Ouf, après presque 2 ans, j'ai enfin terminé la lecture du tome II du séminaire de Lacan, plus que 23 et j'ai fini.
Mais je n'ai certes pas fini d'y revenir, car quelle leçon!
La fin du livre en particulier, là où il se lâche un peu sur sa définition du symbole, mérite le détour. Et il y insiste encore sur son rapprochement avec la cybernétique.
Laissons de côté toute l'approche pédagogique pour arriver au coeur de sa réflexion; tout symbole peut se résumer à une série de 0 et de 1 ou mieux: au passage possible de l'un à l'autre. Et cette faculté de passer de l'un à l'autre est proprement l'essence du symbole. Autrement dit lorsque je pose le symbole "1", c'est qu'en creux, ce symbole pourrait être "0". Le symbole marque une place potentielle, ce qui permet le jugement, le jeu, en bref l'humain.
L'ordre du symbolique, c'est l'ordre de la scansion, de la rupture de la succession des états.
Le réel, quand à lui, est "plein". Les objets "sont", point barre. Ils n'ont aucune tension, aucune urgence, aucun coup à jouer. Le joueur d'échecs par exemple cherche à avoir le "trait", c'est à dire le coup d'avance sur l'Autre qui lui permettra de survivre. La réalité, elle, s'en moque, comme les
pépins dont parle Prévert.
C'est en ce sens qu'au-delà du principe du désir (qui en gauchissant notre conscience du réel produit notre imaginaire) la possibilité du vide propre au symbolique est cet instinct de mort dont on s'inquiète tant. L'idée de ma mort, c'est bien cette peur que j'ai de ne plus être et nous sommes bien là dans le domaine du symbolique, puisqu'au niveau du réel ceci n'a aucun sens: dès l'instant où "je" meurt, "je" ne peux être dans aucun état, puisque "je" n'existe plus.
Et cet instinct de mort est fondamentalement lié au principe de répétition puisque la notion même de "répétition" qui implique la possibilité de changer d'état, ou d'évoluer, est équivalent à la possibilité que "1" succède à "0".
On voit par là comment, par des considérations complètement hors de la cybernétique, Lacan retrouve pratiquement le fondement de la
machine de Turing !
Extraordinaire rapprochement !
Et cette lecture m'amène à reprendre le second article de ce blog où j'envisageais la possibilité à la fois d'être et de ne pas être. Je posais alors la question de savoir si
Dieu pouvait être et ne pas être.
A la lumière de ce qui précède, la réponse évidente serait que Dieu soit symbole.
Ce qui, je vous l'accorde bien volontiers, ne résoud rien.
Sur ce, bonne digestion (mangez des pommes) et au plaisir (de Dieu bien sûr!).
Hari