Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
4 Janvier 2021
- Ce dernier article "symétries" m'a complètement rincé, et sa relecture reste malaisée car au fil de sa rédaction, mon langage lui-même, comme ma façon d'utiliser mes glyphes ont évolué.
- D'où sans doute la nécessité de faire le point ? Mais n'as-tu pas l'impression de radoter ?
- En fait, j'ai l'impression que ma pensée est en pleine mue, telle une chrysalide se tordant en tous sens pour s'extraire d'un carcan qui lui colle à la peau.
- De quoi parles-tu ?
- De la pensée cartésienne qui bride mon Imaginaire et contraint mon expression.
- D'où l'utilité de ces glyphes dont tu uses abondamment, n'est-ce pas ?
- Le problème étant que je suis le seul à les avoir définis et donc à en comprendre le mécanisme, ce qui rend mes échanges avec un éventuel auditoire un peu compliqués.
- Tu penses à ta prochaine présentation avec le club philo des anciens HEC ?
- Précisément, et c'est en pensant à cette échéance que je voudrais leur proposer cet article afin qu'ils puissent se familiariser avec cette écriture, ce qui me permettrait d'aller plus loin dans ma présentation...
- Peut-être conviendrait-il que tu plantes un peu le décor avant tout. Comment vas-tu articuler ta présentation ?
- Je vais partir de celle que j'ai faite au groupe CLE (voir "Schéma de présentation à l'atelier CLE"), sous un angle plus philosophique que mathématique.
- Pas très excitant, il faudrait proposer une problématique, susciter une polémique...
- Que penses-tu de ce titre ?
"les dangers d'une pensée limitée à la logique cartésienne".
- De quels dangers parles-tu ?
- Malraux avait prédit que "le XXIè siècle sera spirituel on ne sera pas", et c'est ce que nous vivons actuellement avec, malheureusement pour nous, des gouvernements occidentaux limités à une rationalité cartésienne qui craque de toute part, et des scientifiques incapables de comprendre l'expérience d'Alain Aspect sur le choix retardé.
Cela fait 120 ans, depuis Planck, que la logique cartésienne nous gêne aux entournures, mais nous n'arrivons pas à nous en dégager, empêtrés que nous sommes dans une "pensée complexe" de programmeurs (note 1) fascinés par le "tout numérique" qui ramène nos bibliothèques à des suites de 0 et de 1 et permet aux blogeurs de diffuser le contenu de leur assiette sur Twitter...
- Tu t'énerves?
- Disons que je dramatise, pour montrer l'urgence de la chose.
- Soit, mais derrière ce titre, comment vas-tu dérouler ta présentation ?
- Je vais suivre le même fil que pour le CLE, en insistant sur ce que j'avais laissé à l'écart pour les matheux :
Si j'arrive à montrer la rupture épistémologique entre Descartes et Évariste Galois à partir de là, j'estime que j'aurai rempli mon contrat.
- D'accord, mais tu parlais d'exercices dans ton titre ?
- Oui, le plus simple me semble être d'adopter une attitude de professeur expliquant de nouveaux concepts, sans trop les justifier, afin de susciter des questions dans l'auditoire. Ce questionnement permettra, tout du moins je l'espère, de mettre par touches successives les choses en perspective.
J'ai bien conscience de ne pas pouvoir présenter tout ce qui suit dans ma présentation, et je vais m'appliquer jusqu'au 20/01 à réduire tout ceci au minimum vital ! Ceci dit, allons-y franco !
LEÇON 1 : Les niveaux Imaginaires (note 2)
Je suis parti de cette base pour explorer le langage de la théorie des catégories en mathématique. (note 3)
Après cette première exploration, j'ai revisité ce que j'avais appris de physique pour en arriver à l'idée que notre Imaginaire peut être ramené à 5 niveaux différents, bornés par le Réel et le Symbolique, ce que je représente ainsi (ma propre place de "porteur du discours" étant repérée par le symbole 𓂀 à l'extrême droite, chapeautant ce qui est énoncé) :
☯[∃] [⚤] [#] [♲] [∅]☯𓂀
Définition des glyphes utilisés :
LEÇON 2 : Les postures du Sujet
De ce point de vue, des attitudes figées sont vues comme des dysfonctionnements par rapport à un fonctionnement "normal" du Sujet :
LEÇON 3 : Sauts diachroniques et automatisme de répétition
C'est ici que nous rentrons dans le vif du sujet, si je puis dire.
1/ La pensée rationnelle logique :
La pensée "rationnelle" consiste à juger d'une chose (en [α]) par rapport à un ensemble de critères (en [β]). C'est dire que le Sujet est à la fois conscient de l'objet et de ses critères de choix, dans une attitude [α][β]𓁜.
Par une série de métaphores, lorsque l'on se limite à la logique classique (note 4), on peut ramener tout schéma de ce type à celui-ci : [∃]⇅[⚤]𓁜. Typiquement :
Ce mécanisme permet d'exprimer la logique classique, d'encoder toute l'information de type binaire, comme un ordinateur, et de créer l'ensemble N des nombres entiers à partir des axiomes de Peano, et Q l'ensemble des nombres rationnels ainsi que l'algèbre en [⚤].
La répétition des sauts diachroniques ⇅ entre [∃]⇅[⚤]𓁜 amène le Sujet à prendre conscience du temps comme d'une succession.
Cette notion étant acquise, et lorsqu'il se trouve dans le doute ou devant un concept qui lui échappe, au-delà de [⚤], en se retournant sur lui-même 𓁝, il ne peut repérer son état que dans la répétition du même 𓁝⇅☯, dont il vient de faire l'expérience. C'est à proprement parler l'automatisme de répétition Freudien.
2/ Caractérisation des différents sauts diachroniques :
Il faut faire très attention au fait que la "répétition du même" évolue au fur et à mesure que le Sujet s'élève dans son Imaginaire.
3/ Logique / topologie - Stade du miroir :
Le reste à présenter oralement, pour arriver à ce schéma des postures accessibles au Sujet :
☯[∃]𓁜𓁝⇅[⚤]𓁝⇅𓁜[#]𓁝⊥𓁜[⚤]𓁝⇆𓁜[∅]☯𓂀
4/ Quelques conventions d'écritures :
Pour mieux situer nos concepts avant d'en discuter, je précise:
Pour préciser un mouvement diachronique, 𓂀 utilise le symbole ⏩, et le terme actif de la position du Sujet en rouge.
Exemple : passage d'une position locale à globale : 𓁝[#]𓁜⏩𓁝[#]𓁜;
Pour préciser plusieurs discours possibles de 𓂀 sur un même schéma, je les distingue par des parenthèses.
Exemple : ☯([∃]𓁜𓁝⇅[⚤](𓁝⇅𓁜)[#]𓁝⊥𓁜)[♲]𓁝⇆𓁜[∅]☯𓂀
Il peut devenir nécessaire de préciser dans quelle position l'auteur lui-même tient son discours !
Le niveau du Sujet 𓁝I𓁜 dans le discours et celui du narrateur 𓂀 peuvent différer ! C'est en particulier le cas lorsque 𓂀 "parle" du temps relativiste pour un Sujet 𓁝I𓁜 (par exemple lorsque 𓁜 est sur le quai de gare et 𓁝 dans le train).
... Pour en venir à nos EXERCICES ...
Concept d'existence :
Concept d'objet :
Par essence, c'est un concept synchronique :
Concept de temps :
C'est initialement un concept diachronique :
Montée/ descente diachronique :
Nous avons vu qu'en changeant de référé final ☯𓁜 ou 𓁝☯ , le Sujet peut :
Mouvement que je peux comprendre comme des symétries♲ en ⇆𓂀. Nous pouvons dès lors les combiner pour définir une montée⚤ ↑, comme une régression⚤ ↓ diachronique dans l'Imaginaire :
1/ Une montée diachronique ou "saut" est le produit d'une symétrie de type 𓁝|𓁜 et d'une symétrie de type 𓁝[α]𓁜 (i.e. : 𓁝|𓁜x𓁝[α]𓁜)
𓁝|𓁜 | 𓁝[α]𓁜 |
[⚤]𓁝⇅𓁜[#]⏩[⚤]𓁝⇅𓁜[#] | 𓁝⇅𓁜[#]⏩𓁝⇅[#]⊥𓁜 |
[#]𓁝⊥𓁜[♲]⏩[#]𓁝⊥𓁜[♲] | [#]𓁝⊥𓁜[♲]⏩𓁝⊥[♲]⇆𓁜 |
2/ Une descente diachronique ou "régression" est le produit d'une symétrie de type 𓁝[α]𓁜 et d'une symétrie de type 𓁝|𓁜 (i.e. : 𓁝[α]𓁜x𓁝|𓁜)
𓁝[α]𓁜 | 𓁝|𓁜 |
𓁝[#]⊥𓁜⏩𓁝⇅[#]𓁜 | ⏩[⚤]𓁝⇅𓁜[#]⏩[⚤]𓁝⇅𓁜[#] |
[♲]⇆𓁜⏩𓁝⊥[♲]𓁜 | ⏩[#]𓁝⊥𓁜[♲]⏩[#]𓁝⊥𓁜[♲] |
Voilà de quoi s'exercer à l'utilisation de cette écriture !
Amusez-vous bien !
Hari
Note 1 :
- Edgard Morin auteur d'une "Méthode", a beaucoup repris de l'approche systémique de Jean-Louis Lemoigne. Ce dernier est connu en particulier pour avoir accouché de la "méthode MERISE" qui a fait en son temps le bonheur des développeurs de projets informatiques et le désespoir de leurs clients !
- Tu me sembles bin ingrat envers J.-L. Lemoigne, alors qu'il faisait parti de ton jury de thèse, et que tu étais alors à fond dans l'analyse systémique...
- Encore un père que je sacrifie; je n'arrête pas ces temps-ci, un vrai jeu de massacre. C'est dire combien je les ai aimés et me suis senti proche d'eux !
Note 2 :
Il reste bien entendu que les concepts premiers devront, in fine, être eux-mêmes remis en cause, rien de tout ce qui suit n'est écrit dans le marbre !
C'est d'autant plus évident qu'en abordant ces premiers concepts, l'auditeur n'a pas encore à sa disposition les outils qu'il est en train d'acquérir !
Note 3 :
Cette théorie part de la notion de morphisme.
Un morphisme est une application A→B qui à tout élément a d'un objet de départ (ou domaine de l'application) A associe un élément b d'un objet d'arrivée (ou codomaine) B.
À partir de cette définition, on distingue immédiatement deux "objets" singulier :
Objet initial : étant dépourvu d'élément :
Objet final : deux morphismes sont à distinguer (dans la catégorie la plus élémentaire, celle des Ensembles ou Ens).
Nota : le sens des flèches ↑ et ↓ sera expliqué plus tard. J'emploie { } pour définir des objets en tant qu'ensembles.
Note 4 :
On peut élargir le concept de logique en changeant de catégorie, par exemple en passant à celle des graphes. L'objet final est alors la représentation synchronique ou "à plat" d'un morphisme en [⚤]𓁜 ainsi que l'objet discriminant qui y est associé.
Mais ce "changement de logique", tout entier de niveau [⚤]𓁜 ne modifie pas fondamentalement la hiérarchie Imaginaire que je présente ici, puisque pour en parler, on en revient in fine à la logique élémentaire dont nous parlons ici.