Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

La querelle des Universaux - Alain de Libera / Notes de lecture #2

Nota : La signification et l'usage de mes glyphes, comme le schéma général de l'Imaginaire du Sujet, sont présentés ici: "Résumé"

([∃]𓁝⇅𓁜[⚤]𓁝⇅𓁜[#]𓁝⊥𓁜[♲]𓁝⇆𓁜[∅])𓂀

J'ai situé certains concepts Japonais, tels que Mu 無, Ma/Aïda 間, espace
空間 et temps 時間 dans cette grille de lecture, ici : "L'espace-temps / Ma"

([∃]𓁝⇅𓁜[時間]𓁝⇅𓁜[空間]𓁝⊥𓁜[間]𓁝⇆𓁜[無])𓂀

Pour le schéma développé de l'imaginaire voir: "Mettre un peu d'ordre dans sa tête"

𓂀          
  [∃] [⚤] [#] [♲] [∅]
  [∃] [⚤] [#] [♲] [∅]
  [∃] [⚤] [#] [♲] [∅]
  [∃] [⚤] [#] [♲] [∅] 

- De retour de la clinique, avec une hanche droite toute neuve, façon cyborg, j'en suis réduit à me traîner d'un fauteuil à mon lit, en attendant que les tissus se cicatrisent. Mon cerveau, coincé dans un corps inerte, reste lui-même empâté. Pas la force encore d'attaquer le livre de Mc Lane (je me le réserve pour l'année prochaine) et je repense à Alain de Libera, et à son livre sur la querelle des Universaux (j'en ai trouvé la version du Seuil facilement lisible​ ici, sur Z librairy). Quelle énergie mise dans cette oeuvre! Quel travail de Bénédictin pour remonter aux sources d'un problème qui marqua toute une époque et colore encore aujourd'hui notre façon de voir occidentale!

Je n'ai absolument pas la force d'en faire un commentaire bien construit, mais je souhaite laisser ici, sur mon blog, quelques notes, à mon usage personnel, afin d'y revenir plus tard, à l'occasion.

- Tu avais déjà laissé une première note (voir ici).

- Oui, et j'ai repris ma lecture depuis le début, Ma question première étant de savoir si la querelle entre Platon et Aristote se situait en mode ♧ ou en mode ♢?

- Ce n'est pas ce qui me viendrait immédiatement à l'esprit !

- Je vais le dire autrement : nous sommes arrivés à ce constat, qu'il nous reste bien entendu à étayer, que la notion d'économie s'articule dans des "carrés  commutatifs" ​​ (voir Sun Tzu #4) :

[∃] [⚤] [#] [♲] 𓂀
 
[∃] [⚤] [#] [♲]

𓂀

Or, il n'est question nulle part d'économie ici, avant Occam, à une exception près chez Platon, que je n'arrive pas à retrouver. A priori, donc, on peut partir de l'idée que la dispute se situe essentiellement en mode ♧, avec comme nous l'avions déjà pointé dans la première note, un intérêt particulier pour une différence de posture du Sujet 𓁝𓁜, définissant ou percevant tantôt des éléments [α]𓁜, tantôt des parties d'un tout 𓁝[α]

Reprenons le texte à partir du début. 

Un problème saturé

L'auteur nous explique tout d'abord que cette question des "universaux" n'est pas un concept donné qui traverserait l'histoire, mais une problématique qui s'est constituée: 

"Tel que nous l’entendons ici, le problème des universaux n’est pas un problème philosophique éternel, une question qui traverserait l’histoire par-delà « les ruptures épistémologiques, les révolutions scientifiques et autres changements : c’est un révélateur de ces changements – si changements il y a." p.12

Avec cette remarque intéressante : 

"Il y a des questions durables en ce qu’elles créent leur propre durée."

Autrement dit, du point de vue de l'auteur 𓂀, la constitution d'un objet tel que les "universaux" (a priori en [♲]), se fait dans une répétition strictement de niveau [⚤], de façon immanente : (([⚤]𓁝⇅𓁜[♲]​​​​)​​​([⚤]𓁝⇅𓁜[♲]))𓂀. Pas sûr que cette approche recoupe celle que les protagonistes eux-mêmes 𓁝𓁜 auraient avancée.

- À quoi penses-tu?

- Un peu plus loin dans le texte, l'auteur nous explique que pour Scott et Occam, l'universalisme peut se comprendre dès la première perception de l'objet par le Sujet, dès la première occurrence. Tu vois que malgré toute son ouverture, l'auteur doit bien faire des choix... Ce qui pose question !

Bref, pour l'auteur, le point de départ, c'est une introduction intitulée "Isagore" du Phénicien Porphyre aux "Catégoriques" d'Aristote, qui ouvre son "Organon".

« L’Isagoge a pour objet l’étude des quinque voces (les cinq voix ou dénominations : le genre, l’espèce, la différence, le propre et l’accident), qui jouent un grand rôle dans la doctrine d’Aristote, mais sur lesquelles les ouvrages du Stagirite ne fournissent que de brèves indications. » p. 14

Sans que la chose y soit précisée chez Porphyre, c'est à partir de cette liste (le genre, l’espèce, la différence, le propre et l’accident) que va se dessiner le concept "d'universel".

Nominalisme et réalisme au Moyen Âge; de quoi parle-t-on ?

L'auteur fait un aparté concernant une discussion moderne du "nominalisme" chez Goodman-Quine, qui n'est pas sans résonance, dans notre propre système de représentation. Le nominalisme serait lié à un refus de la relation d'appartenance à une catégorie. Autrement dit, le Sujet serait toujours en position ex post 𓁜 et jamais ex ante 𓁝! Ce qui revient à rejeter l'apport décisif d'Évariste Galois dans la pensée moderne ! Dur.

- Quel intérêt d'y revenir ?

- Cela nous montre simplement l'importance de repérer, dans notre représentation de l'Imaginaire cette dualité du Sujet 𓁝𓁜! À la limite, l'approche de Goodman (Quine s'en détache ultérieurement) est limitée à la logique cartésienne: [∃][⚤]𓁜, ce qui ne nous mène pas très loin, il faut bien le reconnaître.

Ceci dit, comme le remarque l'auteur, cette référence moderne ne nous éclaire pas beaucoup sur ce qu'il fallait comprendre au Moyen Âge par "nominalisme", dans une pensée coupée de toute référence "catégorique" en [#]​​​​.

Grâce à ce nominaliste moderne utilisé comme repoussoir, l'auteur nous informe que:

1/ Nombre de "réalistes" du Moyen Âge sont eux aussi dans une posture [∃][⚤]𓁜: 

"(c’est-à-dire de philosophes médiévaux traditionnellement considérés comme réalistes par l’historiographie) professent que le monde est un monde d’individus ou, si l’on préfère, que seuls existent des individus." p. 23

2/ Il n'y a pas de notion de classe en mathématiques :

"D’une part, car la question de savoir quelle sorte d’entités il faut accepter pour rendre compte de la vérité des mathématiques n’inclut pas la notion de classe, mais porte plutôt sur le statut ontologique des objets ou choses mathématiques intercalés par Platon entre les Idées et les choses naturelles (ou, plus exactement, sur l’exposé qu’Aristote fait de cette doctrine de Platon, dans sa Métaphysique)." p. 23

Si je traduis bien : on passe de la perception directe (le trauma du Réel) en [∃] à l'identification et aux "objets mathématiques" en [⚤] pour passer au domaine des idées en [♲], après avoir shunté le niveau [#], qui est proprement celui des "classes".

Tout ce développement me permet d'apprendre le terme de "méréologie" :

"La méréologie (du grec ancien μέρος, « partie » ; ou mérologie) est une collection de systèmes formels axiomatiques qui traitent des relations de partie : entre la partie et le tout, ainsi qu’entre les parties d’un même tout. La méréologie est à la fois une application de la logique des prédicats et une branche de l’ontologie, en particulier de l’ontologie formelle." Wikipedia

- Ainsi donc, ce qui occupe si fort les mathématiciens, se retrouve en philosophie !

- Comme quoi les mathématiques sont peut-être la voie la plus directe de traiter de philosophie... Mieux même : la question philosophique vient après les considérations mathématiques.

- Donc, sauf exception tardive chez les néo-platoniciens, pas de catégories, ni de méréologie bien constituée dans la pensée de l'Antiquité au Moyen Âge ?

- C'est plus compliqué, car la question du "Tout" ne peut être évitée si facilement! Nous sommes dans une pensée ayant pour horizon Symbolique que "Dieu est un", dans une posture ex ante : 𓁝. Tu te retrouves donc:

  • dans un mouvement transcendant : (([♲]𓁝⇆𓁜)([♲]𓁝⇆𓁜))𓂀 à affirmer l'unité du "Tout";
  • dans un processus immanent: (([]𓁝⇅𓁜[♲])([]𓁝⇅𓁜[♲]))𓂀 à rechercher l'universel à partir d'une pluralité d'"existants";
  • sans moyen théorique ou "méréologique" de penser l'appartenance pour passer le l'élément à la 𓁝partie# ! autour de [#] !

"Le vrai problème est de montrer comment et pourquoi les problèmes méréologiques se sont immiscés dans la querelle des universaux. C’est alors un autre travail qui s’engage, qui réclame l’examen d’un objet proprement médiéval : l’élaboration de la topique du tout, selon la distinction entre tout universel et tout intégral, à partir des matériaux transmis par les monographies logiques de Boèce." p. 24

Comme tu le vois "nominalisme" et "réalisme" à cette époque, sont "cadrés" par un Symbolisme très prégnant.

Ceci dit, si l'auteur propose de repérer les "nominalistes" par cette double caractérisation cela ne suffit pas à identifier les "réalistes" : 

"À supposer qu’on soit parvenu à une définition claire du nominalisme comme désignant toute doctrine qui 

  1. « refuse de poser dans son ontologie autre chose que des individus concrets »
  2. « cantonne au monde des signes (des noms) l’universalité et l’abstraction » (C. Michon),

 il restera que le réalisme ne pourra être cerné comme le simple contraire de ces deux décisions." p. 26

Devant la difficulté à cerner le "réalisme" de l'époque, l'auteur prend du recul:

"à supposer que le réalisme soit une position philosophique déterminée, l’historien de la philosophie médiévale doit toujours, quand il parle des «réalistes», définir d’abord un cadre, un domaine de problèmes, un langage conceptuel, un «univers théorique» où les doctrines, les arguments, les problématiques prennent leur sens, leur identité, leur physionomie propres." p. 26-27)

- On n'est pas sorti de l'auberge...

- Oui, mais c'est passionnant ! Prends le temps de lire.

Contre la téléologie de l'histoire :

L'auteur critique une tendance actuelle à vouloir récupérer dans le matériau historique, ce qui est encore vivant, sujet à débat philosophique actuel et laisser de côté ce que l'on juge a posteriori comme "mort", autrement dit une vision téléologique de l'histoire. Attitude à laquelle il oppose sa propre approche : "À cette téléologie de l’histoire nous opposerons ici une autre vue fondée sur la discontinuité έπιστημαι", que je comprends, faute d'être doué en Grec ancien, comme la recherche des ruptures épistémologiques.

"Il faut rejeter à la fois le finalisme, qui polarise dix siècles autour d’un événement de pensée supposé dominant, et la pratique métonymique de l’histoire, qui exige qu’à chaque siècle corresponde une seule posture du savoir, attestée dans une œuvre singulière et marquée d’un seul nom propre." p.28

Comme tu le vois, l'auteur nous fait ici un véritable cours sur l'art de l'historien.

Histoire autoritaire et analyse des réseaux :

"Quels sont, pour les universaux, les instruments et les matériaux utilisables ? 􏰇

  1. Il y a d’abord le texte ou plutôt le prétexte de la « problématique » : l’Isagoge de Porphyre et sa tradition interprétative. Il faut le décrire et l’analyser dans le cadre auquel il appartient, montrer en quoi et par quoi il fait histoire.
  2. Il y a aussi le corpus d’Aristote lui-même, les théorèmes qu’il contient, les gestes philosophiques de rupture qu’il est censé véhiculer à l’égard du platonisme.
  3. 􏰇3􏰈 Il y a le stock d’énoncés disponibles à chaque moment de l’histoire, sur quoi le travail du philosophe s’exerce concrètement, qui définit pour lui l’horizon du questionnable. Au Moyen Âge, ce champ d’énoncés disponibles a un nom technique : ce sont les auctoritates, les «autorités», c’est-à-dire les propositions philosophiques considérées comme ayant une valeur définitionnelle ou opératoire. Il faut les recenser, différencier les champs produits par leurs multiples combinaisons et, le cas échéant, leurs phases de latence et de retour. 􏰇
  4. Enfin, il y a la logique du débat lui-même, c’est-à-dire
  • a/ les instanciations successives des figures de discussion mises en place par Aristote, les interprètes néoplatoniciens, puis les diverses générations de philosophes médiévaux, autrement dit les continuités structurelles, qu’elles procèdent de schèmes conceptuels invariants, ou de séquences argumentatives récurrentes,
  • 􏰇b/􏰈 les réarrangements ou les refontes de ces structures,
  • c􏰈/ les discontinuités et les ruptures épistémiques, marquées par l’apparition de nouveaux éléments ou de nouvelles combinaisons, irréductibles à la donne initiale" p. 30

- Vaste programme ! Tu vas t'y noyer, mais que recherches-tu au fond ?

- Essentiellement les ruptures épistémiques, qui théoriquement (dans mon approche) doivent se traduire par des changements de postures 𓁝𓁜, de sauts d'un niveau Imaginaire à l'autre (ici a priori de [] à [♲]) ou d'un mode ♧ à l'autre ♢, et ce que dit l'auteur :

"La querelle des universaux n’est pas le problème des universaux. Elle porte sur divers domaines dont la solidarité cachée ou explicite fait la spécificité de l’objet étudié : théorie de la perception, ontologie des qualia, théorie de la cognition, sémantique et philosophie du langage." p. 31

me laisse à penser que nous avons quelques leçons à tirer de ce travail d'archéologue, laissé de côté par Foucault dans son archéologie du savoir.

L'auteur cerne malgré tout le "réalisme" de cette façon :

"On montrera ici que le ressort de tout réalisme est un argument, que nous appelons l’«argument du Ménon», grâce auquel Socrate-Platon fonde la nécessité du recours à ce que le Moyen Âge appellera des «natures communes participées» pour expliquer ontologiquement la cospécificité des individus." p. 31

Et tout ceci me semble fort intéressant, car circonscrit entre le niveau [♲] et son Symbolisme .

- Vas au bout de ta pensée !

- C'est à ce niveau  [♲] qu'il faudra porter le concept de substance, que je ne peux, évidemment, que traduire comme la quantité conservée d'Emmy Noether! De ce point de vue, tout à fait téléologique, pour le coup, les formes Platoniciennes, renvoient aux symétries modernes.

- Quid de l'incertitude, pour compléter le triptyque noetherien ?

- Figure-toi que le terme apparaît juste après, dans cette introduction de l'auteur. Une recherche du terme "incertitude" renvoie à 3 occurrences (p. 30, 306 et 587) toutes trois fort intéressantes, mais procédons par ordre.

L’incohérence de l’aristotélisme ou d’une ambiguïté destinale :

Là, mon ami, il faut prendre le temps du mot à mot :

"L’auctoritas médiévale est ce qu’on appellerait aujourd’hui une citation. Mais c’est une citation d’un type spécial, une citation qui « destine » la pensée, c’est-à-dire l’« envoie à ce qui lui appartient », selon le sens donné par Heidegger au mot « destin » (Geschick) . Or, et c’est là ce qui fait l’originalité de l’auctoritas médiévale et du mode de penser fondé sur les autorités, dans certains cas, l’autorité voue la pensée au destin de son incertitude interne. On arrive alors au paradoxe que, parfois, la proposition qui, comme on dit, fait autorité est, en même temps, la plus incertaine qui soit. C’est le cas de toutes les autorités d’Aristote sur « les » universaux." p. 32

Nous avons là, ce à quoi nous ne cessons de nous heurter, ici, au fil de ce blog :

  • Le docteur de la loi, en posture ex post par rapport à cette loi [♲]𓁝⇆𓁜;
  • Est, intimement, face au Symbolique hors de son Imaginaire, en position ex ante [♲]𓁝⇆𓁜;
  • L'incertitude tenant au changement de posture 𓁝⇆𓁜.

Et ce que je trouve absolument extraordinaire, c'est que nous n'ayons aucunement évolué en la matière. 

- L'auteur y voit une "originalité de l’auctoritas médiévale".

- Je pense qu'il manque de recul pour le coup. Je crois, au contraire, que cette approche médiévale (si tant est qu'elle soit "novatrice" par rapport à Platon et Aristote) renoue avec une pensée mythique telle que Lévi-Strauss l'a restituée.

- Tu ne feras pas avaler une quelconque analogie entre cette indétermination et celle qui nous intéresse en physique !

- Non, bien entendu, mais tu retrouves malgré tout, déjà là, tapis au niveau [♲] des concepts de substance, de figure et d'incertitude qui ne demandent qu'à être mis en musique !

Cependant, l'auteur veut nous parler d'autre chose : d'une incohérence (dans l'esprit du Moyen Âge, et avec toute la prudence qui s'impose pour en délimiter le champ) entre deux approches de l'universel :

  • L'une en extension tirée de la répétition du "même", immanente: 
    ([⚤]𓁝⇅𓁜[♲][⚤]𓁝⇅𓁜[♲][♲]𓁝⇆𓁜)𓂀
  • L'autre en compréhension, déjà là (c'est le Menon), transcendante :
     ([♲]𓁝⇆𓁜[⚤]𓁝⇅𓁜[♲][⚤]𓁝⇅𓁜[♲])𓂀

Il y a dans l'inversion de la séquence immanence/ transcendance, une indétermination que l'auteur nomme "incohérence", qu'il est strictement impossible d'éviter !

- L'auteur parle également d'ambiguïté destinale...

- Oui, mais je reste prudent, car cette "ambiguïté" me semble double :

  1. La première entre Imaginaire et Symbolique [♲]𓁝⇆𓁜 est directement liée au Symbolisme, et in fine à l'unicité de Dieu (nous sommes dans une pensée Chrétienne);
  2. La seconde entre [⚤]𓁝⇅𓁜[♲] est plutôt d'ordre technique : allons-nous de la répétition du singulier pour accéder à l'universel, ou partons-nous d'universaux pour caractériser le singulier. J'ai envie de dire, hic et nunc, "les deux mon capitaine".

Et donc, s'il y a "ambiguïté" chez Aristote, elle me semble provenir de 2/ et donc elle n'est pas destinale, ce qui, à mon sens, relèverait de 1/...

- Pas sûr : l'auteur relève deux présentations de l'universel chez Aristote :

  1. "De interpretatione, 7, 17a39-40 : l’universel est «ce qui, de nature, se prédique de plusieurs» ou «ce qui est naturellement prédiqué de plusieurs», universale est quod est natum predicari de pluribus, dit la traduction latine de Boèce. À première vue, il n’y a là aucune ambiguïté : Aristote parle des termes universels, des mots susceptibles d’être prédiqués de plusieurs sujets..." p. 33
  2. Dans les Seconds Analytiques, II, 19, Aristote définit l’universel «en repos dans l’âme comme une unité en dehors de la multiplicité» résidant «une et identique dans tous les sujets particuliers»." p. 35

- Tu as raison, nous ne savons pas d'où vient ce "repos de l'âme". Est-ce à dire que le Sujet a fait le saut immanent 𓁝[♲][♲]𓁜, dans un "apprentissage" et parle d'expérience, ou bien est-ce dû à la certitude de dire la loi [♲]𓁜, directement tirée de réminiscences hors Imaginaire [♲]𓁝[♲]𓁜 ?

- Je pense que toutes les hypothèses ont dues être analysées au Moyen Âge !

Ensuite, l'auteur déroule son projet en 3 actes :

"Avant d’entamer la longue geste de l’universel, qui correspond à la longue marche de la philosophie d’Orient en Occident, il nous faut préciser davantage les trois phénomènes fondamentaux qui déterminent tout le processus :

  1. la formulation paradoxale du problème des universaux chez Porphyre ;
  2. le lien conceptuel qui unit la problématique des universaux à la doctrine des catégories à laquelle l’Isagoge est censée introduire ;
  3. les structures platoniciennes qui encadrent, d’un bout à l’autre du Moyen Âge, le déploiement de la pensée aristotélicienne sur le terrain des universaux :
    1. 􏰇a􏰈 l’argument du Ménon, discours protofondateur de tous les réalismes,
    2. 􏰇b􏰈 la théorie des Formes éponymes qui parasite en secret l’aristotélisme." p. 39

Porphyre, ou le métaphysicien malgré lui :

Le paradoxe de Porphyre :

"Étant donné qu’il est nécessaire, Chrysaorios, pour apprendre la doctrine des Catégories telle qu’on la trouve chez Aristote, de savoir ce que sont genre, différence, espèce, propre et accident, et que ce savoir est nécessaire pour déterminer les définitions et, d’une manière générale, pour tout ce qui concerne la division et la démonstration, dont l’étude est fort utile, je t’en ferai un bref exposé, et j’essaierai en peu de mots, comme en une sorte d’introduction, de parcourir ce qu’en ont dit les anciens philosophes, en m’abstenant de recherches trop approfondies, et en ne touchant même qu’avec mesure à celles qui sont plus simples.

Et tout d’abord, en ce qui concerne les genres et les espèces, la question de savoir

  1. si ce sont des réalités subsistantes (􏲅􏲁􏲇􏱻􏰆􏲓􏲆􏱶􏱴...) en elles-mêmes ou seulement de simples conceptions de l’esprit (...) et, en admettant que ce soient des réalités substantielles,􏰇
  2. s’ils sont corporels ou incorporels,
  3. si, enfin, ils sont séparés ou ne subsistent que dans les choses sensibles (􏲄􏱴...􏰅􏲐􏱻􏲉􏲓􏰆􏱵􏲕􏱹) et d’après elles, j’éviterai d’en parler : c’est là un problème très profond et qui exige une recherche toute différente et plus étendue (trad. Tricot, p. 11)." p.41

- J'avoue qu'il y a là de quoi se perdre !

- Donnons-nous le temps de digérer tout ceci, pour continuer demain !

Hari

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article