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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

La voie de mots & la voie des choses

Le 19/ 12/ 2024 :

- Tu terminais hier ("Le schéma en L") en écrivant :

"Je ne me suis pas livré ici à un exercice portant sur la psychanalyse (que je laisse aux spécialistes ayant l'expérience de leurs patients), mon sujet d'étude reste du domaine de la syntaxe ♢, et de la représentation elle-même. Ma thèse porte sur l'outil et non ses domaines d'utilisation.

En l'occurrence notre exemple portait sur la psychanalyse, mais cet outil peut aussi bien être utilisé par l'ethnologue, le sociologue, le physicien voire le mathématicien."

J'en conclus que tu te situais dans "la voie des choses" pour tester ce schéma L selon ta façon de représenter l'Imaginaire, mais que ton objet d'étude, à savoir la syntaxe de cette représentation suit "la voie des mots" ? 

- C'est moins carré que cela. Il y a toujours le risque d'ergoter sur des objets vides de sens, c'est d'ailleurs ce que beaucoup ont reproché à la théorie des Catégories en parlant d'abstract no sens. Un langage ne tire son sens que de son utilité. Il importe donc à chaque développement de notre syntaxe, d'en vérifier l'efficacité dans tel ou tel domaine d'application.

- Quels sont ces critères d'efficacité ?

- J'en vois trois :

  • Le premier a trait à la profondeur de champ, c.-à-d. à l'universalité des processus mis en jeu. La limite idéale serait de mettre en évidence les circuits neuronaux mis en action. Mais sans aller jusque-là, ce que nous avons dégagé de la forme canonique des mythes est déjà une bonne avancée.
  • Le deuxième est lié à l'ouverture de champ d'applications. En ce sens, la démarche est semblable à celle d'Olivia Caramello définissant des "ponts" entre univers mathématiques.
  • Le troisième serait la résolution. Si notre syntaxe répond aux deux premiers critères, elle doit nécessairement offrir une meilleure représentation que celles déjà là et qu'elle redéfinit.

- Tu emploies un vocabulaire de photographe à dessin ?

- Je repense au macroscope de Joël de Rosnay. N'oublie pas que nous venons de l'analyse systémique...

- Bon, soit, mais en parlant d'avancée significative ces derniers temps, comment la caractériserais-tu ?

- Le gros pas en avant, c'est de passer :

  • En [⚤] : d'une analyse discursive, ou à la limite sous forme de graphes ,
  • En [#] : à une topologie de l'Imaginaire au vrai sens du terme . Soit :
    (([⚤]𓁝⇅𓁜[#]𓁝⊥𓁜)([⚤]𓁝⇅𓁜[#]𓁝⊥𓁜))𓂀Hari.

Le problème est qu'entre une compréhension "intellectuelle" d'un processus et l'apprentissage de son utilisation, il y a une période de rodage, pendant laquelle il faut acquérir de nouveaux automatismes.

- Par exemple?

- Et bien justement : le passage d'une voie des choses à celle des mots, et vis versa, qui découle de l'orthogonalité entre les deux au coeur du principe de répétition de niveau [#].

Il faut aussi reprendre tout ce que nous "savons" au niveau [⚤] pour le voir comme l'expression algébrique d'une caractéristique topologique de niveau [#].

Et au coeur de la progression, nous avons vu ces derniers temps que cette évolution concerne notre façon de gérer un vide originel, à partir de l'objet initial ∅.

  • En [#] cette danse autour du vide est le point de départ de la définition de l'objet par ses groupes d'homologie : "un bord n'a pas de bord";
  • En [⚤] nous avons traduit cette évidence par l'existence d'un élément neutre entre les deux termes d'une dichotomie, qui vient avec le concept de Groupe, introduit par Évariste Galois.

- Il te manque le niveau [♻] pour passer de l'objet initial [∅] à la topologie [#].

- Oui, le pas suivant sera de représenter cette projection elle-même [⚤][#], comme un schéma possible d'un topos de niveau [♻]. C'est l'objectif de l'année prochaine.

- OK, mais toutes ces considérations sont de l'ordre de la voie des choses...

- Exact.

- Et que pourrais-tu dire en regardant dans la direction des mots ?

Les choses Les mots
(𓁝𓁜)   (♧𓁝𓁜♡
La voie des choses   La voie des mots

- On a déjà pas mal déblayé le terrain de ce côté-là également.

Pour me forcer à envisager la voie des mots comme celle des choses, je vais écrire l'axe des modes horizontalement, ça m'aidera peut-être à mieux repérer similitudes et différences (tout en gardant par habitude le sens vertical usuel des flèches).

Le niveau [⚤] : Le Nombre

Noether       Indétermination
  [∃] [⚤] [⚤] [⚤] [∅] 
Linguistique   Signifiants Syntaxe Sémantique  
Maths   Discret Nombre Groupe Algèbre Axiome de Choix  

Dans le triptyque d'Emmy Noether : indétermination/ symétries/ quantité conservée, le niveau [⚤​​​​​] est celui où l'indétermination se traduit dans le langage par la "diachronie" du duo linguistique de Saussure "synchronie/ diachronie". D'où le caractère discontinu attaché à ce niveau [⚤​​​​​].

Les termes pour désigner nos 3 modes ont un sens assez évident :

  • Mode ♡ : la sémantique;
  • Mode ♢ : la Syntaxe;
  • Mode ♧ : les signifiants.

On peut évidemment attacher directement un sens aux mots que nous employons, et voir la syntaxe, comme les règles de liaisons entre les mots pour faire des propositions, qui ont un sens. Soit :

  • Passage  [⚤​​​​​]​​[⚤] : on donne un sens aux mots;
  • Passage  [⚤​​​​​]​​[⚤] : on choisit une syntaxe;
  • Passage  [⚤​​​​​]​​[⚤] : on prononce un discours;

Bien entendu, la circulation peut se complexifier, voir "le mythe et ses logiques".

Le niveau  [#] : La Forme

Noether       Symétries  
  [∃]# [#] [#] [#] [∅]
Maths   Forme topologie Axiome de Choix  

Dans le triptyque de Noether, ce niveau est par essence celui des symétries , auquel il faut rajouter la continuité en opposition à la discontinuité du niveau [⚤].

  • Principe de répétition ⊥ : nous nous sommes focalisés sur le processus homologique, qui nous a servi de guide;
  • Passage [#][#]♧ à partir des faisceaux de Leray, le "point" étant vu comme la projection géométrique du germe d'un faisceau;
  • Passage [#]​​​​​​​[#] vu comme le choix d'une topologie;
  • Passage [#]​​​​​​​[#] vu comme la construction de la géométrie directement à partir des symétries du point (géométrie de Bachmann) voir "Aspects de la géométrie".

Le niveau [♻] : La Quantité

Noether       Quantité conservée
  [∃] [] [] [] [∅]
Platon   Substance      
Physique     Énergie    
Maths   Mesure Topos Esquisse  

Dans le triptyque de Noether, c'est le niveau de "la quantité conservée". L'idée fondamentale est que cette quantité n'est pas directement "observable", mais fait l'objet d'une "mesure", qui fige l'objet dans une projection sur un seul axe d'observation; résultant d'un choix de la part du Sujet.

La circulation entre les différents modes à ce niveau [♻] est sans doute la plus difficile à cerner car le Sujet y est directement impliqué, avec en particulier l'ouverture sur le symbolique en mode ♡; nous venons de le voir en étudiant le schéma l de Lacan.

Pour l'instant, les images qui me viennent le plus aisément sont plutôt du domaine de la physique, et c'est d'ailleurs par là que j'ai commencé ma démarche :

  • En [♻] : nous avons conservation
    • de la vitesse propre de l'objet (Relativité générale) : v̅.v= c2 ;
    • c'est également la place du Ma 間 Japonais;
    • historiquement c'est l'idée de "substance" au sens platonicien du terme.
  • En [♻] : le mode ♢ est celui du mouvement et de la mise en relation
    • c'est un principe de conservation de l'énergie : E = mc2;
    • dans l'Homme Quantique, j'ai proposé d'y voir la "libido" du Sujet comme principe énergétique.

Pour le dernier terme [♻], j'en suis encore à explorer des sentiers plus ou moins bien balisés. Quelques pistes cependant :

  • Passage [♻]​​​​​​​[♻] : en physique c'est le choix d'une métrique ;
  • Passage [♻]​​​​​​​[♻] : en physique c'est la mesure elle-même, comme rapport de l'objet à un étalon;
  • Passage [♻]​​​​​​​[♻] : historiquement c'est la nature idéale de substance qui vient à l'esprit.

En suivant Grothendieck (sous toute réserve) :

  • [♻]​​​​​​​ pourrait être le lieu de son esquisse;
  • [♻]​​​​​​​ serait le lieu du topos vu comme "lit commun du discret et du continu";
  • la flèche [⚤​​​​​]​​​​​​​[# ]​​​​​♢ étant un schéma d'un topos.

Comme tu le vois, il y a encore des trous dans la raquette.

- Que te manque-t-il ?

- Le mode sémantique ♡ se distingue essentiellement des deux autres ♧ & ♢ par l'omniprésence du Sujet qui y exerce des choix conditionnant les modes ♧ & ♢. Or, notre représentation de l'Imaginaire est de mode ♢, et même, par la nature topologique de notre tableau, en ​​[#]​​​​​. De ce fait je ne peux donc que connoter, en posture ex ante 𓁝 le mode ♡ en question. En mathématiques, par exemple :

  • 𓁝[⚤][⚤​​​​​]​​​​​𓁜 : choix d'une structure algébrique;
  • 𓁝[#][⚤​​​​​]#​​​​𓁜 : choix d'une topologie;
  • 𓁝[][♻​​​​​]​​​​​𓁜 : choix d'une métrique.

La seule chose que l'on puisse dire de ces choix, c'est que l'Imaginaire du Sujet 𓁝𓁜 est fini et que les choix qui s'offrent à lui sont de l'ordre du potentiel (i.e.: l'ensemble des choix est "imaginable", ou dénombrable).

- Soit, mais que pourrais-tu dire du "bouclage" de ta surface topologique selon cette voie des mots? Autrement dit quel sens donner à nos 3 objets initiaux [∃] / [∃] / [∃] au contact du Réel ?

- Il y a tout d'abord un passage à la limite entre ce que le Sujet peut Imaginer en mode ♡ et ce qui le dépasse absolument c.-à-d. l'objet initial [∅], et je suis tenté de le comprendre comme le passage du potentiel au virtuel (en pensant à Deleuze).

- Et à Spinoza également, avec cette idée de puissance dans la racine Latine du mot "vertu" ou "viril". Bref, tu rejoins Lacan et sa "pulsion Unaire" ?

 - Comme tu le vois, pour parler de ce passage entre l'objet initial [∅] et le mode sémantique ♡, nous somme obligés de larguer le mode ♢ pour en appeler à notre Symbolique personnel, intime, soit le passage :
(([α]𓁝Hari⇆𓁜[∅])([α]𓁝⇆𓁜Hari[∅]))𓂀Hari.
C'est par où nous avons commencé notre analyse du schéma L de Lacan.

- Et c'est grave docteur ?

- Pas tant que tu en as conscience et que tu explicites tes hypothèses. Ensuite, chacun jugera selon ses propres critères. J'assume (𓂀Hari) ce que je dis ([α]𓁜Hari), pas ce que l'Autre (𓁝Autre[α]𓁜Hari) entend...

- Compris, et donc, quid du bouclage sur les objets finaux ?

- Ce qui est pratique avec l'objet initial [∅], c'est que tout peut en advenir, comme un Univers sortant d'un Big Bang. Tu peux donc concevoir qu'un infant prend conscience progressivement des mots sortis de la bouche de sa mère...

- Lalangue de Lacan ?

- Oui, suit le lien pour les détails, et note au passage l'idée d'une volonté (vertu) de la Mère s'imposant à l'enfant à travers Lalangue. Et donc, il y a un contact au Réel dans l'ordre des mots, comme un contact au Réel dans l'ordre des choses. L'enfant apprend à maîtriser les mots dans le temps qu'il apprend à se représenter l'objet. Ce qui m'incite à chercher une analogie entre ces trois objets finaux de l'ordre des mots et les trois autres de l'ordre des choses. Je te propose ceci : 

  Voie  
  des choses
(𓁝𓁜)
des mots
(♧𓁝𓁜♡
 
∃ conservation  [∃] [∃] ∃ sens commun
∃ mouvement (•) [∃]# [∃] ∃ syntaxe culturelle
∃ le trauma (*) du Réel [∃] [∃] ∃ trauma des signifiants

- Il faudrait expliquer tous les termes employés...

- C'est un travail de connotation sans fin, et c'est bien pourquoi j'utilise des glyphes représentant des agrégats de concepts dans la topologie de l'Imaginaire.

- Quand même : pour les objets finaux (*) en [∃] et (•) en [∃]#, je comprends tes références à la théorie des Ensembles et à celle des Catégories, mais pour le reste ?

- C'est précisément le travail qui nous attend l'année prochaine. Quelques pistes cependant : 

  • [∃] : L'idée c'est que les "objets" se conservent malgré les transformations qu'ils subissent. Pense à un litre d'eau qui se conserve en le transvasant. Historiquement c'est l'intuition de la "substance" des choses;
  • [∃] : L'idée c'est que les mots apparaissent comme les choses, sur un mode "traumatique", une effraction dans l'Imaginaire qu'ils vont modeler. Par ailleurs ils apparaissent comme tombés du Ciel dans une liaison directe 𓁝[∅][∃]𓁜, avant même que l'enfant identifie d'où ça vient.
  •  [∃] : j'emploie le terme "culturel", car le langage s'apprend dans une culture donnée, et nous sommes en mode ♢, celui des liens entre mots et des liens entre personnes d'une même "culture". On peut considérer la syntaxe comme résultant de choix culturels 𓁝[∅][∃]𓁜;
  •  [∃] : j'ai écrit "sens commun", par ce qu'au-delà des mots et de la syntaxe, un (chatcat, gato, 猫 ou قط) reste un chat pour moi. Mais ça dépend du contexte : si je suis à l'écoute de l'Autre, ce peut être le postulat de départ que cet Autre veut (toujours la volonté) "dire quelque chose". Par exemple, le mythe nous "dit quelque chose" de la société qui l'a construit au fil du temps. (voir "le mythe et ses logiques"). Et ce "quelque chose" se conserve malgré les variantes du mythe qui le connotent (Lévi-Strauss).

- Et c'est par ce biais que tu boucles tes définitions avec l'étiquette de "conservation" accrochée à [∃] dans la voie des choses ?

- Oui : nous élargissons de cette manière la définition par Dirac de "la mesure comme réponse à une question". (voir "Retour sur le schéma L") Derrière cette mesure, qui réduit l'objet au mètre-étalon choisi pour "en prendre la mesure", il y a bien l'idée que "quelque chose est observable". Bref, nous retrouvons Noether comme le sens commun.

Voilà je termine là-dessus une série d'articles initiée au sortir du Japon fin octobre (voir "Métaphysique — la sémantique au-delà de la syntaxe") et par "Le mode sémantique ♡", qui m'a tiré hors du confort des mathématiques , en m'obligeant à parler de moi dans la mesure où l'axiome de choix n'est pas contournable en mode ♡.

- C'est fini pour 2024 ?

- Puisque nous avons mieux défini notre surface topologique, j'aimerais revoir ce que nous avons dit, un peu hâtivement, de la dualité covariance/ contravariance, j'ai l'intuition qu'il y a entre les deux quelque chose qui tient à une différence de "voie" suivie.

- À suivre donc.

Hari

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