Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
25 Mai 2007
Ruminant les derniers échos que provoque en moi l'écriture de mon précédent article, je me fais la réflexion que la parabole des talents, contée par la Bible, est quand même une bien sale blague et nous a bien pourri le présent, avec les dérives que l'on constate dans "l'américan way of life" qui nous englue.
Qu'en est-il a juste ?
On connait l'histoire:
Un paysan, avant de partir pour faire je ne sais quoi, donne une somme d'argent (des talents) à ces trois serviteurs, puis part un temps, revient et fait les comptes avec sa maisonnée.
Le premier n'a plus rien, le second a conservé le pécule, le dernier l'a fait fructifier.
Notre paysan fait donc comme les enfants qui jouent à 1, 2, 3 soleil. Il ferme les yeux, indifférent à ce qui se passe, compte 1, 2, 3 ouvre les yeux et fait un constat.
Pendant cette absence, il reste ignorant de l'être même de l'Univers, qui par essence bouge, évolue, passe, pour n'en retenir que quelques images épisodiques.
Attitude étrange, entre parenthèses, qui tendrait à prouver que Dieu se foutrait de la façon dont on vit pourvu qu'il en récupère quelque chose (toujours cette petite musique dans ma tête:"tu es mon saigneur oh berger"...). De là à traiter Dieu de juif...
C'est comme au cinéma où l'imperfection de nos sens fait qu'une succession d'images passe à nos yeux pour une perception directe du mouvement.
Le drame vient de l'usage fait de cette parabole par les protestants.
La théorie de Weber est connue: pour le protestant, il importe de faire fructifier ce que Dieu nous a confié et pour en faire la démonstration, il faut que cela ce voit. Il y a là ce glissement propre à l'Humain, qui passe du Réel à l'Imaginaire, et fait sens au niveau Symbolique.
La dérive protestante est là: le moyen s'efface devant le résultat. L'être s'efface devant l'avoir, le mouvement s'arrête pour se chosifier, l'énergie devient pesante (e=mc2), la nourriture matière (fécale) et prend sens par les signes qui la marquent pour qu'enfin le bienheureux parvenu paraisse.
Dans ce passage de l'être à l'avoir, l'aristocrate (dont la devise est du style:"Peu me chaut de subir", ou "Au plaisir de Dieu", ou "Roi ne puis, prince ne daigne, Condé suis") qui étalait son plaisir d'être, prenant l'argent à la pointe de l'épé pour en user, Chrétien par la grâce d'Adrien et de Clovis, s'efface devant le bourgeois, porteur des couleurs protestantes. La jouissance se fait constipation.
Au secours, ils nous plongent dans leur morne univers liophilisé, nous vident sous perfusion d'images, pour mieux nous engraisser au mac do formaté!
A quand Matrix ?
Hari