30 Novembre 2010
Note sur « La Kabbale révélée » de Rav Michael Laïtman.
Encore un livre qui me tombe entre les mains ces jours-ci : V. s’intéresse depuis quelques temps à la Kabbale et cherche une manière de s’y initier et hier, en attendant son amie K. dans la librairie où elle travaille, ce livre sur un étal, qui m’attend.
L’auteur n’est pas n’importe qui et semble autorisé à pouvoir parler de la Kabbale à des néophytes, je plonge donc dedans sans vergogne. Et tout de suite, je reconnais une voie de sagesse qui recoupe bien d’autres démarches : l’aspiration semble toujours la même, mais les prémisses de cette voie me semblent dater un peu (de 5000 ans en fait).
Tout d’abord, en faisant remonter l’histoire de la kabbale aux babyloniens, l’auteur pose qu’il s’agit là du berceau unique de la civilisation et n’hésite pas à inclure la philosophie grecque dans la lignée des kabbalistes. La démarche me semble un peu rapide : il y a d’autres civilisations que la lignée sémitique. La Chine et l’Inde en particulier sont des civilisations hétérogènes à celle-ci.
Concernant les civilisations indo-européennes et jusqu’à la Grèce antique, Georges Dumézil, a montré comment l’organisation tripartie des sociétés et religions indo-européennes s'est développée de façon continue et spécifique ; différemment en tout cas de l’évolution sémitique.
Que la Grèce philosophe ait ensuite recherché un Dieu unique et se soit approprié Jésus est une histoire récente. Mais passer directement de la kabbale aux philosophes sans marquer ces détours me semble un peu rapide.
Ensuite, il est question d’une « cassure » dans le développement : avant Babylone, et jusque là, les gens auraient été plus proches de la nature que nous, plus proches les uns des autres (on retrouve le bon sauvage de Rousseau), mais ensuite, et à cette époque babylonienne, les hommes auraient choisi de suivre leur instinct égoïste et de s’éloigner de la nature comme de leurs semblables. Je note la concomitance entre l’émergence de la cité, la fondation par Abraham du monothéisme et corrélativement la recherche d’une sagesse : la kabbale.
J’ai sur ce point précis plusieurs remarques à formuler :
Ces remarques étant faites, je vois dans la kabbale, ou tout au moins ce que j’en comprends, beaucoup de similitudes avec les autres spiritualités déjà explorées : l’idée d’une dialectique entre un principe mâle, la lumière (Ohr) venant d’en-haut, du créateur, se donnant à la créature, réceptacle (Kli) femelle situé en bas fait irrésistiblement penser au principe du Ying et du Yang. Sauf qu’ici, il y une dissymétrie originelle entre Créateur et Créature, qu’il s’agit de combler par la sagesse de la Kabbale. Il s’agit donc d’une voie à suivre comme chez les bouddhistes, qui passe par une purification de l’être pour atteindre une dimension spirituelle. Plus précisément cette voie est une voie du Grand Véhicule (Mahayana) : il s’agit que tous soient sauvés et en cela le kabbaliste cherchera plus à être Bodhissattva que Bouddha.
J’aime aussi que l’auteur présente l’idée du Créateur comme une évolution plus que comme une réalité intangible (cf page 15):
« Pour le kabbaliste le terme « Créateur » ne signifie pas une entité surnaturelle, distincte, mais le prochain degré que l’individu doit atteindre dans sa recherche de la connaissance supérieure. Le mot hébreu pour créateur est Boré et il se compose de deux mots : Bo (vient) et Ré’éh (voir). Ainsi, le mot « Créateur » est une invitation personnelle à ressentir le monde spirituel. »
Vient voir : n’est-ce pas une autre façon de définir la voie bouddhiste ?
Retomber toujours sur la même voie, quelque soit le chemin suivi est un indice de sa stabilité, au sens le plus thermodynamique qui soit !
Amen.
Hari