Voyez comment vont les choses, après mon dernier article, je me suis dit que je n’étais peut-être pas le premier à faire un rapprochement entre Bouddha et les surréalistes. Je vais donc, tel le surfeur moyen sur la toile, pour voir ce que google peut en ressortir.
Bonne pioche. Je trouve tout d’abord quelques articles de présentation intéressants dans le NouvelObs, sur lesquels je reviendrais, puis cette lettre d’Antonin Artaud au Dalaï Lama:
Nous sommes tes très fidèles serviteurs, ô grand Lama, donne-nous, adresse-nous tes lumières, dans un langage que nos esprits contaminés d'Européens puissent comprendre, et au besoin, change-nous notre Esprit, fais-nous un esprit tout tourné vers ces cimes parfaites où l'esprit de l'homme ne souffre plus.
Fais-nous un esprit sans habitudes, un esprit gelé véritablement dans l'esprit, ou un esprit avec des habitudes plus pures, les tiennes, si elles sont bonnes pour la liberté.
Nous sommes environnés de papes rugueux, de littérateurs, de critiques, de chiens, notre esprit est parmi les chiens, qui pensent immédiatement avec la terre, qui pensent indécrottablement dans le présent.
Enseigne-nous, Lama, la lévitation matérielle des corps et comment nous pourrions n'être plus tenus par la terre.Car, tu sais bien à quelle libération transparente des âmes, à quelle liberté de l'Esprit dans l'Esprit, Ô pape acceptable, ô pape en l'esprit véritable, nous faisons allusion.
C'est avec l'œil du dedans que je te regarde, ô pape au sommet du dedans.C'est du dedans que je te ressemble, moi, poussée, idée, lèvre, lévitation, rêve, cri, renonciation à l'idée, suspendu entre toutes les formes, et n'espérant plus que le vent.
Pas banal, non ?
Surtout lorsque l’on s’imagine Artaud sous les traits que lui donne Cyril Leysin
Pas vraiment un modèle de sérénité, n’est-ce pas?
Et puis je tombe sur cette peinture surréaliste de Bouddha de Fred Besnardière :
Il y a là un réel choc des cultures, bien rafraichissant.
Pour en revenir aux articles du nouvelobs j’en ai retenu deux choses:
Dans l’article
Cet inconnu nommé Bouddha, l’histoire (celle que l’on rapporte), nous indique qu’à la fin de sa vie Bouddha fût agressé par 3 fois par de mauvais compagnons qui voulaient devenir calife à la place du calife…. Je ne peux pas me reporter à une tradition que rigoureusement mes frères m’ont interdit de nommer ici, mais enfin, hein,
Hiram n’est pas loin.
D’un autre article sur
l'ascèse radicale du jaïnisme, j’ai retenu de ces précurseurs qu’ils pensaient éteindre le cycle des renaissances, en arrêtant d’agir, à en mourir. Doctrine rejetée par Bouddha, mais qui tourne autour de la définition du karma. Je pense que tout est là, à savoir la découverte que le calme de l’esprit permet d’appréhender autre chose (voir l’article sur la Voie bouddhiste), principe auquel je rattacherais toute ma théorie.Autour de l'Illumination (j'aime à penser qu'elle fût fortuite à l'origine comme le suggère l'article précédent du NouvelObs, pour rester en accord avec ce bon vieux principe dual du hasard et de la nécessité), tout peut être dit, pour enrober de justification ce vécu cru, et pour expliquer aux aveugles que nous sommes la voie à suivre (chacun la sienne, d’où la multiplicité des écoles, mais attention, Bruegel nous met en garde!): L'enseignement même de Bouddha n'est pas doctrinaire, il témoigne d'une expérience vécue (semble-t-il) et propose une méthode pour y parvenir. Que la voie tracée se soit chosifiée en doctrine, c'est le propre, malheureusement de toute pensée qui se sclérose en église. Il ne semble donc pas important de se focaliser sur la justification de la méthode; mais bien d'en accepter l’essence: Pour arriver à l’Illumination, il faut calmer son esprit, donc éteindre ses appétits, abandonner son Moi et ses craintes, bref s’ouvrir au monde et l’absorber comme un trou noir absorbe la lumière. Comme quoi notre imagination peut bien tisser les liens les plus inattendus entre tous nos concepts et que, comme dit l’autre «tout est dans tout», sans oublier bien sûr la réciproque.
Bon week-end
Hari