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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

De la cryptomonnaie au Monde des Ã

- Un de mes amis proches qui vient de se faire pigeonner, et la perspective de repartir prochainement en des contrées lointaines, avec toutes les questions de change qui en découlent, m'ont amené à me renseigner un peu sur les cryptomonnaies la semaine dernière.

- Et c'est un sujet pour ce blog ?

- En passant de tuto en tuto, et en surfant sur quelques sites incontournables, je commence à m'habituer tout doucement à un mode de gouvernance qui m'est totalement étranger.

Déjà, l'origine du Bitcoin, première des cryptomonnaies, créée en 2009 par un Satoshi Nakamoto anonyme, est devenue légendaire.

- Derrière ce pseudo, il y aurait un groupe, comme le groupe Bourbaki ?

- L'anonymat des participants en plus, et c'est consistant avec l'idée que personne ne doit être le garant ni le responsable de cette monnaie. 

Et c'est là ma surprise : le fonctionnement d'une organisation qui perdure, quoique sans organigramme prédéfini. Les seules contraintes de base sont:

  • Une quantité de bitcoins limitée à 21 millions;
  • Le paiement des "mineurs" —ceux qui assurent la certification des chaînes— baisse de 50% à date fixe, tous les 4 ans.

- Autrement dit cette quantité et cette loi de régulation —qui a tout d'une régulation basée sur une énergie— seraient des lois édictées en [♻]♡ ?

- Oui, ce qui à mon sens marque leur pertinence, et permet sans doute leur résilience, à l'épreuve du temps.

- Maintenant si nous avons la quantité conservée, où est la symétrie ?

- C'est évidemment l'équivalence entre tous les détenteurs de Bitcoins. Nous avons ici les abeilles de Socrate, qui sont toutes semblables en tant qu'elles sont abeilles. Et l'indétermination tient au principe même de l'authentification des blockchaînes par le mineur qui aura su le premier résoudre un problème engendré de façon aléatoire par le système.

- En somme tu es conquis par ce système qui te semble véritablement consistant ?

- Oui, et la prolifération des cryptomonnaies concurrentes, engendrant d'autres types de blockchaînes, renforce la résilience de ce petit Univers. Mais la nouveauté pour moi, tient à la prise de conscience qu'un tel modèle-germe, incontrôlé par construction, puisse s'auto-organiser, de même que le vivant s'est développé sur Terre en différenciant les espèces en fonction des niches écologiques à pourvoir.

En ces temps incertains où l'on voit poindre le brun-Marine à l'horizon, je vois dans ce modèle une preuve que l'anarchie n'est pas nécessairement une utopie.

- D'où ton retour au Monde des à de Van Vogt ?

- Oui, je trouve intéressant que Van Vogt (traduit par Boris Vian s'il te plait !) parle de non-Aristotéliciens, quand je parle de tuer Platon (voir ici). En choisissant mon pseudo, j'avoue avoir hésité entre celui de Hari Seldon, porté par la psycho-hisoire de Asimov et celui de Gilbert Gosseyn (prononcé comme le terme anglais « go sane »), plongé dans un univers plus intrigant peut-être...

- Tu oublies un peu vite que la société parfaitement non-A établie sur Vénus est une sorte d'aristocratie, dont les membres ont été sélectionnés par "la machine des jeux"...

- Sans doute, sans doute, mais pour en revenir à notre cryptomonnaie, il y a également un prix d'entrée à payer : c'est l'apprentissage de son mode de fonctionnement, de sa faune et de ses pièges, comme dans une jungle où il faut trouver ses marques pour survivre... Le vivant est mortel...

- Et donc le plus fort survit, quand les autres disparaissent... Ce n'est pas forcément un principe de régulation propre à régir une société.

- Je crois qu'il faudrait réfléchir aux deux aspects suivant :

  • Un besoin de résilience de la société, et en ce domaine c'est l'aspect libertaire et la loi de la jungle qui domine, et rejoint dans les faits le libéralisme le plus effréné. À ce titre, la notion d'entropie en[♻] est incontournable;
  • Un besoin de protection des individus au sein de la société.

La dialectique qui s'engage alors entre les deux nous amène à considérer:

  • Le qui est de l'ordre du discontinu (les individus en [⚤]) et
  • Le socle commun dans lequel ils évoluent, et qui les fédère (de l'ordre du continu en [#]).

- Autrement dit, réfléchissons à l'organisation sociale et à la politique en termes de topos (en[♻]) et de schémas de Grothendieck ([⚤]←[#])...

- Comme tu le vois, il faut penser un "corps social" de la même façon qu'un individu ! Avoue que tu ne l'avais pas vu venir celle-là 😏

Hari

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V
Le rôle résilient des monnaies complémentaires<br /> par Pierre Jassogne Partager l'article <br /> Dossier<br /> Bernard Lietaer a beau être le concepteur de l’écu, l’archétype dela monnaie unique européenne, il est aussi l’un des plus fervents promoteurs des monnaies complémentaires. Ces dernières années, celles-ci se sont multipliées. L’outil inattendu pour contrer les crises systémiques que connaissent les monnaies officielles?<br /> «Dans tout système de flux complexes, comme l’économie où circule la monnaie, nous avons pu prouver qu’il y a des conditions pour une stabilité systémique. Pour qu’un système puisse devenir durable, il faut un équilibre entre deux forces, l’efficience et la résilience. Et la résilience requiert un minimum de diversité dans les moyens d’échange», entonne Bernard Lietaer. Un constat qu’il a posé notamment dans son livre Au cœur de la monnaie (1),le plus important de son propre aveu, dans lequel il s’interroge sur nos systèmes monétaires à travers une longue histoire, partant de la préhistoire pour arriver à la dernière crise financière. Mais l’économie n’a jamais voulu trouver cet équilibre, tout simplement parce que cela remettrait en cause le dogme du monopole monétaire. «De plus, la résilience réduit l’efficacité:les monnaies complémentaires sont moins efficaces qu’un monopole monétaire. Mais la résilience et une diversité monétaire constituent pour­tant la condition indispensable pour avoir une stabilité du système dans son ensemble», poursuit-il. C’est ce que Bernard Lietaer appelle une «économie intégrale», à savoir un système économique qui a réussi à instaurer un équilibre entre efficience et résilience, en créant et en alimentant respectivement le capital social et le financier, tout en respectant simultanément le capital physique et le naturel. «Ma thèse centrale est qu’il faut une diversité monétaire pour avoir une stabilité, une robustesse dans l’ensemble. Et une économie intégrale est indispensable pour qu’une société réellement durable puisse émerger en soutenant l’évolution humaine.»<br /> <br /> La diversité monétaire est la condition indispensable pour avoir une stabilité du système.<br /> <br /> Des monnaies collaboratives à travers les siècles<br /> Et contrairement à une idée reçue, les monnaies complémentaires ne sont pas une réponse récente aux crises économiques. On les retrouve à différents moments de l’histoire. «Toutes les civilisations patriarcales du monde – Mésopotamie, Rome ou la Grèce, et chez nous depuis la Renaissance – ont toutes imposé l’idée d’une monnaie unique, qui se prête avec intérêts, contrôlée hiérarchiquement:c’est en fait un moyen automatique pour transférer des ressources vers le sommet de la hiérarchie du pouvoir. Ceci contraste avec toutes les sociétés dites «matrifocales», des sociétés où l’image la plus importante du divin est féminin, comme c’était le cas avec Isis en Égypte, avec les vierges noires au Moyen Âge et en Chine durant la dynastie Tang, la seule dynastie où une femme est devenue empereur», indique encore Bernard Lietaer. Toutes ces sociétés ont en effet en commun un écosystème monétaire et plusieurs types de monnaies:des monnaies compétitives comme dans les sociétés patriarcales, mais en parallèle, d’autres types de monnaies plus locales, sans intérêt, de nature collaborative. «Cela a permis la création de sociétés totalement différentes, et pas seulement en ce qui concerne l’image de la divinité!C’était des sociétés avec beaucoup moins de disparités économiques que les patriarcales, et surtout avec beaucoup moins de crises monétaires et économiques pendant des périodes qui se comptaient en siècles!Ce sont là aussi des précédents historiques dans lesquels les monnaies complémentaires n’étaient pas marginales. Par exemple, au Moyen Âge, chaque ville, chaque évêché, presque chaque monastère avait sa monnaie qui engendrait des circuits économiques locaux, qui fonctionnaient très bien en parallèle avec les économies basées sur les monnaies royales, ou internationales.»<br /> <br /> Le modèle suisse<br /> À ce titre, les villes et les régions constituent aujourd’hui des laboratoires pour le développement des monnaies complémentaires. «La plupart des monnaies complémentaires actuelles, même celles à l’échelle d’une ville, permettent de créer du capital social. Ce qui est important, mais différent de la création du capital financier. C’est pourquoi, pour l’économiste, ces monnaies sont considérées comme insignifiantes parce que marginales. Mais le jour où ce ne sera plus le cas, je crois qu’il y aura alors un système qui, dans l’ensemble, sera beaucoup plus stable», continue Bernard Lietaer.<br /> <br /> Cela dit, il existe diverses expériences particulièrement intéressantes comme le wir en Suisse, opérationnel sans interruption depuis 1934, dans un circuit parallèle, dédié aux entreprises qui l’utilisent. C’est aussi la monnaie complémentaire la plus importante, la moins marginale, prouvant d’ailleurs la thèse de Bernard Lietaer de l’efficience et de la résilience. «Il suffit de voir la stabilité de l’économie suisse. Nous avons pu démontrer que lorsque l’économie suisse s’affaiblit, le volume et le nombre de transactions et participants du WIR augmentent, et lorsque l’économie est plus forte, ces nombre et volume ont tendance à diminuer. Il y a un effet de balancier. C’est donc bien un exemple concret qui démontre que dès qu’une monnaie complémentaire atteint une certaine taille, un équilibre s’établit avec la monnaie principale. Mais évidemment les banques, comme toute entité qui jouit d’un monopole, n’aiment pas la concurrence…»<br /> <br /> Si aujourd’hui, la plupart des monnaies complémentaires n’ont pas encore atteint une certaine taille critique, la dynamique actuelle est aux yeux de Bernard Lietaer pleine d’espoir. De surcroît, le développement de ces monnaies pourrait à l’avenir résoudre divers problèmes sociétaux. «Toute monnaie complémentaire créée sans intérêts aura tendance à réduire les inégalités financières. On pourrait utiliser aussi une monnaie complémentaire, même officielle – cela a été proposé en Angleterre – en faisant acheter la part de CO2dans ses achats avec une seconde monnaie émise par l’État dans la quantité qui correspond en volume d’émissions de CO2accepté. Le prix de cette seconde monnaie flotterait avec la demande. Ce mécanisme permettrait de réduire les émissions de CO2d’un montant précis, par exemple de 20%. C’est un moyen qui serait certainement efficace, mais il n’est pas encore testé à ce stade.»<br /> <br /> © Philippe Joisson<br /> <br /> La révolution «blockchain»<br /> Enfin, Bernard Lietaer fait du développement du blockchain, ce système décentralisé d’enregistrement des transactions fort utilisé pour leur sécurité par les monnaies virtuelles, une chance de remettre l’utilisateur au centre du jeu monétaire, et plus encore. «Il ne faut pas confondre le blockchain avec le bitcoin, ce dernier étant seulement le pilote qui a lancé l’idée. Mais le bitcoin est un pur instrument de spéculation:plus de 97%des transactions bitcoin sont purement spéculatives. Ce n’est donc pas vraiment une monnaie d’échange.»Ce qui n’est pas le cas du blockchain. «Bref, il y a littéralement un transfert graduel – que je n’avais franchement pas espéré – de l’économie normale (celle des monnaies nationales), par des milliards et des milliards qui sont en train de passer vers un monde avec des monnaies complémentaires très pointues et dans lesquelles il y a de tout. Il est probable que 70 à 80%de ces monnaies ne vont pas tenir la route dans les marchés financiers, mais il y a aussi là-dedans 10%qui peuvent changer le monde.»<br /> <br /> Face à cette transition, les gouvernements commencent à s’y intéresser, certains comme l’Inde ou le Canada essayant de lancer des projets concrets. De leur côté, les banques ont décidé que c’était la solution pour elles:la Banque Santander estime à plus de cinq milliards d’euros la réduction des coûts que cette technologie permettrait, rien que pour les banques européennes. Et une pléthore d’initiatives privées les accompagne. «Avant l’émergence de blockchain, je m’attendais à un autre krach, encore pire que celui d’il y a dix ans, étant donné que rien n’a changé. En effet, le système n’a évolué en rien, les acteurs sont toujours les mêmes, et leurs motivations identiques. Mais je vois désormais une possibilité graduelle de l’émergence d’une économie parallèle dans laquelle des acteurs classiques auront toujours leur place, mais plus de pouvoir sera donné à l’utilisateur. Un des blockchainscomme Bancor donne le pouvoir d’émission d’une monnaie à ce dernier. Dans ce cas, il s’agit de n’importe qui ayant un téléphone mobile avec une connexion Internet. Avec cette technologie, tout le monde peut émettre littéralement une monnaie.»Bref, tout le mécanisme est déjà disponible pour l’émergence d’un monde monétaire décentralisé.<br /> <br /> <br /> <br /> (1) Bernard Lietaer, Au cœur de la monnaie. Systèmes monétaires, inconscient collectif, archétypes et tabous, Paris, Yves Michel, 2013, 600 p.
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H
Salut à toi et merci pour l’info !