Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
27 Septembre 2007
Hier, sur la route de Plum, en revenant de Prony, j’étais comme d’habitude (à perdre au plus vite !) perdu dans mes pensées, je remâchais ce que je n’avais pas écrit dans mon dernier article, qui m’était venu à l’esprit en parlant de l’Ecume des Jours. Fabienne aussi avait eu un nénuphar, non pas au poumon mais au pancréas, et j’avais accompagné (comme je l’ai pu) son agonie et j’avais senti combien notre espace se rétrécissait de jour en jour pour finir comme dit Brel par aller du lit au lit…Et puis j’écoutais sur France Inter quelqu’un parler du livre qu’il avait écrit sur Bob Dylan et je l’entendis prononcer le mot "surréaliste" et le court-circuit se fît dans ma tête, de l’objet de mon dernier article (Bouddha) au surréalisme en passant par Boris Vian :
C’est une évidence, pour qui veut bien comprendre que notre perception de la réalité étant imaginaire, Bouddha, après avoir appréhendé la vacuité de ce monde, se portant au-delà de l’Imaginaire, est de facto «sur» réaliste.
J’y voyais là une autre approche que celle qui m’est familière, balisée par le structuralisme (en passant par Lacan, ne vous en déplaise. (Je vais faire de cette référence à Lacan un gimmick que je placerais dans chaque article, comme ces mots que l’on s’oblige par jeu à prononcer dans un discours)).
Quoiqu’il y ait des passerelles du structuralisme au surréalisme, non ?
Prenez par exemple le tableau «Las Meninas» dont parle Foucault (qui a une forte parentèle structuraliste) dans «Les mots et les choses» pour illustrer la place de l’observateur au sein de la représentation (voir l'article "Le vaisseau Terre") et bien Picasso (dans la mouvance surréaliste) l’a réinterprété à sa façon, très «construite», «structurée». Cependant ces deux représentations restent l’une comme l’autre dans le domaine de l’Imaginaire, même si Vélasquez peut paraître plus «réaliste».
Non, le vrai surréalisme, c’est de sortir du cadre du discours, de la représentation, du concept, alors là, oui, un bouddha est bel et bien surréaliste.
Et puis, la radio en toile de fond continue de couvrir le bruit de la route et l’auteur interviewé en vient à parler de «non sens», toujours à propos de Dylan, et ceci m’évoque immédiatement Alice au Pays des Merveilles. Je suis alors frappé par l’évidence que :
Si tant est que chacun d’entre nous donne du sens à ce qu’il voit, afin (pour aller vite) de compresser les informations qu’il traite et pouvoir agir efficacement sans entrer dans le détail de ses propres perceptions, alors, oui, lâcher prise, lâcher notre Moi imaginaire, c’est entrer dans le «non sens», ou plus exactement, lâcher «un» sens particulier, celui que nous donnons à notre vision du Monde (voir l'article "Personnalité et paranoïa"), pour s’ouvrir à l’ensemble des significations. L’illustration qui me vient immédiatement à l’esprit est celle d’Alice chez le lapin fou, en train de fêter son «non – anniversaire», évènement qu’il peut fêter en toute logique tout au long de l’année (sauf, bien évidemment le jour de son anniversaire).
Révolution Copernicienne, s’il en est : le vide est un lieu de foisonnement.
J’arrête là, Nouméa est en vue et l’émission s’achève.
Bonne route à tous.
Hari.
PS: Chloé meurt d'un nénuphar qui grandit en elle, alors que Bouddha est représenté assis sur un lotus, l'une mortelle, l'autre porteuse de vie, toutes deux fleurs d'eau que l'on pourrait confondre, le monde que l'on se construit, avec ces rencontres qui portent sens n'est-il pas étrange ?