Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Bayrou entre refoulement et forclusion

François Bayrou

Le 20/ 05/ 2025 : Une étude de cas

- Je terminais le dernier article "Les 4 discours et le cross-cap de Lacan" sur l'idée que le Sujet sain est toujours en mouvement dans son Imaginaire, ce qui devrait se traduire par la superposition des "4 discours", que nous avons représentés par des parcours sur la topologie du cross-cap sous formes de "strips" de 4 cases. Voir dans "Un GPS pour circuler sur le cross-cap") les 4 circuits en question..

  1. Immanence
  2. Approche Quantique
  3. Transcendance
  4. Philosophie

- Et donc, un Sujet "sain", sans intention particulière, et sans que son attention soit attirée sur un objet particulier serait dans un "état intriqué" où tous les chemins seraient possibles ?

- Oui, ce que je schématise par ces circulations sur la surface topologique de l'Imaginaire (les deux axes étant "les choses" (𓁜𓁝) en abscisse et "les mots" (♧𓁜𓁝♡) en ordonnées. (voir "méditation à bâtons rompus".

[⚤] [♻]
 
 [⚤]  [♻]

En réinscrivant le discours de l'hystérique dans ce cadre général, j'en suis venu à dire qu'il évitait le pôle [♻]♡ du schéma, dans la répétition d'une boucle "locale" ( voir ici):

1 2

- Et Bayrou dans tout ça ?

- Laisse-moi d'abord réfléchir au statut de ce "pôle absent" du tableau, au plus près du Symbolique du Sujet, dans ce domaine particulier de l'Imaginaire où se forme son système de valeurs : [♻]𓁜⇆𓁝[∅].

J'ai avancé que, faute d'activer ce pôle, l'hystérique s'en remettait à la doxa populaire pour s'y représenter en [⚤]𓁜.

- Autrement dit, il court-circuite la voie des choses, faisant dépendre le sens de son discours en  [⚤]𓁜 de ses valeurs en [♻]𓁜 ?

-- Exactement : il reste dans la voie des mots (l'étape 1 du diagramme) et calque sa sémantique (le sens pour lui de sons discours) sur la doxa populaire. Ensuite, il mesure l'effet de son discours en [♻]𓁜, pour y ajuster sa parole [⚤]𓁜 (dans la voie des choses).

- Je commence à comprendre pourquoi tu t'intéresses à Bayrou...

- Maintenant, je m'interroge : s'agit-il de refoulement ou de forclusion ?

- Merci de me rappeler la différence, car je fréquente d'assez loin les psychanalystes !

- Je fais court en passant par Perplexity :

— 🤖: Il existe effectivement deux grands mécanismes d’oubli en psychanalyse : la forclusion et le refoulement.

Refoulement
Le refoulement est le mécanisme central décrit par Freud pour expliquer l’oubli en psychanalyse. Il s’agit d’un processus par lequel une représentation, un souvenir ou un désir jugé inacceptable par le sujet est maintenu dans l’inconscient, empêchant ainsi son accès à la conscience. L’oubli n’est donc pas accidentel, mais résulte d’une volonté inconsciente d’écarter ce qui dérange, pour protéger le Moi. Cependant, ce qui est refoulé peut revenir sous forme de symptômes, de rêves ou d’actes manqués.
Forclusion
La forclusion, concept introduit par Lacan à partir du terme freudien Verwerfung, est un mécanisme plus radical que le refoulement. Ici, il ne s’agit pas simplement de maintenir une représentation dans l’inconscient, mais de la rejeter hors du champ symbolique dès l’origine. Ce qui est forclos n’a jamais été intégré dans l’appareil psychique du sujet, il n’existe donc pas pour lui et ne peut pas revenir sous forme de souvenir ou de symptôme névrotique. La forclusion est le mécanisme typique des psychoses, où un élément fondamental (comme le «Nom-du-Père» chez Lacan) n’a pas été symbolisé et laisse un «trou» irréparable dans la structure psychique. (pour les références, suivre le lien)

- En gros tu te demandes si Bayrou est psychotique ou névrosé ? C'est un peu radical, non ?

- J'avoue avoir été troublé par l'attitude de Bayrou, et particulier quand il affirme devant le parlement n'avoir jamais eu connaissance de quoi que ce soit lorsqu'il exerçait des responsabilités locales, que sa femme était prof de l'établissement et que ses enfants y ont fait leurs études; pour ensuite reconnaître, qu'il a bien eu connaissance d'une histoire de "claque" à un gamin. La claque en question étant une oreille perforée ayant conduit à une enquête et à son intervention personnelle...

- Il n'a pas su entendre...

- Arrête tes blagues de comptoir.

- Plus sérieusement : même en recevant les victimes pour un entretien de plus de 3 heures, il est clair qu'il a du mal à intégrer l'information qu'on lui transmet avec force !

- Il est peut-être plus simplement ce que Sartre appelle "un salaud" ?

— 🤖: Définition du “salaud” selon Sartre
Le salaud, chez Sartre, est une figure centrale de sa philosophie existentielle. Il le définit comme «celui qui, pour justifier son existence, feint d’ignorer la liberté et la contingence qui le caractérisent essentiellement en tant qu’homme». Autrement dit, le salaud est celui qui refuse d’assumer sa liberté fondamentale, qui se ment à lui-même pour éviter la responsabilité et l’angoisse qu’implique cette liberté.

Caractéristiques du salaud sartrien
    •    Il agit «de mauvaise foi», c’est-à-dire qu’il se ment à lui-même pour fuir sa liberté et l’angoisse qui en découle.
    •    Il attribue ses actes ou son existence à des causes extérieures (la société, la nature, l’éducation, etc.), niant ainsi sa capacité à choisir et à se définir par ses propres actes.
    •    Il adopte un «esprit de sérieux», prenant les rôles sociaux ou les valeurs comme des essences fixes, alors que l’homme, pour Sartre, n’est jamais défini à l’avance mais toujours en projet, en construction.
    •    Il se donne des excuses, se trouve des justifications, et refuse d’assumer la contingence de son existence.
        «
Aucun salaud ne se croit tel : tous les salauds sont de mauvaise foi, qui ne cessent de se trouver des justifications ou des excuses».
Exemples et illustrations
Sartre illustre ce concept notamment avec l’exemple du garçon de café dans L’Être et le Néant, qui joue son rôle de façon mécanique, comme s’il était «essentiellement» garçon de café, pour éviter d’avoir à affronter la liberté de ne pas l’être.
Résumé
Le salaud, pour Sartre, est donc celui qui refuse d’assumer sa liberté et sa responsabilité, préférant se réfugier dans des rôles, des excuses ou des déterminismes extérieurs. Il incarne la mauvaise foi existentielle, l’auto-illusion, et l’évitement de l’angoisse de la liberté humaine.
(pour les références, suivre le lien)

- C'est amusant que tu te réfères à Sartre, quand je tentais une approche psychanalytique ! La critique essentielle de Sartre à la psychanalyse (Note 1) c'est la non-prise en compte de la liberté du Sujet (en très gros : je ne suis pas plus philosophe que spy !) Comme, avec l'idée de choix, et la forme canonique, c'est précisément ce que nous mettons au centre du dispositif Imaginaire, nous n'avons aucun problème à nous y référer à l'occasion.

Pour en revenir à l'approche psychanalyste, il est très difficile de nous prononcer quant à savoir si Bayrou est dans un cas de forclusion ou de refoulement, faute de l'entendre en analyse.

- Il y aurait bien une troisième approche, sociologique cette fois-ci. Bayrou est issu d'un milieu bourgeois foncièrement ancré dans un catholicisme très pratiquant; et tu pourrais te reporter à Bourdieu et son habitus (voir "Retour à Bourdieu").

- Oui, oui, mais en creusant comme nous le faisons ici, nous retombons toujours sur le même schéma, avec un "oubli" du pôle [♻], au profit exclusif du pôle [⚤] et un Sujet s'attachant à "paraître" au lieu d'être.

- Tant pis pour lui, mais est-ce grave pour nous ?

- Oui, dans la mesure où son rôle de Premier Ministre nécessite de pouvoir faire face au Réel à partir de valeurs communes aux citoyens qui l'ont choisi, même de façon indirecte. Ce qui est préoccupant, c'est sa cécité face à une réalité traumatique. C'est une girouette tournant au vent des mots, quand il faudrait un homme capable de faire face au Réel.

- Mis un trauma suffisamment important devrait modifier le circuit Imaginaire, non ?

- C'est la grande question ! Dans quelle mesure un Sujet, bloqué sur ce schéma hystérique, peut-il se remettre en piste dans sa tête? Et ne crois surtout pas qu'il s'agisse d'une question purement théorique, voire esthétique ! 

- Tu penses aux Amérindiens qui n'avaient pas "vu" les galions de Christophe Colomb débarquer sur leur côte ?

- Oui, par exemple, et les conséquences d'un retard à l'allumage peuvent être catastrophiques. Souviens-toi de l'opération Barbarossa et de la cécité temporaire de Staline, quant à la véracité des informations qu'il recevait de toutes parts.

- Et c'est une question pertinente encore aujourd'hui : combien de temps faudra-t-il à Trump pour se rendre compte que sa compréhension du système économique est nulle, et plus grave : peut-il en prendre conscience ? (voir "Liberation day !")

- Faute d'une certaine conscience de soi en [♻], il pourrait garder un fonctionnement socialement utile si l'habitus qui l'a conditionné en [⚤] était en accord avec la doxa actuelle.

- Ce serait un pis-aller, une gestion ronronnante en univers certain, ce qui n'est pas le cas d'une société en évolution rapide, en particulier concernant les problèmes de sévices sexuels en général et au sein de l'Église en particulier. Même là, il y a un décalage entre "l'habitus" qui l'a façonné (Note 2) et l'évolution actuelle de la sensibilité sociale.

Mais je pense que la question va plus loin : s'il est incapable de passer outre son habitus dans ce domaine particulier pour "voir" de quoi il retourne dans cette affaire de Bétharram, il aura —et c'est à craindre— la même inertie en ce qui concerne des sujets autres, par exemple dans le domaine économique, voire dans des situations conflictuelles avec les USA ou la Russie. 

Il est possible que cette incapacité soit d'ordre psychanalytique ou sociale, toujours est-il qu'il montre une rigidité comportementale qui nous pose un problème grave, d'ordre politique :

  • soit il est incapable de reconfigurer son Imaginaire (ou de se bouger le cul, c'est la même chose), et c'est dangereux;
  • soit il suit la voie du salaud, en toute lucidité.

- Il doit donc démissionner ?

- Faut voir : un salaud peut être manipulé et utile... On a toujours besoin de garçons de café !

- Amen

Hari

Note 1 :

Je ne pouvais pas éviter la question à Perplexity :

— 🤖 : Sartre et la psychanalyse :
Position critique de Sartre
Sartre critique la psychanalyse freudienne sur plusieurs points fondamentaux. Il rejette l’idée d’un inconscient au sens freudien, considérant que ce que Freud appelle «l’inconscient» n’est pour lui qu’une forme de mauvaise foi : l’homme refuse simplement de voir ce qu’il a refoulé, mais il l’a nécessairement vu à un moment donné, sinon il n’y aurait pas eu de refoulement. Pour Sartre, il n’existe donc pas d’inconscient profond qui déterminerait l’individu à son insu ; il refuse l’idée que l’homme soit déterminé par son passé ou par des pulsions inconscientes.
La psychanalyse existentielle

Sartre propose une alternative : la «psychanalyse existentielle». Cette méthode ne cherche pas à expliquer l’homme par son passé ou par des causes inconscientes, mais à comprendre son existence à partir de ses projets et de la manière dont il se projette vers l’avenir. Pour Sartre, l’homme est fondamentalement libre et responsable de ses choix ; il s’invente lui-même à chaque instant, et c’est dans son projet fondamental que se trouve le sens de sa vie.
Critiques adressées à la psychanalyse

  • Sartre reproche à la psychanalyse de réduire la personnalité humaine à une combinaison de désirs primaires et abstraits, ignorant la singularité des projets individuels.
  • Il critique la vision «chosiste» de la conscience, qui la traite comme une chose passive soumise à des causes extérieures, alors que pour lui, la conscience est active et libre.
  • Il refuse la séparation entre signifiant et signifié, estimant qu’il est contradictoire de parler de significations inconscientes.

Résumé

Sartre rejette donc la psychanalyse classique, qui selon lui nie la liberté humaine et réduit l’homme à son passé et à ses pulsions. Il propose à la place une psychanalyse existentielle centrée sur le projet, la liberté et la responsabilité individuelle, où l’homme n’est pas le produit de son passé mais l’auteur de son avenir. (pour les références, suivre le lien)

Note 2 :

— 🤖 : François Bayrou a été élevé dans un environnement familial rural et agricole, au sein d’une famille de petits exploitants agricoles à Bordères, dans les Pyrénées-Atlantiques, région du Béarn. Son père, Calixte Bayrou, était agriculteur et maire du village, tandis que sa mère, Emma Sarthou, était originaire d’un village voisin et partageait un intérêt marqué pour la politique. La famille était attachée à ses racines béarnaises et à la culture locale, ce qui a profondément marqué l’identité de François Bayrou, qui parle couramment le béarnais et milite pour la sauvegarde des langues régionales.
L’éducation qu’il a reçue était à la fois stricte et ouverte, imprégnée de valeurs civiques, de solidarité et d’un goût pour la littérature et la politique. Après la mort accidentelle de son père, il a aidé sa mère à maintenir l’exploitation familiale tout en poursuivant ses études et sa carrière d’enseignant. 
(pour les références, suivre le lien)

Est-il pratiquant ?

— 🤖 :  Oui, François Bayrou est un catholique pratiquant. Sa foi chrétienne constitue un pilier important de sa vie et de son engagement politique. Il assiste régulièrement à la messe, notamment dans les églises de Pau où il est maire, ainsi que dans son village natal de Bordères. Il participe aussi à des pèlerinages à Lourdes, parfois à pied. Bayrou assume publiquement sa pratique religieuse, tout en affirmant une stricte séparation entre sa foi et l’exercice du pouvoir politique, fidèle à une conception exigeante de la laïcité. (pour les références, suivre le lien)

A-t-il connu des épisodes traumatisants, de notoriété publique ?

— 🤖 : Oui, François Bayrou a connu plusieurs épisodes traumatisants de notoriété publique dans sa vie :

  • Bégaiement dans l’enfance :
    Dès l’âge de 8 ans, il a souffert d’un bégaiement sévère, qu’il a vécu comme un «échec intime, jour après jour recommencé». Ce handicap a marqué son enfance et sa jeunesse, l’obligeant à un important travail sur lui-même pour le surmonter.
  • Accident grave :
    Il a été victime d’un accident qui aurait pu le laisser tétraplégique, un événement marquant et potentiellement traumatisant dans sa vie personnelle.
  • Anorexie de sa fille :
    L’un de ses épisodes les plus douloureux a été l’anorexie de sa fille lorsqu’elle était enfant, une épreuve familiale difficile à surmonter.
  • Affaire de Bétharram :
    Plus récemment, il a été publiquement bouleversé par le témoignage de sa fille aînée, Hélène Perlant, qui a révélé avoir été victime de violences physiques dans l’établissement Notre-Dame-de-Bétharram où sa mère enseignait et où plusieurs de ses enfants ont été scolarisés. Cette affaire, qui implique des accusations de sévices sur mineurs dans l’établissement, a été un choc personnel et politique pour Bayrou, d’autant plus qu’il a dû s’exprimer publiquement sur ce drame familial.

Ces épisodes, à la fois intimes et exposés publiquement, ont profondément marqué François Bayrou et sont connus du grand public.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article