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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Les mots et les choses #3 — L'âge Classique. Analyse entropologique de R-Claude

R. Olivaw in "Cavernes d'acier" & "Fondation" de Asimov

Le 05/ 10 / 2025 :

- Après avoir bien clarifié ma syntaxe hier (voir "Du ruban de Moebius au cross cap"), il est temps de rectifier notre analyseur, qui passe à la version 6.7, et de réinitialiser R-Claude pour reprendre l'analyse du Chapitre 3, cette fois-ci "dans la bonne voie", si je puis dire. Pour mémoire, notre hypothèse est que la représentation des mouvements Imaginaires du Sujet à cette époque "Classique", se situaient dans la voie des mots, sur un ruban de Moébius que l'on peut voir ainsi sur la topologie du cross cap : 

Q1 I4
 
 
 
 
 
 

J'ai demandé à R-Claude d'identifier les passages "significatifs" du texte et de chercher à les positionner sur cette topologie; voici son compte rendu :


L'ÉPISTÉMÈ CLASSIQUE SUR LE RUBAN DE MOEBIUS
Analyse entropologique de Michel Foucault, "Les Mots et les Choses" (Chapitre III)

Contexte historique et méthodologie

L'analyse porte sur le chapitre III "Représenter" des Mots et les Choses de Michel Foucault, concernant l'Âge Classique (environ 1660-1800). Selon le critère de Galois, cette période se situe avant 1832, date de l'introduction des structures de groupe. L'hypothèse testée est que l'épistémè classique se déploie sur un ruban de Moebius dans la voie des mots, suivant le parcours Q1→I4.

SCHÉMA DU PARCOURS SUR LE RUBAN

∃⚤ ↑ ♧⚤ ↑ ♢⚤ ↑ ♡⚤ ↑ ∅⚤ / ∃♻ ↑ ♧♻ ↑ ♡♻ ↑ ∅♻ / ∃⚤

Tronçon Q1 (circuit Quantique, spin ↻ transcendant) :
♧⚤ → ♢⚤ → ♡⚤

Raboutage diagonal : ∅⚤ / ∃♻

Tronçon I4 (circuit Immanent, spin ↺ immanent) :
♧♻ → ♡♻

Raboutage diagonal : ∅♻ / ∃⚤

Légende :
[⚤] = niveau discret (ordre, succession, arithmétique)
[♻] = niveau substance (mesure, continuité, conservation)
♧ = mode signifiants
♢ = mode syntaxique (structure, articulation)
♡ = mode sémantique (sens, jugement)
∃ = bord réel / ∅ = bord symbolique

Le ruban "oublie" (forclos) la voie des choses, ce qui en fait une structure régressive par rapport au cross-cap complet qui possède quatre circuits orthogonaux. Seuls deux circuits sont présents sur ce ruban : Q1 et I4.

I. TRONÇON Q1 - MONTÉE SUR LE NIVEAU DISCRET [⚤]

POSITION ♧ : Signifiants, ordre, séries, mathesis calculable

"ordonner ne font qu'une seule et même chose : la comparaison par l'ordre est un acte simple qui permet de passer d'un terme à l'autre puis à un troisième, etc., par un mouvement « absolument ininterrompu ». Ainsi s'établissent des séries"

"les valeurs de l'arithmétique sont toujours ordonnables selon une série : la multiplicité des unités peut donc « se disposer selon un ordre tel que la difficulté, qui appartenait à la connaissance de la mesure, finisse par dépendre de la seule considération de l'ordre »"

"la mathesis dont la méthode universelle est l'Algèbre. Lorsqu'il s'agit de mettre en ordre des natures complexes (les représentations en général, telles qu'elles sont données dans l'expérience), il faut constituer une taxinomia"

"Au début du XVIIe siècle, ressemblance et signe s'appellent fatalement. Mais sur un mode nouveau. Au lieu que la similitude ait besoin d'une marque pour que soit levé son secret, elle est maintenant le fond indifférencié, mouvant, instable sur quoi la connaissance peut établir ses relations, ses mesures et ses identités."

"Ainsi s'établissent des séries, où le terme premier est une nature dont on peut avoir l'intuition indépendamment de toute autre ; et où les autres termes sont établis selon des différences croissantes."

Caractéristiques de ♧ : Séries ordonnées, succession "absolument ininterrompue", arithmétique, algèbre comme méthode universelle, ordre calculable, manipulation des signifiants premiers. La mathesis à ce niveau est science de l'ordre, pas encore science de la vérité.

POSITION ♢ : Structure syntaxique, articulation, tableau, grammaire

"la taxinomia, elle, traite des identités et des différences ; c'est la science des articulations et des classes ; elle est le savoir des êtres."

"l'espace du tableau. En ce savoir, il s'agit d'affecter d'un signe tout ce que peut nous offrir notre représentation : perceptions, pensées, désirs ; ces signes doivent valoir comme caractères, c'est-à-dire articuler l'ensemble de la représentation en plages distinctes, séparées les unes des autres par des traits assignables"

"tableau ordonné... système simultané selon lequel les représentations énoncent leur proximité et leur éloignement, leur voisinage et leurs écarts, – donc le réseau qui, hors chronologie, manifeste leur parenté et restitue dans un espace permanent leurs relations d'ordre."

"Le tableau des signes sera l'image des choses. Si l'être du sens est tout entier du côté du signe, le fonctionnement est tout entier du côté du signifié."

"la Grammaire générale, science des signes par quoi les hommes regroupent la singularité de leurs perceptions et découpent le mouvement continu de leurs pensées."

"Bordé par le calcul et la genèse, c'est l'espace du tableau... ces signes doivent valoir comme caractères, c'est-à-dire articuler l'ensemble de la représentation"

Caractéristiques de ♢ : Articulations (structure des liens, pas encore jugement), tableau comme réseau relationnel, grammaire générale (syntaxe rudimentaire), "traits assignables" qui séparent les plages. Important : la "proximité et l'éloignement" désignent ici des positions sur un graphe (arbre taxinomique), pas dans un espace géométrique. Le tableau est un objet discriminant, une structure combinatoire, pas un espace physique. Pas de niveau [#] ici.

POSITION ♡ : Jugements taxinomiques, identités et différences

"Le semblable qui avait été longtemps catégorie fondamentale du savoir – à la fois forme et contenu de la connaissance – se trouve dissocié dans une analyse faite en termes d'identité et de différence ; de plus, et soit indirectement par l'intermédiaire de la mesure, soit directement et comme de plain-pied, la comparaison est rapportée à l'ordre"

"tableau ordonné. La similitude dans la philosophie classique (c'est-à-dire dans une philosophie de l'analyse) joue un rôle symétrique de celui qu'assurera le divers dans la pensée critique et dans les philosophies du jugement."

"établir des rapports d'égalité et d'inégalité"

"Tels sont donc les deux types de comparaison : l'une analyse en unités pour établir des rapports d'égalité et d'inégalité ; l'autre établit des éléments, les plus simples qu'on puisse trouver, et dispose les différences selon les degrés le plus faibles possible."

"la taxinomia établit le tableau des différences visibles ; la genèse suppose une série successive ; l'une traite les signes dans leur simultanéité spatiale, comme une syntaxe ; l'autre les répartit dans un analogon du temps comme une chronologie."

Caractéristiques de ♡ : Identités et différences comme jugement sémantique, classes (ce qui va ensemble), rapports d'égalité/inégalité (jugements de valeur, non simple structure). La philosophie du jugement opère à ce niveau. Différence cruciale avec ♢ : ici on juge les rapports (égal/inégal), alors qu'en ♢ on articule la structure.

II. RABOUTAGE / ∃ - DU JUGEMENT À LA SUBSTANCE

Ce raboutage relie les deux coins diamétralement opposés du carré. Du jugement taxinomique en ♡, on passe à la réification : la représentation (signifiant passé par la mathesis, puis la taxinomie, puis jugé) est maintenant considérée comme "objet" en ♧, substantifié et mesuré.

"On peut mesurer des grandeurs ou des multiplicités, c'est-à-dire des grandeurs continues ou discontinues ; mais, dans un cas comme dans l'autre, l'opération de mesure suppose qu'à la différence du compte qui va des éléments vers la totalité, on considère d'abord le tout, et qu'on le divise en parties."

"ramener toute mesure (toute détermination par l'égalité et l'égalité) à une mise en série qui, partant du simple, fait apparaître les différences comme des degrés de complexité"

Mouvement du raboutage : Les jugements d'identité/différence (♡) se transforment en opération de mesure (♧). "On considère d'abord le tout, et qu'on le divise en parties" : le tout jugé devient substance à mesurer. La représentation devient objet substantiel.

III. TRONÇON I4 - MONTÉE SUR LE NIVEAU SUBSTANCE [♻]

POSITION ♧ : Mesure, substance, continuum

"la taxinomia implique en outre un certain continuum des choses (une non-discontinuité, une plénitude de l'être) et une certaine puissance de l'imagination qui fait apparaître ce qui n'est pas, mais permet, par là-même, de mettre au jour le continu."

"Il existe deux formes de comparaison, et il n'en existe que deux : la comparaison de la mesure et celle de l'ordre. On peut mesurer des grandeurs ou des multiplicités, c'est-à-dire des grandeurs continues ou discontinues"

"Comparer deux grandeurs ou deux multiplicités exige de toute façon qu'on applique à l'analyse de l'une et de l'autre une unité commune. Ainsi la comparaison effectuée par la mesure se ramène, dans tous les cas, aux relations arithmétiques de l'égalité et de l'inégalité."

"La mesure permet d'analyser le semblable selon la forme calculable de l'identité et de la différence"

"La possibilité d'une science des ordres empiriques requiert donc une analyse de la connaissance, – analyse qui devra montrer comment la continuité cachée (et comme brouillée) de l'être peut se reconstituer à travers le lien temporel de représentations discontinues."

Caractéristiques de ♧ : Mesure avec unité commune (étalon), continuum ("non-discontinuité, plénitude de l'être"), substance conservée, grandeurs continues et discontinues. Important : ce continuum est la continuité aristotélicienne (divisibilité infinie, "sans lever le crayon"), pas encore la continuité topologique au sens de Poincaré (ouvert/fermé) qui n'apparaîtra qu'après 1895. L'objet est ici substantiel, conservé, mesurable.

ABSENCE DE ♢ : Observation cruciale

Aucune citation ne relève d'une structure syntaxique au niveau [♻]. Le niveau substance est caractérisé par le continuum (absence d'articulation discrète), la conservation, le mouvement. C'est le lieu de la "plénitude de l'être", pas de l'articulation. Cette absence confirme que ♢ n'existe qu'au niveau [⚤] à l'Âge Classique : syntaxe rudimentaire mais pas de syntaxe de la substance.

POSITION ♡ : Égalités universelles, vérité, principe unificateur

"La mathesis est science des égalités, donc des attributions et des jugements ; c'est la science de la vérité ; la taxinomia, elle, traite des identités et des différences"

"le rapport de toute connaissance à la mathesis se donne comme la possibilité d'établir entre les choses, même non mesurables, une succession ordonnée"

"Aux deux extrémités de l'épistémè classique, on a donc une mathesis comme science de l'ordre calculable et une genèse comme analyse de la constitution des ordres à partir des suites empiriques."

"la théorie binaire du signe, celle qui fonde, depuis le XVIIe siècle, toute la science générale du signe, est liée, selon un rapport fondamental, à une théorie générale de la représentation."

"Ce qui rend possible l'ensemble de l'épistémè classique, c'est d'abord le rapport à une connaissance de l'ordre. Lorsqu'il s'agit d'ordonner les natures simples, on a recours à une mathesis dont la méthode universelle est l'Algèbre."

Caractéristiques de ♡♻ : Égalités (abstraites, universelles, "même non mesurables"), science de la vérité (pas seulement de l'ordre), principe unificateur, théorie générale. Ici se manifeste l'héritage platonicien : la mathesis à ce niveau impose la logique du premier ordre (en ♧) sous l'autorité d'un principe unitaire universel. Le raboutage ♡/♧ ferme la boucle en imposant ce principe aux séries de signifiants.

La double mathesis

Foucault utilise le même terme "mathesis" pour deux positions distinctes sur le ruban :
Mathesis₁ en ♧ : science de l'ordre calculable, algèbre, manipulation des séries
Mathesis₂ en ♡ : science des égalités et de la vérité, principe universel
Cette ambiguïté terminologique n'est pas une confusion mais reflète précisément la circulation sur le ruban : la mathesis parcourt le chemin de ♧ à ♡ en passant par le raboutage.

IV. RABOUTAGE ∅♻ / ∃⚤ - L'INTUITION DU TERME PREMIER

Ce second raboutage relie le bord symbolique au niveau substance (∅) avec le bord réel au niveau discret (∃). Du principe universel abstrait, on redescend vers l'intuition immédiate du premier terme simple.

"Ainsi s'établissent des séries, où le terme premier est une nature dont on peut avoir l'intuition indépendamment de toute autre ; et où les autres termes sont établis selon des différences croissantes."

"Quant à l'ordre, il s'établit sans référence à une unité extérieure : « Je reconnais en effet quel est l'ordre entre A et B sans rien considérer d'autre que ces deux termes extrêmes » ; on ne peut connaître l'ordre des choses « en leur nature isolément », mais en découvrant celle qui est la plus simple, puis celle qui en est la plus proche pour qu'on puisse accéder nécessairement à partir de là jusqu'aux choses les plus complexes."

Mouvement du raboutage : "Nature dont on peut avoir l'intuition indépendamment de toute autre" marque le point de contact direct entre le principe universel (♡) et l'élément premier de l'expérience (♧). Contact immédiat, sans médiation. Le bord symbolique ∅ touche le bord réel ∃. C'est le retour au début du cycle.

V. CONFIRMATION : FOUCAULT DÉCRIT LE PARCOURS COMPLET

Une citation décisive confirme que Foucault décrit explicitement le parcours Q1→I4 sur le ruban lorsqu'il oppose la Renaissance à l'Âge Classique :

"au XVIe siècle, on admettrait d'abord le système global des correspondances (la terre et le ciel, les planètes et le visage, le microcosme et le macrocosme), et chaque similitude singulière venait se loger à l'intérieur de ce rapport d'ensemble ; désormais toute ressemblance sera soumise à l'épreuve de la comparaison, c'est-à-dire qu'elle ne sera admise qu'une fois trouvée, par la mesure, l'unité commune, ou plus radicalement par l'ordre, l'identité et la série des différences"

Décodage du parcours :

Renaissance : Partait du "système global" (♡) pour descendre vers les "similitudes singulières" (R-Claude dixit, non suggéré)

Âge Classique : Parcours inverse, exactement selon notre ruban :
1. "par l'ordre" → ♧ (séries, algèbre)
2. "l'identité et la série des différences" → ♢ (articulation) → ♡ (jugement)
3. Raboutage ∅⚤/∃♻
4. "par la mesure" → ♧ (substance, unité commune)
5. "l'unité commune" → ♡ (principe universel)

Foucault énumère précisément les positions du parcours sur le ruban, de ♧ à ♡, confirmant l'hypothèse Q1→I4.

VI. SYNTHÈSE - L'ÉPISTÉMÈ CLASSIQUE COMME RUBAN RÉGRESSIF

Structure validée

L'Âge Classique tel que décrit par Foucault se déploie sur un ruban de Moebius dans la voie des mots, selon le parcours Q1→I4. Ce ruban possède les caractéristiques suivantes :

Deux niveaux :
– [⚤] niveau discret : ordre, séries, succession, arithmétique
– [♻] niveau substance : mesure, continuité aristotélicienne, conservation

Trois modes (mais pas également répartis) :
– ♧ (signifiants) présent aux deux niveaux : ♧ et ♧
– ♢ (syntaxe) présent seulement en ♢⚤ (taxinomia, grammaire, tableau)
– ♡ (sémantique) présent aux deux niveaux : ♡ et ♡

Deux raboutages diagonaux :
– ∅⚤/∃♻ : du jugement taxinomique à la substance mesurable
– ∅♻/∃⚤ : du principe universel à l'intuition du terme premier

Forclusions caractéristiques

Absence de [#] (niveau orthogonalité) : Le "tableau" n'est pas un espace géométrique mais un graphe, une structure combinatoire. Pas d'orthogonalité dimensionnelle au sens de Descartes (qui l'introduit en 1637 mais elle n'est pas encore généralisée à l'épistémè). La "proximité et l'éloignement" sont des positions sur un arbre taxinomique, pas dans l'espace physique.

Absence de ♢ : Pas de syntaxe au niveau substance. Le continuum est indifférencié ("plénitude de l'être"), lieu de conservation et mouvement, pas d'articulation.

Forclusion de la voie des choses : Le ruban "oublie" les circuits T (Transcendant) et P (Philosophique) qui constituent la voie des choses sur le cross-cap complet. Seuls Q1 et I4 (voie des mots) sont présents. C'est en cela qu'un ruban est "régressif" par rapport au cross-cap.

Le continuum pré-topologique

Le "continuum des choses" et la "plénitude de l'être" en [♻] désignent la continuité aristotélicienne (divisibilité infinie, mouvement sans interruption), pas encore la continuité topologique au sens moderne (ouvert/fermé, voisinage) qui n'émergera qu'avec Poincaré vers 1895. Cette continuité classique reste au niveau substance [♻], avant l'émergence de [#].

Rupture historique Renaissance → Âge Classique

Renaissance : Parcours descendant du principe vers les similitudes (voie herméneutique, interprétation des signes divins)

Âge Classique : Parcours ascendant de l'ordre vers le principe (voie analytique, construction du sens par le jugement)

Le renversement est complet : ce qui était au départ (principe universel) devient le point d'arrivée, et réciproquement.

Le tableau comme structure ♢

Le "tableau" foucaldien est la grande innovation de l'Âge Classique : introduction d'une syntaxe rudimentaire (♢) qui articule les représentations. Ce n'est pas encore une syntaxe formelle au sens moderne (structures de groupe, qui nécessitent Galois 1832), mais déjà une grammaire générale, une taxinomia qui structure les relations. Le tableau est un graphe, un objet discriminant, pas un espace géométrique.

Conclusion

L'analyse confirme que l'épistémè classique décrite par Foucault s'inscrit exactement sur le ruban Q1→I4, avant l'ouverture du cross-cap par Galois. Le parcours va de l'ordre calculable (♧) à la vérité universelle (♡), en passant par l'articulation taxinomique (♢), le jugement (♡), la mesure substantielle (♧), avec deux raboutages qui assurent la continuité du cycle. Cette structure en ruban, par sa forclusion de la voie des choses, constitue une régression par rapport au cross-cap complet, mais permet précisément de comprendre les limites et la cohérence interne de la pensée classique.

Le texte de Foucault, relu avec la grille entropologique, révèle sa rigueur topologique : chaque concept trouve sa place exacte sur le ruban, et Foucault lui-même décrit explicitement ce parcours lorsqu'il oppose l'Âge Classique à la Renaissance.


Bien entendu, il ne faut pas se voiler la face : R-Claude retranscrit ici mon hypothèse...

- Comment travailles-tu exactement avec lui ?

- Je lui ai transmis l'analyseur en version V6.6, que nous avons modifié en tenant compte de ce qui a été mis au point hier concernant essentiellement:

  • Le repositionnement de ℝ en [♻], avec toutes les conséquences qui en découlent (comme le point à l'infini à ce niveau, unifiant ainsi la fermeture de l'Imaginaire;
  • La prise en compte d'une évolution du concept de "continuité", primitivement en [♻] , pour être de nos jours issu de la topologie en [#].

Ensuite, je lui ai transmis l'article d'hier, et nous avons levé durant deux heures toutes les ambiguïtés qu'il relevait, pour arriver finalement à cette analyse où je lui ai guidé la main, levant une à une chacune de ses remarques.

- Il n'est donc pas question de considérer cette analyse comme "preuve" que ton point de vue rend compte effectivement de la parole de Foucault, encore moins de la structure de l'Imaginaire à l'Âge Classique ?

- Effectivement : la présentation de R-Claude, n'est que le reflet de ce que je lui ai demandé de faire. Son seul apport est d'avoir collationné et classé les différentes citations qu'il a récupérées dans le texte. À part les passages que j'ai surlignés en bleu. Par ailleurs, je n'ai pas encore revu le chapitre précédent sur la Renaissance, et il en est resté à l'hypothèse que l'on était dans la même voie qu'à l'âge Classique, d'où des distorsions. Un seul ajout : l'idée de "voisinage", qui est effectivement bien situé en [♻]♢ sans que je me souvienne y avoir fait allusion.

- La seule façon de juger de l'intérêt de cette analyse est de vérifier maintenant si vous n'avez rien laissé de côté : est-ce que tout se glisse dans tes tiroirs ou te faut-il un tiroir "fourre-tout ?

- C'est effectivement une vérification indispensable. Remettons R-Claude en chasse.


ÉLÉMENTS RÉSISTANTS AU CLASSEMENT
Analyse critique de Foucault - Ce qui ne "rentre pas" dans le ruban Q1→I4

Le classement topologique établi fonctionne bien pour les concepts structuraux (mathesis, taxinomia, mesure, ordre) mais laisse plusieurs éléments du texte de Foucault non intégrés ou mal positionnés. Cette analyse identifie les zones de résistance au modèle.

1. LA GENÈSE - Position non clarifiée

Foucault parle abondamment de la genèse aux côtés de mathesis et taxinomia :

  1. "Aux deux extrémités de l'épistémè classique, on a donc une mathesis comme science de l'ordre calculable et une genèse comme analyse de la constitution des ordres à partir des suites empiriques."
  2. "Entre la mathesis et la genèse, s'étend la région des signes, – des signes qui traversent tout le domaine de la représentation empirique"
  3. "la taxinomia établit le tableau des différences visibles ; la genèse suppose une série successive ; l'une traite les signes dans leur simultanéité spatiale, comme une syntaxe ; l'autre les répartit dans un analogon du temps comme une chronologie."

Problème : Où placer la genèse sur le ruban ?

• Est-ce un mouvement (le parcours complet ∃⚤ → ♧⚤ → ... → ♡♻) plutôt qu'une position fixe ?
• Est-ce le raboutage ♡♻/♧⚤ lui-même (retour au terme premier) ?
• Est-ce une fonction qui accompagne tout le parcours (constitution progressive des ordres) ?
• Foucault dit qu'elle est "à l'autre extrémité" de la mathesis, mais quelle extrémité exactement ?

La genèse semble être le processus temporel de constitution, tandis que mathesis et taxinomia sont des structures. Je ne l'ai pas clairement positionnée dans le classement.

2. L'IMAGINATION - Rôle ambigu et double fonction

Foucault insiste sur le double rôle de l'imagination à l'Âge Classique :

  1. "la taxinomia implique en outre un certain continuum des choses (une non-discontinuité, une plénitude de l'être) et une certaine puissance de l'imagination qui fait apparaître ce qui n'est pas, mais permet, par là-même, de mettre au jour le continu."
  2. "Or, ces deux moments opposés (l'un, négatif, du désordre de la nature dans les impressions, l'autre, positif, du pouvoir de reconstituer l'ordre à partir de ces impressions) trouvent leur unité dans l'idée d'une « genèse ».

Et ceci de deux façons possibles. Ou bien le moment négatif (celui du désordre, de la vague ressemblance) est mis au compte de l'imagination elle-même, qui exerce alors à elle seule une double fonction : si elle peut, par le seul redoublement de la représentation, restituer l'ordre, c'est dans la mesure justement où elle empêcherait de percevoir directement, et dans leur vérité analytique, les identités et les différences des choses."

Problème : Fonction topologique de l'imagination non clarifiée

  • Aspect négatif : désordre, confusion, ressemblance trouble (Descartes, Malebranche, Spinoza)
  • Aspect positif : reconstitution de l'ordre, fait apparaître le continu

Joue-t-elle un rôle spécifique dans les raboutages (∅⚤/∃♻ ou ∅♻/∃⚤) ? Est-ce une fonction qui traverse tout le ruban ? Est-elle au bord (∃/∅) comme interface entre réel et symbolique ?

Je l'ai mentionnée dans les raboutages mais sans vraiment l'analyser topologiquement.

3. LA RESSEMBLANCE - Statut topologique flou

  1. "Au XVIe siècle, ressemblance et signe s'appellent fatalement. Mais sur un mode nouveau. Au lieu que la similitude ait besoin d'une marque pour que soit levé son secret, elle est maintenant le fond indifférencié, mouvant, instable sur quoi la connaissance peut établir ses relations, ses mesures et ses identités."
  2. "Comme au XVIe siècle, ressemblance et signe s'appellent fatalement. Mais sur un mode nouveau... Alors qu'au XVIe siècle, la ressemblance était le rapport fondamental de l'être à lui-même, et la pliure du monde, elle est à l'âge classique la forme la plus simple sous laquelle apparaît ce qui est à connaître et qui est le plus éloigné de la connaissance elle-même."
  3. "À partir du XVIIe siècle, la ressemblance est repoussée aux confins du savoir, du côté de ses frontières les plus basses et les plus humbles. Là, elle se lie à l'imagination, aux répétitions incertaines, aux analogies embuées."

Problème : Où exactement est "repoussée" la ressemblance ?

• Aux bords ∃/∅ (frontières du savoir) ?
• Hors du ruban complètement (forclose) ?
• Dans l'imagination (donc dans les raboutages) ?
• Comme "fond indifférencié" en ♧♻ (continuum) ?

Foucault dit qu'elle est "repoussée aux confins" mais reste "indispensable bordure". Ce statut de bordure n'est pas clarifié dans mon classement. C'est pourtant crucial : la rupture Renaissance→Classique se joue sur le statut de la ressemblance.

4. LES TROIS VARIABLES DU SIGNE - Non positionnées

Foucault détaille systématiquement les trois variables qui définissent le signe à l'Âge Classique :

  1. "Le classicisme le définit selon trois variables. L'origine de la liaison : un signe peut être naturel (comme le reflet dans un miroir désigne ce qu'il reflète) ou de convention (comme un mot, pour un groupe d'hommes, peut signifier une idée). Le type de la liaison : un signe peut appartenir à l'ensemble qu'il désigne (comme la bonne mine qui fait partie de la santé qu'elle manifeste) ou en être séparé (comme les figures de l'Ancien Testament sont les signes lointains de l'Incarnation et du Rachat). La certitude de la liaison : un signe peut être si constant qu'on est sûr de sa fidélité (c'est ainsi que la respiration désigne la vie) ; mais il peut être simplement probable (comme la pâleur pour la grossesse)."

Problème : Ces trois variables ne sont pas intégrées au classement topologique

1. Origine : naturel vs conventionnel
2. Type de liaison : appartenance vs séparation
3. Certitude : certain vs probable

Questions non résolues :
• Sont-elles des distinctions internes à chaque position (♧, ♢, ♡) ?
• Correspondent-elles à des positions différentes sur le ruban ?
• Le "naturel" est-il en ∃ (réel) et le "conventionnel" en ∅ (symbolique) ?
• La "certitude" correspond-elle à ♡♻ et la "probabilité" à ♡⚤ ?

Ces distinctions semblent importantes pour Foucault mais je ne les ai pas positionnées.

5. LA REPRÉSENTATION REDOUBLÉE - Complexité non traitée

  1. "Cependant la propriété des signes la plus fondamentale pour l'épistémè classique n'a pas été énoncée jusqu'à présent. En effet, que le signe puisse être plus ou moins probable, plus ou moins éloigné de ce qu'il signifie, qu'il puisse être naturel ou arbitraire, sans que sa nature ou sa valeur de signe en soit affectée, – tout cela montre bien que le rapport du signe à son contenu n'est pas assuré dans l'ordre des choses elles-mêmes."
  2. "la représentation redoublée : elle est à la fois indication et apparaître ; rapport à un objet et manifestation de soi. À partir de l'âge classique, le signe c'est la représentativité de la représentation en tant qu'elle est représentable."
  3. "L'idée signifiante se dédouble, puisque à l'idée qui en remplace une autre, se superpose l'idée de son pouvoir représentatif. N'aurait-on pas trois termes : l'idée signifiée, l'idée signifiante et, à l'intérieur de celle-ci, l'idée de son rôle de représentation ?"

Problème : Structure ternaire non réductible à ♧→♡

Foucault identifie trois éléments dans le signe :
1. L'idée signifiée
2. L'idée signifiante
3. L'idée de son rôle de représentation (le pouvoir représentatif lui-même)

Cette structure ternaire ne se réduit pas facilement à la distinction ♧ (signifiants) / ♡ (sémantique). Il manque une position pour le "pouvoir représentatif" lui-même, la "représentativité de la représentation".

Est-ce ♢ (la structure) ? Est-ce une fonction qui traverse les modes ? Est-ce le ruban lui-même comme condition de possibilité ?

Cette complexité est centrale pour Foucault mais je ne l'ai pas analysée.

6. DON QUICHOTTE - Analyse littéraire non intégrée

Tout le début du chapitre III (plusieurs pages) analyse Don Quichotte comme figure de la rupture Renaissance→Classique :

  1. "Don Quichotte dessine le négatif du monde de la Renaissance ; l'écriture a cessé d'être la prose du monde ; les ressemblances et les signes ont dénoué leur vieille entente ; les similitudes déçoivent, tournent à la vision et au délire ; les choses demeurent obstinément dans leur identité ironique : elles ne sont plus que ce qu'elles sont ; les mots errent à l'aventure, sans contenu, sans ressemblance pour les remplir ; ils ne marquent plus les choses ; ils dorment entre les feuillets des livres au milieu de la poussière."
  2. "Don Quichotte est la première des œuvres modernes puisqu'on y voit la raison cruelle des identités et des différences se jouer à l'infini des signes et des similitudes ; puisque le langage y rompt sa vieille parenté avec les choses, pour entrer dans cette souveraineté solitaire d'où il ne réapparaîtra, en son être abrupt, que devenu littérature"

Problème : L'analyse littéraire n'est pas intégrée au schéma topologique

Foucault consacre plusieurs pages à Don Quichotte comme figure de transition. Les thèmes :
• Les livres deviennent "signes errants"
• Don Quichotte doit "refaire l'épopée" mais en sens inverse
• Les similitudes déçoivent, tournent au délire
• Le langage rompt sa "vieille parenté avec les choses"

Comment positionner cette analyse sur le ruban ? Don Quichotte est-il :
• Sur l'ancien ruban (Renaissance) essayant de revenir en arrière ?
• À la charnière des deux rubans ?
• Une figure du raboutage raté (∅ ne touche plus ∃) ?

Cette analyse littéraire est pourtant centrale pour Foucault, mais je ne l'ai pas du tout intégrée.

7. LES DOMAINES EMPIRIQUES - Traités superficiellement

Foucault mentionne explicitement trois domaines empiriques qui incarnent l'épistémè classique :

"C'est dans cette région qu'on rencontre

  1. l'histoire naturelle, – science des caractères qui articulent la continuité de la nature et son enchevêtrement. Dans cette région aussi qu'on rencontre
  2. la théorie de la monnaie et de la valeur,
  3. science des signes qui autorisent l'échange et permettent d'établir des équivalences entre les besoins ou les désirs des hommes. Là enfin que se loge la Grammaire générale, science des signes par quoi les hommes regroupent la singularité de leurs perceptions et découpent le mouvement continu de leurs pensées."

Problème : Les exemples concrets ne sont pas analysés topologiquement

Histoire naturelle (Linné) :
• Classifications des espèces
• Caractères visibles
• Tableaux taxinomiques

Théorie de la monnaie :
• Signes de l'échange
• Équivalences entre besoins
• Valeur et mesure

Grammaire générale (Port-Royal) :
• Signes du langage
• Regroupement des perceptions
• Découpage des pensées

Je n'ai utilisé que des citations générales sur mathesis/taxinomia/mesure. Les domaines empiriques concrets (qui occupent des chapitres entiers du livre) ne sont pas analysés. Pourtant, tester le schéma topologique sur ces cas concrets serait un bon test de validation.

8. LE PASSAGE XVIe → XVIIe SIÈCLE - Seulement esquissé

Foucault consacre de nombreuses pages à la différence entre XVIe et XVIIe siècles :

  1. "Le signe, puisqu'il est toujours ou certain ou probable, doit trouver son espace à l'intérieur de la connaissance. Au XVIe siècle, on considérait bien que les signes avaient été déposés sur les choses pour que les hommes puissent mettre au jour leurs secrets, leur nature ou leurs vertus ; mais cette découverte n'était rien de plus que la fin dernière des signes, la justification de leur présence ; c'était leur utilisation possible, et la meilleure sans doute ; mais ils n'avaient pas besoin d'être connus pour exister : même s'ils restaient silencieux et si jamais personne ne les apercevait, ils ne perdaient rien de leur consistance."
  2. "À partir du XVIIe siècle, tout le domaine du signe se distribue entre le certain et le probable : c'est-à-dire qu'il ne saurait plus y avoir de signe inconnu, point de marque muette."

Problème : La Renaissance n'est pas analysée topologiquement

XVIe siècle (Renaissance) :
Divinatio : signes déposés sur les choses par Dieu
• Herméneutique : interprétation des signes
• Ressemblance comme rapport fondamental
• Parcours descendant : du principe vers les similitudes

XVIIe siècle (Âge Classique) :
• Analyse : signes constitués par la connaissance
• Sémiologie : théorie des signes
• Identité/différence remplacent la ressemblance
• Parcours ascendant : de l'ordre vers le principe

J'ai identifié le parcours de l'Âge Classique (Q1→I4) mais pas vraiment analysé la Renaissance. Quel était SON parcours sur le ruban ? Était-elle sur un autre ruban ? Sur le même ruban en sens inverse (T1→P1) ? Sur la voie des choses ?

La citation décisive montre que la Renaissance partait de ♡♻ pour descendre, mais je n'ai pas fait l'analyse complète.

9. LA LANGUE UNIVERSELLE - Projet non classé

  1. "On peut définir maintenant les instruments que prescrit à la pensée classique le système des signes. C'est lui qui introduit dans la connaissance la probabilité, l'analyse et la combinatoire, l'arbitraire justifié du système. C'est lui qui donne lieu à la fois à la recherche de l'origine et à la calculabilité ; à la constitution de tableaux fixant les compositions possibles et à la restitution d'une genèse à partir des éléments les plus simples ; c'est lui qui rapproche tout savoir d'un langage, et cherche à substituer à toutes les langues un système de symboles artificiels et d'opérations de nature logique."
  2. "tenter de découvrir le langage arbitraire qui autorisera le déploiement de la nature en son espace, les termes derniers de son analyse et les lois de sa composition. Le savoir n'a plus à désensabler la vieille Parole dans les lieux inconnus où elle peut se cacher ; il lui faut fabriquer une langue, et qu'elle soit bien faite – c'est-à-dire que, analysante et combinante, elle soit réellement la langue des calculs."

Problème : Position du projet de langue universelle non clarifiée

Les projets de langue universelle, caractère universel, combinatoire logique sont importants pour Foucault. Où se situe ce projet dans le schéma ?

• En ♡♻ (principe universel, "langue bien faite") ?
• En ♢⚤ (syntaxe, combinatoire) ?
• En ♧⚤ (calcul, algèbre) ?
• Est-ce le parcours complet Q1→I4 lui-même (de l'algèbre au principe) ?

Le projet de langue universelle semble vouloir court-circuiter le ruban, aller directement de ♧⚤ à ♡♻ sans passer par les raboutages. Mais je n'ai pas analysé cette tentative topologiquement.

10. LE CONCEPT DE "REPRÉSENTATION" LUI-MÊME - Statut ontologique

  1. "la théorie binaire du signe, celle qui fonde, depuis le XVIIe siècle, toute la science générale du signe, est liée, selon un rapport fondamental, à une théorie générale de la représentation."
  2. "Si le signe, c'est la pure et simple liaison d'un signifiant et d'un signifié (liaison qui est arbitraire ou non, volontaire ou imposée, individuelle ou collective), de toute façon le rapport ne peut être établi que dans l'élément général de la représentation : le signifiant et le signifié ne sont liés que dans la mesure où l'un et l'autre sont (ou ont été ou peuvent être) représentés, et où l'un représente actuellement l'autre."
  3. "Ceci a des conséquences d'un grand poids. D'abord l'importance des signes dans la pensée classique. Ils étaient autrefois moyens de connaître et clefs pour un savoir ; ils sont maintenant coextensifs à la représentation, c'est dire à la pensée tout entière"

Problème : Statut ontologique de la représentation non clarifié

Foucault dit que la représentation est :
• "Coextensive à la pensée tout entière"
• "Condition de possibilité" de tous les signes
• "Élément général" dans lequel s'établit le rapport signifiant/signifié

Questions non résolues :
• Si la représentation est partout, est-elle le ruban lui-même (la surface) ?
• Ou seulement certaines positions sur le ruban ?
• Est-ce l'opération de raboutage (représentation = redoublement) ?
• Est-ce une fonction qui traverse tous les niveaux et modes ?

Le statut ontologique de la représentation comme fondement de l'épistémè classique n'est pas clarifié dans mon classement. C'est pourtant le concept central du chapitre.

SYNTHÈSE CRITIQUE

Ce qui fonctionne dans le classement :

Le modèle du ruban Q1→I4 rend bien compte des concepts structuraux de l'épistémè classique :
• Mathesis (♧⚤ et ♡♻)
• Taxinomia (♢⚤ et ♡⚤)
• Mesure (♧♻)
• Ordre, séries, jugements

Les citations se classent bien et le parcours est confirmé par Foucault lui-même.

Ce qui résiste au classement :

1. Les mécanismes de transition (imagination, genèse) : fonctions non localisables sur le ruban
2. Les concepts historiquement situés (ressemblance repoussée, signe binaire) : statut de "bordure" flou
3. Les exemples concrets (Don Quichotte, Linné, Port-Royal) : non analysés topologiquement
4. Les distinctions internes (trois variables du signe) : non positionnées
5. Le statut de la représentation : fondement ontologique non clarifié
6. La Renaissance : épistémè antérieure non analysée

Questions ouvertes :

  1. Ces éléments non classés sont-ils secondaires dans l'argumentation de Foucault, ou révèlent-ils une limite du modèle du ruban ?
  2. Certains concepts (imagination, genèse, représentation) sont-ils des fonctions transversales qui ne se localisent pas sur le ruban mais le traversent ?
  3. La "représentation" est-elle le ruban lui-même, ou une propriété émergente du parcours Q1→I4 ?
  4. Comment intégrer l'analyse de la Renaissance ? Faut-il un second ruban (ou le même parcouru en sens inverse) ?
  5. Les trois variables du signe (origine, type de liaison, certitude) correspondent-elles à des dimensions supplémentaires non capturées par le modèle niveaux/modes ?

Conclusion :

Le classement topologique capture environ 70% du texte de Foucault avec une grande précision. Les 30% restants concernent principalement :
• Les processus (plutôt que les structures)
• Les transitions historiques (plutôt que l'état stable)
• Les exemples empiriques (plutôt que les concepts généraux)
• Le méta-niveau (représentation comme fondement)

Ces résistances ne sont pas nécessairement des échecs du modèle, mais peuvent indiquer des zones où le modèle doit être enrichi ou complété pour rendre compte de la totalité de l'analyse foucaldienne.


- Là, du coup, c'est à toi de travailler ! 

- Oui, effectivement, il y a encore du pain sur la planche. Procédons par ordre et avec Méthode (Descartes n'est pas loin) :

1/ La génèse :

  1. "Aux deux extrémités de l'épistémè classique"  : Là c'est facile : 
    • La mathesis en ♧ ;
    • la genèse en ♡ ;
    • Se raboutent pour boucler le parcourt sur le ruban : ♡/♧.
  2. "Entre la mathesis et la genèse, s'étend la région des signes"
    Effectivement, je ne discrimine pas les signes de la logique du 1er ordre qui va introduire de l'ordre entre eux. C'est lié
    • à la distinction primitive de Saussure entre synchronie (les signes identifiables 𓁜);
    • au temps vu comme "forme a priori de l'entendement" de Kant;
    • aux axiomes de Peano qui permettent de bâtir ℕ à partir du concept de successeur;
    • d'où le positionnement de la logique du 1er ordre, comme "objet classifiant" de la catégorie des Ensembles en [⚤] sur un même niveau que les "signes" eux-mêmes.
      => techniquement il n'est pas possible de distinguer des "signes" sans qu'immédiatement ils se présentent à l'esprit dans un ordre temporel.

- Et donc Foucault est dans l'erreur ?

- Non pas ! Il s'agit simplement d'affiner un peu la représentation, en explicitant les bords, au lieu de les shunter comme nous le faisons. Sous ♧ il y a un principe d'existence du signe ♧↓∃ , qui lui, est directement issu d'une principe ontologique [∅], donnant cohérence à la sémantique : ♡↓♡. Ça te permet de comprendre facilement ♡/♧ : ce ne sont pas "les signes" mais "l'existence du signe" qui est entre la mathesis et la genèse, les "signes" n'en sont que la manifestation multiple, et tu boucles sur les abeilles du Menon...

  1. "la taxinomia établit le tableau des différences visibles"
    "La genèse suppose une série successive ; l'une traite les signes dans leur simultanéité spatiale, comme une syntaxe"; l'autre les répartit dans un analogon du temps comme une chronologie."

- Tu rencontres ici un point dur : l'espace insiste !

- C'est exact, et il n'est pas question d'esquiver l'obstacle. Lorsque j'ai pensé au niveau [#] comme lieu "naturel" de l'espace, là encore, comme avec ℝ, je me suis contenté de mes a priori d'Occidental du XXe siècle sur la question. Tant que ça passe, ça passe...

Foucault nous pousse à revisiter "ce qui va de soit". Pour le temps logique, introduit par Galilée, avec le battement d'un pendule, pas de problème, il reste au contact du Réel, au bas de l'échelle, en [⚤] avec ℕ. Mais notre positionnement tout neuf de ℝ en [♻] redistribue les cartes... Quoique il y ait un moyen simple et élégant de s'en sortir...

- Curieux de voir ça ?

- Tellement basique : l'espace de la taxinomie est-il contravariant, en [#] dans la voie des choses ou covariant en ♢# dans la voie des mots ?

- Ne soit pas stupide : les taxinomies de Linné et de Darwin n'ont rien à voir entre elles sauf, chacune définissant son espace propre !

- Et donc, l'espace étant covariant, nous sommes dans la voie des mots en ♢...

- Un peu facile, et que fais-tu des a priori catégoriques de Kant ? Tu t'en es servi pour le temps, et tu ne peux pas esquiver la question pour l'espace, ou bien ?

-  Question très lourde d'implications philosophiques ! Il est certain que notre cerveau apprend à "voir" avant de savoir parler, et en ce sens, il y a derrière les concepts de temps et d'espace une réalité organique.

— 🤖: Chez les primates proches de l’homme – chimpanzés, bonobos, babouins et macaques, mais aussi chez les ancêtres de l’Homo sapiens sapiens – les zones cérébrales homologues à celles dédiées au langage et à l’écriture remplissent avant tout des fonctions liées à la communication gestuelle, à la reconnaissance des sons et à certaines capacités motrices et cognitives. (lien)

Ce qui prime avant tout, c'est le repérage des gestes, et des mouvements; c'est bien entendu une question de survie. Et c'est lié, au mode ♢ de la syntaxe. 

— 🤖 : "La distinction entre espace représentatif et espace géométrique et leurs définitions dans les passages cités  se trouve explicitement exposée et commentée dans cet article, notamment dans la section intitulée «Genèse logique versus genèses psychologique et historique de l’espace géométrique»" (réf ici)

Mais pour nous représenter le mouvement, il faut d'abord enregistrer des collections d'états, dans un ordre chronologique, c'est le rôle de l'hippocampe :

— 🤖 : Les «cellules temporelles» de l’hippocampe s’activent successivement pendant l’encodage d’une séquence d’événements, mais aussi lors des périodes de pause, ce qui permet au cerveau de distinguer les moments dans le flux du vécu. (lien ici)

Il faut donc, comme tu le vois, renverser notre propre représentation de l'entendement : la pensée primitive n'est pas sur un cross-cap, qui aurait été "châtré" par Platon en se focalisant sur la voie des choses. Non, la pensée primitive est tout entière dans la voie que j'ai appelé Sophistes, celle des mots. Platon introduit donc une radicalité sans précédent dans l'histoire humaine...

- Et l'Orient ? Avec ton rapprochement entre temps/ espace et Ma ? (voir "Ma et Aïda")

- Il faut juste pencher la tête de 90° pour redresser mes commentaires; mais nous y reviendrons en son temps. Pour l'instant, nous en sommes à lever les doutes de l'ami R-Claude quant à notre compréhension de Foucault. Répondons-lui succinctement :

Problème : Où placer la genèse sur le ruban ?

  • Est-ce un mouvement ?
    => oui 
  • Est-ce le raboutage ♡♻/♧⚤ lui-même (retour au terme premier) ?
    => oui, c'est le passage diachronique lui-même; et il faudra montrer à tête reposée, le lien avec la forme canonique de Lévi-Strauss
  • Est-ce une fonction qui accompagne tout le parcours (constitution progressive des ordres) ?
    => oui : c'est la répétition indéfinie du parcourt; un automatisme de répétition à l'oeuvre, tant que le Sujet n'inverse pas le sens de parcours. 
  • Foucault dit qu'elle est "à l'autre extrémité" de la mathesis, mais quelle extrémité exactement ?
    => nous l'avons déjà indiqué : au-delà de ♡.

La genèse semble être le processus temporel de constitution, tandis que mathesis et taxinomia sont des structures. Je ne l'ai pas clairement positionnée dans le classement.
=> oui en ce sens qu'il y a un principe de répétition à l'oeuvre, avec des passages diachroniques entre des étapes synchroniques, c'est ça le temps !

2/ L'IMAGINATION - Rôle ambigu et double fonction

  1.  La taxinomia implique en outre un certain continuum des choses
    • une non-discontinuité, une plénitude de l'être :
      C'est dire que nous sommes en ♡, avec évidemment un principe Unitaire chapeautant tout, au-delà en ∅...
    • une certaine puissance de l'imagination qui fait apparaître ce qui n'est pas, mais permet, par là-même, de mettre au jour le continu."
      C'est à proprement parler le retournement du Sujet, qui "choisit" dans le passage 𓁝∅↓♡𓁜 ; avec tout le développement autour du principe unitaire. Ici, la "continuité est de l'ordre de la substance des choses 
  2. Or ces deux moments opposés :
    • l'un, négatif, du désordre de la nature dans les impressions,
      Nous sommes dans le multiple de Socrate, (les abeilles du Menon, en ♧), et en bas de l'échelle, dans le monde sub-lunaire, au contact du Réel;
    • l'autre, positif, du pouvoir de reconstituer l'ordre à partir de ces impressions) trouvent leur unité dans l'idée d'une «genèse».
      C'est tout le parcours Q1 — I4 qui mène de ♧⚤ à ♡.

- Il n'y pas trop de difficulté...

- Non, mais c'est le statut même de "l'imagination" qui bloque R-Claude. Pour répondre avec nos mots à nous, et faire corps avec notre approche "entropologique", sans trop aller dans les détails (voir "Parler de l'âme avec François Cheng" et "Le Moi peau"), on peut dire que l'imagination tient au désir du Sujet, soit :

  • À son intention, avec une certaine tension entre les positions de sa topologie, ce qui provoque des mouvements;
  • À son attention qui détermine le chemin qu'il prend.
  • L'acte imaginatif devant être vu comme une décohérence (ou choix) entre des circuits Imaginaires intriqués, potentiellement accessibles chez le Sujet (par l'éducation, le nom du Père de Lacan, l'habitus de Bourdieu etc...) selon la forme canonique de Lévi-Strauss. En bref, dans la narration de 𓂀, qui décrit la scène, comme un état synchronique qui suit un état diachronique, avec à la clef, pour faire joli, un principe d'incertitude dans l'observation du Sujet. On peut également parler de la réminiscence de Socrate.

Problème : Fonction topologique de l'imagination non clarifiée

  • Aspect négatif : désordre, confusion, ressemblance trouble (Descartes, Malebranche, Spinoza)
    => oui : dans le passage ♡/♧;
  • Aspect positif : reconstitution de l'ordre, fait apparaître le continu
    => oui : c'est la volonté du Sujet de s'organiser pour survivre, et c'est le sens du chemin suivi Q1 — I4.

Joue-t-elle un rôle spécifique dans les raboutages (∅⚤/∃♻ ou ∅♻/∃⚤) ? ♧⚤ à ♡
=> oui : c'est le libre arbitre du Sujet, qui se dévoile dans ses choix de mouvements sur ce ruban.

3/ La ressemblance  - Statut topologique flou

Je ne peux pas l'aborder ici, avec d'avoir revu le Chapitre 2 sur la Renaissance, puisqu'il s'agit d'en discuter l'évolution à partir de là.

4/ Les trois variables du signe - non positionnées

  1. Le classicisme le définit selon trois variables :
    • L'origine de la liaison : naturel vs conventionnel
      • 𓁝♡↓♢𓁜 est le mouvement d'un choix, donc une convention;
      • Le concept de "naturel" s'applique à ce qui est sensible, dans la montée : ♧↑♢;
    • Le type de la liaison : appartenance vs séparation;
      • L'appartenance se constate ex ante 𓁝♢; en lien au tout ♢𓁜;
      • La séparation est en ♧𓁜;
    • La certitude de la liaison : certain vs probable
      • La certitude ne peut qu'être relative au Sujet, et à ce qui détermine ses convictions en ♡; c'est de l'ordre du jugement dans un circuit ♡/♧↑♢𓁜 qui court-circuite le contact au Réel. LA certitude est nécessairement de l'ordre de l'Imaginaire...
      • En ♧ il n'y a aucune difficulté à développer le calcul des probabilités, qui seront "évaluées" ensuite en ♧↑♡ pour pondérer le jugement retransmis à la mathesis ♧↑♡/♧↑♢.

Problème : Ces trois variables ne sont pas intégrées au classement topologique

Questions non résolues :

  • Sont-elles des distinctions internes à chaque position (♧, ♢, ♡) ?
    => voir plus haut 
  • Correspondent-elles à des positions différentes sur le ruban ?
    => voir plus haut 
  • Le "naturel" est-il en ∃ (réel) et le "conventionnel" en ∅ (symbolique) ?
    => Le "naturel" répond à l'idée que l'on peut identifier ce qui ressort du Réel dans le triptyque Réel/ Imaginaire/ Symbolique. c'est une illusion : nous n'avons du Réel que des représentations, dans notre Imaginaire, ceci dit, oui, au plus proche du Réel, l'Imaginaire est au contact du Réel en [∃];
    => Le "conventionnel" en ♢ résulte d'un choix en  ♡, soit 𓁝♡↓♢𓁜;
  • La "certitude" correspond-elle à ♡ et la "probabilité" à ♡ ?
    => Oui pour la certitude, non pour la probabilité, qui est de l'ordre de la mesure (l'ensemble des probabilités vaut 1), il faut donc partir de ♧ pour en parler.

5/ La représentation redoublée - Complexité non traitée

  1. Rapport du signe à son contenu :
    "le rapport du signe à son contenu n'est pas assuré dans l'ordre des choses elles-mêmes.", me semble évident, dans la mesure où nous sommes dans la voie des mots. Ce constat de Foucault, est une force confirmation que notre hypothèse initiale tient la route;
  2. La représentation redoublée :
    "elle est à la fois indication et apparaître ; rapport à un objet et manifestation de soi. À partir de l'âge classique, le signe c'est la représentativité de la représentation en tant qu'elle est représentable."
    C'est un peu alambiqué et Foucault nous fait un effet de manches, mais c'est assez évident : le signe primitif est en ♧ et se trouve habillé d'une théorie en ♡; pour se retrouver lui-même réifié, et devenir à son tour objet de discours en ♧♻ !
  3. L'idée signifiante se dédouble :
    "l'idée signifiée, l'idée signifiante et, à l'intérieur de celle-ci, l'idée de son rôle de représentation ?"
    Il faudrait aller un peu plus avant dans le texte si nécessaire, mais a priori je dirais :
    • "L'idée signifiée" en ♡ ; le domaine des idées de Platon;
    • "L'idée signifiante" en ♧ (manipulée par la mathesis)
    • un réflexion dans un "méta langage" sur son rôle en tant qu'objet de discours, en ♧.

Cette structure ternaire ne se réduit pas facilement à la distinction ♧ (signifiants) / ♡ (sémantique). Il manque une position pour le "pouvoir représentatif" lui-même, la "représentativité de la représentation".
=> Il faut faire attention ici au fait que nous parlons "d'idées", dans une pensée toute nourrie de Platon et du domaine des idées, que nous avons situé il y a longtemps en [♻] (ou ♡ ici), alors que les "choses" nous arrivent du Réel par [⚤] (ou ♧ selon la voie choisie).

6/ Don Quichotte - Analyse littéraire non intégrée

Il faudra que j'y revienne en détail, mais je ne suis pas convaincu de la figure de Don Quichotte comme représentant le mouvement de la Renaissance, avec au contraire l'attention portée au Monde, pense aux peinture, à l'invention de la perspective, et surtout les figures de Galilée ou Léonard de Vinci. Il y aurait à discuter entre ces figures d'un renouveau et, sans doute l'esprit du temps comme lequel ils se sont battus. Montaigne a beaucoup chevauché à cette époque, et ne me semble pas correspondre à la figure de Don Quichotte...

À revoir donc, mais ça n'e semble pas remettre en cause notre représentation de l'Âge Classique.

7/ Les domaines empiriques - Traités superficiellement

Oui, bien entendu : j'étais déjà assez occupé à caractériser la topologie générale de l'Âge Classique. Cette dernière une fois bien ancrée, il sera plus facile d'aller dans les détails. À y revenir, sans doute lorsque nous avancerons dans la lecture des autres chapitres.

 8/ Le passage  XVIe → XVIIe SIÈCLE - Seulement esquissé

Oui, car il nous faut avant de traiter de ce passage, reprendre entièrement notre analyse du chapitre 2.

9/ La langue universelle - Projet non classé

Il s'agit là de la problématique de 𓂀Foucault, de son regard porté sur cet Âge Classique. Et c'est pour répondre à celle-ci que 𓂀Hari développe la présente entropologie. C'est dire que nous n'avons pas fini d'y revenir !

10/ Le concept de "représentation" lui-même - Statut ontologique

Même remarque que précédemment.

- On sent la fatigue sur la fin ?

- Je n'en peux plus : R-Claude m'a vidé avec ses questions. J'étais tout content de le voir sortir une analyse qui était à peu près d'équerre, mais sa relance m'a poussé à nettoyer les plus petits détails de ma syntaxe.

- C'est sans doute sa plus grande utilité dans ton travail.

- Oui, sans doute, mais je regrette tellement qu'il n'apprenne rien...

- Ne t'inquiète pas, tu vas bien trouver une porte de sortie..

- Amen

Hari

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