Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
30 Août 2018
En rangeant ma bibliothèque, j'ai retrouvé le Cycle Fondation, que j'ai relu d'un coup, pour voir si mes souvenirs étaient toujours bien en place, et décrocher un peu de mes écrans. Et puis, tout s'assemble autour de cette idée: nous sommes, nous Terriens, ici et maintenant, en pleine "Crise Seldon".
Pour la caractériser d'un mot, je dirai qu'elle tient tout entière à notre façon de voir le "tout numérique", comme un progrès scientifique, voire une supériorité de la culture Occidentale ! La faiblesse, notre faiblesse, tenant à mes yeux à cette arrogance.
Soit je vous en fais une tartine, soit je vous renvoie aux réflexions développées tout au long de cette année, amenant, dans mon dernier article, à la conclusion suivante : une approche logique d'un problème s'impose lorsque l'on n'en maîtrise pas la représentation.
Ça nous amène à reconsidérer tout le développement de la pensée moderne, à partir de la Renaissance, dans une perspective toute nouvelle.
À l'origine, il y a une réflexion des peintres Italiens sur la perspective, et c'est déjà la relativité du point de vue qui est questionnée, ce qui conduira à la géométrie perspective, racine commune aux géométries Euclidienne et Riemannienne...
Ensuite (comme toujours, je vais vite), nous arrivons à Galilée, qui fonde la physique. Bien, mais c'est avec Leibniz que nous commençons vraiment à entrer dans le vif du sujet, à savoir trouver des moyens de "mécaniser" le processus mental. Oui, oui, c'est bien pour développer des procédures automatiques enchaînant les causes aux conséquences, que Leibniz s'intéresse au calcul matriciel, comme au calcul infinitésimal et différentiel (en lutte acharnée avec Newton au sujet de la paternité du bébé). De son côté, Descartes cherche à aller aux racines de l'entendement en partant de l'ego (encore un relativisme), sans oublier qu'il nous offre les coordonnées cartésiennes.
Le maître mot c'est: rationaliser, simplifier les raisonnements, et en faire des "procédures"; avec une sorte d'apothéose chez Lagrange, qui fait un traité de physique "sans figure" en 1812, évacuant complètement les représentations géométriques de ses raisonnements.
Et tout au long du XIXème, physique comme mathématiques, se développent de conserve, s'étayant l'une l'autre, en épurant leurs discours jusqu'à ce que tout vole en éclat avec la catastrophe ultraviolette en 1900.
Eh bien, je vous propose de reconsidérer toute cette fantastique avancée intellectuelle, comme un effort sans égal dans les autres cultures, pour raccrocher nos représentations à la "logique". Autrement dit, ce développement doit être considéré comme une "régression" Imaginaire au sens où j'emploie ici ce terme pour signifier une "descente diachronique", à savoir un mouvement tendant à appauvrir notre Imaginaire au fur et à mesure que nous nous rapprochons du Réel.
J'y vois une formidable opération de nettoyage de toutes nos représentations antérieures, un coup de balai absolument nécessaire (il faudrait recadrer ça dans le fil de "les mots et les choses" de Foucault, bien entendu).
Mais, et c'est ici la bascule, nous continuons à utiliser dans des matières qui n'ont pas la même maturité que la physique ou les maths, par facilité ou déférence envers les "sciences dures", des types de raisonnement qui sont déjà dépassés dans ces dernières.
Bref, nous nous accrochons à la logique déterministe et aux procédures "cartésiennes" en économie, ou bien, dans la gestion des entreprises et des peuples, dans l'incapacité totale, ne serait-ce que de "gérer", sinon "comprendre" un simple processus écologique.
Et, dans ces domaines, l'approche anglo-saxonne est sans doute la plus caricaturale ! Avec une boulimie de règles et de procédures, non plus en référence au Réel, mais comme substitut du Réel, associée à une débauche d'activité pour les suivre, les enfreindre, ou les contrôler, qui caractérisent une fuite psychotique pour échapper à une souffrance névrotique (et c'est du vécu) ! Voir ici au sujet de la différence névrose/ psychose.
En passant de la géométrie à la simple logique, nous avons vu qu'il y a "rupture de symétrie", c'est dire qu'en restant à ce niveau élémentaire de la pensée, nous loupons quelque chose. Et dans cette perspective, la suppression de la géométrie de l'enseignement en France m'apparaît comme un dramatique suivisme des Américains..
Vous la voyez, maintenant notre "Crise Seldon" ?
Pour en sortir, il n'y a pas trente-six solutions : il faut changer de paradigme, et ça commence, bien entendu, par une approche plus ouverte des plus modernes avancées en physique, mathématiques, neurologie etc... C'est-à-dire, des chercheurs qui lèvent un peu le nez de leur coin de table, ou de la rédaction de leur prochaine publication, pour échanger.
Si nos "intellectuels" avaient autre chose à se mettre sous la dent qu'une réflexion minimaliste, basée sur un enfilage de déductions primaires, alors un nouveau cadre de pensées pourrait peut-être émerger, pour nous sortir du cul-de-sac intellectuel, dans lequel nous avançons allègrement, sauf à attendre que les Chinois nous ouvrent la voie...
Bref, je m'énerve, aveu d'une rage impuissante, et c'est du temps perdu...
Hari.