Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
12 Novembre 2024
Le 12/ 11/ 2024 — Bangkok :
- Ce que tu avançais dans tout dernier article (voir "Le mode sémantique ♡ ") me perturbe un peu.
- Précise.
- D'une part, tu nous dis qu'au plus haut de ce mode, au niveau [♻] des principes et des lois, il faudrait comprendre un principe très général d'universalité, tiré de ce que l'on utilise en théorie des Catégories, avec ta proposition du concept d'Humanité pour éclairer le débat, dans la mesure où en ce mode ♡nous nous intéressons particulièrement à l'Homme, pour ensuite, dans la Note 3, repartir sur des considérations psychanalytiques, et nous présenter l'Auteur du discours dans ce mode 𓂀♡ comme porté par l'Autre de Lacan 𓂀Je⋃Autre♡. Tu as par ailleurs évoqué dans le même contexte, "Lalangue" qui porte le discours de l'Auteur et "Le nom du Père" qui dicte sa loi.
Il y a là un mélange des genres des plus désagréables.
- En mode ♡, l'Auteur donne sens à son discours. Il est donc bien forcé, lorsqu'il en parle, de s'exprimer ex post 𓁜; soit : (Loi∈[♻]𓁜)𓂀♡. Autrement dit, il se représente 𓁜 dans son discours (...𓁜)𓂀♡.
Le maximum que je puisse dire 𓂀Hari♡ de tout individu dans cette posture 𓁜, c'est que cette loi lui vient de sa culture, ou de ses croyances, qui par ailleurs façonnent tout discours qu'il pourrait tenir, d'où ma proposition d'Humanité.
Me reste la dernière posture Imaginaire (Loi∈[♻]𓁝⇆𓁜[∅]☯)𓂀♡, où l'Auteur est sommé de se représenter en posture ex ante (𓁝...)𓂀♡.
Par chance, et toujours grâce à la théorie des Catégories, nous avons pu borner l'Imaginaire par le concept vide, d'où tout peut advenir : (𓁝[∅])𓂀♡, et mon discours "rationnel" s'arrête à cette borne, si je puis dire.
Mais tu vois bien qu'il y a baleine sous coquillage si je prétends enfermer entre les parenthèses de mon discours (...)𓂀♡ le principe qui précisément détermine mon discours.
- Oui, c'est le paradoxe de Russell : il n'y a pas d'ensemble de tous les ensembles qui n'appartiennent pas à eux-mêmes.
- L'énoncé est un peu tarabiscoté, prenons l'exemple plus parlant du barbier :
"Dans un petit village, un barbier a pour règle de raser tous les hommes qui ne se rasent pas eux-mêmes et uniquement ceux-là. La question se pose alors : qui rase le barbier ?
Ici, notre barbier 𓂀 est celui qui parle de tous les Sujets 𓁝𓁜, lui inclus, dans des discours, qui s'échappent de lui (...)𓂀♡. Il ne peut donc pas être & ne pas être dans ses discours.
- Je remarque que tu en reviens à une logique du 1er ordre, avec le tiers exclu, quand en mode ♢ tu as utilisé des logiques autres aux niveaux [⚤]♢ & [#]♢. (Note 3)
- C'est effectivement une question qui se pose : quelle est la logique propre au mode sémantique ?
A priori, et cela reste une hypothèse à travailler,
Il me semble que le "choix" implique une logique binaire : j'y vais ou je n'y vais pas. Il y a quelque chose d'élémentaire, voire de brutal dans le "passage à l'acte", qui implique la logique du 1er ordre.
- Et tu cantonnerais donc les "autres logiques" au mode ♢?
- Ça me semble raisonnable, dans la mesure où le mode syntaxique est celui de la médiation.
- Soit, mais pourquoi ton titre "Imaginaire fractal" ?
- Parce que nous revenons sur un terrain déjà exploré il y a longtemps (voir "L'Imaginaire fractal" écrit en 2015).
L'ouverture de l'analysant sur l'Autre, qu'exprime le psychanalyste, se retrouve dans toutes les religions, dans tous les récits mythiques qui structurent l'Humanité, et ses divers cultures. Nous venons de voir avec Russel que cette ouverture est sans espoir d'une quelconque fermeture, et c'est ce que nous avons signifié en écrivant que l'Auteur lui-même est entre le Réel et le Symbolique ☯𓂀☯.
La vois-tu maintenant notre fractale ?
- Oui, bien sûr :
☯𓂀☯ |
☯([♻]𓁝⇆𓁜[∅])𓂀☯ |
☯([#]𓁝⊥𓁜[♻]𓁝⇆𓁜[∅])𓂀☯ |
☯([⚤]𓁝⇅𓁜[#]𓁝⊥𓁜[♻]𓁝⇆𓁜[∅])𓂀☯ |
- Bon, j'avoue qu'en ce qui concerne les postures du Sujet, notre fractale est un peu courte, mais offre un cadre intéressant pour repenser aux structures ternaires des sociétés indo-européennes chères à Dumézil. Ici, elles tourneraient autour des 3 niveaux : (Note 2)
- Il faudrait revoir également tout ce que tu as pu écrire sur Bourdieu, ou les 4 discours de Lacan.
- Certes, tout ceci est à revoir, mais tu vois aussi que les "choix" du Sujet, dans les passages 𓁝♡↓𓁜♢, doivent également présenter une certaine cohérence; sinon une hiérarchie entre ceux du mathématicien:
- OK, mais en retombant en mode ♢, la construction homologique de niveau [#]♢ par exemple, ne va pas non plus très loin: tu as quelques "groupes d'homologie", entourés de groupes vides à l'infini...
- C'est vrai, je me rends : notre Imaginaire n'est pas véritablement fractal. Il y a néanmoins des similitudes dans les différentes postures prises par le Sujet, lorsqu'il voyage dans son Imaginaire, faisant qu'il peut s'y sentir comme dans un labyrinthe de miroirs...
- Oui, c'est peut-être une illustration plus appropriée.
- Amen
Hari
Note 1 :
J'avais cette locution latine évoquée par Lacan en tête (voir "L'injection faite à Irma"), et j'ai posé la question à Perplexity de sa signification, voici sa réponse :
🤖: La locution "Mene, Tekel, Fares" (ou "Mane, Thecel, Fares") provient du livre de Daniel dans la Bible et est une inscription mystérieuse écrite sur le mur lors du festin du roi Balthazar. Voici la signification des termes :
Cette inscription est interprétée par Daniel comme un jugement divin sur Balthazar pour son arrogance et son mépris envers Dieu, ce qui conduit à sa chute imminente.
Ce qui donne immédiatement :
C'était trop beau pour le laisser de côté, non ?
Note 2 :
Nous avons déjà pas mal discuté de cet aspect trinitaire, et là nous nous répétons, désolé.
Note 3 :
D'ailleurs, ce paradoxe de Russell avait déjà été relevé par Peano, bien qu'il n'ai pas publié à ce sujet. Nous sommes donc de plein pieds dans la théorie des ensembles, en [⚤].