Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
9 Mars 2021
- Ce matin, j'ai voulu commenter un article de Facebook concernant une déclaration de Mélenchon selon laquelle, en cas de duel Marine Le-Pen - Emmanuel Macron pour le second tour de la prochaine présidentielle, il s'abstiendrait de donner une consigne de vote.
Ma première réaction a été celle-ci, (à lire sur ma page Facebook) :
" Dans quelle posture Imaginaire peut-il penser leur équivalence ?
☯[∃]𓁝⇅𓁜[⚤]𓁝⇅𓁜[#]𓁝⊥𓁜[♲]𓁝⇆𓁜[∅]☯𓂀
La question est, comme toujours, double :
1/ En quoi sont-ils équivalents ?
2/ Maintenant que peut-on dire d'un auteur qui révèlerait pareille indifférence?
En résumé : JL Mélenchon, faute d'idée politique en [#]𓂀, faute d'une morale Républicaine en [♲]𓂀 nous dit "essayons n'importe quoi, tout se vaut"… À mon humble avis : à ce niveau d'incompétence, il ferait mieux de se retirer...
- C'est un peu court, non ?
- En quel sens ?
- Tu parle de Mélenchon comme auteur 𓂀, et de son discours comme expression de sa pensée concernant des Sujets 𓁝𓁜; mais tu oublies totalement de t'inclure, toi lecteur dans le système; or ce discours est sans doute à ton intention, ou à celle d'autres lecteurs, et ceci, tu ne l'a pas conceptualisé.
- C'est vrai, il faudra y revenir sérieusement dans un article de blog."
Eh bien, nous y sommes.
J'ai déjà envisagé d'introduire le lecteur comme orthogonal, à la fois à l'auteur et au Sujet dont parle l'auteur. Voir "Ma Mu et Aida":
"... Le tableau s'adresse à un lecteur situé en dehors de la page qu'il lit, comme toi en ce moment... Que je peux représenter par: 😐. On pourrait donc compléter notre représentation en plongeant notre tableau dans un univers à 3 dimensions, celui du lecteur, et ☯ serait alors le "Réel", point origine, hors Imaginaire et commun à 𓁜, 𓂀 et 😐; mais ça commence à compliquer la typographie!"
- Comment aborder le problème ?
- Il faut se concentrer sur la posture de l'auteur. S'il est toujours maître de son discours rationnel, en posture ex post, à contrario, le lecteur lui échappe irrémédiablement: il ne peut donc qu'être en posture ex ante par rapport à lui.
Et là, je suis coincé avec mon glyphe 𓂀.
- D'un autre côté, tu n'es pas Mélenchon, mais un lecteur qui commente son discours... Autrement dit, c'est un Sujet 𓁝𓁜 pour toi comme auteur 𓂀, que tu viens de décrire en position ex ante 𓁝, parce que tu es finalement son "Autre".
- J'ai plutôt l'impression qu'il cherche à manipuler ou agir sur le lectorat, et donc qu'il le voit, non comme un "grand Autre" le transcendant, mais comme "objet a" de son désir.
Le 10/03/2021
- J'ai un problème de représentation de l'auteur comme Sujet aux yeux du lecteur.
Chacun des trois est en lui-même un "Sujet" 𓁝𓁜, susceptible d'être l'auteur de son propre discours 𓂀. Pire encore, chacun peut à son tour devenir un Sujet de discours, ou un support de représentation Imaginaire des deux autres... C'est un peu comme le repérages des axes d'une base orthonormée (x, y, z). Par habitude x est le premier axe et y le second, mais rien n'empèche de préférer un ordre différent tel (z,x,y) par exemple.
Je suis donc moi-même
Par ailleurs, rien n'empêche de complexifier encore et de rajouter des couches de discours. Je propose de garder 𓂀 comme porteur de discours final, toujours ex post par rapport à son expression rationnelle, et d'utiliser un exposant pour différencier l'homme 𓁝𓁜3 qui a vu l'homme 𓁝𓁜2 qui a vu l'homme 𓁝𓁜1 qui a vu l'ours.
On peut convenir d'omettre l'exposant dans le cas du discours simple que nous avons vu jusqu'ici : (𓁝𓁜...𓁝𓁜)𓂀, et de préciser 𓁝𓁜1 lorsque l'on prend l'auteur comme Sujet ((𓁝𓁜1 ... 𓁝𓁜1 )𓁝𓁜2)𓂀 voire (𓁝𓁜.2...𓁝𓁜2)𓂀.
Dans notre cas, nous aurions Le Pen et Macron comme 𓁝𓁜1 dans le discours de Mélenchon en 𓁝𓁜2, que nous nous proposons d'analyser en 𓂀.
- Mais d'après ce que tu viens de développer, tu es toi-même limité aux niveaux [♲]𓂀 et [#]𓂀 du discours. Quel regard pourrais-tu porter sur cette situation en [⚤]𓂀 ?
- Je ne vois pas trop pour l'instant, je te propose de noter la question pour y revenir en fin de parcours.
- Soit, commençons donc par le haut. Que pourrais-tu dire de 𓁝𓁜2 ?
- Je pense qu'il faut s'arrêter à ceci : le discours politique est destiné à agir sur celui qui écoute, il s'agit donc d'une tentative de 𓁝𓁜2 pour faire passer 𓂀 au rang d'objet de son désir, or nous avons déjà amplement discuté de ce processus, à l'aide du schéma en L de Lacan et de la forme canonique des mythes.
Pour le dire simplement : pour 𓁝𓁜2 la situation est semblable à celle du stade du miroir, lorsque le Sujet s'identifie à l'Autre, dans le même mouvement qui porte l'Autre à la place de l'image dans le miroir, situation que nous avions résumée ainsi dans "Résumé présentation Zoom"
niveau de 𓁜2 ≡ 𓂀 | les discours de 𓁜2 sur 𓁝𓁜1 |
☯ | |
[∃] | |
[⚤] (a) | (𓁝1⇅[#]𓁜1⇅𓁝1[#]⊥𓁜1)⇅𓁜2 |
[#] (b) | (𓁝1⇅[#]𓁜1⊥𓁝1[#]⊥𓁜1)⊥𓁜2 |
[♲] (c) | (𓁝1⇅[#]𓁜1⇆𓁝1[#]⊥𓁜1)⇆𓁜2 |
[∅] | |
☯ |
Le discours que je 𓂀 porte sur 𓁝𓁜2 est alors orthogonal au tableau précédent, quoique de même structure :
niveau de 𓂀 | les discours de 𓂀 sur 𓁝𓁜2 |
☯ | |
[∃] | |
[⚤] (a) | (𓁝2⇅[#]𓁜2⇅𓁝2[#]⊥𓁜2)⇅𓂀 |
[#] (b) | (𓁝2⇅[#]𓁜2⊥𓁝2[#]⊥𓁜2)⊥𓂀 |
[♲] (c) | (𓁝2⇅[#]𓁜2⇆𓁝2[#]⊥𓁜2)⇆𓂀 |
[∅] | |
☯ |
- Avoue que c'est vraiment compliqué et que tu nous amuses !
- Au début, toute démarche nouvelle paraît alambiquée, et il faut une certaine acoutumance pour voir les court-circuits possibles pour aller droit au but, mais là, oui, j'y vais façon buldozer, pour délimiter notre terrain de jeu...
- Quelle est l'apport de ce second tableau ?
- Nous pouvons tenter de rationnaliser les postures ex ante 𓁝2 de l'auteur qui ne sont pas explicites dans le discours qu'il tient en 𓁜2. C'est par exemple ce que fait le psychanalyste lorsqu'il écoute le Sujet en analyse : ce qui nous intéresse ici, ce sont les "non-dits" qui s'échappent en "comment-taire".
- Soit, mais concrêtement, pour en revenir à notre exemple ?
- Tentons ceci :
[⚤] (a) | (𓁝2⇅[#]𓁜2⇅𓁝2[#]⊥𓁜2)⇅𓂀 |
Dit plus simplement : l'évolution historique en [⚤] est guidée par la structure de classes en [#].
- La lutte des classes ?
- Oui, d'une façon très générale en termes de groupes orthogonaux. Il peut s'agir de classes économiques, comme chez Marx, ou de castes dans de nombreuses cultures, de races pour le nazisme etc...
[#] (b) | (𓁝2⇅[#]𓁜2⊥𓁝2[#]⊥𓁜2)⊥𓂀 |
Là il s'agit d'une rupture entre les positions ex ante et ex post. C'est la différence entre le sergent 𓁝2⇅ qui vient aux ordres et le lieutenant qui les donne ⊥𓁜2.
[♲] (c) | (𓁝2⇅[#]𓁜2⇆𓁝2[#]⊥𓁜2)⇆𓂀 |
Puisqu'il s'agit d'une évolution du Sujet 𓁝𓁜2 lui-même, ce dernier affirme sa permanence au fil de son évolution.
- Soit, mais comment raccordes-tu ceci au discours de premier niveau, celui tenu par Mélenchon ?
- On peut tout d'abord résumer ce qui précède ainsi :
Il s'agit pour 𓁜2 d'une progression Imaginaire, ou processus immanant, en passant de [⚤] à [#] et même [♲], comme s'était parfaitement explicite dans cette sortie "La République c'est moi"!
- Je te vois venir : il y a un pendant transcendant !
- Oui, bien entendu : pour bouger les lignes de fractures entre votants, il s'adresse à un lectorat qu'il ne "contrôle" pas 𓁝𓁜1 en position de domination, ex post 𓁜2, mais dont il se fait une idée, ex ante 𓁝2. C'est l'Autre du Sujet qui devient son "objet a" lacanien. Le principe est celui-ci :
(𓁝2[♲]𓁜1⏩𓁝1[♲]𓁜2)⇅𓂀 (1)
([#]𓁝1⊥𓁜1[♲]⏩[#]𓁝1⊥𓁜1[♲])⇅𓁜2 (2)
Comme tu le vois il faut faire un peu de gymnastique pour passer de l'attention du lecteur 𓂀, qui devient l'objet 𓁝𓁜1 dans la tête et l'intention de l'auteur 𓁜2.
- C'est bien compliqué, mais quel intérêt ?
- Un intérêt économique évident en termes d'énergie dépensée par l'auteur, mon bon ami ! Dans un processus transcendant, tu peux diriger une armée avec des mots, quant il te faut énormément d'énergie pour déployer une troupe sur le terrain en vue d'une action contraignante.
C'est toujours : "dites seulement une parole et mon âme sera guérie".
- C'est un schéma très général, qui n'a rien de spécifique à cette déclaration de Mélenchon...
- Effectivement, et cette mise en perspective n'apporte pas non plus d'interprétation univoque de la raison de sa déclaration. Je peux seulement évoquer quelques hypothèses, en fonction de l'idée que je me fais, personnellement des idéaux de Mélenchon, en ([♲]𓁜2)⇆𓂀.
Je te propose l'hypothèse suivante, pour bâtir une interprétation "raisonnable" de ce propos.
Hypothèse :
Au niveau des convictions ([♲]⇆𓁜2)𓂀 : Mélenchon est un homme de gauche qui serait le premier à se lever contre un réel danger fasciste encouru par la République.
On peut donc penser qu'il s'adresse à ceux 𓁝𓁜1 qui sont dans la même disposition d'esprit que lui. Dans ce cas, l'évolution qu'il espère provoquer: (([#]𓁝1⊥𓁜1[♲])⏩([#]𓁝1⊥𓁜1[♲]))⇅𓁜2 serait un resserrement identitaire des lecteurs concernés en groupe uni de votants.
L'important tient à la cristalisation d'un nuage de lecteurs individuels en groupe identifiable, autrement dit un appel à l'unité de la "Gauche"...
Maintenant, cette sortie "La République c'est moi" me pousse à en induire qu'il se verrait bien comme centre ou pilier dudit regroupement...
Très franchement, à ce stade de la théorisation, je n'ai aucune idée de l'intérêt d'une telle analyse, c'est juste ici un cas d'école pour se dégourdir les méningues; mais il y a sans doute quelque chose à développer dans cette voie.
Le 12/03/2021 :
- Avant de revenir à ma lecture de "Ma et Aida", je ne peux manquer de laisser quelques pistes pour de futures réflexions concernant les différentes fonctions du langage...
- Tu reviens à la linguistique ?
- L'ai-je jamais quittée ? En bref, oui, il faut revenir à Jakobson et son schéma des fonctions du langage.
1/ Message (fonction poètique):
Nous nous centrons ici sur des messages dont le Sujet 𓁝𓁜 est le principal objet, même si, comme nous l'avons assez vu, il permet également de représenter les théories de la physique, concernant la représentation des objets.
La teneur de ce message concerne plus particulièrement les mouvements du Sujet dans son propre Imaginaire, et nous avons développé pour ce faire une représentation ad hoc : ☯[∃]𓁝⇅𓁜[⚤]𓁝⇅𓁜[#]𓁝⊥𓁜[♲]𓁝⇆𓁜[∅]☯𓂀 qui nous sert de support graphique à nous réflections.
Représentation graphique à laquelle nous associons des "mots" pour en parler dans un discours articulé, je n'y reviens pas ici en détail, afin d'avancer un peu.
J'aime assez ce ce message central puisse relever de la "poètique"...
2/ Destinateur (fonction expressive)
C'est notre auteur 𓂀.
- Vas-tu abandonner ton "auteur" au profit de ce "destinateur" ?
- Je ne le pense pas car il y a dans la notion de destinateur l'idée qu'il a l'intention de communiquer, quand notre "auteur" est essentiellement porteur de son discours intérieur, au sens ou le Sujet est un être de langage. Je suis ici dans les pas de Lacan, pour qui le Sujet s'inscrit dans un discours qui le détermine (celui de l'Autre) et/ ou qu'il s'approprie (Je est un Autre). Il n'a ici aucune volonté de communiquer quoi que ce soit, il s'agit simplement de la définition du Sujet en tant qu'il prend conscience d'être. En ce sens, "destinateur" s'oppose à "destinataire", ce qui implique l'intention du Sujet de communiquer.
Pour Jakobson, cette intention s'exprime par la fonction expressive:
"elle vise à une expression directe de l'attitude du sujet à l'égard de ce dont il parle. Elle tend à donner l'impression d'une certaine émotion, vraie ou feinte ; c'est pourquoi la dénomination de fonction « émotive », proposée par Marty s'est révélée préférable à "fonction émotionelle". La couche purement émotive dans la langue est présentée par les interjections" (dans Wikipedia)
3/ Destinataire (fonction conative)
La première chose à en dire, c'est évidemment qu'il s'agit d'un Autre 𓁝𓁜 du destinateur 𓂀. Pour qu'il y ait échange il faut, bien entendu que l'intention du destinateur capte l'attention du destinataire. Jakobson me semble plus restrictif :
"La fonction conative est relative au destinataire. Elle est utilisée par l'émetteur pour que le récepteur agisse sur lui-même et s'influence. C'est évidemment une fonction privilégiée par la publicité. Cette fonction trouve son expression grammaticale la plus pure dans le vocatif et l'impératif. Cet aspect est lié à une autre approche, la théorie des actes de langage. Des formes grammaticales comme le vocatif ou l'impératif permettent l'instanciation de cette fonction, de la même manière que les verbes dits performatifs comme « demander », « affirmer », « proposer »..."
Tout ceci me paraît diablement restrictif !
- C'est-à-dire ?
- Il me semble qu'avant tout, il est nécessaire de situer le niveau Imaginaire d'où s'exprime le destinateur 𓂀, et de comprendre l'idée qu'il se fait du niveau où se trouve son destinataire 𓁝𓁜. C'est déjà évident dans l'Analyse Transactionnelle (ou AT), qui distingue à sa façon les niveaux respectifs de nos deux protagonistes, ou encore en Programmation Neuro Linguistique (ou PNL).
Il y a malgré tout quelque enseignement à en tirer : les éléments conatifs du discours ont pour "objet" de celui-ci un destinataire qui échappe au destinateur.
- Je ne comprends pas ?
- Lorsque l'auteur 𓂀 du discours "se fait une idée rationnelle" du Sujet (𓁝𓁜)𓂀, il reste bien évidemment en position ex post par rapport à son discours; mais lorsqu'il s'adresse à lui, il ne peut en aucun cas avoir de certitude quant à ce que ce dernier "comprend" de ce qu'il lui adresse. D'auteur, notre destinateur devient le Sujet 𓁝𓁜 d'un destinataire qui se fait l'auteur 𓂀 de son interprétation. Il y a là une bascule entre les deux positions qu'il n'est pas facile à exprimer simplement.
Dans mon propre discours, celui que je 𓂀 t'adresse ici et maintenant, appelons notre destinateur 𓁝𓁜1 et notre destinataire 𓁝𓁜2. L'évolution est celle dont nous avons discuté plus haut : (𓁝2[α]𓁜1⏩𓁝1[β]𓁜2)⇅𓂀
- Ton écriture est très elliptique : le passage de [α] à [β] peut être complexe...
- Effectivement, il peut même y avoir une incompréhension entre destinateur et destinataire. Tu as derrière ceci, tous les jeux de langage auxquels tu peux te livrer. Et si j'ai bien interprété ce que nous avons lu dernièrement dans "Ma et Aida", des langues telles que le Japonais ou le Chinois offrent à cet égard bien plus de possibilités de jeux que les nôtres en Occident !
- Mais Jakobson n'en a-t-il pas concience ?
- Voyons la suite :
4/ Le contact (la fonction phatique)
"La fonction phatique (fonction de mise en phase) est utilisée pour établir, maintenir ou interrompre le contact physique et psychologique avec le récepteur. Elle permet aussi de vérifier le passage physique du message."
C'est ici extrêmement élémentaire: il s'agit du "allo" au téléphone, ou de la répétition du message, en bref de "s'entendre" au sens physique du terme. Au niveau [⚤], ça passe par une répétition⚤ plus ou moins sophistiquée, avec codage et détection des erreurs, comme en informatique.
Mais tu vois bien que pour avoir une bonne transmission, il conviendrait que le niveau d'émission [α] du destinateur corresponde au niveau [β] du destinataire... Le processus peut être très long, en particulier pour des échanges au niveau [♲], voire pour "communier" en 𓁝[∅]. C'est par exemple ainsi qu'il faut comprendre tous les rites qui sont destinés à la mise en condition des auditeurs du chamane, du prêtre, ou des "docteurs de la loi" de tous poils.
- Et au niveau [#] ou [♲]?
- En [#] je dirais qu'il s'agit de vérifier l'appartenance à une même classe. En [♲], on retouve la notion japonaise de "Aida" 𓁝間.
- Jakobson n'est parle pas ?
- Je crois que si, mais à sa manière :
4/ Code (fonction méta-linguistique)
"C'est la fonction relative au code, le dictionnaire, le mode d'emploi. Avant d'échanger des informations il peut être important que l'échange porte d'abord sur le codage utilisé pour le message. Ainsi les partenaires vérifient qu'ils utilisent un même code. Cette fonction consiste donc à utiliser un langage pour expliquer ce même langage ou un autre langage. On l'appelle parfois « traduction »."
Je crois que, d'une façon plus générale, il faut partir de "Lalangue" de Lacan : le discours de l'Autre dans lequel baigne le Sujet. C'est la parole qui le porte, littéralement. C'est de là que nous avons tiré nos différents niveaux Imaginaires. Il ne s'agit donc pas de vérifier simplement que les deux partagent "un code" commun, car la complexité de la vérification dépend du niveau du discours.
- Peux-tu préciser ?
- Le niveau de traduction dépend de celui de l'échange. Par exemple, bien qu'ayant un niveau de compréhension de l'Anglais très élémentaire, j'arrive à tenir une réunion de chantier en anglais et écrire des rapports compréhensibles à la fois d'un maître d'oeuvre Iranien et un sous-traitant Philippin. Nous sommes ici dans l'action, avec un planning à respecter autrement dit en [⚤]. Alors là, oui, nous pouvons parler de "code".
S'il s'agit de s'adapter à l'appartenance sociale d'un interlocuteur, cela devient plus subtil, et pas simplement verbal. Nous sommes ici en [#]. La "traduction" consiste alors à faire passer le message par un filtre social, exercice pas toujours évident; je me souviens encore de Giscard d'Estaing invitant à sa table des éboueurs Parisiens, ou encore Baladur dans le métro avec ses gants beurre-frais ou Fillon avec ses chausettes rouge cardinal...
En [♲] c'est encore plus subtil, reporte-toi à nos difficultés pour comprendre la différence Ma 間𓁜 et aida 𓁝間 par exemple, qui découle d'une certaine attitude face à l'objet final 𓁝[∅] ici ou Mu 𓁝[無] là, et Symbolique de façon générale 𓁝☯. (voir les derniers articles).
- Ne s'agit-il pas du "contexte" ?
5/ Le contexte (la fonction référentielle)
"Cette fonction du message est centrée sur le monde (un objet ou un évènement extérieur) : le contexte ou référent. Le référent d'une communication peut être par exemple la table qui se trouve dans l’environnement des interlocuteurs (dans le même « contexte »), ou alors une culture, un pays.
C'est une fonction extrêmement utilisée puisque la plupart des discussions et des textes dans le monde contiennent une information. Cette fonction décrit une réalité objective.
La fonction référentielle oriente la communication vers ce dont l'émetteur parle, vers le sujet sur lequel on informe, vers des faits objectifs, à savoir les référents (personnes, objets, phénomènes, etc.,) sans lesquels il n'y aurait pas de communication possible. Cette fonction englobe les informations objectives que véhicule le message. Par exemple, l'énoncé de faits qui se produisent quelque part."
Il y a à boire et à manger dans cette "fonction", ou tout au moins dans cette présentation de Wikipedia...
Je vais faire court en disant qu'il s'agit ici du "Ma" 間𓁜 Japonais comme tissu ou lien/ séparation entre les objets, les concepts, les mots, etc.; sans oublier son complément 𓁝間 "Aida".
Par contre, à l'idée de "fait objectif", je préfère celle de posture ex post [α]𓁜, qui me semble beaucoup plus rigoureuse !
- Tu n'aimes pas l'idée d'objectivité ?
- Ce concept me semble singulièrement subjectif...
6/ Message (fonction poètique)
"Pour Jakobson, « la visée (Einstellung) du message en tant que tel, l'accent mis sur le message pour son propre compte, est ce qui caractérise la fonction poétique du langage. Cette fonction ne peut être étudiée avec profit si on perd de vue les problèmes généraux du langage [...]. La fonction poétique n'est pas la seule fonction de l'art du langage, elle en est seulement la fonction dominante, déterminante, cependant que dans les autres activités verbales elle ne joue qu'un rôle subsidiaire, accessoire »."
J'avoue avoir peu de lumière concernant la poésie, qui par ailleurs n'est pas mon sujet de méditation préféré...
- Il y a sans doute un rapport à l'intention du destinateur, tenant à son désir d'exprimer son état d'esprit, et un besoin de partage ?
- Dont acte. Il s'agirait en ce sens d'objectiver un certain état d'esprit, ce qui nous ramène, ici encore, à nos dernières réflexions sur la différence que le Japonais fait entre hakanashi et monohakanashi ... (voir "La formation de l'espace intérieur"). La poésie consisterait alors à communiquer la teinte personnelle, intime, des pensées du destinateur (le "monohakanashi"), entre les mots qu'il exprime (le "hakanashi")... Ce que je 𓂀 pourrais exprimer par un changement de posture autour du niveau [♲] (ou [間] en référence au japonais) :
(𓁝[♲]⇆[♲]𓁜)⇆𓂀 ou (𓁝[間]⇆[間]𓁜)⇆𓂀
- Avoue que tu es content d'être dans la lecture de ce livre "Ma et Aida" !
- Oui, et j'en suis à m'étonner de l'enchaînement des évênements qui m'y renvoie quand je tente au contraire d'être au plus près du langage vu comme un outil, voire une arme en vue d'une action politique...
- Bon, soit, tu en reviens à cette base linguistique de Jakobson, mais qu'en tires-tu pour éclairer notre propos, à savoir se faire une interprétation raisonnable des propos qu'un destinateur (en l'occurrence Mélenchon) me destine à moi, son destinataire ?
- J'ai l'impression que l'opposition destinateur/ destinataire de Jakobson est purement dialectique, à un niveau [⚤]𓂀 élémentaire du langage et qu'il faut reprendre toute sa théorie au minimum en [#]𓂀 en tirer quelque chose d'utile.
Je ne vais pas détailler, car je n'ai pas l'intention d'en faire une thèse à ton attention, mais juste pointer un manque théorique évident : cette opposition destinateur/ destinataire qui s'étale ici en tableau, est destinée à un lecteur, toi ou moi, étrangers à cette dialectique, autrement dit, dans une position orthogonale, comme le regard que tu portes sur la surface de ton PC, où s'étale le tableau en question. Par ailleurs, tu peux, toi lecteur, changer de position pour être à ton tour soit destinateur, soit destinataire... Tu vois bien que la simple opposition dialectique ne convient pas pour exprimer toute la richesse de ce jeu de chaises musicales !
- Tu en as déjà parlé en différenciant Mélenchon, le destinateur 𓁝𓁜2 de Macron 𓁝𓁜1 (objet de son discours) et de son destinataire, toi en 𓁝𓁜3.
- Oui, mais j'ai calé sur 𓂀.
Jusqu'à présent, je n'ai jamais ressenti le besoin de préciser qui est 𓂀: c'est simplement celui qui "Imagine" en général et qui parle rationnellement en particulier. Il s'agit bien évidemment de moi qui écrit cette page 𓂀.
Mais je veux pouvoir prendre du recul en élargissant mon discours pour envisager ma propre irrationalité, c'est-à-dire un discours que je porterais ex ante. C'est typiquement le regard que le bébé 𓁝 porte sur sa mère, ou le Sujet 𓁝 sur l'Autre.
Je vais donc préciser un peu mon vocabulaire, à partir de cet exemple de 3 Sujets étrangers l'un à l'autre :
Ceci va me permettre de mieux exprimer le jeu du destinateur et du destinataire lorsqu'il entre dans l'intention du destinateur de rencontrer l'attention du destinataire.
- Ça me rappelle un peu la prise de conscience, comme rencontre d'un concept et d'un percept...
- C'est l'idée, sauf qu'ici la prise de conscience est "inter-personnelle".
- Soit, et en quoi consiste la manipulation du lecteur par l'auteur, dont tu nous as parlé ?
- Lorsque j'écris 𓂀1 un message rationnel à l'attention d'un lecteur inconnu 𓁝𓁜2, à propos d'un Sujet tiers 𓁝𓁜3 :
- Mais qui tient ce discours ?
- Moi, bien sûr !
- Autrement dit : ((...𓁝𓁜1...)𓂀2⏩(...𓁝𓁜2...)𓂀1)𓂀1. Mais je croyais que par soucis de fermeture du discours il était convenu que l'auteur borde absolument son discours, et que donc, en toute logique ((...)𓂀)𓂀 ≡ (...)𓂀 ?
- Effectivement il y a un point de logique assez délicat. Avec nos conventions; l'écriture ((...𓁝𓁜1...)𓂀2)𓂀1 est fautive : il ne peut pas y avoir 2 auteurs différents d'un seul discours ! Je devrais écrire : ((...𓁝1...)𓁜2⏩(...𓁝2...)𓁜1)𓂀1
- En d'autres termes il s'agirait d'une régression de ton destinataire d'une position ex post 𓁜2 à ex ante 𓁝2 du genre (𓁝1[α]𓁜2⏩𓁝2[α]𓁜1)𓂀1 ?
- Pas forcément. Tu peux avoir pour objectif "d'ouvrir les yeux" ou l'esprit de quelqu'un en l'invitant à une nouvelle interrogation, par exemple dans cette situation : ([α]𓁝1𓁜2[β]⏩[α]𓁝2𓁜1[β])𓂀1.
- C'est un peu la maïeutique de Socrate : par ses questions le philosophe 𓁝1 amène le destinataire 𓁜2 à se remettre en question 𓁝2.
- Exactement, or il me semble que ceci ne se retrouve pas chez Jakobson...
Tout ceci me donne envie de tenter ceci :
Hypothèse :
Concernant le destinaire (2) de son discours, le destinateur (1) peut avoir 3 types de désirs qui correspondraient provoquer un mouvement du Sujet (2) :
Je te propose de reprendre tout ceci dans un article dédié à la linguistique; autrement je vais louper l'apéro...
Hari.