Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Schémas d'actions #1

Le 14/ 08/ 2024 — Lisboa

- Trois semaines avant la rencontre de Mondivi et je me demande bien ce que j'espère tirer de cette expérience ?

- Tu as quand même progressé quelque peu depuis la dernière rencontre en 2018 à Como. Tu as une petite idée de ce que pourrait être le Sujet vu comme un topos.

- Oui, effectivement, après avoir défini 3 modes  ♧ ♢ ♡ de l'Imaginaire, nous avons pu représenter en mode ♢ l'articulation de ♧ ♢ ♡.

Et si un topos peut se définir comme la donnée d'une catégorie et d'une topologie associée, alors nous avons effectivement :

  • En [♻] : le topos représentant le Sujet;
  • En [#] : la topologie de l'Imaginaire du Sujet —notre tableau (niveaux; modes);
  • En [⚤] : l'objet classifiant représentant les mouvements du Sujet...

- Quant à ce dernier point (voir "Les mouvements du Sujet"), il y a encore du pain sur la planche...

- Nous avons au minimum la structure de groupe de notre représentation du Sujet (𓁝𓁜)𓂀.

- Oui, c'est le minimum syndical.

- Nous avons encore l'idée, un peu vague il est vrai, qu'un schéma de Grothendieck doit se représenter de cette façon :

  • [⚤] ​​​​​​←​[#] ​​​​​​

- C'est un peu vague en effet, tu ne peux pas interpeller les gens à partir de si peu, il faudrait être un peu plus concret.

- Tu as raison, et c'est pourquoi il me semble nécessaire de voir si cette façon d'aborder le Sujet, à partir de l'idée de topos, peut être de quelque utilité.

Par exemple, pourrions-nous qualifier raisonnablement certains types d'actions, facilement repérables et identifiables comme "schémas d'actions" et faire un parallèle avec un "schéma de Grothendieck" ?

- J'en vois déjà deux qui me semblent assez évidents :

1/ L'automatisme de répétition:

Ce serait la répétition d'un changement de postures 𓁝/𓁜.

- Oui, nous l'avons déjà dit maintes fois, mais qu'est-ce qui en ferait un "schéma" ?

- Il faudrait contextualiser le mouvement 𓁝/𓁜 par rapport à la topologie, en précisant [α]𓁝/𓁜[β]. Tu as ainsi un "schéma" général, qui se précise en fonction du contexte. Par exemple, en mode ♧ :

  • Entre [⚤]𓁝⇅𓁜[#] l'automatisme de répétition ⇅ se traduit en termes de succession, et détermine le temps logique etc,
  • Entre [#]𓁝⊥𓁜[♻], la répétition porte sur l'orthogonalité ⊥: on passe d'un espace à 1 dimension, à 2D, puis 3D etc,
  • Entre [♻]𓁝⇆𓁜[∅], la répétition porte sur l'équivalence ⇆ : on ramène la mesure à une seule dimension (exemple : espace/ temps).

En ce sens, on pourrait voir derrière chaque type particulier de répétition, une sorte de "schéma" universel décrivant une manière de penser.

2/ La prise de conscience :

J'ai ici répété jusqu'à plus soif cette définition de JP Changeux :
la prise de conscience est la rencontre entre un percept [α]𓁜 et un concept [β]𓁜,
ce qui se ramène à ce mouvement [α]𓁝𓁜[β]⏩𓁝𓁜[β]𓁜⏩𓁝[β]𓁜.

- Tu restes dans une approche orientée "objets" 𓁝𓁜?

- Effectivement. Il s'agit, au plus proche du Réel de sortir de l'automatisme de répétition en reconnaissant, en identifiant l'objet qui s'offre au Sujet, et qu'il perçoit à l'aide de ses sens.

Ceci dit, tu as raison, il faudrait donner un sens à ce type de mouvement dans une perspective tournée vers les mots ♧𓁝𓁜♡.

3/ Le sens de l'expérience :

Le Sujet, en même temps qu'il prend conscience d'une expérience du Réel, par exemple en [α]𓁜, peut également rechercher un sens à cette expérience:

recherche de sens 𓁝[α] [α]𓁜 sens de l'expérience
       
expérience [α]𓁜      

Il s'agit ici d'une recherche de sens directe, sans passage par le mode syntaxique, mais notre représentation en mode ♢, respecte le mouvement général (c'est d'ailleurs le but recherché !).

choix d'une syntaxe 𓁝[α] [α]𓁜 sens sémantique
       
représentant d'un type  𓁝[α]𓁜     type d'expérience
       
expérience [α]𓁜     expérience élémentaire

- Dans les deux cas, le mouvement n'est pas le même...

- Celui qui importe, et donne véritablement du sens à l'expérience, est le retournement final en mode ♡ : 𓁝[α]⏩[α]𓁜. Elle est là l'analogie avec la prise de conscience précédente.

- Si les deux mouvements sont analogues, n'y a-t-il pas là, possibilité de se méprendre lors d'un tel mouvement 𓁝[β]𓁜⏩𓁝[β]𓁜?

- Figure-toi que je me pose la question depuis quelques jours, et plus précisément en repensant à l'origine de la gène qui s'était instaurée entre Freud et Ferenczi, lors d'un voyage, tel que le rapporte Yves Lugrin dans son bouquin "Impardonnable Ferenczi" (Note 2)

Pour te la faire courte : Ferenczi, plein d'admiration pour le travail de Freud vient à sa rencontre, à Vienne, au moment où Freud se détache de Fliess, et Freud est quelque peu flatté de l'intérêt que lui porte cet étranger de renom. Ils partent donc de conserve (je ne sais plus où), mais le point crucial est le suivant : alors que Ferenczi discute sur un pied d'égalité avec Freud, ce dernier, assez maladroitement, lui demande de lui servir de secrétaire, et se met à lui dicter un texte.

- Banale méprise : Freud s'est vu en posture de maître 𓁜 quand Ferenczi ne se voyait pas en élève 𓁝...

- Oui, sans doute, mais la blessure fut plus profonde. Il faudrait relire le bouquin, mais de ce que j'en ai retiré à l'époque, c'est l'idée que ces postures n'étaient pas seulement attachées à une relativité élève—𓁝/𓁜— maître, mais également à un arrière plan femelle—𓁝/𓁜—mâle...

Avec le recul, je me demande si :

  • deux mouvements orientée "objets" 𓁝𓁜☯ :
    • relation élève—𓁝/𓁜—maître
    • relation femelle—𓁝/𓁜—mâle
  • n'induisent pas une ambivalence du sens ♧𓁝𓁜♡ : 
    • "s'il me voit en 𓁝, alors il (𓁜)  me considère comme sa femme."

- D'où la gène ?

- Oui, avec en contrepoint, le refus obstiné de Freud de laisser Ferenczi faire son analyse, ce qui aurait cassé quelque peu la relation Ferenczi—𓁝/𓁜—Freud, et pose la question quant à l'attitude de Freud, non ? 

- On est loin des schémas de Grothendieck !

- C'est précisément ce qu'il faudrait déterminer...

- À suivre donc...


Le 16/ 08/ 2024 — Corte Gafo de Cima

- En attendant de voir si ton parallèle entre la structure intime du Sujet et celle d'un topos est consistante, ce passage de l'expérience de type 𓁝𓁜 au sens que le Sujet lui donne en se tournant en ♧𓁝𓁜♡ est quelque peu dangereuse, si l'on te suit dans l'exemple que tu en donnes avec Freud et Ferenczi...

- De même qu'un marteau est à la fois utile lorsque tu l'utilises pour enfoncer un clou et dangereux lorsque tu en prends un coup sur les doigts.

Gardons l'idée très générale que notre cerveau s'organise afin de limiter l'énergie intellectuelle que nous dépensons pour guider nos relations au monde qui nous entoure.

De ce point de vue, donner "du sens" aux choses permet de juger très vite d'une situation et ce n'est pas pure spéculation de ma part, car les neurologues le repèrent dans maintes situations.

Dans l'apprentissage de la vision, ce qu'apprend en premier le nourrisson, c'est à interpréter tout et n'importe quoi en termes de "ami/danger" à partir des formes type du visage : "ami—🙂/😕—danger".  Par exemple dans ces images de maisons :

ami danger
🙂 😕

C'est tellement imprégné en nous que les patients atteints de la maladie d'Alzheimer, incapables de se souvenir d'un visage familier, discriminent encore les "bons" infirmiers des "méchants" dans des tests cliniques.

- Bon soit, mais c'est quand même dangereux.

- Bien évidemment, puisqu'il s'agit ici de juger au plus vite d'une situation, de l'évaluer avant même d'en faire l'expérience.

Ceci dit, si tu as une bonne compréhension du mécanisme en question, ce retournement 𓁝𓁜 ↺ ♧𓁝𓁜♡ peut être un outil d'une efficacité redoutable!

- À quoi penses-tu ?

- À l'extraordinaire fécondité d'une remarque toute bête telle que : "un bord n'a pas de bord".

De là tu en déduis immédiatement la construction des groupes d'homologie, et dans la foulée, la cohomologie, ainsi que tout ce que l'on a développé en physique, et que tu as ingurgité de force dans ta prime adolescence à coups de "div.rot=0" et autres joyeusetés de la même eau.

Or, cette formule "un bord n'a pas de bord" est une pure construction de type ♧𓁝𓁜♡. Les mécanismes d'homologie et cohomologies sont eux-mêmes des mécanismes de mode ♢, articulant le passage ♧/♡, quand les applications physiques se retrouvent dans le passage  ♧𓁝𓁜♡↺𓁝𓁜.

- Comment en arrives-tu à dire que cette expression "un bord n'a pas de bord" se définit dans une posture  ♧𓁝𓁜♡?

- Il faudrait effectivement développer. Si tu considères qu'il n'y a pas d'objet "en soi", mais uniquement "pour toi", alors, les limites dudit "objet" sont relatives à ton "intention", qui focalise ton "attention" d'auteur 𓂀 vers ton discours (...)𓂀, créant une tension (...)𓂀. En l'occurrence, le bord du discours est représenté par ces parenthèses ( ). Tu conviendras je l'espère sans qu'il soit besoin ici d'en faire tout un bouquin, que nous sommes bel et bien dans l'ordre du discours...

- Je peux écrire ((...))𓂀...

- Ce faisant, les parenthèses secondes ne portent plus cette tension propre au rapport de l'auteur à son discours. Dès lors qu'elles sont discutées, elles deviennent à leur tour "objet de discours", et c'est exactement ce qui se passe dans la démarche homologique !

Et toutes les constructions syntaxiques (en mode ♢𓁜) que tu peux en donner reviennent à ce constat sémantique en ♡𓁜; quelque soit par ailleurs ton choix syntaxique 𓁝♡↓♢𓁜 pour l'exprimer.

Nous retrouvons ici l'idée que le changement direct de modes "shunte" une démarche purement de type 𓁝𓁜. (Voir ici dans "Les mouvements du Sujet").

Cette gymnastique est d'ailleurs si puissante que je me demande si ce n'est pas là qu'il faut chercher l'utilité des rêves...

- Je ne vois pas le rapport ?

- Souviens-toi de notre discussion du rêve de l'injection faite à Irma, à la suite de cette lecture du bouquin d'Yves Lugrin. Dans ce rêve apparaît la formule chimique du trimétylxanthine C7H8N4O2 en plein milieu d'une "scène" constituée de médecins entourant Irma. Or, n'est-ce pas là typiquement une juxtaposition de deux types d'approches, la formule évidemment en ♧𓁝𓁜♡ et la scène en 𓁝𓁜?

- De mémoire, tu discutais de la juxtaposition de deux scènes de médecins...

- Oui, il faudrait reprendre toute la discussion, mais pour en rester à notre dualité ♧𓁝𓁜♡ / 𓁝𓁜, avoue qu'il paraît évident qu'en supprimant tout accès direct à l'expérience sensible de type 𓁝𓁜, le sommeil facilite les transitions ♧𓁝𓁜♡↺𓁝𓁜, non ? D'ailleurs n'est-ce pas l'expérience que j'en fais régulièrement lorsqu'au réveil, je garde encore un peu de cette fluidité des mouvements qui me permet d'avancer ?

- Il faudrait reprendre tout ce que tu as pu dire sur les rêves...

- Oui, c'est du travail au point de croix, mais je n'en ai pas le courage pour l'heure. À vrai dire, il fait une chaleur d'enfer, le Wifi marche quand il veut, et j'ai envie de sieste...

- Occasion rêvée de rêver...

- Amen

Hari

La suite ici: #2

Note 1 :

Séminaire "Topos in Mondovi" du 4 au 11 septembre de l'Instituto Grothendieck, avec comme comité scientifique :

  • Olivia Caramello;
  • Alain Connes;
  • Laurent Lafforgue

Note 2 :

J'en avais beaucoup discuté à l'époque et fait toute une série d'articles après ma rencontre avec Lugrin à Cerisy. Il faudra d'ailleurs que je reprenne tout ce que j'avais pu tiré de ce livre ! Voir :

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article