Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
8 Juillet 2006
Être ou ne pas être : telle est, comme toujours, la question.
Il n’y a aucune raison pour qu’un dieu – quel qu’il fût - reste prisonnier d’un tel dilemme, tout simplement parce qu’il est formulé par un être non divin, donc limité. D’ailleurs, le principe du tiers exclus, sur lequel se fonde implicitement ce dilemme, n’est qu’un postulat, commode certes, intuitif, sans aucun doute, mais postulat il est, postulat il demeure.
Il me semble plutôt que l’idée de Dieu (si ce n’est Dieu lui-même), comme tout ce qui vit, devrait être une (notre) réponse à une aporie originelle, comme la réponse à cette question :
La réalité de Dieu serait alors du même ordre que celle du chat de Schrodinger.
Si l’on y pense bien, tout nous apparaît comme une réponse donnée, qui n’acquière un sens qu’en déchiffrant la question qui l’a suscitée, notre concept de Dieu n’échappe pas à la règle.
Je vous propose la réflexion suivante : par amour de l’Homme, et pour lui laisser sa liberté, la seule vraie manifestation de la bonté de Dieu serait de ne pas exister.
Mon adresse aux croyants est alors la suivante :
Et si Dieu avait décidé de ne pas Être ?
Vous noterez la position interrogative dans laquelle je ne cantonne, comme Montaigne avec son fameux "Qui suis-je ?", plus stimulant à mon sens que le cogito de Descartes.
Hari
Commentaire au 2016 03 28
Je lis ceci de Lacan, à propos du Parménide, dans son séminaire XIX:
"...Remarquez que de temps en temps quelque chose peut vous toucher, ne serait-ce par exemple que cette remarque, quand il (Platon) aborde comme ça tout à fait en passant, au début de la septième hypothèse qui part de " Si l’Un n’est pas ", tout à fait en marge, il dit : « et si nous disions que le Non-Un n’est pas ? » Et là il s’applique à montrer que la négation de quoi que ce soit – pas seulement de l’Un, du non-grand, du non-petit – cette négation comme telle se distingue de ne pas nier le même terme."
Comme quoi, nous resssassons sans doute les mêmes interrogations depuis bien longtemps...
Commentaire au 2017 03 13
Un commentaire reçu ce jour m'amène à relire ce billet. Celui-ci, ainsi que la citation précédente de Lacan questionnent notre logique. Ça tombe bien (sans doute ce commentaire est-il un signe!) car j'aborde tout juste la logique par la théorie des catégories dans ce billet : "# 12- Convergence". Si l'on y réfléchit un peu, à partir du triptyque R/I/S, et en ayant en tête l'étagement diachronique de l'Imaginaire, cette relecture m'amène à penser la chose suivante:
Si au contact du Réel, la logique en oeuvre doit être booléenne, à l'autre extrémité du spectre de l'Imaginaire, aux confins du Symbolique, il y a toutes les chances que la logique en action ne le soit pas. Déjà, nous en changeons au niveau Imaginaire où se représentent les phénomènes quantiques ! De ce point de vue, le saut final I / S, qui s'analyse à partir de la forme canonique des mythes (voir le billet sur le mythe de la potière jalouse) pourrait être vu comme l'ultime avatar ou plutôt la porte de sortie de notre "logique".
Ça n'arrangera pas l'opinion que mon commentateur du jour a de moi, mais bon, je dois le remercier de cette occasion de réfléchir à une évolution de notre système logique, corrélative à une montée Imaginaire (diachronique) menant du Réel au Symbolique.
Ce qui correspond à une approche spinoziste (i.e.: immanente) et nous ramène au dernier colloque de Cerisy "les psychanalystes lisent Spinoza"... ;-)