Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
1 Février 2010
Quelle prétention de vouloir écrire un seul et unique livre qui fasse date !
Même pas capable d’aligner deux phrases sans endormir un lecteur, et puis j’ai tellement à lire avant.
Je continue lentement ma lecture du livre III sur les psychoses de Lacan, qui m’éblouit toujours lorsque j’arrive à en comprendre quelque chose.
Je ne sais comment expliquer le fait que cette lecture agaçante, compliquée à souhait, débouche de temps en temps sur des concepts qui me fascinent : je plonge dedans. J’en suis au point où Lacan parle de métaphore et de métonymie, indiquant qu’un psychotique ne peut faire de métaphore.
Ceci m’a conduit à un changement radical de perspective, dont les conséquences n’ont pas fini de se développer : J’avais dans l’idée qu’en modélisant une organisation (et tout particulièrement l’Homme) en « niveaux » (Réel / Imaginaire / Symbolique), le sens se constituait en passant d’un niveau à l’autre., suivant en cela Abellio. C’est une conception qui assèche l’humain, le vide de sa substance, de sa vie et ne me siée qu’à moitié.
En fait, le « Je » se niche dans le jeu entre Symbolique et lmaginaire. Le Symbolique n’a pas le pas sur l’Imaginaire, ce serait dire que la statue est dans le burin, l’outil nous permettant de représenter notre rapport au monde. Le niveau Symbolique oriente notre vision, la canalise, mais nous existons (nous sortons du jeu convenu) en le subvertissant. Il y a là, certainement une économie à expliciter dans ce rapport entre plans contigus mettant en jeu échanges d’énergie et d’information.
Par symétrie, il doit en être de même entre Réel et Imaginaire.
Les obstacles à cette circulation, entre les 3 plans conduisent à des compensations qui amènent les symptômes névrotiques ou psychotiques :
N’êtes-vous pas frappé que, (..) (dans) la forme normale et la forme névrotique ou paranévrotique, l’accent (soit) mis dans un cas sur la réalisation symbolique du père, par la voie d’un conflit imaginaire, dans l’autre cas la réalisation imaginaire du père, par la voie d’un exercice symbolique de conduite…
Nous voyons (dans la psychose du président Schreber) se réaliser dans l’imaginaire quelque chose de tout à fait singulier, Nous voyons surgir dans le délire, (...) une fonction imaginaire. Ce n’est curieusement rien d’autre chose que la fonction réelle d’une génération., (...) cette sorte de mouvement tournant entre les trois fonctions définissant du même coup comment sont utilisés, dans des cadres différents, la problématique de la fonction paternelle.
Je me rends compte à cette lecture que le complexe d’Œdipe n’a pas beaucoup de résonance en moi, j’ai peut-être loupé une marche dans mon développement, ce qui expliquerait certaines difficultés personnelles, certains échecs à répétition, peut-être.
Dans ce contexte, qu’est-ce pour moi que prendre refuge en Bouddha ?
Bref, j’ai la conviction qu’il me faudrait faire une analyse avant de pouvoir parler valablement de ces choses. Là, ça va être difficile, du fait de mon expatriation. Ce qui remet tout projet de bouquin aux calendes grecques.
Hari
PS : en lisant la presse locale du matin, je me rends compte qu’elle ne contient aucune métaphore ce qui me conforte dans l’idée que la culture politique africaine n’est pas bien installée dans son langage de blanc…