Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
16 Décembre 2021
- Avec tout ça, j'ai perdu le fil du bouquin d'Alain de Libera...
- Fais-nous au moins un résumé de toutes tes cogitations, tu en étais revenu aux pères fondateurs de la philosophie Grecque.
- Oui, faisons déjà ça.
Résumé 1/ La représentation actuelle de l'Imaginaire : La signification et l'usage de mes glyphes, comme le schéma général de l'Imaginaire du Sujet, sont présentés ici: "Résumé" (☯[∃]𓁝⇅𓁜[⚤]𓁝⇅𓁜[#]𓁝⊥𓁜[♲]𓁝⇆𓁜[∅]☯)𓂀♧ J'ai situé certains concepts Japonais, tels que Mu 無, Ma/Aïda 間, espace (☯[∃]𓁝⇅𓁜[時間]𓁝⇅𓁜[空間]𓁝⊥𓁜[間]𓁝⇆𓁜[無]☯)𓂀♧ La succession des niveaux [∃][⚤][#][♲][∅] se présente comme un "ruban". Pour le schéma développé de l'imaginaire voir: "Mettre un peu d'ordre dans sa tête"
Le passage d'un niveau à l'autre : Deux mouvements du Sujet sur le "ruban" Imaginaire [∃][⚤][#][♲][∅]:
Le passage d'un mode à l'autre :
2/ La représentation de l'Imaginaire chez les philosophes Grecs : Par rapport à ce schéma général, la discussion philosophie grecque se caractérise par des choix :
Conséquences :
Les deux mouvements émergence S↑ / transcendance S↓ se réduisent à :
Selon Platon les idées suivent une voie S↓ (en partant de la réminiscence de Socrate); ce que récuse Aristote, sans véritablement s'en détacher (voir #10). Selon Aristote la démarche S↑ se heurte à l'impossibilité logique⚤ de passer du multiple (en [⚤]𓁜) à l'Unité de l'idée (en [♲]𓁜) dans un discours limité à ([⚤])⇅𓂀♧ (l'idée moderne que l'on peut s'en faire est que la notion de successeur conduit à construire les entiers N dans un processus indéfini, et non pas infini. L'infini est la clôture Imaginaire de R en [#]). Aristote développe son système "hyélomorphique" selon lequel la "substance" d'une chose est constituée d'une :
|
Comme tu le vois, je crois que cela commence à prendre forme, petit à petit.
- C'est un gros détour intellectuel pour te limiter finalement à une petite fraction du tableau d'ensemble...
- Vois-le autrement : c'est à partir du schéma grec, que nous en sommes arrivés au tableau actuel. La logique s'est imposée partout en Occident, jusqu'à Hilbert, dont tu connais le mot fameux :
"Priver le mathématicien du tertium non datur [le troisième n'est pas donné] serait enlever son télescope à l'astronome, son poing au boxeur",
pratiquement dans le même temps où Gödel vient tout ficher par terre...
Le fils se fortifie dans la difficulté qu'il éprouve à tuer son père, d'autant plus sûr de lui qu'il sait d'où il vient.
Il y a un autre intérêt à prendre le plus de recul possible : en plongeant l'Imaginaire Grec dans un schéma plus vaste, tu peux facilement exprimer dans ce contexte plus général, ce qui apparaît alors comme des "manques à penser" conduisant à voir les paradoxes discutés entre les protagonistes en 𓂀♧, comme des problèmes de syntaxe pour 𓂀♡.
Par exemple :
Enfin, cette caractérisation de la pensée Grecque par un petit nombre de choix, permet également de les relativiser par comparaison (ethnologique pour 𓂀♤) avec d'autres choix faits dans des cultures différentes, en particulier concernant le choix de l'objet initial (voir "Retour à Platon et Aristote"):
Relativisme qui s'étend à toute la postérité des choix en question. En particulier, la focalisation de la philosophie occidentale sur l'ontologie découle directement du choix par Parménide de cet objet initial...
- Beau recadrage, et donc, après avoir ainsi resitué nos Pères Grecs dans cet Imaginaire, es-tu prêt à attaquer la suite ? Car il y a du chemin à parcourir pour arriver à Kant !
Le 18/ 12/ 2021 :
- Nous en étions restés à la page 128 de "La querelle des universaux" (voir #11):
La théorie néoplatonicienne des trois états de l'universel :
"... ce que nous avons appelé la théorie des «trois états» de l’Universel, laquelle court de l’Antiquité tardive à la fin du Moyen Âge, tel un motif caché dans un tapis oriental." p. 128
Le sceau de l'universel ou l'empreinte du héros :
"Comme l’a montré Philippe Hoffmann, dont nous suivons ici l’exposé, Ammonius, Élias et David comparent l’Universel sous ses trois états au portrait d’un héros (Achille, Ajax, Hector) gravé sur le chaton d’une bague et reproduit ensuite par impression sur plusieurs morceaux de cire, puis conçu ultérieurement et “imprimé” dans l’âme – à titre de représentation mentale abstraite de la pluralité des images sensibles et “postérieure” à cette pluralité – par un homme observant ces reproductions sensibles et découvrant leur similitude et leur commune dérivation à partir du modèle unique ". p. 128
Pas de difficulté :
"Les trois acceptions du mot είδος,
se laissaient facilement coordonner par la métaphore de la bague. La définition de l’universel abstrait comme ύστερογενές, c’est-à-dire «postérieur dans l’ordre de l’être», permettait en outre de rejoindre un des thèmes centraux de l’aristotélisme, puisqu’elle exprimait le statut «logiquement postérieur» du concept empirique abstrait, 1 tel que l’énonçait la formule du De anima, I, 1, 402b7-8 ." p. 128
Il vient immédiatement que :
Par ailleurs, la position "supérieure" de l'universel abstrait tient à la disposition générale des niveaux [⚤] [♲] dans l'Imaginaire : [1][⚤][♲][1], qui s'exprime logiquement par une notion d'ordre pour [⚤]𓂀♧:
( [1]<[⚤]<[♲]<[1])⇅𓂀♧.
Maintenant, la métaphore entre le sceau et les trois types d'universaux fonctionne ainsi :
"On peut résumer ainsi la doctrine commune. Il y a trois types d’universaux :
Ces trois types d’universaux, ou plutôt ces trois états de l’universel, peuvent être comparés aux trois états du portrait du héros :
Cette comparaison étant établie par les auteurs dans un discours strictement rationnel logique selon lequel la cause précède d'effet, ceci nous conduit directement à :
- Sauf que là où tu distingues des mouvements du Sujet, il est question ici de trois "modes d'être" de l'universel.
- Bien entendu, nous sommes toujours limités à une pensée "objective" et non "relationnelle".
"les trois états de l’universel correspondent à trois modes d’être de ce que le Stagirite appelait les genres et les espèces.
Je n'insiste pas: notre représentation permet facilement d'y retrouver nos petits.
Les formes de Syrianus ou comment harmoniser Aristote et Platon :
Alain de Ribera ouvre ici une perspective philosophique qui justifie le mal que nous nous donnons à le suivre :
"Toute la pensée moderne depuis Kant a été travaillée par le problème de la relation entre le concept et l’Idée.
Ce problème d’articulation du concept et de l’Idée a existé durant tout le Moyen Âge, et les diverses écoles philosophiques se sont constituées soit pour établir sa réalité soit pour supprimer un des termes au bénéfice de l’autre. Ce faisant, toutefois, c’est un modèle unique, celui de la lecture concordataire de Platon et d’Aristote telle que l’avait formulée le néoplatonisme, qui a été mis en crise. Une même structure porte ainsi, de ce point de vue, tout le développement philosophique de l’Antiquité jusqu’à l’idéalisme allemand et, à travers lui, jusqu’à la critique phénoménologique de la doctrine empiriste de la formation du concept général abstrait." p. 131
La seule chose que je ne m'explique pas, c'est le silence autour de Spinoza, qui, avec ses deux types d'entendements S↑ et S↓ (le 3e étant la conjonction des deux premiers) me semble si évidemment nécessaire à la compréhension des choses :
Sans revenir sans cesse au texte, ce qui devient lassant, je me permets de le résumer ainsi : le problème est de passer des 3 états des universaux que nous venons de voir à la distinction ente les mots/ et les choses. Les "choses" en question renvoyant:
Dans ces conditions, le "noème" auquel se réfère le mot, se dédouble, et inaugure deux relations entre les mots et les choses, ce qui se conçoit aisément comme lié à une différence de posture du Sujet amené à en parler :
"La triade des mots, des concepts et des choses se redéfinit en une structure à cinq termes, regroupant les mots, les choses singulières, les concepts abstraits, les Formes psychiques et les Formes séparées, une structure où s’articulent deux processus gnoséologiques distincts, mais complémentaires : le processus de l’abstraction, décrit par Aristote, et celui de la réminiscence, décrit par Platon." p. 132
Ce qui émerge ici, c'est la forme psychique, que l'on peut associer au processus d'abstraction d'Aristote, opposé à la forme séparée, propre à la réminiscence de Platon. Pour bien remettre tout ceci en ordre :
(Rappel : dans une pensée logique du 1er ordre; le passage 𓁝[♲]⏩[♲]𓁜 se heurte à l'impossibilité de passer du multiple (i.e. dénombrable indéfini) à l'Un (i.e.: une totalité close).
Il semble bien que la clef de la représentation réside dans la conjonction des deux processus S↓ et S↑ :
"Chez Syrianus, promoteur de cette nouvelle doctrine adoptée par les néoplatoniciens des Ve et VIe siècles, l’articulation:
est présentée comme un véritable dynamisme où, comme l’a magistralement établi Ph. Hoffmann, l’universel «aristotélicien» joue le rôle de déclencheur de la réminiscence «platonicienne»." p. 132
Je crois que nous sommes en phase.
"comment articuler l’inarticulable, à savoir
L’originalité de Syrianus est d’introduire un intermédiaire entre ces deux extrêmes, entre «l’acte de synthèse rationnelle» ) et la réminiscence, le concept abstrait d’Aristote, produit de la pensée humaine, et l’Idée transcendante de Platon. Cet intermédiaire est une «Forme psychique» qui tient des deux réalités qu’elle réunit :
Je ne voudrais pas tordre l'histoire pour justifier mon obsession des postures du Sujet, mais enfin, il faut bien reconnaître que pour s'en sortir, Syrianus en vient à relativiser le discours par rapport au Sujet, c'est du moins ce qui ressort du terme "Forme psychique", propre au Sujet donc, dans une démarche S↑, en opposition aux Formes séparées, qui procèdent de l'Un, dans une démarche S↓.
Cependant, l'ajout de ce concept seul, sans remise en cause de la pure logique du 1er ordre, ne permet pas le passage 𓁝[♲]⏩[♲]𓁜 sans un "coup de force". En mariant la carpe 𓁝[♲] et le lapin [♲]𓁜, il s'agit bel et bien d'un forçage de la logique aristotélicienne, "un processus qui permet à l’âme de voir l’original dans sa copie."... Ce qui conduit au concept de "projection".
"Puis, sur la «base de ces [Universaux abstraits], elle peut projeter (voir encadré) les Universaux qui sont immanents essentiellement à l’âme, par la médiation desquels – puisque [ces Universaux immanents à l’âme] sont des images [des Formes intelligibles] – l’âme aura le ressouvenir des Formes qui sont dans l’Intelligible » (trad. Ph. Hoffmann)." p. 134
- En bref, face à une impossibilité, tu définis un concept nouveau...
- Mais c'est ainsi que nous procédons depuis la nuit des temps ! Je te renvoie à la forme canonique des mythes, ou à la déconstruction de Derrida. Lorsque tu as compris qu'il n'y a pas de racine carrée de -1, tu inventes le concept "i" tel que I2=-1, et roulez jeunesse... Là c'est pareil !
Maintenant, pour garder la trace du forçage 𓁝[♲]⏩[♲]𓁜 au terme de S↑ et le différencier du processus S↓ ([♲]𓁝⇆𓁜[1]☯⏩[♲]𓁜)⇅𓂀♧qui conduit à la "forme séparée", il faut enrichir le vocabulaire :
"Il y a en l’âme deux types de λόγοι:
Pour tester notre représentation des choses, il nous reste à la confronter au mécanisme présenté par Alain de Libera :
"Il y a ainsi un processus complexe qui, si l’on ose dire, fait, par quatre étapes successives, communiquer l’univers d’Aristote avec celui de Platon:
Tu remarqueras immédiatement qu'ici, l'auteur évoque des mouvements de l'âme, nous ne sommes donc plus dans la simple logique du 1er ordre, mais dans une représentation plus moderne, voire relationnelle de mode ♢.
Je crois que cela fonctionne plutôt bien, non ?
Le 19/ 12/ 2021 :
Les avatars de l'harmonie : abstraction et illumination dans le péripatétisme arabe:
De Libera attaque d'entrée de jeu par des considérations sur une évolution de la cosmogonie d'Aristote vers celle d'al Ârâbi, et là je suis pris à contre-pied : où vais-je situer le Sujet abordant ces questions ?
- Je ne vois pas la spécificité du propos ?
- Il est question d'expliquer pourquoi le monde tourne ainsi qu'il le fait, autrement dit, d'expliquer le niveau Imaginaire ♧ où se développe le discours. Reviens à notre tableau d'ensemble qui est une sorte de "matrice" :
mode/ niveau | Objet final | discontinu | continu | topos | Objet initial |
♤ "pont entre syntaxes" | [∃]♤ | [⚤]♤ | [#]♤ | [♲]♤ | [∅]☯ |
♡ "syntaxique" | [∃]♡ | [⚤]♡ | [#]♡ | [♲]♡ | [∅] |
♢ "relationnel" | [∃]♢ | [⚤]♢ | [#]♢ | [♲]♢ | [∅] |
♧ "objectif" | ☯[∃]♧ | [⚤]♧ | [#]♧ | [♲]♧ | [∅] |
Aujourd'hui, je te propose d'avancer un peu dans notre réflexion sur la théorie elle-même, en comparant les intitulés des lignes (les modes) et des colonnes (les nivaux), et de réfléchir à ces rapprochements :
mode | niveau |
♧ "objectif" | [⚤]𓁜 discontinu |
♢ "relationnel" | [#]𓁜 continu |
♡ "syntaxique" | [♲]𓁜 topos |
♤ "pont entre syntaxes" | 𓁝[♲] |
C'est quelque chose qui me trotte dans la tête depuis quelque temps : dans chaque "mode de penser", il y a bien entendu une évolution discret/ continu/ topos, mais "intrinsèquement", si je puis dire, et nous le vérifions ici, dans la pensée grecque, le mode ♧ est essentiellement tourné vers les "objets" au sens d'éléments∃. identifiables au niveau [⚤]. Et la "discussion" philosophique est avant tout orale, d'où les péripatéticiens. (note du 20/ 12/ 2021)
De même, avec un peu de recul, le mode "relationnel" ♢ nécessite une représentation des liens ou morphismes entre les éléments des "objets". Or, ces "liens" présupposent un milieu continu pour les tracer (au-delà de la simple "parole".) On peut même dire qu'à ce niveau, l'expression est graphique, en effet, comme "exprimer" quelque chose tel que :
[∃]♢ | ←[⚤]♢ | 𓂀♢ |
↓ | ↓ | |
[∃]♧ | ←[⚤]♧ | 𓂀♧ |
sans recourir à l'expression écrite ?
Autrement dit, le mode relationnel ♢ s'exprime au niveau continu [#] du langage.
Le mode "syntaxique" ♡ suivant s'exprime directement en termes de topos au niveau [♲].
Quand aux "ponts" ♤ entre "syntaxes", disons pour l'instant que dans ce mode, nous tentons d'exprimer des équivalences basées sur des "croyances" non démontrables, en posture 𓁝[♲], ce qui garantit l'ouverture du système vers le Symbolique 𓁝[♲]☯.
- Tu peux donner quelques exemples ?
- Oui, très simplement : lorsque tu dis que le microcosme est comme le macrocosme, tu établis un "pont" entre deux champs de connaissance en te référant à un principe théologique que tu ne saurais expliquer.
- Je crois qu'il va te falloir pas mal cogiter pour mettre tout ceci au point, mais si nous en revenions aux avatars de l'harmonie ?
- J'y arrive.
Nous avons vu que, faute d'un niveau [#] pour expliciter les "relations" entre 𓁝parties#, autrement it la participation♲ entre les genres♲ en [♲], Platon est face à quelques paradoxes tenant à son expression limitée à [⚤].
Maintenant, considère qu'un système "cosmogonique" est destiné à "expliquer" les règles du discours, autrement dit, ici, le mode ♧, ceci devrait, dans notre schéma, nous porter au mode ♢ qui, pour en "parler", nécessite de s'exprimer au niveau [#], avec l'auteur au minimum en [#]𓂀♧. Vois-tu le problème ?
- Oui : l'auteur n'a pas à sa disposition, de moyen d'expression adapté.
- Comprends-tu maintenant pourquoi Ménon n'a jamais objecté à Socrate que s'il n'y avait aucune différence entre les abeilles, elles n'existeraient tout simplement pas ?
- Si je te suis bien, lorsque tu dis que les Grecs ont zappé le niveau [#], du même coup, il leur est impossible de théoriser une pensée en mode ♢ ?
- C'est mon hypothèse. Ce qui implique, en particulier, qu'il n'y a pas de possibilité de penser la physique au sens où nous l'entendons depuis Lagrange.
- Mais il s'agit néanmoins d'une explication du mode "objectif" ♧, ce qui nous porterait directement au mode "syntaxique" ♡ ?
- C'est l'idée que je souhaite explorer avec toi, en suivant de Libera.
Nous aurions donc un schéma général de l'Imaginaire grec comme suit :
mode/ niveau | Objet final | Multiple | Formes | Objet initial |
♤ "pont entre syntaxes" | [1] | [⚤]♤ | [♲]♤ | [1]☯ |
♡ "syntaxique" | [1] | [⚤]♡ | [♲]♡ | [1] |
♧ "objectif" | ☯[1] | [⚤]♧ | [♲]♧ | [1] |
- Remets-tu en cause ce que tu avais déjà écrit concernant le "même" en [∃]♧ comme un "oubli" chez Platon ?
[∃]♢ | ←[⚤]♢ | 𓂀♢ |
↓ | ↓ | |
[∃]♧ | ←[⚤]♧ | 𓂀♧ |
- Oui, il faut directement passer à
[∃]♡ | ←[⚤]♡ | 𓂀♡ |
↓ | ↓ | |
[∃]♧ | ←[⚤]♧ | 𓂀♧ |
Mais, cela ne modifie pas ce que j'en avais dit au demeurant, à savoir l'existence d'une double voie pour passer de [1]♡ à [1]♧, vu ici et maintenant de mon point de vue 𓂀H♡. Il reste à en retrouver la trace dans l'Imaginaire grec.
Nous devons donc resituer le point de départ, à savoir le démiurge de Platon.
- N'est-il pas le principe unificateur auquel le Sujet 𓁝𓁜 se réfère en dernière instance (𓁝[1])𓂀♧ ?
- Oui, bien entendu, mais la cosmogonie est là pour expliquer ce qui est inaccessible à l'entendement humain, autrement dit la posture de l'auteur 𓂀 lui-même, ex post par rapport au discours : (𓁝[1])𓂀♧ .
- Autrement dit, expliquer dieu [1] l'inexprimable ?
- Oui. Dit comme cela, ça paraît bancal, et en effet ça l'est. Mais le saut de mode est là pour exprimer les lois derrière l'exprimable :
Ce n'est pas plus difficile que ça. Au passage, tu remarqueras que nous sommes simplement dans la pensée mythique, et que nous pourrions voir le démiurge comme le produit (i.e.: la double inversion) de la forme canonique des mythes, je te laisse faire l'exercice.
Autrement dit :
Tu remarqueras, au passage, que Platon reste dans la "transcendance" : il s'agit toujours de passer de l'Un au multiple.
Ce à quoi Aristote va tenter de s'opposer, en remontant, lui aussi au mode ♡ pour développer l'idée "d'infusion".
L'idée est très simple, là encore : il plaque en mode ♡ ce qu'il a développé en mode ♧ (l'esprit va toujours au plus simple) !
- Quelle est la différence entre les modes ♧ et ♡ ?
- Le mode "syntaxique" ♡ explique les règles du mode ♧. En particulier, il permet d'expliquer en posture 𓁜 ce qui ne pouvait être perçu qu'en posture 𓁝 en mode ♧.
Ici, le résultat essentiel de l'opération est que la matière d'Aristote, vue ex post 𓁝[♲]♧ en mode ♧, est maintenant "expliquée" en mode ♡, au même rang que les formes séparées : [♲]𓁜♡. Et tu peux là encore t'amuser à exprimer la transformation à l'aide de la forme canonique.
Ce mécanisme permet de différencier, en mode ♡ :
Incidemment, tu remarqueras qu'en passant du mode ♧ au mode ♡ :
1/ Je m'affranchis de l'impossibilité logique du saut 𓁝[♲]⏩[♲]𓁜, puisqu'il s'agit de l'expliquer. Autrement dit, j'adopte une autre logique (même si cela reste implicite).
2/ Je retombe dans la pensée mythique, avec la forme canonique, qui, avec ces 4 pôles, rappelle une transformation naturelle (sans les moyens de l'exprimer en mode ♢).
3/ Il vient assez naturellement que dans le mode Imaginaire supérieur ♤, le Sujet ne s'intéresse qu'aux principes très généraux d'équivalence, en l'occurrence que "le microcosme est comme le macrocosme" ou que "l'homme est organisé comme la cité" ou "l'Homme est à l'image de Dieu" etc...
- Un peu limité comme développement...
- Crois-tu que nous fassions mieux, en pensant l'Univers issu du néant, ou bien l'intérieur d'un trou noir semblable à l'extérieur ? C'est ni plus ni moins qu'un microcosme semblable au macrocosme... À tout prendre, je préfère encore le rêve de papillon de Tchouang-Tseu, aussi peu explicite, mais si poétique !
- Je pense avoir compris, mais nous sommes bien loin du texte, non ?
- Je crois au contraire que nous sommes en plein dedans :
"Conçue sur le mode d’une émanation ou d’un flux de formes à partir du «monde d’en haut», la dynamique qui, chez Syrianus, articulait sous le nom de «réminiscence», la remontée de la Forme psychique à la Forme intelligible s’est vu remplacer par un processus d’illumination descendante qui ne pouvait plus être coordonné de la même manière au processus de formation des concepts abstraits." p. 137
Il y a deux mouvements très différents :
Cette substitution visant à contourner le mouvement logiquement impossible 𓁝[♲]⏩[♲]𓁜:
"En remplaçant la réminiscence par l’illumination, la nouvelle doctrine laissait cependant entière l’exigence d’une articulation entre
Une articulation qui ne pouvait plus être assurée par l’homme, dans la mesure où la suppression des Formes psychiques (λόγοι--2) laissait face à face, sans médiation immanente à l’âme, le concept empirique acquis à partir de la sensation et la forme intelligible séparée contenue dans le «Trésor des Formes»." p. 137
Nous avons donc deux approches en mode ♡, celles de Platon (son démiurge) et d'Aristote (son donneur de formes), deux syntaxes, permettant chacune à sa façon, de surmonter l'impossibilité logique de l'expression :
(𓁝[♲]𓁜⏩𓁝[♲]𓁜)⇅𓂀♧.
C'est du moins ainsi que j'interprète de Libera :
"L’univers d’Aristote et celui de Platon étaient donc juxtaposés pour l’âme rationnelle, qui devait trouver hors de sa propre dynamique cognitive de quoi restaurer la continuité perdue." p. 137
L'auteur mettant alors en perspective le péripatétisme arabe qu'il va ensuite décrire :
"Pour comprendre le rôle joué par la théorie des trois états de l’universel dans la scolastique latine du XIIIe siècle, il est indispensable de prendre la mesure de ce qui s’est opéré dans la relecture arabe du modèle de Syrianus : la disparition du moyen terme entre le concept abstrait et la Forme séparée, et, partant, l’élimination de la phase cruciale dans l’harmonisation gnoséologique de l’aristotélisme et du platonisme – le « recouvrement » du concept abstrait et de la Forme psychique qui rendait théoriquement possible la «réminiscence»." p. 137
Je pense ne pas avoir trahi l'auteur en resituant son discours dans notre perspective :
mode/ niveau | Objet final | Multiple | Formes | Objet initial |
♤ "pont entre syntaxes" | [1] | [⚤]♤ | [♲]♤ | [1]☯ |
♡ "syntaxique" | [1] | [⚤]♡ | [♲]♡ | [1] |
♧ "objectif" | ☯[1] | [⚤]♧ | [♲]♧ | [1] |
- Nous pourrons le vérifier dans la suite du texte.
Le 28/ 12/ 2021 : (relecture de ce passage)
Jour vide et pluvieux entre Noêl et le jour de l'An... Envie de rien, et je relis ce texte pour ne pas retrouver trop tôt sur une série Netflix...
En lisant [1][⚤]𓁜, j'ai le sentiment d'une imprécision.
- Cela paraît au contraire la posture la plus rationnelle qui soit !
- À tort, mon ami, à tort. En effet, cette bague est une métaphore utilisée pour nous faire comprendre comment nous pouvons passer de l'idée déjà là [♲]𓁜, au concept que l'on construit à partir de la répétition.
- Je ne vois pas très bien...
- Je me pose la question de la nature du principe de répétition à l'oeuvre dans l'acquisition du concept :
- Dans le 2/ tu ne passes plus par l'expression de l'idée ou du concept en [⚤]?
- De Libera en utilisant le terme "d'impression" m'a induit en erreur, car j'ai tout de suite pensé à l'utilisation de la cire comme d'un tampon encreur pour imprimer le papier, i.e. l'empreinte de cire en [1] et l'imprimé en [⚤], d'où le 1/ ce qui dans le contexte me semble faux.
J'ai totalement loupé le côté mâle/femelle qui fait que le chaton de la bague se retrouve en creux dans la cire, comme le maître imprime le cerveau de l'élève, ou la forme la matière, chez Aristote, et l'idée [♲]𓁜 chapeaute le concept 𓁝[♲]. Au demeurant, et par expérience, je n'ai pas besoin de verbaliser le concept pour trouver sa coïncidence avec l'idée, et jaillir du bain en criant eurêka.
- Mais quelle est la nature de cette répétition ?
- Elle vient implicitement de la posture de l'auteur pour en parler:
(𓁝[♲]⏩[♲]𓁜⏩𓁝[♲]⏩...⏩[♲]𓁜 )⇅𓂀♧
Souviens-toi qu'il n'a que ce mode de répétition [⚤]⇅𓂀♧ à sa disposition (mis à part l'équivalence en [♲]⇆𓂀♧), faute d'avoir conceptualisé le niveau [#].
D'où ma gène en relisant le texte d'Alain de Libera :
"Il y a ainsi un processus complexe qui, si l’on ose dire, fait, par quatre étapes successives, communiquer l’univers d’Aristote avec celui de Platon:
Avec, effectivement :
Mais il y a un effet de diaphonie entre la répétion du même en a/ et la répétition du saut 𓁝[♲]⏩[♲]𓁜 par la suite...
Le premier est "représenté", rationnel, réfléchi, le second est juste vécu par l'auteur. C'est la répétition d'une situation dont on n'arrive pas à sortir, l'automatisme identifié par Freud chez les traumatisés de guerre.
Hari
Nous avons déjà discuté de l'évolution du discours en lui-même :
1/ Différence entre l'Auteur et le Sujet :
Concernant la différence entre l'Imaginaire de l'auteur 𓂀 et celui du Sujet 𓁝𓁜 dont il parle, voir "Résumé présentation zoom".
Nous pouvons représenter l'espace du discours en [#]⊥𓂀 par deux axes orthogonaux :
𓂀/𓁝I𓁜 | ☯ | [∃] | [⚤] | [#] | [♲] | [∅] | ☯ |
☯ | [☯;☯] | [☯;☯] | |||||
[∃] | [∃;∃] | ||||||
[⚤] | [⚤;⚤] | ||||||
[#] | [#;#] | ||||||
[♲] | [♲;♲] | ||||||
[∅] | [∅∅] | ||||||
☯ | [☯;☯] | [☯;☯] |
Tableau 1
2/ En fonction du niveau Imaginaire :
La spécificité du discours, en fonction du niveau Imaginaire où se situe l'auteur, dans un mode donné :
Voir "l'auteur et son discours". J'en parle également dans "résumé présentation zoom". Voir par exemple la description de la différence de positions du Sujet autour du niveau Imaginaire [#] (stade du miroir):
niveau de 𓂀 | les discours de 𓂀 sur 𓁝I𓁜 |
☯ | |
[∃] | |
[⚤] (a) | (𓁝⇅[#]𓁜⇅𓁝[#]⊥𓁜)⇅𓂀 |
[#] (b) | (𓁝⇅[#]𓁜⊥𓁝[#]⊥𓁜)⊥𓂀 |
[♲] (c) | (𓁝⇅[#]𓁜⇆𓁝[#]⊥𓁜)⇆𓂀 |
[∅] | |
☯ |
L'automatisme de répétition s'exerce à chaque niveau d'une façon spécifique.
3/ En passant d'un mode Imaginaire à l'autre :
Nous discutons ici de la spécificité du discours en fonction du mode Imaginaire où se situe l'objet du discours.
Nous sommes partis de l'idée très générale que tout mouvement articule entre eux deux concepts, l'un synchronique, l'autre diachronique. Les principes diachroniques propres à chaque niveau Imaginaire étant repérés par ⇅, ⊥, ⇆.
Maintenant, le passage d'un mode au mode supérieur peut être vu comme la réification du concept diachronique de mode inférieur, et cela se repère par le changement d'objet final. (voir "identité et équivalence de Mojita")
♧ | ♢ | ♡ | ||
Catégorie (à isomorphisme près) |
[⚤] | Ens | Graphe | Cat des foncteurs |
Élément diachronique | ↑ | morphisme | foncteur | transformation naturelle |
Objet final (à isomorphisme près) |
[∃] | (*) | •⟲ | Foncteur identité |
4/ Le mode ♤ du discours :
En cherchant à comparer deux types de pensées, l'un Grec et plus spécifiquement les discours de Platon et Aristote, l'autre contemporain, je recherche, derrière les différences, ce qui reste commun. En ce sens, et sans que ce soit formalité, je suis donc ici dans un mode de pensée ♤.
- De quelles constantes parles-tu ?
- Par exemple :
Nous parlons ici de comparer deux Imaginaires historiquement séparés par le temps, issus d'une racine commune, mais nous pourrions sans doute faire le même exercice entre des pensées plus distantes, comme la pensée Chinoise, (voir "Retour à Platon et Aristote").
- Ça me rapelle le phylum humain de Theillard de Chardin...
- Nous sommes toujours dans l'idée d'une archéologie du savoir -et ce travail de Libera en est un exemple- avec l'idée d'une "racine" inaccessible, certes, mais que l'on peut cerner petit à petit.
- Il y a encore un énorme travail pour harmoniser tout ceci et le rendre facile d'accès, voire évident !
- Oui, et le plus difficile est de se plier soi-même aux règles de syntaxes que l'on dégage petit à petit.
- À quoi penses-tu ?
- Par exemple, éviter d'utiliser un discours "logique" de niveau [⚤]♧ lorsque tu parles d'un objet en [∃]♢. Le plus difficile étant, sans doute, de se passer du concept de succession et de "temps logique". C'est par exemple la difficulté que nous avons à restituer la teneur d'un rêve (en mode ♢, voir la série d'articles traitant du sujet à partir de #1).
Il y a également la difficulté à se représenter de façon "orthogonale", morphisme, foncteur et transformation naturelle, qui "naturellement" porterait à une écriture en 3D (voir la "pésentation du 12 juin"). C'est le même genre de difficulté que nous rencontrons pour "comprendre" l'espace (en 3D) comme orthogonal au temps, dans un Hamiltonien (en 4D).
- Mais d'après ce que je comprends de ton tableau d'aujourd'hui, il y a certainement un resserrement de l'expression, lorsque l'on s'élève d'un mode à l'autre, non ?
mode/ niveau | Objet final | Multiple | Formes | Objet initial |
♤ "pont entre syntaxes" | [1] | [⚤]♤ | [♲]♤ | [1]☯ |
♡ "syntaxique" | [1] | [⚤]♡ | [♲]♡ | [1] |
♧ "objectif" | ☯[1] | [⚤]♧ | [♲]♧ | [1] |
- Oui, et c'est l'objet de cette note.
De même que l'on va de façon très générale du multiple vers l'Un, dans la pensée grecque, ou que l'on s'en réfère de façon plus contemporaine, à une "pulsion unaire" dans un style Lacanien, quitte même à se référer à telle ou telle aspiration spirituelle, comme nous l'avons vu chez François Cheng, articulant anima/ animus, l'expression elle-même doit se décanter, se dépouiller...
- Pour en arriver au silence ?
- Ce serait sans doute la sagesse...