenir et des tristesses nos évacuées. Bref je suis ici, et ailleurs, pas tout à fait dans l’instant, mais éparpillé sur une certaine plage de temps.
J’occupe le temps comme on sirote un cocktail, distraitement.
C’est de cette occupation lacunaire du temps dont je parle en disant que nous sommes organisés comme un objet fractal, dont la dimension temporelle est inférieure à 1.
Puis-je encore dire que j’existe (je parle de notre «Moi» tel que construit par notre Imaginaire) réellement?
Ne sommes – nous pas tous un peu évanescents ?
Vous voyez maintenant le lien entre cet homme fractal et la vision quantique qui se développait dans l’article précédent.
D’un côté comme de l’autre, c’est la «Réalité» (dans le triptyque Réel / Imaginaire / Symbolique de Lacan) qui m’interroge.
Mais peut-être, oui, peut-être, est-ce dans cette légèreté même que nous trouverons le moyen de nous échapper de cette Terre collant à la semelle de nos chaussures, comme disait Danton qui (tout comme Socrate), refusât au contraire de
partir…
Hari
PS: comme le dit Alice:
"I don't see how he can ever finish if he doesn't begin"