Il y a deux systèmes d’habits, ouvert (jupe, kimono, boubou) ou fermé (pantalon, hauts de chausses).
C'est une opposition de base, comme dedans/dehors, contenant/contenu ; signifiant/signifié ; Yin/Yang ; cru/cuit .
Il y a bien quelques tordus pour imaginer des volumes sans dedans ni dehors ou des surfaces n’ayant qu’une face .
D’autres prennent un habit de type ouvert pour en faire une bourka ou un habit fermé pour en faire un string, ce qui brouille les limites!
Les animaux aussi se répartissent entre ceux qui mettent leur viande à l’intérieur d’une enveloppe (exosquelette) et ceux qui l’étendent sur une armature (endosquelette).
Dans le domaine des idées, les paradigmes dominants sont plutôt fermés. Tout le procès de la science tient à l’enfermement progressif de nos descriptions dans un corpus d’axiomes aussi restreint que possible. Bien entendu cette fermeture n’est jamais hermétique, puisque de temps en temps, toutes ces belles constructions volent en éclats, mais la tendance est là.
Il me semble cependant qu’il doit y avoir une attitude essentiellement ouverte de voir le monde. Rechercher une description fractale de notre environnement me semble procéder de ce nouveau paradigme, dont j’ai du mal encore à cerner la spécificité.
Toute cette intro pour en arriver où ?
A ceci :
Lacan, lorsqu’il définit les 3 champs Imaginaire/Symbolique/Réel, semble dans un premier temps ouvrir la définition de l’Homme, et les phénomènes de transfert en cours d’analyse sont une évidente ouverture puisque c’est par l’analyste que l’inconscient du sujet prend consistance.
Cependant, la représentation qu’il en donne (qu’il s’agisse du dièdre - voir l'article précédent l'Incal et Lacan - ou du nœud borroméen ) reste essentiellement fermée, d’une certaine façon «plate».
C’est ce commentaire de Lacan qui a suscité ma présente réflexion (toujours dans « Les écrits techniques de Freud »:
.....tripartition du symbolique, de l'imaginaire et du réel.
Ce n'est pas pour rien, sans doute qu'elles sont trois. Il doit y avoir là une espèce de loi minimale qu'ici la géométrie ne fait qu'incarner, à savoir en effet que si, dans ce plan du réel, vous détachez quelque volet qui s'introduit dans une troisième dimension, vous ne pourrez jamais faire de solide, si on peut dire, qu'avec deux autres volets au minimum.
Cette remarque me fait bien entendu tout de suite penser à la théorie des 3 cerveaux , mais aussi bien évidemment à Dumézil . Vous trouverez une courte introduction à son travail ici.
Ce n’est pas sur ces réminiscences que je veux attirer votre attention (pas de thèse à soutenir ni de planche à présenter, par de références à lister pour montrer combien on est studieux et soucieux d’avoir bien rongé son os), mais à ceci que laisse échapper Lacan :
vous ne pourrez jamais faire de solide.
Quelle nécessité y-a-t-il à représenter un sujet par un solide (par définition fermé ?). Il y a bien là, un accrochage de la pensée de Lacan à un «paradigme fermé», duquel précisément je cherche à m’échapper.
J’ai comme toujours beaucoup de difficulté à avancer dans la lecture d’une pensée si riche que celle de Lacan, car plus j’avance, plus de choses me viennent à l’esprit. Au début de ma lecture, je n’éprouve pas de résistance à l’avancement, mais ce mouvement même provoque en moi des remous, qui ramènent à la surface de plus en plus de références, puis tout se croise, s’interpelle et ce qui était un milieu limpide devient pâteux et fastidieux.
Il faut que j’arrête de me laisser porter par les tourbillons de ma mémoire pour entrer dans cette pensée le plus innocemment possible, sinon je n’arriverai jamais au bout du séminaire !
Hari
PS: Relecture au 21/06/2016:
Je n'écrirais plus ce billet ainsi, mais il est intéressant en ce sens qu'il donne a voir mon état d'esprit, dans l'attente de cette approche que j'ai développée depuis. J'étais en position ex ante, je suis passé en position ex post.
On voit très clairement quelle était ma problématique, et que le noeud borroméen me bloquait déjà...