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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Bouddha et relativité d'échelle

Pourquoi Bouddha?

Parce qu’il nous propose une expérience à tenter qui reste, au sens de Popper, une expérience réfutable : j’y arrive ou je n’y arrive pas.
Et alors ?
Il ne suffit pas qu’une expérience soit possible pour qu’elle soit désirable, il y a tant de choses à faire ici bas!

Quelle théorie une telle expérience peut-elle conforter?

Tout d’abord remarquons qu’il s’agit d’une ouverture sur plus de «relativité». Si l’on y regarde bien, chaque développement scientifique majeur tient sa source d’un renversement de perspective. Newton, en voyant tomber une pomme s’est dit qu’elle était dans le même rapport à la Terre que la Terre au Soleil. La révolution copernicienne a consisté à cesser de voir la Terre comme le centre de l’Univers, rôle tenu ensuite par le Soleil, puis le Soleil lui-même a été vu comme un astre parmi les autres, au sein de la galaxie, et notre galaxie elle-même s’est trouvée noyée dans une multitude d’autres. Non seulement perdue dans l’Univers, mais encore située dans le temps, entre le Big Bang et la mort thermique.

Parallèlement, l’Homme s’est détaché de lui-même pour se décrire, c’est le grand honneur de Freud de s’être pris lui-même comme champ d’observation (une sorte de «stade du Miroir»à l’échelle de l’Humanité dans son ensemble).
Mon idée, pour faire court, c’est que l’on ne peut pas se limiter à voir en l’Homme un individu. C’est une idée difficile à admettre, après s’être battus depuis le fond des âges pour faire respecter les droits de l’Homme et du Citoyen. Mais Foucault a déjà ouvert le sujet (c’est le cas de le dire) en prédisant la fin de l’Humaniste dans «Les Mots et les Choses» (je ne parle pas de Nietzche que je n’ai pas lu, désolé).
Après avoir parcouru un long chemin, pour nous affirmer comme individus, mais précisément grâce à cette libération et parce qu’héritiers du siècle des Lumières (merci à Voltaire, Diderot, Rousseau) nous pouvons maintenant questionner cette individualité, la remettre en cause. La liberté du joueur (et le philosophe est un joueur) n’est-elle pas de jouer son tapis ?
Mais nous avons du mal à franchir le pas, à envisager de n’être qu’un élément d’une sorte de Léviathan dont nous ne serions que les membres au même titre que nos jambes font partie de notre corps.
Nous avons bien déjà quelques soupçons : l’écologie nous rabat les oreilles à l’envie de sombres prévisions si nous ne prenons pas conscience de notre appartenance au système écologique de la Terre. Les psychologues montrent de leur côté que nous sentiments les plus forts comme l’amour, répondent plus à une poussée vitale qui s’impose à nous qu’à notre libre arbitre.
Freud puis Lacan (je ne parle pas de Jung à dessein), ont également senti que l’inconscient n’est déjà plus tout à fait dans l’individu, et que la personnalité (le Moi) de l’analysant (en présence de l’analyste) est portée par l’inconscient qui se tisse entre eux.
Le «Moi» s’inscrirait plus dans le discours que l’inverse.
Mais comment prendre conscience de cet «en dehors de Moi», comment se dépouiller de nos représentations, passer (casser) le miroir comme Alice. Me revient à l’esprit ce film de Cocteau, Orphée, où la radio annonce «les miroirs réfléchissent trop».
S’il est facile de «concevoir», d’imaginer, de se représenter ce qui nous compose (c’est précisément l’activité de notre «Imaginaire», avec quels instruments pourrions-nous accéder à ce qui nous donne sens, nous comprend?
C’est là un grand pas épistémologique, le défit de ce siècle peut-être ?
Et bien je pense qu’il est urgent que de s’y essayer.
fractale_soleil.jpg Considérons, par hypothèse, que nous ne soyons qu’une facette d’un ensemble plus vaste, pas en un sens horizontal, consistant à dire que nous avons des liens économiques, énergétiques, avec notre entourage, et nous, rois de l’Univers destinés de toute éternité à gérer ce pactole ; non, dans un sens bien différent, (comme la verticale s’oppose à l’horizontale, l'intensité à l'extension, le diachronique au synchronique), c'est pourquoi je parle ici de relativité d'échelle, liée à l'idée de représentation fractale) considérons, donc, que nous ne faisons sens qu’au regard de quelque entité qui nous dépasse.
Je ne parle pas d’un Dieu hors de l’Univers, mais de quelque chose qui soit en relation intime avec nous, dont nous procéderions. Qui nous dépasse, mais incarné dans ce monde, c'est-à-dire qu’il en respecte les lois, quoique sur un autre mode, qu’il nous importe de découvrir.
Ce serait prendre de ce fait un recul par rapport à nous-mêmes, qui approfondirait cette distanciation inaugurée par Copernic, Giordano Bruno et les autres à l’époque de la Renaissance, puis continuée avec Freud et Einstein (et bien d’autres comme Heisenberg ou Gödel etc…) chacun dans leur domaine, au cours du XXème siècle.
Voilà la problématique, qui nous occupe.
Et dans cette optique, le bouddhisme se propose de nous faire accéder à quelque chose qui nous transcende, appelé Bouddha.
Dans un premier temps, il est dit que celui qui arrive à l’Illumination devient un bouddha. Mais cette façon de dire n’est qu’une image : en effet, pour devenir bouddha, il faut prendre conscience de la vacuité du «Moi», qui n’est qu’une collection d’images rémanentes (ce qui colle bien avec un discours Lacanien). Donc, ce n’ai pas «Moi» qui devient Bouddha, puisque le chemin suivi consiste précisément à faire s’évanouir le «Moi». Il faut supposé que lorsque l’on a fait «réduire» la personnalité à force de méditation, se révèle quelque chose dont procéderait ce «Moi», comme l’alchimiste fait réduire ses décoctions pour précipiter la pierre philosophale.
(Rapprocher Bouddha de l’alchimie, je ne l’avais pas encore faite celle-là!) En résumé :

  • Proposition : l’Homme n’est qu’une partie d’un organisme qui le transcende
  • Expérience : arriver à l’illumination pour devenir / être / se dissoudre dans / prendre conscience de / communiquer avec Bouddha.

Si l’expérience réussit aux yeux de celui qui la tente, restera encore le problème de communication suivant : aura-t-il réellement fait cette expérience, ou bien aura-t-il eu une hallucination ?
Il nous faudrait quelque critère permettant de trancher; quoiqu’en cas de succès, le problème risque de ne plus avoir de signification.
Comme dit l'autre, il n'y a plus qu'à..
Expérience en cours

Hari

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