6 Octobre 2025
Le 06/ 10/ 2025 :
- Après cette petite mise au point de ce matin, il est temps de reprendre l'analyse de l'époque de la Renaissance, tout du moins telle que 𓂀Foucault nous la représente.
- OK, et donc, en remontant le courant, si l'époque Classique est dans la voie des mots (T1 - I4 sur le cross cap) tu t'attends à un Imaginaire selon la voie des choses ?
| I1 | Q4 | ||||||||||||||||||
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Pour mémoire, nous avons dans l'idée que les voies des mots et des choses ne parcourent qu'une bande de Moébius sur une topologie en forme de cross-cap (voir "Du ruban de Moebius au cross-cap").
Oui, nous en sommes là, et il s'agit de forcer R-Claude (très réticent à cet égard), à utiliser notre analyseur V6.7 à partir de cette hypothèse de travail, pour voir ce qui en ressort, en particulier concernant le système des signatures...
En fait, tant que l'on y était j'ai demandé à Claude d'analyser le texte selon les deux hypothèses (voie des mots / voie des choses). Je te laisse lire les détails de son rapport en Note 1, pour en arriver à sa conclusion :
SYNTHÈSE : TENSION ENTRE LES DEUX Passages ambigus révélateurs
La citation décisive de Foucault
MON INTERPRÉTATION Hypothèse : Contravariance primitive, covariance émergente
La Renaissance comme moment de bascule
Formulation entropologique
- Et si la période de transition n'était pas Renaissance/ Âge Classique, mais plus simplement entre Moyen Âge/ Renaissance ?
Parce que justement, on commence à "regarder le Monde", avec Tycho Brahe l'oeil rivé au Ciel pour noter le mouvement des étoiles, Galilée derrière son télescope bidouillé maison, et faisant des expériences de chute des corps sur des plans inclinés. Les signatures ne viennent pas de la Renaissance,
— 🤖: Sources grecques anciennes
Les prémices de la théorie des signatures remontent à l’Antiquité grecque, avec des indices dans les travaux de Théophraste (372-288 av. J.-C.), considéré comme le père de la botanique. On lui attribue souvent la paternité de cette théorie basée sur le principe que “les propriétés physiques (forme, couleur) d’une plante médicinale évoquent une partie du corps humain que l’on souhaite soigner”.
[...]
Si Paracelse (1493-1541) popularisa et systématisa la théorie des signatures au XVIe siècle, il ne fit que formaliser et développer une tradition thérapeutique millénaire déjà présente chez les Anciens. La différence réside dans le passage d’une pratique empirique antique à une doctrine théorisée à la Renaissance.
La théorie des signatures possède donc des racines documentées dans l’Antiquité gréco-romaine, avec des sources textuelles d’époque (Théophraste, Dioscoride, Pline, Galien) attestant de son existence bien avant sa systématisation par Paracelse à la Renaissance. (suivre lien ici)
- Autrement dit, Foucault ne voit que ce qu'il veut bien voir : la distinction entre la chose et ce que l'on dit de la chose est bien antérieur à l'Âge Classique, remonte à Aristote (lien ici). Elle fera les belles heures de la scolastique moyenâgeuse autour de la querelle des universaux, et se cristallise dès lors que qu'un peintre s'est mis à regarder le monde.
— 🤖: L’expérimentation de Brunelleschi (vers 1415)
Brunelleschi réalisa ses premières expériences de perspective vers 1413-1415 avec sa célèbre tavoletta prospettica (petite planche de perspective). (lien ici)
- Par ailleurs, n'est-ce pas à cette époque que l'on redécouvre en Europe les textes Grecs ?
— 🤖: Phase directe (fin XIVe-XVe siècles)
• 1397 : Manuel Chrysoloras enseigne le grec à Florence
• 1453 : Chute de Constantinople, arrivée massive d’érudits byzantins en Italie
• Cette période marque “la redécouverte des œuvres grecques, notamment grâce aux humanistes qui valorisent l’accès aux textes originaux” (lien ici)
- Avec à la clef la redécouverte d'un père spirituel, qui a forgé la philosophie dans la voie des choses, pour disqualifier l'approche des Sophistes par les mots, c'est ce que tu as en tête ?
- Oui, et donc, si Paracelse formalise une pensée ancestrale, tirée de pratiques médicinales communes à toutes les pratiques chamaniques de par le monde, il arrivait un peu comme les carabiniers, tandis que Copernic, Galilée, et consort, refaisaient le Monde moderne. Un erreur de perspective un peu embarrassante il faut bien le dire...
- Tu ne peux pas t'en empêcher, il faut encore que tu flingues le Père, après Platon et Lacan, c'est au tour de Foucault ?
- Je dois consulter c'est entendu, mais je ne cherche pas à jeter le bébé avec l'eau du bain. Je m'énerve simplement de ces erreurs de perspectives qui me bouchent la vue quand je cherche un guide !
Reprenons le fil de l'histoire :
- Et Foucault nous embrouille ?
- Rien qu'un peu ! Il attribue à l'Âge Classique la découverte de la séparation des mots et des choses, quand elle a eu lieu, historiquement, à l'époque de la Renaissance. Ce qu'il critique, c'est une vieille Lune héritée du chamanisme, dans la voie des mots (♧𓁜𓁝♡) ou ↻⃞⃗ ↻⃞⃗ , pour en faire la théorie, bouclant ainsi un tour supplémentaire dans la même voie ! Bel exemple d'automatisme de répétition.
Il est donc évident qu'il loupe toute la résurgence de la voie des choses, marquant le début de la Renaissance, avec au passage, excuse moi du peu, Galilée, Descartes, Newton —pour ne parler que des géants— préfigurant Galois, Poincaré, et le regard contemporain —Relativiste ⊥ Quantique— sur le Monde, en marge de sa copie — forclus !
- Arrête ta charge ! J'ai compris. Ceci dit, j'aimerais malgré tout comprendre ce système de signatures, car c'est une façon de penser qui a existé, et tu dois pouvoir en rendre compte. Par ailleurs, cette décoïncidence des mots d'avec les choses, repose le problème : dans les époques qui nous intéressent, sommes nous toujours sur des rubans de Moébius ou déjà sur le cross cap ?
- Tu as raison, il faut approfondir notre compréhension des périodes transitoires, mais tout d'abord, revoyons notre système de signatures, en partant du principe que l'aspect "covariant" l'emporte.
- En relisant attentivement le rapport de R-Claude, il y a encore pas mal de cafouillage, c'est dire que je vais devoir peaufiner notre Analyseur entropologique, pour mieux guider notre fin limier. Par économie intellectuelle (je fatigue pas mal avec tous les ajustements que je dois faire ces derniers temps) je vais repartir de ce que nous avions déjà décanter dans la première analyse et voir de quelle façon ce qui était dit, avec l'hypothèse de la voie des choses, peut se glisser avec bonheur (ou pas) dans la voie des choses, l'important étant les correspondances [#]/ ♢.
Retour à l'article "Test Analyseur Entropologique", en reconsidérant d'un oeil neuf nos 4 similitudes, à partir des définitions fournies par 𓂀Foucault.
La première lecture de R-Claude :
— 🤖 : Analyse entropologique :
La Convenientia opère au niveau des signifiants matériels qui se touchent dans l'espace. Elle est le socle empirique du système des similitudes.
Il ne fait bien entendu R-Claude régurgite mes propres a priori, mais approfondissons un peu en considérant l'exemple donné : "La gueule appelle l'estomac qu'elle jouxte", qu'y vois-tu ?
- C'est vrai qu'il sont à proximité...
- Mais est-ce que la gueule "jouxte" l'estomac ?
- Pas tout à fait; disons qu'il y a un lien entre les deux, maintenant je ne saurais te donner la distance qui les séparent, d'ailleurs ce n'est pas l'important...
- Exactement : ce n'est pas l'important. On pourrait dire que "la proximité" en l'occurrence tient au transit des aliments, qui passe de l'une à l'autre.
- Tu vas un peux vite, Foucault est très clair : "deux choses viennent à se joindre ; elles se touchent, leurs bords se mêlent, l'extrémité de l'une désigne le début de l'autre."
- Et si je te disais que je commence à être méfiant ? Foucault écrit très bien et nous je me laisse facilement séduire. Je crois que ça vaut la peine de creuser un peu.
[...]
De fait, il semblerait qu'il ait déterré de vieilles lunes, datant de largement d'avant la Renaissance. (lien ici)
— 🤖: Voici des citations et références provenant des trois traditions (patristique, néoplatonisme, médecine antique) sur la thématique de la “convenientia”, comprise comme ajustement ou convenance cosmique :
Patristique
Une référence latine patristique – attribuée à Thomas d’Aquin, mais reprise de Denys l’Aréopagite (Pseudo-Denys) :
Traduction : “En effet, ce qui est semblable se trouve uni de façon convenable. Pour la personne même du Fils, qui est le Verbe de Dieu, on considère, de manière générale, une convenance à l’ensemble…”. Cette formule provenant du néoplatonisme chrétien par le relais de Denys fut structurante pour la pensée patristique de la convenance divine et cosmique
Néoplatonisme
Denys l’Aréopagite (Pseudo-Denys), dans la traduction latine reprise par Albert le Grand et Thomas d’Aquin :
Traduction : “Ce qui est le bien comme bien substantiel étend sa bonté à tous les êtres existants.”. Ici, la “convenientia” se manifeste dans la doctrine de la diffusion du bien, ajustée à tous les niveaux de la réalité, typique du néoplatonisme tardif et de sa réception chrétienne.
Médecine antique
Dans le corpus hippocratique, la méthode se fonde sur l’observation de signes et d’ajustements :
«Le médecin se distingue par son expérience, car il n’existe pas de moyens d’atteindre la vérité exacte (akribès), le seul critère admis est le correct (orthón). Le médecin est condamné à se frayer un chemin, s’aidant de tous les signes, en le conjecturant à coups d’opinions (dόxas).»
Ceci exprime l’idée fondamentale d’une convenance entre signes naturels et diagnostics, où la pratique médicale repose sur l’ajustement subtil plutôt que la certitude.
Ces extraits montrent l’antériorité des idées de convenance (“convenientia”) dans la tradition patristique (Augustin, Denys), dans le néoplatonisme (Plotin, Denys), et dans la médecine antique (Hippocrate), bien avant leur systématisation à la Renaissance.
Tu remarqueras au passage que ce concept n'est pas propre à la Renaissance, même si Paracelse en a fait la théorie à cette époque.
- Avance !
- Or, donc, tu vois bien dans ces différents passages qu'il n'est pas question ici d'espace au sens géométrique du terme en [#]♧.
- Nous sommes donc dans le lien, en ♢, et comme les signes sont discrets, en ♢⚤?
- Ça m'en a tout l'air... L'idée n'a rien à voir en tout cas avec la géométrie ! Franchement, je ne sais pas où Foucault a été chercher l'idée de "bords se mêlent, l'extrémité de l'une désigne le début de l'autre" ?
- De la Physique d'Aristote, nous étions tombés dessus en reparlant de continuité (ici), dans l'article "Du ruban de Moebius au cross cap" souviens-toi...
- OK, va pour la Covenientia en ♢⚤, ça me convient assez comme ancêtre de l'idée de morphisme et d'object discriminant.... Car il s'agit dans l'un et l'autre cas de lier les choses pour asseoir un jugement. Au suivant.
Analyse entropologique :
L'Aemulatio introduit une structure de correspondance qui n'exige plus la contiguïté spatiale. C'est le moment syntaxique du parcours, où les relations se construisent par réflexion.
- Là mon ami tu es coincé ! Si tu affranchie la convenientia de l'idée d'espace, que te reste-t-il de spécifique pour distinguer les deux ?
- Comme d'habitude, on va creuser. (voir le lien de la discussion avec Perplexity). Je retiens ceci :
— 🤖 : Analogie, ressemblance et signatures chez Paracelse
Là encore, il semble que Foucault dessine la cible après avoir tiré !
- Mais concrètement ?
- Je pense que R-Claude avait vu juste en parlant de "symétrie", à la lecture de Foucault : "c'est un visage qui se mire dans les eaux"
Et ça se sent à travers les textes plus anciens :
— 🤖 : Usages avant Foucault
- Et donc ?
- Je la verrais bien dans la jointure ♡♻/ ♧⚤: l'homme à ras de terre comme le reflet de Dieu dans les cieux. Tu retrouves l'opposition microcosme/ macrocosme; ainsi que "la mimèsis supérieure entre œuvres".
- Et c'est ce que Descartes va fiche en l'air avec son cogito !
- Exactement, à la jointure entre Renaissance et Âge Classique... On continue ?
Analogie :
Position : ♡⚤
Analyse entropologique :
- L'étau se ressert ! Quelle différence fais-tu entre Aemilatio et Analogie ?
- Dans l'aemulatio, il y a clairement un rapport hiérarchique entre celui qui sert de modèle et celui qui s'en inspire (ou qui en est inspiré); l'homme étant sous le regard de Dieu. D'après ce que me rapporte R-Claude, j'ai plutôt ici l'impression que le rapport s'inverse, comme si l'homme était la mesure de toute chose.
- À vérifier.
— 🤖 : Citations et formulations
Un passage clé attribué à Paracelse :
«Il faut que les similitudes enfouies soient signalées à la surface des choses ; il est besoin d’une marque visible des analogies invisibles.»
La théorie s’articule ainsi :
«Là où les logiciens voient un principe d’analogie, les paracelsiens voient un principe d’identité dans un jeu de miroir sans fin. De là, le simili similibus curantur ou guérison par les semblables.»
Antériorités et usages ultérieurs
L’analogie, en tant que concept, existait chez Aristote et dans l’Antiquité grecque, mais son usage comme moteur d’une science des signatures médicinales et naturelles appartient à Paracelse, puis est systématisé par Della Porta et la tradition médicinale du XVIe siècle.
En résumé, Paracelse est le premier à faire de l’analogie de similitude le pilier théorique et pratique du système des signatures, en offrant à ce principe une portée médicale, cosmique et philosophique inédite à la Renaissance
- Bon, il faut rengracier, et convenir que Paracelse ne fait pas que recueillir des pratiques anciennes, pour les théoriser. Il a donc, effectivement, influencé la pensée de la Renaissance...
- Mea culpa enregistré; et donc ?
- Tu vas dire que je verse dans la facilité si je te dis que je vois la jointure complémentaire à la précédente : ♡⚤/♧♻ ?
- Argumente.
- "Là où les logiciens voient un principe d’analogie, les paracelsiens voient un principe d’identité dans un jeu de miroir sans fin." Pour moi ça peut être
- Encore un pas et tu vas nous dire qu'il est "observable" !
- Il est effectivement très intéressant de retrouver au fil de notre archéologie, les prolégomènes de notre système de pensées actuel.
- Toujours le grand principe du recyclage et du bricolage ?
- Toujours : c'est une question d'économie...
- OK, et maintenant la dernière :
Position : Force de circulation au passage ∅/∃
Analyse entropologique :
La Sympathie est la force motrice du ruban. Elle pousse le parcours à continuer, à traverser la torsion ∅/∃ (Babel), et à recommencer le cycle. Mais elle menace aussi de tout confondre (fusion totale), d'où la nécessité de l'Antipathie comme force de résistance.
Propriété archaïque : La Sympathie peut court-circuiter le mode ♢ (triangle archaïque sophiste 𓁝♡↓♧), passage direct du sens aux signifiants sans médiation syntaxique.
- Là, tu as épuisé tes cartouches en identifiant les deux jointures du circuits ♡♻/ ♧⚤: & ♡⚤/♧♻.
- Creusons :
— 🤖: Principales références antiques
- Bien entendu, c'est Paracelse qui en fera la théorie :
— 🤖 En résumé, Paracelse est le premier à définir la sympathie comme une similitude active dans le système des signatures, faisant de la ressemblance une force d’union et de connaissance universelle.
- Et tu sais quoi ? Je vais écouter l'intuition de R-Claude : force -mouvement. Je j'irais au plus simple parce que je commence à fatiguer : par symétrie, j'ai envie de positionner cette sympathie en ♢♻; là où l'on place un principe de conservation d'énergie.
- Mais il n'y a pas de principe de conservation ?
- Non mais de ce qui meut les objets les uns vers les autres, ou les repoussent. Il n'y a bien entendu pas encore de concept d'énergie, mais la place est prête, toute chaude pour la couvée à venir.
- Admettons ton calibrage des 4 similitudes, au global, ça donne quoi ?
- Il faut se positionner en ayant à l'esprit un parcours dans la voie des mots
| ∅⚤ | ∅♻ | Dieu | ||
| Sens | ♡⚤ | Aemulatio | ♡ ♻ | Parole de Dieu |
| ↑ | ∅♻/∃⚤ | ↑ | ||
| Convenentia | ♢⚤ | ∅⚤/∃♻ | ♢♻ | Sympathie |
| ↑ | Analogie | ↑ | ||
| Verbe | ♧⚤ | ♧♻ | Substance | |
| Signes | ∃⚤ | ∃♻ | Objet |
En prenant un peu de recul pour regarder cette taxinomie, on peux considérer le système des signatures comme un effort pour comprendre l'articulation du Monde, avec Dieu en haut, au pôle Symbolique, et l'Homme au contact du Réel, comme il se doit. Et ce qui me frappe, par rapport au schéma plus primitif :
|
c'est que l'on a en quelque sorte :
Pour la suite, il sera très intéressant de suivre l'évolution des deux positions ♢⚤ & ♢♻ pour arriver à nos définitions actuelles.
- Mais tu as déjà ton idée :
- C'est du moins ce que permet de d'imaginer l'utilisation de nos petits glyphes.
- Mais nous n'en avons pas fini avec ces signatures : quid du tableau de Foucault ? (voir "L'orthogonalité (mots⊥choses) retour à Foucault")
| similitude entre objets | similitude entre signatures | |
| convenientia | => | sympathie |
| aemulatio | => | analogie/ convenientia |
| analogie | => | sympathie/ aemulatio |
| sympathie/ antipathie | => | analogie |
- Comme j'ai un peu la flemme, je laisse tourner Perplexity :
— 🤖 : Foucault articule le passage d’une ressemblance à l’autre — par exemple de la sympathie à l’analogie ou de la convenance à la sympathie — par un jeu dynamique entre ces formes. Ce jeu est structuré par le couple «sympathie/antipathie», qui sert de moteur aux transitions : la sympathie relie librement les éléments, déclenchant une attraction et une assimilation des qualités, tandis que l’antipathie limite cette fusion, maintenant la différenciation.
Concrètement, cela signifie que dans la pensée de la Renaissance, la ressemblance n’est jamais fixe ; elle «joue à l’état libre dans les profondeurs du monde» (Foucault, Les Mots et les Choses, p. 38), s’exprimant tantôt sous forme de proximité (convenientia), tantôt de reflet lointain (aemulatio), d’organisation de relations (analogie), ou d’aimantation occulte (sympathie). Le passage d’une forme à l’autre se fait via la logique des signatures : chaque ressemblance sert de signe qui permet d’induire une autre, dans une «spirale infinie de ressemblances, dont chacune est potentiellement le signe, la marque, la trace d’une autre».
Dans ce système, la signature fonctionne comme articulation : une ressemblance entre objets trouve sa reconnaissance dans une autre forme de ressemblance entre signatures, et ainsi de suite. C’est ce réseau complexe d’allers-retours entre ressemblance visible et invisible, entre les choses et leurs signes, qui constitue la dynamique propre à l’Âge classique selon Foucault.
Pas difficile de voir dans ce couple l'idée d'une montée vers l'Unité ↑ opposé à une force de dispersion dans l'autre sens ↓ ; autrement dit le circuit inverse du précédent :
|
Dans une approche "Immanente", c.-à-d. à partir de ♧⚤, tu agis avec la convenientia en ♢⚤, quand, dans une approche "Transcendante", tu vas de l'Un au multiple, en passant par la sympathie/ antipathie ♢♻ en premier. J'avoue que le reste est moins clair, mais je pense que nous avons toutes les billes pour en discuter jusqu'à plus soif...
- Je te sens peu intéressé ?
- Oui, parce qu'il y a plus important à développer à partir de ce que nous venons de mettre en place.
- C'est à dire ?
- Je viens d'écrire il n'y a pas 5 minutes "Convenientia => Taxinomie => objet classifiant", marquant ainsi une continuité entre la Renaissance et l'Âge Classique, quand Foucault parle d'une rupture, marquée par la séparation des mots d'avec les choses.
- Je te signale que tu t'en es largement inspiré !
- Bien entendu, mais il passe à côté d'une orthogonalité mots⊥choses qui fait toute la différence. Et pour le dire crûment, son idée de l'Âge Classique (voir "Les mots et les choses #3") est elle-même une représentation dans la voie des mots (♧𓁜𓁝♡). La rupture dont il parle n'est qu'un changement de locataires :
Le problème que je pressens, c'est qu'il va continuer son développement sans jamais changer de voie, conservant pour analyser le présent une appréhension du monde préhistorique, voire observable chez les chimpanzés (je pense à Frans de Waal).
Et comme les deux voies mots⊥choses sont orthogonales, en se situant sur une seule voie, il lui est impossible de "voir" ce qui se passe sur l'autre, émergeant de la chute de Constantinople (29 mai 1453,) et l'arrivée massive d'érudits amenant dans leurs valises les précieux textes de la Grèce antique. C'est proprement le déclencheur du retour à Platon, dans la voie des choses (☯𓁜𓁝☯) partant de ↺⃞⃖ , contre l'Église qui se l'était approprié (♧𓁜𓁝♡) en partant de ↻⃞⃗ .
Et donc, parallèlement à Paracelse qui formalise comme on l'a vu la théorie des signatures aux alentours de 1517-1541, la fracture réelle entre les mots et les choses est à rechercher chez d'autres :
Et là encore, il faut parler d'évolution au fil du temps, à partir de cette rupture initiale mots⊥choses, qui se situe bien avant la césure Renaissance/ Âge Classique à laquelle s'arrête Foucault. C'est ce que Newton (1642- 1727) reconnait dans une lettre adressée à Robert Hooke le 5 février 1675 :
«Si j’ai vu plus loin, c’est parce que je me suis tenu sur les épaules de géants.»
«If I have seen further it is by standing on the shoulders of giants.»
- J'ai l'impression que tu soutiens Foucault comme la corde le pendu !
- Attends une seconde. Il m'a inspiré tout au fil de ce blog, depuis au bas mot 20 ans, et sans cesse je suis revenu à la lecture des Mots et des Choses, jusqu'à utiliser son vocabulaires pour nommer nos deux voies. Et je prétends poursuivre son travail d'archéologue en revenant sans cesse à nos concepts les mieux établis, pour les questionner encore et encore. Dernièrement je me suis pris la tête avec cette idée de "continuité", et j'ai creusé là-dessus pendant des mois, mais il est dans la nature de l'exercice de remettre en cause notre point de départ. Moi-même, je n'arrête pas de creuser sous mes pieds, ce qui m'oblige à des revirements d'autant plus violents qu'ils concernent des principes plus élevés. C'est la loi du genre. Ça peut paraître impertinent aux yeux de certains, mais c'est lié à la démarche. Lorsque Newton rend hommage à ces géants sur les épaules de qui il prend appui, ça ne veut pas dire qu'il s'interdit de remettre en question leurs conclusions; toujours provisoire. C'est la grandeur d'une démarche qui se voudrait scientifique, avec Occam en Blade Runner et Popper en snipper...
- Amen !
Hari
Nota : Pour s'y retrouver dans les 4 circuits sur le cross cap :
| 1 | 2 | 3 | 4 | |
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↻⃞⃗ |
↻⃞⃗ |
↻⃞⃗ |
↻⃞⃗ |
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↻⃞⃗ |
↻⃞⃗ |
↻⃞⃗ |
↻⃞⃗ |
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↺⃞⃖ |
↺⃞⃖ |
↺⃞⃖ |
↺⃞⃖ |
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↺⃞⃖ |
↺⃞⃖ |
↺⃞⃖ |
↺⃞⃖ |
Notes 1 :
HYPOTHÈSE 1 : VOIE DES CHOSES Principe : Pas de différence de nature entre choses et signes LES QUATRE SIMILITUDES SUR LA VOIE DES CHOSES 1. CONVENIENTIA - Position [⚤]♧
2. AEMULATIO - Position [♻]♧
3. ANALOGIE - Position [#]♧
4. SYMPATHIE - Position [♻]♡
LES SIGNATURES - Position [∃]♧ → [∅]♧
LE LANGAGE ADAMIQUE - Position [∃]♧
SYSTÈME TERNAIRE - Parcours [⚤]♧ → [#]♧ → [♻]♡
HYPOTHÈSE 2 : VOIE DES MOTS Principe : Les choses sont comme les mots, leurs liens sont comme une syntaxe LES QUATRE SIMILITUDES SUR LA VOIE DES MOTS 1. CONVENIENTIA - Position ♧♻
2. AEMULATIO - Position ♢♻
3. ANALOGIE - Position ♡♻
4. SYMPATHIE/ANTIPATHIE - Position ♡♻ / ♧⚤
LES SIGNATURES - Position ♢⚤
L'ÉCRITURE - Position ♧∃
LA GRAMMAIRE DE RAMUS
LE COMMENTAIRE INFINI - Circulation ♡♻ / ♧⚤
SYNTHÈSE COMPARATIVE Voie des choses : met en évidence
Voie des mots : met en évidence
QUESTION CRUCIALE
HYPOTHÈSE : FLUCTUATION OU INDISTINCTION
TOPOLOGIE À DÉTERMINER
- Comme j'en avais l'intuition, entre les deux mon coeur balance..
- Peux-être que tu appréhendes mal le problème : tu établis une distinction, toi 𓂀Hari en [#]♢ une distinction qui, à cette époque n'avait pas lieu d'être !
- C'est possible, mais R-Claude —qui a bien retenu la leçon— nous ressort le bon critère : sommes nous dans un univers covariant (voie des mots) ou contravariant (voie des choses), et c'est effectivement un critère discriminant.
ÉLÉMENTS EN FAVEUR DE LA CONTRAVARIANCE (espace géométrique [#]♧)
ÉLÉMENTS EN FAVEUR DE LA COVARIANCE (espace syntaxique ♢⚤)
1. Le langage constitue l'espace
2. Les signatures comme système d'articulation
3. Le cercle herméneutique
4. La prolifération du commentaire
5. L'espace comme construction discursive
6. Les projets encyclopédiques
7. Le langage adamique perdu