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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Retour à Platon & Aristote

- Je sature dans ma lecture du livre d'Alain de Libera "la querelle des universaux" : j'en suis à 11 articles de commentaires, et je rame comme un malade. Pis, en feuilletant la suite du livre (je n'en suis qu'à la page 140 sur plus de 600) je mesure l'étendue de mon ignorance face à la somme de travail accumulée et digérée par l'auteur.

- Tout doux l'ami : recentre-toi sur ton objectif, quel est-il au fait ?

- J'ai entamé cette lecture par simple curiosité, attiré sans doute par le terme de "catégorie", utilisé par Aristote, qui rappelle la "théorie des catégories" des mathématiques. Je me demandais juste s'il y avait une filiation entre les deux, qui courrait derrière une étiquette commune. Et puis j'y voyais l'occasion de me servir de ma représentation de l'Imaginaire, pour m'aider à comprendre une pensée qui m'est étrangère. 

Par ailleurs, si j'ai commenté "Les mots et les choses" en détail ici sur ce blog, il y a déjà quelque temps, j'avoue que je suis curieux de creuser un peu sous l'Âge Classique auquel s'arrête Foucault. Par quelle lignée sommes-nous rattachés à la pensée mythique, en passant par la rupture philosophique qui prit naissance en Grèce ? Je suis tellement ignorant de tout ceci !

- Je comprends bien ce désir de culture générale, mais n'as-tu pas plus urgent à faire, si tu veux un jour t'attaquer sérieusement à cette théorie des catégories, dont tu nous rebats les oreilles ?

- Tu connais mon extrême fainéantise ! Si je ne suis pas fortement motivé, je m'arrête dès le premier obstacle, c'est vrai dans la lecture de ce dernier livre, c'est vrai lorsque j'ouvre un bouquin de Dirac, ou encore celui de Mc Lane. Je cherche à être illuminé par une évidence, et me referme comme une huître lorsque ça commence à partir en laïus.

- Je ne comprends pas cette histoire d'illumination...

- Parfois, en lisant, je bloque sur ce que je lis, je n'y comprends rien, ce qui m'oblige à changer de point de vue, pour que tout s'éclaire et me paraisse "évident". C'est comme un exercice de déconstruction. Une fois le saut accompli, la simplicité de ce qui s'offre à ma vue, satisfait le fainéant que je suis, et puis il y a ce petit shoot d'endorphine à chaque "eurêka", qui éclaire ma journée!

C'est tout l'intérêt d'avoir trouvé une façon de situer le Sujet dans son Imaginaire, comme je le fais depuis quelques années maintenant :
([∃]𓁝⇅𓁜[⚤]𓁝⇅𓁜[#]𓁝⊥𓁜[♲]𓁝⇆𓁜[∅])𓂀

Ceci nous a permis de voyager de la psychanalyse à la physique, pour aboutir aux mathématiques, avec un outillage extrêmement réduit pour désosser toute cette mécanique Imaginaire ! 

- Tu en étais à Alain Connes et sa géométrie non-commutative... Nous sommes loin du Moyen Âge...

- Je ne sais pas trop comment t'expliquer le besoin que j'ai de ratisser large... C'est comme un jardin Zen, imagine quelques gros blocs clairsemés sur du sable, et bien, j'ai besoin de ratisser ce sable autour d'eux pour que l'ensemble soit beau, et prenne sens à mes yeux.

- Et quels blocs dois-tu nettoyer ainsi ?

- Avant tout, ceux que j'ai mis en [♲], à savoir le triptyque d'Emmy Noether quantité conservée/ symétrie/ incertitude.

- D'accord, partons de là, et qu'en as-tu tiré ?

- Je ne sais pas, je cherche.

- Avances un peu, tu as au moins quelque intuition, non ?

Oui : je fais le rapprochement entre cette "quantité conservée" et la "subsistance", ou la "substance" de l'objet chez Aristote, ou chez Platon. Il y a bien un lien entre l'idée de "conservation" chez l'une et de "subsistance" chez les autres, non ?

Par ailleurs, il y a également une filiation entre l'idée de "symétries" moderne et les "formes" anciennes. C'est un renversement assez moderne que de définir les solides de Platon par leurs symétries.

Et donc, lorsque Emmy Noether démontre qu'à une symétrie (une invariance) correspond une quantité conservée, j'entends en écho Aristote définissant la substance comme l'application d'une "forme" à la "matière". La susbstance propre à l'objet répondant ainsi à la quantité conservée.

Chez Aristote, il y a dans cette rencontre une dynamique, que nous avons repérée dans mes commentaires : 

  • Matière vue ex ante 𓁝[♲] comme "passive" ou "potentielle"
  • Forme vue ex post [♲]𓁜 comme "en acte", sur la matière.

Dynamique que l'on retrouve chez Dirac, quand il définit l'observable. Nous l'avions remarqué à l'époque (voir "Métaphysique quantique de Dirac") : l'observation de l'objet correspond à sa permanence, lors d'un changement de posture du Sujet 𓁝/𓁜... Ce que l'on retrouve dans la forme a=⟨A|A⟩.

Bascule 𓁝/𓁜 qui est au coeur même de la discussion entre l'être [∃]𓁜 et le non-être 𓁝[∅].

Comme tu le vois, je l'espère, notre approche permet d'aborder des champs de connaissance très divers.

- Plaidoyer pro domo... Mais tu voulais nous parler de Platon ?

Platon :

- Ces derniers jours, comme je te le disais, je déprimais tant de me sentir si nul, que j'ai cherché à en sonder le fond, en survolant un texte de vulgarisation paru au PUF "les grandes philosophies" de Dominique Folscheid.

Coup de chance, il commence par Parménide et cette assertion, qui semble démarrer la philosophie occidentale :

"Ce qui est est, ce qui n'est pas n'est pas"

Comme tu le vois, nous sommes déjà au coeur même du débat, entre l'être [∃]𓁜 et le non-être 𓁝[∅].

- Sauf qu'il n'est pas question ici de la posture du Sujet...

- En es-tu si sûr ? Moi, quand je lis "ce qui est est", j'appelle ceci une identification autrement dit un recul du Sujet, parlant d'un objet.

  • Le référé : a= (ce qui est) / pour nous : l'objet final (*) en [∃]𓁜 (le trauma du Réel)
  • La prédication b = ("a" est) / pour nous : le morphisme élémentaire (*)↑ {*} entre
    • l'objet final (*) et
    • sa représentation ou singleton  {*} en [⚤]𓁜.

Il y a donc un Sujet en posture ex post (maîtrisant les deux) pour en parler [∃][⚤]𓁜 !

- Et "ce qui n'est pas n'est pas" ?

- C'est précisément là où ça coince, et c'est pour ça que Platon a tué son père Parménide !

En fait, Parménide ne fait pas la distinction entre le référé et ce qu'il en dit. L'article Platon dans le texte de Folscheid, faisant référence à un texte "le Sophiste", j'ai eu la curiosité de le consulter pour aller au fond des choses. Je n'ai trouvé qu'un texte en pdf sur Z librairie, avec une note de lecture très intéressante (malheureusement il n'y a pas de nom d'auteur).

Je te passe les détails, pour arriver à une digression assez longue de Platon concernant, justement, la possibilité de dire le faux, qui échappe à Parménide, mais nous rappelle furieusement Lacan !

La stratégie est la suivante : avant de définir le non-être, il faut définir l'être. Partant de là, Platon passe en revue toutes les écoles philosophiques et s'arrête à ceci:

  • Thèse : Certains prétendent que l'on ne peut affirmer que l'identité : on peut dire l'homme est homme et non "l'homme est bon". 
  • Réfutation : C'est rejeter toute communauté entre les genres. Or si les genres ne communiquent pas entre eux, on ne peut rien dire de rien. Il y a 3 possibilités :
    1. Tous communiquent entre eux
    2. Aucun ne communique avec aucun
    3. Certains communiquent entre eux. Platon retient cette dernière hypothèse :

"Platon, prenant pour exemples les cinq genres principaux :

  • l'être,
  • le mouvement,
  • le repos,
  • l'autre,
  • le même,

démontre que, tout en étant irréductibles l'un à l'autre, ils participent les uns des autres. C'est la théorie de la participation, clef de voûte du système des genres ou idées. Tous les genres participent à la fois du même et de l'autre. Il s'ensuit que le non-être est dans tous;

«car, dans tous, la nature de l'être, en rendant chacun autre que l'être, en fait un non-être, en sorte qu'à ce point de vue, nous pouvons dire avec justesse qu'ils sont tous des non-êtres, et, par contre, parce qu'ils participent de l'être, qu'ils sont et ont de l'être ».

«Ainsi le non-être n'est pas moins être que l'être lui-même; car ce n'est pas le contraire de l'être qu'il exprime, c'est seulement autre chose que l'être » (158 b).

Du moment que le non-être existe, il est possible de l'énoncer; or énoncer ce qui est comme n'étant pas ou ce qui n'est pas comme étant, voilà ce qui constitue la fausseté dans le discours et dans la pensée.

Tels sont les problèmes dont Platon a donné la solution dans la longue digression du Sophiste. Ils sont de première importance en eux-mêmes et pour tout le système méta-physique de Platon."

Je découvre donc par bribes, au fur et à mesure de cette lecture parcellaire, un classement par "genre", qui ne recoupe pas celui par catégories d'Aristote, mais j'y vois surtout tout un champ de discussions ultérieures ! 

- Précise ?

- Platon distingue :

  • Mouvement et repos, ce que remettra en cause la relativité à partir de Galilée, par ailleurs
  • La distance de l'existence à l'autre n'est-elle pas remise en cause, chez Lacan au niveau du Symbolique (Je est un autre) ?
  • Quand au "même", j'ai tendance à y voir un foncteur d'oubli entre les modes de pensée ♢↓♧ (de ce point de vue, Je est la décohérence de Je&Autre)...

- Tu es en train de dire, comme Platon, que ces genres "participent les uns des autres" ?

- Et oui, comme quoi nos modernes interrogations ont une longue barbe ! Mais arrêtons-nous à ceci :

"Tous les genres participent à la fois du même et de l'autre. Il s'ensuit que le non-être est dans tous".

Il y a là, me semble-t-il un fossé qui se creuse entre Platon et notre façon de penser. Alors que cette idée de "participation" pouvait laisser croire à un mode de pensée relationnelle en ♢, ou un classement par catégories orthogonales (ou indépendantes ⊥) au niveau [#]𓂀, non, Platon en reste à la logique du 1er ordre en [⚤]𓂀 dans son argumentation : l'être est un genre à part, à côté des autres, qui sont donc, par définition dichotomique, le "non-être".

Il suffit donc de remarquer que tous les genres participent du "même", qui est dans le non-être, puisque "à côté" du genre "être", pour que le "non-être" participe à tous les genres, et en particuplier que le non-être existe ! CQFD.

- Et qu'en retires-tu ?

- Cela me conforte dans ma représentation de cet Imaginaire Grec : 
([1][⚤][♲][1])𓂀. (note 2)

On peut alors comprendre le passage de Parménide à Platon, comme la prise de conscience d'une séparation entre le niveau des idées en [♲] et celui des mots en [⚤], et c'est suffisant, pour ensuite définir l'objet discriminant  {(*);∅} en [⚤]𓂀, et assurer une même compréhension de la logique du 1er ordre, de l'antiquité à nos jours. (note 1)

L'étape qui n'est pas franchie étant la séparation entre la logique, vue exclusivement ex post [⚤]𓁜 et la topologie vu ex post/ ex ante 𓁝[#]𓁜, qui implique la différence discret/ continu# ou élément/ 𓁝partie#...

- Il y a malgré tout cette participation entre les idées en [♲], ainsi que la différence entre la position de mâle/ active du maître [♲]𓁜 vis-à-vis de l'élève, passif, qui se "remémore" sous ses directives 𓁝[♲].

- Oui, la différence local/ global, tient à ce mouvement de l'enfant au stade du miroir, se tournant vers sa mère, qui lui confirme "oui, c'est toi dans le miroir". Posture que l'on retrouve ici entre maître et disciple, d'où l'importance du dialogue ! Mais Platon en reste à la dichotomie ancestrale (cf Lévi Strauss). Il faudra attendre Évariste Galois pour en tirer les conséquences topologiques...

Et puis l'idée finale du bien en [1] qui éclaire tout, comme le beau rend les choses belles, conforte encore cette écriture [♲][1].

Je refais un tour chez Folscheid, pour vérifier que je n'ai rien loupé d'essentiel.


Le 12/ 12/ 2021 :

- Très franchement, je trouve cette présentation de Platon si dense et claire, que je m'arrête à chaque phrase. Il faut reconnaître que Dominique Folscheid n'est pas n'importe qui ! Je vais donc le suivre pas à pas, en y allant de mes commentaires.

Mais avant, je voudrais me représenter la séquence temporelle menant de Parménide à Aristote :

Parménide [540   450]              
Socrate     [469 19        399]      
Platon           [427 28   347]  
Aristote                 [385 38 322]

Quatre générations, quatre seulement courant sur 218 années, ont façonné la pensée occidentale jusqu'à nos jours !

- OK, tu ne vas pas y passer le week-end, non ?

- Tu ne comprends pas, j'ai l'impression que le développement de notre culture est d'une certaine façon, accidentel.

Parménide dit "ce qui n'est pas n'est pas", Platon réagit à son propos, puis Aristote répond à Platon, et l'on va parler à n'est plus finir de l'être en Occident, quand, pratiquement à la même époque Siddhartha Gautama, dit Bouddha, invite à la contemplation du vide, ou que Lao Tseu trace sa voie (le Tao) entre le vide et le plein, entre le Yin et le Yang.

Un seul choix primitif pour orienter une culture, pas deux ni trois, non juste un choix ! En Occident, nous avons rejeté le vide pour rechercher l'Un...

- Jusqu'à récemment, en mathématique, avec "l'objet initial" ∅ et "l'objet final" (*) de la catégorie des Ensembles...

- Absolument, mais je m'étonne que ce séisme épistémologique initié par Cantor il y a largement plus d'un siècle en mathématiques avec la théorie des ensembles, passe encore inaperçu dans le champ de la philosophie... 

- Si tu arrivais à te focaliser sur ton sujet ? Nous en étions à l'article sur Platon...

- Qui démarre par Socrate. Son idée directrice est que l'homme est par nature orienté vers le "bon" :

«Socrate veut être uniquement un accoucheur des âmes, qui recèlent l’éternelle vérité qu’elles ont oubliée.[...] Par l’ironie, qui met en contradiction, rétablit la différence, il reconduit le disciple à lui-même (connais-toi toi-même !), afin qu’il libère son âme et la reconvertisse au bien.»

Avec, bien entendu derrière tout ceci l'idée de réminiscence : nous avons oublié, et sa maïeutique est là pour nous aider à nous remémorer ce que nous savons déjà (c'est l'esclave de Ménon qui "retrouve" qu'un carré de 4X4 a une surface de 16 et non de 8, comme il le dit spontanément).

L'outil de Socrate, c'est le verbe travaillé par la logique du 1er ordre : 

«Mais beaucoup plus qu’un sage, Socrate est le témoin du verbe.

  • Fidèle à son essence et à sa visée de la vérité, le langage est l’opposé de la violence
  •  Infidèle à soi-même, il se dégrade en un art formel (rhétorique) ou se pervertit en une technique de persuasion, qui est une arme dans des rapports de force (sophistique).»

Socrate dénonçant la sophistique, j'avoue avoir un peu de mal à tracer la limite entre le philosophe et le sophiste !

- Tu y vas fort !

- Je te laisse juge :

1/ Lorsqu'il amène Ménon à convenir avec lui que toutes les abeilles "sont les mêmes", je trouve qu'il force Ménon à le suivre sur son terrain, sans argument raisonnable.

Il y a déjà une distinction très évidente entre la reine et les ouvrières, ensuite entre les femelles, ouvrières, et les faux-bourdons mâles, exclus de la ruche. Par ailleurs, et c'est plus grave, peut-être: sans ses différences, et les liens qui s'établissent à travers ces différences, il n'y aurait pas de survie possible des abeilles, et donc pas d'abeille. J'en ai conclu qu'il y a un passage forcé de  [∃]↓[∃], agissant comme un "oubli" ou une "forclusion", de tout une connaissance des abeilles, sur un mode relationnel, en ♢, pour les voir comme des éléments identiques en [⚤], afin de les manier logiquement.

Dans la vignette des Dupondt tournant en rond dans le désert, cette descente ↓, c'est l'arrivée de la première trace, dans le cercle qui se referme sur lui-même. Ça me fait penser au rond-point dans le film de Tati "Playtime", ou encore ce sketch "Sens interdit" de Raymond Devos.

2/ Lors de son procès (voir commentaire #9), lorsqu'il tourne Mélitus en ridicule, son argument est le suivant :

  • Mélitus accuse Socrate de corrompre la jeunesse et Socrate l'amène à dire que tout le monde peut éduquer ses enfants, sauf lui l'accusé ;
  • Socrate fait une comparaison avec les chevaux : peu d'hommes savent dresser les chevaux, quand la plupart les gâteraient;
  • Comme l'éducation d'un homme est plus difficile que celle d'un cheval, il est évident que seuls quelques hommes savent éduquer la jeunesse, ce qui contredit l'affirmation de Mélitus.

Je passe sur le fait que Socrate manipule Mélitus et "le fait parler" sans lui donner véritablement la parole, pour en arriver à ceci : entre un père et son fils, existe un lien de filiation, qui n'existe pas entre l'éleveur et le cheval. Pour être plus rigoureuse, la comparaison devrait porter sur le rapport entre un étalon et son poulain, et l'on verrait sans doute que tous les chevaux "éduquent" leurs poulains, de la même façon que les hommes le font pour leur descendance.

Là encore, on passe d'une pensée "relationnelle" en ♢ à une pensée "objective" en ♧, privée de toute "relation" entre les éléments manipulés, autre que l'application retenue pour les besoins de la cause, ici l'application "→" se nomme "éducation" : ((père →fils)=(entraîneur→cheval))𓂀

Autrement dit, dans la pratique de Socrate, je ne vois pas la différence avec celle d'un Sophiste...

- Mais tu l'as dit toi-même : l'objectif de Socrate est philosophique, et donc hors du discours. C'est de cette référence externe que le discours tire sa cohérence. A contrario, les Sophistes s'en tiennent à la cohérence interne du langage d'où l'indécidabilité de leurs discours. Nous revenons directement à Gödel !

D'où la transition vers Platon :

«S’il est vrai que le philosophe et le sophiste se ressemblent comme chien et loup, parce qu’ils manipulent tous deux le langage, il faut établir et fonder la différence, en commençant par écarter les apparences trompeuses.»

Et donc, Platon définit une "voie", vers un objectif à atteindre, le beau, le bon, le vrai, bref, l'Unique :

«La définition platonicienne de la philosophie est donc très simple : elle est un cheminement vers le vrai, selon un itinéraire initiatique, depuis un point de départ qui n’en est pas un, car il est en réalité un point d’arrivée. Le prisonnier, en effet, n’est pas un sauvage ou un aveugle-né, mais un être asservi. Autrement, comment le petit esclave du Ménon, conduit par Socrate, finirait-il par découvrir comment doubler la surface d’un carré ? C’est parce qu’il désapprend ses préjugés sur la géométrie qu’il retrouve la bonne méthode. Toute connaissance est en réalité re- connaissance.»

- En parlant de "voie", tu le fais exprès ?

- Eh bien oui : je note que du temps où Bouddha définit une voie vers l'éveil qu'il enseigne dans la Sangha, tandis que Lao Tseu définit l'enseignement de la voie ou "Tao", Platon ouvre l'Académie dans le même but.

- Tu fais un parallèle ?

- Esthétiquement parlant, c'est très tentant ! Chercher les ressemblances, permettrait de resserrer les différences autour de ce choix initial de Parménide dont nous parlions tantôt.

Plus encore : cette "voie initiatique" est également commune à la pensée mythique sous toutes les latitudes, et n'est pas sans quelque écho encore actuellement dans la formation psychanalytique... Pense aux difficultés des Lacaniens pour éviter cet aspect initiatique en essayant (si mal) de définir "la passe" !

- Soit, à chacun son ou ses écoles, le souci d'une recherche personnelle et d'un travail sur soi, conduisant à un éveil (Bouddha), une réminiscence (Platon), ou un accord avec notre nature profonde (Lao Tseu), mais qu'en tires-tu?

- L'importance pour tous de la distinction entre le maître [♲]𓁜 et l'élève 𓁝[♲], qui se destine à passer maître, avec un saut franc et net caractéristique d'une "initiation" : (𓁝[♲]𓁜⏩𓁝[♲]𓁜)𓂀.

- Bon soit, mais ça s'arrête là !

- En es-tu si sûr ? Et si l'on cherchait les ressemblances derrière les différences folkloriques, pour une fois ?

1/ Prends par exemple l'importance accordée à la "loi" exprimée en [♲]𓁜 :

  • Dans le Bouddhisme tu as la loi du Karma;
  • Le Taoïsme inspirera les Légistes, et servira d'ossature à toute la bureaucratie impériale;
  • Socrate boit la ciguë par respect des lois de la cité.

2/ Atemporalité du niveau [♲] :

  • Dans la pensée Bouddhiste, tant qu'elle n'a pas atteint l'illumination du Nirvana, ou contemplation de sa vacuité, l'âme se réincarne;
  • Dans la pensée Chinoise, et notamment Taoïste, le Yin Yang est en perpétuelle mutation;
  • Chez Platon, les idées comme l'âme sont atemporelles, d'où la possibilité d'une incarnation (allant avec la temporalité) dans un individu.

3/ La circulation incessante au niveau  [♲] :

  • Bouddhisme : principe même de la loi karmique;
  • Taoïsme : principe même du Yin Yang, et utilisation du Yi King;
  • Platon : la participation. À noter à ce sujet que l'idée selon laquelle l'être est dans le non-être et le non-être dans l'être, n'a rien à envier aux traditions Bouddhiste ou Taoïste ! 

4/ La mesure en  [♲] :

Là, on en vient peut-être à ce qui m'agite particulièrement : [♲] est le niveau de la "mesure". C'est ce que je tente d'articuler et me prendra sans doute toute l'année prochaine, mais cet aspect moderne d'une "mesure" au sens physique ou mathématique, se retrouve déjà là, au sens d'un équilibre entre états potentiels accessibles.

  • Pour les Bouddhistes, c'est bien entendu l'équilibre au sein du Karma;
  • Pour les Taoïstes, c'est la recherche d'une harmonie, ou voie du Milieu entre Yin et Yang;
  • Pour Platon, c'est l'harmonie, dans la cité, comme chez l'individu.

5/ Le niveau de la loi en [♲] est chapeauté par un principe transcendant :

  • Dans le Bouddhisme, c'est la vacuité ∅;
  • Pour le taoïsme c'est le Yin Yang ☯;
  • Pour Platon c'est l'Un, (c'est dans ce choix que réside la spécificité occidentale).

6/ L'aspiration vers le principe primaire est d'ordre sexuel :

  • Bouddhisme : la dualité Linga/ Yoni;
  • Taoïsme : Yin/ Yang;
  • Platon : l'amour. (Je te passe sous silence, la pulsion sexuelle chez Freud, ou la pulsion Unaire chez Lacan, bien entendu...).

«La quête de la Beauté est animée par Éros, fils de Pénurie et de Grands-Moyens, qui est intermédiaire entre l’homme et le dieu. C’est Amour qui unit tout ce qui est divisé, à tous les niveaux (de la reproduction animale à la connaissance).»

Il faut noter ici une différence fondamentale apportée par le Christianisme : 

«Tout l’Occident restera marqué par cette conception d’Éros, à laquelle s’opposera l’amour-don prêché par le christianisme. Chez Platon, l’amour exclut la personne singulière incarnée, puisqu’il faut toujours la dépasser. On aime le Beau en soi, jamais quelqu’un.»

De ce point de vue, je crois que l'on peut caractériser cet amour (Yin/Yang; Linga/Yoni; amour platonicien) par une aspiration au principe premier, dans la posture générale 𓁝[∅], quand chez les Chrétiens (après Platon), Dieu (principe Unitaire en [1]) s'incarne pour aimer ses Sujets, en donnant sa Loi, "aimez-vous les uns les autres ([♲]𓁜) pour l'amour de moi (𓁝[1])" :
([♲]𓁝⇆𓁜[1]⏩[♲]𓁝⇆𓁜[1])𓂀.

7/ La contemplation :

Il y a, bien entendu chez les Bouddhistes comme les Taoïstes des ordres contemplatifs, tenant à un aspect religieux des doctrines (i.e.: 𓁝[∅] ou 𓁝☯), mais c'est également présent chez Platon (i.e.: 𓁝[1]), d'après notre auteur :

«L’érotique de la connaissance est caractéristique de la philosophie platonicienne : doctrine et moyen de salut, et non simple savoir spéculatif. Si le philosophe doit, en ce bas monde, s’accommoder de la vie mélangée, dont le joyau le plus précieux est la mesure (Philèbe), il doit aussi espérer l’assimilation à Dieu en se délivrant des éléments d’ordre inférieur qui constituent autant de lests à l’envolée de l’âme (Théétète, 176 b). On voit ici que la tension ne se résout dans aucune solution. Si on entend le discours de Socrate dans le Phédon, la mort – ce «beau risque à courir» – est la frontière que ne peut dépasser notre discours humain.»

Je pense que nous en reparlerons avec Saint Augustin, par exemple.

(Nota : d'un point de vue formel, l'impossibilité d'accéder par l'Imaginaire au niveau Symbolique nous laisse en posture ex ante 𓁝 par rapport à lui, et donc, le désir par rapport à une posture ex post 𓁜 hors d'atteinte, ne pouvant être comblé (la jouissance), la tension persiste.)

Comme tu le vois, ce court texte nous a malgré tout donné sujet à pas mal de réflexions. Demain, nous attaquerons la suite avec Aristote.


Le 13/ 12 / 2021 :

Aristote :

Pour tout dire, cet article m'inspire beaucoup moins que le précédent, mais ratissons le texte, par mesure de sécurité.

1/ Le désir de savoir :

««Tous les hommes désirent naturellement savoir» : cette proposition décisive n’inaugure pas seulement la Métaphysique, mais un esprit qui animera toute la recherche. Prise dans son ampleur, elle affirme que l’homme est naturellement, par essence, en quête de la connaissance rationnelle de l’absolu, dont le désir inscrit en nous la marque en creux.

Mais ce désir n’est plus celui d’une âme exilée dans un corps : l’homme d’Aristote est solidement ancré dans la nature, il est le «vivant» par excellence. Sans cesser d’être un animal, il jouit de capacités spécifiques, dès les stades les plus humbles (sa vision, par exemple, n’est pas seulement utilitaire, mais contemplative, ce qui provoque en lui du plaisir).» 

Il n'y a rien à y ajouter, si ce n'est mon étonnement d'une si bonne connaissance de l'homme, car expérimentalement, on a pu déterminer que ce "désir de connaître" est l'une des 4 pulsions élémentaires (seeking system) inscrites dans notre cortex (voir "Étude du système pulsionnel"). À noter que ce désir ne se limite pas à un objectif utilitaire, en posture 𓁜, mais reste ouvert sur la contemplation en posture 𓁝.

2/ Le discours sur la réalité naturelle :

Nous sommes ici au coeur de nos discussions du texte d'Alain de Libera. Aristote cherche à se libérer d'un mécanisme résolument transcendant chez Platon, avec sa "réminiscence", que nous avons représenté par S↓, pour privilégier une approche immanente S↑.

Mais, dans un Imaginaire limité à ([1][⚤][♲][1])𓂀, nous avons vu qu'Aristote ne peut pas réellement se dégager de tout Platonisme. La "querelle des universaux" traite de la postérité de cette ambiguïté, je n'y reviens pas ici.

Dans cette recherche d'une "réalité naturelle", il y a malgré tout deux points remarquables que souligne l'auteur :

a/ Potentiel/ actuel :

«Ce qui devient n’est pas une simple apparence évanescente, car ce qui surgit en acte a d’abord été en puissance, ce qui n’est pas rien.»

Idée promise à un bel avenir, puisqu'elle est au coeur des travaux de Lagrange et se retrouve dans l'équation de Schrödinger (voir "penser la physique autrement".)

b/ Indétermination :

«La réalité physique est un composé de matière et de forme. Prenons l’exemple d’une sphère d’airain : sa forme est éternelle et inengendrée (la sphère), mais sa matière ne peut pas être saisie à part (l’airain est déjà un composé). La matière est donc principe d’indétermination, pure puissance des contraires. Ce qui existe, c’est le composé.» 

L'auteur fait ici un lien entre la théorie "hyélomorphique" et l'indétermination, qui m'avait échappé.

- Du coup, tu retrouves ton triptyque de Noether au complet...

- Exactement ! De plus, comme nous avons vu que

  • la matière en attente de forme est un concept 𓁝[♲] quand
  • la forme, son principe actif est un concept [♲]𓁜,

tu retrouves que cette indétermination est liée au passage 𓁝/𓁜. Elle est pas belle la vie ?

c/ Différentes causes :

«Une statue d’Hermès aura quatre causes :

  • la matière (le marbre, si l’on veut, bien qu’il ne soit pas pure matière),
  • la forme (celle du dieu),
  • la cause efficiente (le sculpteur),
  • la fin (rendre la divinité manifeste).

La différence entre les objets de l’art et les êtres vivants vient de ce que ces derniers ont en eux-mêmes le principe de leur mouvement.»

Là, je me contente d'enregistrer, car il me semble que ces distinctions entre les causes se retrouvent encore à l'Âge Classique dans les discussions sur la Grâce efficace ou suffisante, de mémoire.

3/ Le discours sur le langage :

«Aristote va disséquer l’être du langage et fonder une bonne part de la Logique

  • en formulant les principes de non-contradiction et du tiers-exclu,
  • en analysant le fonctionnement de la proposition (sujet, copule, prédicat) et en formalisant les règles du raisonnement.
    • Le syllogisme apparaît ainsi, et pour longtemps, l’instrument spécifique de la science et de l’enseignement, parce qu’il démontre la vérité en unissant deux termes par la médiation d’un même troisième.
    • La dialectique, au contraire, ne produit que des conclusions probables, par la confrontation des opinions dans le dialogue.
    • Quant à la rhétorique, elle ne vise que la relation vivante à l’auditeur, pris comme un tout, avec ses passions.»

D'accord : Aristote est bien le père de la logique telle qu'elle se transmet jusqu'à Hilbert.

Incidemment, en voyant ainsi :

  • la dialectique associée à l'opposition brute, et
  • le syllogisme à une triade, avec un terme médiateur,
  • je m'interroge sur la spécificité de la pensée mythique basée sur 4 pôles (voir "Interprétation des rêves #6 et pensée mythique").

et je me demande s'il n'y a pas une régression de la pensée mythique pour arriver au plus simple : la logique ?

- Tu veux parler de progrès ?

- C'est ça le plus étrange : aller au plus simple nous permet, paradoxalement de voir plus largement, en remplaçant approchant la qualité par la quantité.

- Je ne te suis pas.

- Pense à un téléviseur. En passant de l'analogique au numérique, nous gagnons en qualité, et ensuite, en augmentant le débit de réception du signal, nous améliorons encore le rendu de l'image finale.

- Et tu retrouves la discussion entre l'Un et le multiple ?

- Exactement. N'est-ce pas un bon sujet de méditation ?

4/ Le problème de la métaphysique :

«La «métaphysique» peut désigner ce qui est exposé et enseigné après la physique, mais aussi ce qui est hiérarchiquement supérieur, au-delà de la nature, séparé de la matière. On comprend bien qu’il faille constituer une science des «objets les plus élevés», mais quels sont-ils ? Devons-nous les caractériser

  • par la primauté ou
  • par l’universalité ?»

Là nous retrouvons le gap entre le niveau des idées en [♲]𓁜 et celui où le Sujet les exprime en [⚤]𓁜, après une régression Imaginaire :
(𓁝[♲]𓁜⏩[⚤]𓁝𓁜[♲]⏩[⚤]𓁝𓁜[♲]​​​)𓂀 (1)

Ce qui est

  • "compris" en [♲]𓂀 comme universalité;
  • "s'exprime" en [⚤]𓂀 en termes de succession/ ordre/ causalité.

D'où deux approches de la métaphysique :

  • «Si l’on met l’accent sur ce qui est premier, la science suprême est la théologie. La science la plus divine n’est-elle pas à la fois celle que possède Dieu et celle qui traite des choses divines ? [...] 
  • En revanche, si l’on privilégie l’universalité de l’être, la science suprême sera l’ontologie, science de l’être en tant qu’être. Mais son objet est-il constitué par l’être commun à tous les êtres, les principes premiers ou les réalités séparées?» 

Et nous revoici avec cette "ontologie" tout occidentale, sur les bras !

- Je ne fais pas le lien entre la théologie et la causalité en [⚤]𓂀 ?

- Il faut prendre le schéma (1) à rebrousse-poil, dans le sens d'une immanence: la théologie est une construction à partir d'une interrogation logique sur la primauté de Dieu sur la nature : 
([⚤]𓁝𓁜[♲]​​​⏩[⚤]𓁝𓁜[♲]⏩𓁝[♲]𓁜)𓂀 (2).

A contrario, l'ontologie part de "l'être commun à tous les êtres", dans une démarche transcendante : ([♲]𓁝𓁜[1]​​​⏩[♲]𓁝𓁜[1]​​​​​​)𓂀♧ (3). Tu vois bien le rôle que joue ici le choix de [1]​​​ en position d'objet initial, qui conduit tout droit à l'ontologie. Ni le Bouddhisme, ni le Taoïsme ne pourraient y conduire, d'ailleurs, les philosophes Chinois (voir Li Zehou) qui étudient actuellement la pensée occidentale, en sont encore à s'arracher les cheveux pour acclimater le concept !

- Mais il faudra malgré tout l'exprimer en [⚤], non ?

- Oui, en suivant le chemin (1), qui est commun à l'expression de l'ontologie comme de la théologie.

- Mais comment les distinguer l'une de l'autre, si elles suivent le même chemin (1)?

- C'est là qu'il faut être attentif à Dominique Folscheid, car il va très vite !

«En récusant la doctrine platonicienne des Idées, formes hypostasiées, illégitimement séparées du réel complet, Aristote marque bien la difficulté de la philosophie, tiraillée entre le discours sur l’être et la théologie, qui porte aussi sur l’être – mais l’être qui est un être.»

L'être de la théologie, qui part de  [1] dans un processus S↑ s'intéresse à l'être en termes d'unité à partir duquel se constitue le multiple, au passage de  [⚤]: [1]↑[⚤]↑[♲], quand l'ontologie part directement de l'universalité de l'être en [1], mais dans une démarche S↓ : [1]↓[♲]↓[⚤].

D'où des discussions à n'en plus finir sur l'Un qui renvoie tantôt à l'Unique, tantôt au multiple, et l'un dans l'autre et vice-versa ! (note 2)

5/ L'homme et l'action :

«Qu’est-ce que l’homme ? Un vivant complet, mais pas le résultat d’une émergence. Aristote récuse absolument toute réduction du supérieur à l’inférieur : «L’homme a des mains parce qu’il est intelligent», il n’est pas intelligent parce qu’il a des mains (Parties des animaux, IV, 10). L’âme n’est plus une entité séparée et en chute, elle est la forme du corps, sans laquelle un corps n’est pas un corps.»

Bon, nous retrouvons ici toute l'ambiguïté d'Aristote qui n'arrive pas à s'arracher au platonisme, avec cette "forme" qui colle de près à "l'idée" chez Platon. Plus intéressant : 

«Chez l’homme, l’âme cumule toutes les fonctions : végétative, sensitive, intellectuelle (avec une partie passive, une autre active, transcendante, de nature divine)

Ce qui conforte cette dualité 𓁝𓁜, que nous retrouvons partout (y compris en physique) !

On trouve également chez Aristote l'idée que le plaisir est un surplus, et non une fin en soit, je ne m'y attarde pas, mais cela nous est très familier, non ?

6/ La vie dans la cité :

Je note au passage que notre devise "Liberté, Égalité, Fraternité" a sans doute été tirée de la Cité d'Aristote, qui prônait l'égalité de tous devant les lois de la cité, et l'amitié comme "idéal supérieur de la cité".

7/ Le bonheur suprême :

«Le bonheur suprême est réservé à la mince élite qui s’adonne à l’activité contemplative de l’esprit (le noûs, partie supérieure et proprement divine de l’âme).»

Autrement dit c'est la posture suprême 𓁝[1]​​​​​​, qui n'a rien à envier à celle du Bodhisattva 𓁝[∅]​​​​​, juste avant qu'il n'atteigne l'état de Bouddha dans la contemplation de sa vacuité [∅]​​​​​𓁜, ce qu'Aristote ne peut bien entendu pas concevoir, puisqu'il en reste à l'être :

«Tout se passe donc comme si l’homme était l’être qui doit être plus que lui-même pour être lui-même.»

Ouf, je pense que ce tour d'horizon va me permettre de continuer la lecture d'Alain de Libera de façon plus sereine. La suite au prochain article.

Hari

Note 1 :

Techniquement, on peut même dire que Platon, avec sa logique, pouvait argumenter, contre les Sophistes, que le recours à un référé (i.e.: son domaine des idées en [♲]) hors de la parole (i.e.: en [⚤]) était nécessaire pour que cette parole ait quelque consistance, en suivant la démonstration de Gödel (sans bien entendu entrer dans le détail d'une technique mathématique, particulièrement ardue).

Voici une description schématique du raisonnement en question, tel que Gödel le présente lui-même en introduction de son article sur le premier théorème d'incomplétude :

Supposons qu’il existe une Théorie Complète (TC) fondée sur un nombre fini d’axiomes et permettant, si l’on considère une phrase quelconque, de décider sans jamais se tromper si cette phrase est vraie ou non.

  • Considérons la phrase «TC ne dira jamais que la présente phrase est vraie».
  • Nommons cette phrase G, ce que nous noterons : G = «TC ne dira jamais que G est vraie».
  • Soumettons G à TC et demandons à TC de dire si G est vraie ou non.
  1. Si «TC dit que G est vraie», alors G est fausse.
    Mais alors, TC a commis une erreur. Cependant par hypothèse TC ne se trompe jamais. Donc «TC ne dira jamais que G est vraie».
  2. Si «TC ne dit jamais que G est vraie», alors G est vraie.
    Mais d’après cet énoncé même, qui définit G, TC ne pourra jamais le dire.

Il ne peut donc pas exister de Théorie Complète, c’est-à-dire de théorie permettant, quelle que soit la phrase que l’on considère, de dire si elle est vraie ou non. (Volle, 2002). Pour une présentation plus détaillée : (Gödel, Nagel, Newman, & Girard, 1931).» Extrait de: Alain Simon. «L'Homme Quantique - Essai sur les fondements d'une entropologie.» Apple Books.

Note 2 :

Il faudra que je relise mes commentaires antérieurs, mais il me semble avoir fait une erreur en disant que le bouclage de [1] sur [1] était comme une "cage d'écureuil".

Non, en fait, compte tenu du changement de posture du Sujet de 𓁝 à 𓁜 en passant de [♲]𓁝[1] à [1]𓁜[⚤], soit :
 ([♲]𓁝𓁜[1]​​​⏩[1]𓁝𓁜[⚤]​⏩𓁝[⚤]𓁜⏩[⚤]𓁝𓁜[♲])𓂀,
le raboutage doit se faire comme un ruban de Moébius (i.e.: assurant que 𓁝 devienne 𓁜); ce qui assure une discussion sans fin entre l'Un et le multiple... Pour déterminer qui est premier de l'oeuf ou de la poule...

De ce point de vue, rien de changé par rapport au schéma complet où l'objet final [∃] se boucle sur l'objet initial [∅], soit : 
([♲]𓁝𓁜[∅]​​⏩[∃]𓁝𓁜[⚤]​...)𓂀.

Même si le contenu, (c.-à-d. les niveaux) de l'Imaginaire évolue, la structure même du mouvement dans l'Imaginaire est conservée.

 

- Tu y vas

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