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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Japon - des mots et des choses

Le 05/ 10/ 2024 : Nikko - Tokyo :

- Je n'ai pas osé prendre une photo directement à l'intérieur de cette billetterie dans la gare de Nikko, aussi ai-je fait poser Midori; mais c'est bien le foisonnement des inscriptions de toutes sortes envahissant l'espace qui me questionne.

- Et que doit-on en déduire ?

- Reviens à l'anecdote que j'ai rapportée dans la note 5 de l'article précédent :


"Un exemple pour te situer l'ambiance : nous étions avec Midori sur l'impériale d'un car à ciel ouvert pour visiter Tokyo. Il se trouve que nous étions au 5è rang, quand seuls les 2 premiers étaient protégés d'un petit auvent comme la pluie. Bien entendu la conductrice - accompagnatrice - nettoyeuse - seule maîtresse à bord du car, nous avait distribué des survêtements de pluie légers en prévision.
Avant le départ, Midori avait demandé à se mettre à l'avant, vu que les 3 premiers rangs étaient vides. Refus de la conductrice, expliquant que les places étaient distribuées en fonction des réservations, et que ces places étaient donc achetées par des personnes, même si elles ne s'étaient pas présentées au départ.
Après l'exposition de la scène, le drame : une pluie légère vient à tomber. Nos survêtements suffisent à nous protéger, mais Midori toujours frileuse (ainsi d'ailleurs que deux voisins qui semblaient Japonais) se disent que c'est trop bête de rester au froid, quand il y a de la place à l'avant, et tous trois s'y installent.
Aussitôt, la conductrice avertie par la caméra de surveillance interrompit son commentaire pour les rappeler à l'ordre. De plus, outrée de tant de sans-gêne, elle profita du premier feu rouge pour monter les ramener dans le droit chemin, c'est-à-dire à leur place."


Ce n'est heureusement pas le seul contact que nous ayons eu avec des Tokyoïtes. Nous avons été invités très fastueusement à deux occasions par des membres lointains de la famille de Midori, et les échanges furent chaleureux. Il s'agissait dans les deux cas de gens de haut standing, ayant voyagé et même vécu à l'étranger pour affaires, pas trop représentatifs donc des gens côtoyés au quotidien. Autre rencontre avec un parent Brésilien qui adore vivre au Japon. Il s'y sent bien et comme protégé par l'ordre ambiant, mais il s'avère qu'il souffre d'une forme légère d'autisme...

- Je te vois venir avec tes gros sabots, il y a cette phrase "manger le ticket de pain à la place du pain" renvoyant à une scène de "L'Enfant sauvage" de François Truffaut (Note 1), que tu as longtemps prise comme métaphore de l'autisme. Et là, tu tentes de recoller des instantanés pris de bric et de broc pour comprendre le décalage que tu ressens vis-vis de cette culture étrangère. Tu nous rejoues "Lost in translation" ?

- Oui, j'avoue que je suis tenté de dire que le comportement des Japonais semble dicté par une approche (♧♡), autrement dit dans un monde où les mots ont plus d'importance, voire remplacent les choses (i.e. ⊥ à une approche ()).

- Mais c'est beaucoup trop simpliste comme approche, tu t'en doutes bien, n'est-ce pas ?

- Oui, bien sûr : j'ai sélectionné les clichés qui semblent aller dans mon sens, en éliminant d'autres épisodes tout aussi signifiants. Par exemple les gens qui nous voyant perdus, viennent à nous spontanément pour nous aider à trouver notre chemin dans le dédale du métro par exemple.

À la réflexion, il serait plus intelligent de partir du présupposé que nous sommes très proches et que les différences qui me frappent sont de très minimes variations d'une façon commune d'aborder les choses.

Déconstruisons donc avant tout mon préjugé ; à savoir que les Japonais seraient comme des robots, inattentifs à leur environnement, obéissant aveuglément aux règles qui régissent leur conduite, comme les robots d'Isaac Asimov obéissent aux 3 lois de la robotique.

Je ne vais pas faire ici mon analyse, mais revenir sur un sujet qui m'est cher : la rigidité des comportements français dans le domaine scientifique. J'en faisais le triste constat au sortir de Mondivi (voir "Faisceauisation de la sociologie"), et d'autres souvenirs me reviennent immédiatement, comme l'oukase des Bourbakistes envers toute velléité pour les doctorats d'aller s'aventurer dans le domaine de la théorie des catégories. Dans un autre domaine, l'histoire navrante de la naissance de notre bombe atomique me semble un symptôme de ce mal français ! (Note 2) Dernièrement, mes aventures auprès de la SNCF et de Ouigo pour faire un malheureux trajet La Rochelle-Paris, vouloir changer de date (sans y parvenir) et finir par prendre un Blablacar montrent également les ravages de la bureaucratie qui est par essence une approche (♧♡) de la réalité.

- Tu fatigues mon ami, voilà que tu passes de mandarinat universitaire à la bureaucratie sans t'en apercevoir.

- Sans doute. Disons que dans les deux cas, il y a une surdétermination 𓁜 de l'individu 𓁝 dans une approche (♧♡) c.-à-d. 𓁝[⚤]𓁝[⚤]𓁜 qui s'ajoute à résistance du Réel : [⚤]𓁜 dans une perspective (). (Note 7)

- Momento por favor : tu pars de constatations très élémentaires d'interactions entre individus, à savoir toi perdu parmi les Japonais, et tentes une comparaison avec la trop célèbre bureaucratie française. Hier, dans l'article précédent et à la note 5 précitée, tu en reviens à Jean-Louis Le Moigne et au distinguo très nécessaire en systémique, qu'il établit entre efficience et efficacité, aujourd'hui tu nous orientes vers Michel Crozier et "Le phénomène bureaucratique", tu nous ressasses tes souvenirs de thésard, papy !(Note 3)

- Tu oublies notre propre cheminement : c'est à partir de là que j'en suis venu à l'idée que  toute organisation présentait une structure fractale, pour ensuite régler mon "macroscope" de télescope à microscope en me disant que la même "structure fractale" devait se retrouver chez l'individu... Tu suivras les développements de cette approche sur ce blog.

- Bref, ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pas neuf...

- Et donc, pour en revenir à nos moutons, il n'y a pas de hiatus fondamental quant aux ordres de grandeur. Il y a peut-être seulement une question de "degré".  Pense à l'attraction universelle : elle s'applique entre deux oranges, de la même façon qu'entre le Soleil et la Terre, c'est seulement plus facile à observer sur des corps massifs que sur des grains de poussière.

- Pour en revenir au Japon ?

- Disons que de m'y cogner de façon répétée, à force de ne pas en connaître les codes, me fait prendre conscience, par contrecoup de ma propre adaptation, et acceptation d'une bureaucratie bien française celle-là, qui devrait m'être proprement insupportable.

- Tu vieillis, 68 est passé de mode, et vu sa postérité, il n'y a pas de quoi pavoiser... C'est bien gentil de ressasser tes souvenirs, mais pour en revenir à cette dualité (♧♡)⊥(), qui selon toi structure notre topologie Imaginaire, à quelles réflexions te mènent ce petit voyage dépaysant ?

- Déjà bien content d'avoir pu faire le rapprochement entre bureaucratie — orientation (♧♡). Maintenant, il ne faut pas nous leurrer, toute civilisation étant basée sur l'usage et la codification du langage, établissant des règles et des rites, est essentiellement dans une approche (♧♡) (Note 7) contrôlée par une élite, jusqu'à la caricature dans des régimes tel le Stalinisme, ou la reproduction de la bourgeoisie française.

- Bref : 84 d'Orwell.

- Oui, par essence. Maintenant, si j'en reviens à la leçon que nous avons tirée du dernier article, une société saine, comme un individu sain, doit pouvoir passer des mots (♧♡) aux choses (), quand la nécessité s'en fait sentir c.-à-d. quand la représentation que nous nous donnons du Réel en [⚤] est en décalage mortel avec ce même Réel qui tape à la porte en [∃][⚤]. Il s'agit purement et simplement d'une question de vie ou de mort...

 - Tout ceci reste très intellectuel, mais concrètement ?

- Je ne suis malheureusement d'un retraité, sans moyens d'investigation, mais il devrait être possible de tester, à divers niveaux du corps social, la rapidité avec laquelle un groupe (voire un individu) dans une société donnée, sorti de son cadre habituel, peut passer d'un train-train rêvé en (♧♡), à une acceptation de la réalité, et s'y adapter, en repartant de  (), pour retrouver une routine correcte en (♧♡).

- Bref son adaptabilité, tout simplement.

- Voilà, et pour finir sur un parallèle entre France et Japon, je pense qu'au niveau individuel, un Japonais pourra plus longtemps rester dans les clous d'une société bien huilée. Avec en [♻] un idéal shintoïste d'harmonie général, le Japonais fait partie 𓁝 de la société avant d'être un individu 𓁜—citoyen, comme se voit un Français, imbu de ses droits avant d'accepter ses devoirs.

Un autre aspect sans doute: le Japonais cherchera la perfection dans la répétition du geste, quand le Français sera attiré par la nouveauté et la rupture, mais là il faudrait en discuter plus sérieusement...

En contraste, si tu veux, je pense à ce que j'ai pu voir en Afrique : un mélange extrêmement curieux pour un Occidental, entre une prégnance très grande de la structure sociale (caste, ethnie, religion, classe d'âge, famille, nom etc...), des croyances et des rites tout aussi ancrés, et donc un formatage extrême de type (♧♡), associé à une débrouillardise () tout aussi extrême pour ce qui ne ressort pas des acquis culturels Africains, et en particulier de toute la machinerie importée d'Occident. J'ai vu de mes yeux un camion sur la route de Gao à Tombouctou avec un pneu complètement déchiré, recousu avec de la cordelette. J'ai vu un chauffeur de semi-remorque coincé au milieu de la chaussée dans le port d'Abidjan, avec son arbre de transmission cassé, passer une semaine à le réparer pour repartir avec. Je te passe l'utilisation d'internet par les brouteurs Abidjanais...

Bon, ce ne sont ici que des bribes de réflexions, à toi d'en faire ce qui te plaira.


Le 06/ 10/ 2024 — Tokyo :

- J'avoue que la fin de l'article sentait un peu la fatigue ! Et ça a perturbé mon sommeil.

- À ce point ?

- Non, j'exagère un peu, mais enfin, je ne pouvais pas rester sur cette simple remarque :

  • Le Japonais fait partie 𓁝 de la société ;
  • Le Français est un citoyen 𓁜 élémentaire.

Sans poursuivre, en repensant au bouclage de nos 3 modes pour comprendre de quelle façon se modèle leur appartenance respective à leur société. Ce qui donne la proposition suivante (qu'il faudrait valider sur le terrain, bien entendu) :

  • On devient Japonais dans ce mouvement : 
culture 𓁝[⚤]𓁜  
   
partie 𓁝[⚤]𓁜  
   
  [⚤]𓁜 individu

Avec une dichotomie entre l'apparence sociale de chacun (par exemple ne pas dire "non" pour ne pas froisser l'interlocuteur) et le sentiment individuel [⚤]𓁜, qui reste limité dans son expression à 𓁝[⚤]𓁜.

- J'ai pourtant vu des Japonais vêtus de façon extravagante, ou faisant des choses plus excentriques que ce que font des Français ?

- C'est vrai, mais as-tu remarqué qu'ils se gardent bien d'interférer avec les autres, malgré tous les excès auxquels ils peuvent se livrer ? Leurs excentricités n'affectent pas l'ordre social, et ils traversent tous dans les clous. Même les Yakuzas se déclarent à la police...

  • On devient Français dans ce mouvement :
choix 𓁝[⚤]𓁜 culture
   
  [⚤]𓁜 individu

- Tu ne donnes pas le même sens au mot "culture" dans les deux cas...

- Oui, c'est ce que la syntaxe de notre représentation de l'Imaginaire me conduit à écrire, et va guider notre réflexion.

Allons-y à pas comptés :

1/ Japon :

Être "Japonais" n'est pas une question existentielle. Né sur une île isolée du Monde fort longtemps, avec au-dessus de la tête un empereur dont la dynastie remonte à Jimmu, qui accéda au pouvoir en 660 Av J-C, et baignant dans une culture Shintoïste insistant sur l'harmonie du comportement, la question porte sur la façon d'être au mieux Japonais. C'est le choix initial 𓁝[⚤]♡ qui détermine l'environnement du Sujet.

Il en découle des règles, c.-à-d. un cadre syntaxique [⚤]𓁜(des lois et des règles) qui intègrent le Sujet au groupe 𓁝[⚤].

Au cours de siècles d'histoire sans contact direct avec l'extérieur, le système est stable, ce qui ne veut pas dire "paisible". Disons que les troubles et les guerres qui ont traversées le Japon n'ont pas remis en question le fond culturel, en particulier les Shoguns ont respecté l'Empereur et la religion.

2/ France :

Par contraste, être "Français" n'a jamais été chose acquise. Tout d'abord, nous ne sommes pas sur une île isolée, mais au bout d'un continent que tout le monde a traversé, pour aboutir sur ce front de mer. De nos jours, statistiquement 21% de la population française compte au moins un émigré comme parent. Donc, avant de suivre des règles de savoir vivre, il n'est déjà pas évident de se définir comme Français.

Ce qui fait lien, paradoxalement, c'est la liberté revendiquée de citoyens égaux en droits au sein d'un espace culturel mouvant. En fait, être Français est un choix éthique en 𓁝[⚤] avant toute chose, conduisant à l'affirmation de soi en tant que citoyen en [⚤]𓁜, sans passer par aucune syntaxe ou règlement prédéfini de mode ♢. (Note 5)

La meilleure preuve que je puisse donner de ce passage direct  𓁝[⚤][⚤]𓁜 est sans doute que nos héros sont en rupture : qu'il s'agisse de Jeanne d'Arc, de Robespierre, de Napoléon ou de de Gaulle. La rupture étant ce saut diachronique  lui-même. En ce sens la Légion Étrangère est sans doute l'institution qui respecte au mieux cette rupture personnelle. (Note 9)

- En ce qui concerne le manque de règlement dans la Légion, tu repasseras.

- Après ! Le règlement vient après le choix individuel, et il ne vise qu'à renforcer la cohésion du groupe, à preuve le système de punition collective, qui renvoie l'individu à sa responsabilité face au groupe, et là nous retrouvons l'efficacité Japonaise

Il y a dans ce passage  un instant suspendu comme dans le saut de l'ange, un pari, une incertitude, et une mort possible... Pour elle un Français doit mourir, Gavroche, Camerone ou Manoukian —fusse Louis XVI. (Note 8)

En conséquence, les moments de rupture sont toujours exaltés en France: la révolution de 89, les 3 Glorieuses, la Commune de Paris, la Résistance, et plus près de nous Mai 68 ou les Gilets Jaunes...

Pour en revenir à la différence de sens qui en découle, il vient que la culture Japonaise se centre sur la perfection du geste qui se peaufine au fil des siècles, que ce soit pour faire un kanata, une feuille de papier ou un sushi. Et un Japonais pourra consacrer sa vie à tendre vers cette perfection. La culture Française au contraire se nourrit de tout ce qui passe à portée pour revendiquer comme sien ce qui vient du Monde entier, d'où en retour une prétention à l'universalisme. (Note 4)

- Tu es conscient malgré tout qu'il ne s'agit ici que d'une caricature ?

- Bien entendu : nous avons en France tout un courant pronant le repli sur soi et au Japon des gens ouverts au Monde (Note 6). Néanmoins, je crois que notre bouclage ♧♢♡ tient le choc et permet de situer de façon à peu près cohérente nos différences culturelles.

Par ailleurs, si au niveau individuel je serais tenté de dire qu'un japonais est plutôt orienté (♧♡) et un Français orienté (), notre système bureaucratique mondialement connu, démontre que dès que l'on parle de "gérer" l'État, on passe très vite sous la férule (♧♡) d'une élite qui se reproduit à la perfection... D'où le côté râleur qui nous va si bien...


Le 07/ 10/ 2024 — Tokyo :

- Mes dernières réflexions d'hier ont détourné mon attention première, pour me ramener à ma condition de Français, et ce matin, je tombe sur ceci qui me semble fort approprié :

«Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente;
Les méthodes archaïques comme celle d’Hitler sont complètement dépassés.
Il suffit juste de créer un Conditionnement en réduisant considérablement le niveau et la qualité de “L’éducation”.
Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensées limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, Moins il peut se révolter.
Il faut faire en sorte que l’accès au “savoir” devienne de plus en plus difficile… Et que le fossé se creuse entre entre “le peuple” et la “science”.
Que l’information destinée au grand public soit “Anesthésiée”..
Là encore, il faut user de "persuasion” et non de “violence directe”, et on fera ceci : On diffusera massivement via la télévision, des divertissements abrutissants, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif.
On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique.
Il est bon avec un bavardage et une musique incessante.
Il faut empêcher l’esprit de “s’interroger”, de “penser ” ou de “réfléchir ”.
On mettra la “sexualité” au premier rang des intérêts humains, comme anesthésiant social.
On fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, d’entretenir une constante apologie de la légèreté; de sorte que la consommation devienne le standard du bonheur humain.»

Günter Anders, Obsolescence de l’homme  (Note 10)

Ne connaissant rien de cet auteur, je trouve un article du Monde (ici), qui parle de la "méthode" de ce philosophe qui ne se revendique pas comme tel : c'est "l'exagération", et je me retrouve au final à me demander si la vie quotidienne du Japonais ne m'offre pas une exagération de que l'on voudrait me faire devenir ?

- L'angoisse !

Hari

Note 1 :

Dans le film "L'Enfant sauvage" (1970) de François Truffaut, il y a une scène où le personnage principal, Victor, l'enfant sauvage, mange un ticket de pain au lieu de manger le pain lui-même. Voici un résumé de la scène :

  • Contexte : Victor, l'enfant sauvage, est trouvé dans les bois et amené à la civilisation. Il est placé sous la garde du Dr. Itard, qui tente de l'éduquer et de l'intégrer à la société.
  • Scène : Victor reçoit un ticket de pain, mais au lieu de comprendre qu'il doit échanger ce ticket contre du pain, il mange le ticket lui-même.

Note 2 :

Écoute par exemple "Affaires sensibles" du 17/ 11/ 2016.

À gros traits : le projet a initialement été vu comme un "projet industriel" avec une direction de X, et une doctrine assez rigide pour nous conduire dans le mur.

C'est grâce à des contacts non officiels qu'un savant Anglais francophile, a suggéré une approche (passée sous le tapis de la hiérarchie du projet), à un collègue Français, que nous sommes sortis du bourbier, ce qui a valu à l'Angleterre le retrait du veto français pour son entrée dans la Communauté Européenne... Énorme gâchis intellectuel.

Note 3 :

Tu trouveras un condensé de celle-ci dans les Technique de l'ingénieur dans l'article "Le management des organisations par le modèle séniore". de juillet 2006, au moment où je commençais d'écrire sur ce blog...

Note 4 :

J'ai bien entendu en tête quelques noms de grands peintres et artistes qui sont venons en France, d'Italie, de Belgique, de Hollande, d'Espagne, de Russie ou du Japon. Je n'oublie pas Grothendieck qui nous occupe tant ici; mais par curiosité j'ai listé les académiciens élus après 1940, nés à l'étranger : 

  • Julien Green (1900-1998) : Né aux États-Unis, il a été élu à l'Académie française en 1971. Il est connu pour ses romans et ses journaux intimes.
  • Marguerite Yourcenar (1903-1987) : Née en Belgique, elle a été la première femme élue à l'Académie française en 1980. Elle est célèbre pour son roman "Mémoires d'Hadrien".
  • François Cheng (né en 1929) : Né en Chine, il a été élu à l'Académie française en 2002. Il est poète, essayiste et calligraphe.
  • Assia Djebar (1936-2015) : Née en Algérie, elle a été élue à l'Académie française en 2005. Elle est connue pour ses romans et ses essais sur l'identité algérienne et féminine.
  • Amin Maalouf (né en 1949) : Né au Liban de parents libanais, il a été élu à l'Académie française en 2011. Il est romancier et essayiste, et ses œuvres explorent souvent les thèmes de l'identité et de la culture.

Note 5 :

Ce n'est pas ici le débat, mais c'est évidemment au regard de ce lien direct 𓁝[⚤][⚤]𓁜, en dehors de toute syntaxe, qu'il faut situer la nécessité de la laïcité comme le refus du communautarisme en France.

Note 6 : le 08/ 10/ 2024 — Tokyo

Il suffit de faire une petite visite au Musée d'art contemporain de Tokyo pour se rassurer quant à la vitalité Japonaise et au recul que les artistes peuvent avoir sur leur société.

Juste pour le plaisir, ce détail d'une fresque de guerre :

Silly battle YAMAGUCHI Akira - collection Takahashi Ryutaro

J'aime en particulier le personnage de droite —visiblement une huile— accompagné de son porte-serviette, invité à pénétrer dans les WC déjà occupés, tandis que de l'autre côté du panneau délimitant le poste de commandement, un caméraman filme des guerriers entrant en scène...

Ce qui me rappelle cette citation de Lacan à propos du "Je est un autre" de Rimbaud :

"Les poètes qui ne savent pas ce qu'ils disent le disent si bien qu'ils le disent pour tous les autres, c'est-à-dire pour les gens qui ne savent pas non plus ce qu'ils disent."
Cette citation se trouve dans le Séminaire de Lacan, plus précisément dans "Le Séminaire, Livre XX : Encore" (1972-1973). —
Merci à MISTRAL pour la recherche—

Note 7 :

- Plus je relis cet article, plus j'ai l'impression de redécouvrir l'eau tiède !

- À quel propos ?

- Il faut revenir à la base de toute perception et à ce qu'en disent Henri Maldiney et Jean-Pierre Changeux :

"La prise de conscience est la rencontre entre un percept et un concept".

Tous nos développements conduisent à comprendre que :

  • le "percept" chemine d'abord selon  ()
  • le "concept" chemine selon (♧♡)

Pour se rencontrer au niveau [⚤].

- Et donc ?

- Ce qui nous préoccupe, c'est le décalage possible entre :

  • Un "percept" qui cherche un sens à ce qu'il à entrevu de [⚤]𓁜 dans une montée [⚤]𓁜𓁝[⚤] et
  • Un "concept" qui est la mise en forme syntaxique [⚤]𓁜 du sens que cherche le Sujet  𓁝[⚤], dans une descente 𓁝[⚤]↓[⚤]𓁜​​​​​​​​​​​​​​.

Pour qu'il y ai rencontre, il faut que l'expérience vécue fasse partie des potentialités du concept ; c.-à-d. que l'on puisse avoir 𓁝[⚤]𓁜​​​​​​​​​​​​​​.

C'est pour cela que j'ai l'impression de rabâcher : tout tourne autour de ce schéma universel de "prise de conscience".

Le reste est affaire de nuance. En cas de "décalage" —perçu par le Sujet !!!— entre concept et percept :

  • Soit le Sujet  𓁝[⚤]​​​​​​​​​​​​​​ refuse de rentrer dans le moule [⚤]𓁜​​​​​​​​​​​​​​ et tu as un râleur Français;
  • Soit la contrainte culturelle [⚤]𓁜​​​​​​​​​​​​​​ force le Sujet 𓁝[⚤]​​​​​​​​​​​​​​♢ à se plier à la norme et tu as un Japonais policé.

Et cette différence de cheminement nous renvoie directement à celle qui existe entre homologie et cohomologie; d'où l'importance de revenir à nos considérations sur les topos dès que possible !

Note 8 :

Ça m'a échappé, mais oui, à la réflexion, il faut le rappeler ici, en pensant à la forme canonique des mythes. La mort de Louis XVI est aussi essentielle à la République Française que celle de la déesse Engoulevent pour les Jivaros.

Note 9 :​​​​​​​ Le 10/ 10/ 2024 — Hakone :

- En pensant ce matin au samouraï, je me dis que ma référence à la Légion n'est pas forcément exemplaire. Tout comme l'aspirant légionnaire, en rupture avec son passé lorsqu'il signe son engagement, le samouraï doit se trouver un maître faute de quoi il n'est rien d'autre qu'un ronin.

- Autrement dit le samouraï à travers son seigneur sert un domaine comme le légionnaire à travers la Légion sert un pays ?

- C'est à peu près le même schéma, à l'échelle près. Par ailleurs, comme toujours au Japon, l'art militaire va se codifier au fil du temps en bushido (la voie du guerrier, "do" signifiant "voie"). Ce qui marque peut-être une différence : le légionnaire le devient après son engagement quand le samouraï choisit sa voie avant de se trouver un maître...

- Mouais, c'est discutable, en tout cas pas très discriminant.

- On peut se mettre d'accord sur un schéma général : dans l'un et l'autre cas, il y a tout d'abord un choix et une rupture individuelle de type 𓁝[⚤][⚤]𓁜 , suivi d'un engagement strict à suivre une discipline : 𓁝[⚤]𓁜[⚤]𓁜.

Note 10 : Le 04/ 11/ 2024 — Ho Chi Minh :

- Un lecteur m'indique dans un commentaire que cette citation est un faux, circulant sur internet depuis une dizaine d'années.

Dont acte. Mais comme c'est au texte que j'ai réagi, sans rien connaître de Günter Anders, je le garde. Ceci dit, ce que j'ai lu concernant sa "méthode" me semble intéressant. À développer donc, et merci au lecteur qui m'a indiqué cette erreur d'attribution.

PS : J'aurai dû avoir le réflexe de vérifier avec Perplexity par exemple ! (voir ici la réponse)

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P
Bonjour.<br /> La citation de Günther Anders n'est pas de Anders. C'est un faux qui tourne sur internet depuis 10 ans.<br /> Si vous voulez en savoir plus : https://blogs.mediapart.fr/pleaseunquote/blog/200924/pour-etouffer-par-avance-toute-revolte-guenther-anders-na-jamais-dit<br /> Je ne sais pas si vous avez beaucoup de lecteurs, mais à tout hasard, pour le bien de vos lecteurs, n'hésitez pas à faire passer le mot.
Répondre
H
Merci pour l'information, je vais modifier le texte en conséquence.<br /> Rassurez-vous : je n'ai que très peu de lecteurs habitués à me voir rectifier mes textes, voire les refondre, les dégâts ne seront pas grands.