Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
14 Août 2014
Pour attaquer sérieusement l'analyse des mécanismes psychiques, tels que refoulement et forclusion, il faut au préalable tirer les conclusions des hypothèses d'où nous sommes partis.
Nous avons largement discuté des conséquences découlant de notre représentation du temps, en délaissant quelque peu des considérations plus élémentaires concernant le principe dichotomique. Qu'est-ce à dire? Que :
On peut affaiblir ce réquisit en adoptant une démarche logique plus faible; mais ce n'est pas notre objet ici. La conséquence importante que j'en tire est la suivante: notre effort de rationalisation se traduit en termes mathématiques par la proposition suivante:
Chaque niveau Imaginaire se constitue en se dotant d'une structure de groupe.
Pour le détail,je vous renvoie à ce développement que j'avais fait (et laissé de côté car trop technique) lors de la rédaction de "L'Homme Quantique". Pour une structure à deux niveaux Imaginaires, nous arrivons ainsi au schéma de fonctionnement suivant:
Traduisons ceci en termes plus simples pour en arriver à la notion de "forclusion". Lorsque le Sujet (ou acteur A) fait un choix au niveau supérieur, il limite l'horizon pris en considération au niveau inférieur: soit Hi l'ensemble d'états ai auquel il se restreint et Gj l'ensemble des situations sj qu'il observe du Réel, sous-groupes retenus au niveau Ik+1. Alors tous les états potentiels ai , accessibles au niveau Ik appartiennent à Hi et son univers, son champ d'actions se réduit à Gj.
Pour le niveau Ik, les autres états H (comme G) du niveau Ik+1 n'existent pas.; ils sont forclos. Cette façon de restreindre l'action ou la vision à un champ limité est un principe d'action qui se retrouve dans tout le règne animal, ainsi qu'en cybernétique. Comme vous le voyez, il y a là matière à développement dans nombre de domaines. Et tous les cas de dysfonctionnement sont à analyser.
Mais je veux dans cet article aller à l'essentiel: il ne vous aura pas échappé que dans ce processus de forclusion, c'est le niveau supérieur qui limite le niveau inférieur; autrement dit le pilote est en position ex-post par rapport à ce qu'il décide, que ce soit pour diriger une armée, tel un général en campagne, ou bien lui-même. Quitte même à ce que ses instructions soient délirantes, comme la théorie du président Schreber.
Et c'est là que nous retrouvons ce qui a été dit de la position du psychotique: il est dans l'impossibilité d'adopter une autre position que la position ex-post.
En revanche, la situation du névrotique est toute autre: il est, lui, fondamentalement en position ex-ante, dans l'ignorance du groupe Hi auquel pourrait se rattacher son état ai (au niveau Ik) comme la signification Gj de la situation sj à laquelle il est confronté. L'ensemble des groupes H et G sont, pour lui, du domaine de son inconscient, et la structure de groupe de ce fait, disparait: les états du niveau Ik+1 sont (pour le sujet en Ik) intriqués; ce qui ne nous empêche pas, nous, de nous en faire une idée, de les discriminer ou de les regrouper (i.e.: en position ex-post de sujet supposé savoir par rapport au sujet A en observation). Voir à ce sujet l'article "processus d'émergence du conscient". Je pense que le "refoulement" est une expression de cet état des choses: le "retour du refoulé dans le Réel" va de paire avec une déstructuration (partielle) de l'Imaginaire (i.e.: le niveau Ik+1 rejoint le Symbolique; la dimension temporelle s'évanouie etc... voir les articles du blog sur le sujet).
Ce qui nous mène au schéma suivant:
Comme vous le voyez, il y a matière à réflexion...
Bonne digestion
Hari