Penser ses erreurs

Le 04/ 03/ 2025 :

- J'avance très lentement ces temps-ci comme mes articles en témoignent et, pensant à ma dizaine de lecteurs journaliers, ceux qui lisent mes articles en cours d'écriture, me pistant à la trace, je voulais leur faire quelques confidences : j'aime relever mes erreurs et raturer mes textes.

- Un peu curieux, et puis si tu ne sais pas ce que tu écris, il serait plus sage de ne pas publier, attendre que ça mûrisse sans polluer le web.

- C'est pourquoi je voulais expliquer cette manie que j'ai d'écrire avant de savoir de quoi je vais parler : l'écriture est ma façon de raisonner. C'est en chercher mes mots que ma pensée se fige. Elle s'exprime comme le jus du citron dans l'acte d'écrire.

- Écris un journal dans ton coin, sans risquer le ridicule de devoir te contredire d'un jour à l'autre.

- Ça par contre, je ne saurais l'expliquer : il y a dans le fait de sentir un regard par-dessus mon épaule une sorte d'excitation qui m'étonne.

- Une jouissance d'exhibitionniste ?

- Je ne sais. Dans ma vie quotidienne, ça ne me ressemble guère, non, je ne le crois pas. Mais si je pense à mes responsabilités passées de directeur de projet, à titre privé, comme pour de grands groupes, il est constant que mes plus grands kiffes ont été des situations inattendues et urgentes. C'est au plus proche du Réel, dans l'incertitude et sous pression que je me sentais, non pas "à l'aise", car certaines situations furent tendues, voire limite, mais disons, "dans mon élément". Il y a chez moi un mélange assez particulier de routine et de remise en cause perpétuelle. Je peux casser une situation établie de longue date du jour au lendemain, comme me sentir chez moi en deux jours dans un trou perdu... Dans le même ordre d'idées, je me souviens d'un coup de mou en 2016, au moment d'acheter la maison de Saintes. J'ai pensé "c'est la dernière", et j'ai senti les murs me renfermer comme une tombe. Certes, elle est plaisante à vivre, avec un joli jardin juste à ma taille et tout et tout, mais lorsque je me suis mis en tête de la revendre pour aller je ne sais toujours pas où, cette perspective m'a soulagé d'un poids. En attendant j'écris sans quasiment bouger depuis trois mois à Sao Paulo, après avoir voyagé huit mois l'an dernier du Pérou au Japon.  Et j'écris sur ce blog depuis vingt ans, en ressassant la même problématique, tout et changeant de perspective d'un jour à l'autre.

- J'ai même l'impression que ce sont ces changements que tu guettes.

- Sans doute, et vois comme les choses se présentent d'elles-mêmes : nous sommes en début de mois, et les statistiques cumulées d'accès au blog m'indiquent qu'un article totalement oublié est en tête de liste : "Du lemme de Yoneda à la constitution du Sujet". Article qui démarre sur la même remarque quant aux statistiques, renvoyant lui-même à un autre article oublié dans les profondeurs de ce blog.

- Et c'est en rapport avec tes remarques ?

- Peut-être : considère une confrontation au Réel comme descriptible par une transformation naturelle, alors ton sentiment "d'être", ressemble fort à ce Foncteur F qui apparaît dans le lemme de Yoneda.

- Et ça justifie cet article ?

- Je ne cherche aucune justification, mais hier, en corrigeant (en bleu) l'article "Récoltes et semailles # 15 — Retour aux topos", la transformation naturelle s'impose à nouveau dans le paysage...

Et je sens aujourd'hui que tout va bientôt m'apparaître comme évident, et qu'une fois encore je vais me traiter de c... de ne pas y avoir pensé plus tôt.

Alors j'écrirai un article très court pour faire le point, un peu confus devant le lecteur de l'avoir baladé de droite et de gauche, quand tout est si simple....

- Bref c'est un mot d'excuse ?

- Un clin d'oeil plutôt, la recherche d'une connivence. Une chose encore, concernant mes changements de perspectives :  il arrive que j'expérimente concrètement ce que ma syntaxe laissait deviner, et ça, c'est plutôt rassurant.

- Des exemples ?

- L'idée que le bouclage de la topologie Imaginaire dépend de notre point de vue était déjà dans la note 2 de "L'orthogonalité (modes⊥niveaux) Imaginaires" daté du 24/ 04/ 2024.

 - C'est à méditer. Notre tableau général du rapport entre modes et niveaux, selon les points de vue ♧, ♢, ♧ pouvant dès lors se re-présenter (par 𓂀^♢) ainsi :

De quoi orienter nos méditations pour un bon bout de temps ! 

Dans ce tableau, je ne parlais que d'une nécessité liée aux modes, mais, si tu as suivi l'évolution apportée par "Le cross-cap", c'est le passage au niveau [♻], et non un changement de mode, qui m'a poussé à délaisser le tore pour le cross-cap.

- Mais c'est précisément en passant au cross-cap, que l'orthogonalité modes/ niveaux prend tout son sens, non ?

- Oui, et à chaque fois, il faut reprendre ce qui semblait acquis, comme cas dégénéré de ce qui se présente alors !

- Et donc ?

- Je retombe sur une autre réflexion faite il y a déjà quelque temps dans "Ikebana" du 08/ 09/ 2022. 

Le passage au niveau [♲]
implique le développement de la pensée en mode syntaxique ♡.

 Et le récit devient un énoncé syntaxique :

- Et comment s'exprime cette syntaxe ?

- Elle est d'une simplicité biblique mon ami, et c'est Grothendieck qui nous en donne la clef dans cette formule : 

"Le topos_♲ est le lit commun du discret_⚤ et du continu_#".

L'idée générale qui se dégage est qu'en "montant" dans les modes et niveaux Imaginaires, nous gardons les outils développés antérieurement pour les réutiliser dans des contextes plus larges. 

- On le retrouve dans l'organisation du cerveau, (voir "retour à Dehaene") : le lobe préfrontal est connecté à l'ensemble des zones dédiées à telle ou telle fonction particulière...

- Sans doute. Mais pour l'heure, je dois m'habituer à parler au niveau [♻] de "topologie" hors de son niveau "natif" [#]...

- Pour ensuite à partir de [♻], rechercher une "topologie" propre au niveau [⚤]....

- Comme tu le vois, toute une gymnastique, ce qui est au demeurant une bonne façon de garder la forme...

- Et si nous y retournions ? 

- Tout à fait ! Rendez-vous sur  "Topologie et géométrie algébriques #2 — retour à Zariski".

Hari