20 Mai 2025
Le 20/ 05/ 2025 :
- Pas possible de mettre le nez dehors tellement il pleut. J'ai donc fait une sieste quasiment comateuse, d'où je sors en tombant sur une petite vidéo de Jean-Michel Knutsen rappelant un conseil de Deleuze pour comprendre l'Éthique de Spinoza : le lire à l'envers, et commencer par la fin.
- Et tu vas te lancer dans cette aventure ?
- Non : pas le temps, par ailleurs je ne cherche pas à être Spinoziste, curieux seulement de voir si notre cheminement s'enracine dans une tradition plus large, dans laquelle j'aurais baigné sans trop le savoir. (Note 1)
- Tu cherches à te rassurer ?
- En quelque sorte, et puis en écrivant sur Bayrou (voir ici), et butant sur l'importance de la liberté chez Sartre, qu'il reproche à la psychanalyse d'oublier, j'ai dû, inconsciemment, prêter l'attention qu'il fallait pour recevoir cette vidéo comme une invite à poursuivre.
- Je suppose que tu vas mettre Perplexity à contribution ?
- Imagine ! (Note 2)
- Donc, si j'ai bien compris : il s'agit d'un survol et de pointer au passage les points de convergence et éventuellement les divergences, ou changements de perspective ?
- Oui : c'est juste pour tester la résilience de notre topologie Imaginaire à un point de vue philosophique bien ancré dans l'histoire de la pensée Occidentale.
L'Éthique de Spinoza
Partie 4 : De la servitude humaine, ou de la force des affects
- La servitude renvoie, bien entendu, au discours du Maître dont nous venons d'analyse la structure (voir ici dans "Les 4 discours et le cross-cap de Lacan")
- Y a-t-il des points de convergence a priori ?
- Il y a la soumission de l'homme à des "causes extérieures"
— 🤖 : "... la 4e partie, a pour thèse centrale l’analyse de la condition humaine sous l’angle de l’impuissance de l’homme à gouverner ses passions et affects. Spinoza appelle «servitude» cette impuissance, c’est-à-dire le fait que l’homme, soumis aux passions, n’est pas maître de lui-même et agit principalement sous l’influence de causes extérieures."
Dans le discours du maître, cette cause est évidemment l'Autre du Sujet, qui s'adresse à l'esclave en[⚤]♧𓁜, avec le même effet que le trauma du Réel ☯[∃]♧[⚤]♧𓁜... Les deux étant ainsi les causes extérieures en question.
Maintenant, nous avons caractérisé la voie suivie par l'esclave comme étant celle des choses (☯𓁜𓁝☯), poussé à agir dans cette unique voie par son seul désir de survie en [♻]♡. C'est ce que l'on pourrait voir comme sa "passion" fondamentale. Si je balaie maintenant les caractéristiques des passions, relevées par l'IA, nous pouvons avancer un peu :
— 🤖 : Posts clefs de la thèse :
La servitude humaine réside dans la domination des affects (passions) sur la raison. L’homme est d’abord passif face à ses passions, ce qui le rend esclave des causes extérieures qui déterminent ses actions.
1/ La cause du mal : pour l'instant, je passe...
2/ La raison : par "modèle de comportement", j'entends le système de valeurs, explicité en [♻]♡𓁜, issu du Symbolique, dans le retournement ([♻]𓁜⇆𓁝[∅]☯)𓂀♡ → ([♻]𓁜⇆𓁝[∅]☯)𓂀♡. C'est "la Loi" au sens des 10 commandements bibliques par exemple, ou l'éthique dans un sens plus large, kantien.
- Si tu places au même noeud [♻]♡ l'enracinement de la "raison" ainsi que la "source du mal", ça va être compliqué !
- On vient juste de rentrer dans le texte, laisse-nous le temps de nous imprégner du décor avant de jouer la pièce !
3/ La vertu : On en avait beaucoup parlé lors du colloque de Cerisy (Note 1).
- J'avoue qu'il ne m'en reste pas grand chose...
- J'avais retenu la pulsion, ou l'idée du sens latin du terme "vertu", peut-être la "pulsion Unaire" de Lacan. L'idée de "coller à ce que nous sommes" n'est pas très éclairante, il faudra y revenir...
4/ De l'éthique individuelle à l'éthique collective. Là, on repense à Kant, à l'idée d'universalité, conduisant "Au principe Universel" dont nous venons de discuter il y a peu.
- Ça fait au moins un fil à suivre, de Spinoza, à la propriété universelle en théorie des catégories.
En résumé : il faut comprendre ce qui, en [♻]♡𓁜, distingue le comportement "juste" de la soumission aux passions.
Partie 5 : De la puissance de l’entendement, ou de la liberté de l’homme :
— 🤖 : La cinquième partie expose la thèse centrale selon laquelle la véritable liberté humaine réside dans la puissance de l’intellect, c’est-à-dire dans la capacité de l’homme à transformer ses passions en actions par la connaissance adéquate et à accéder à une forme d’éternité de l’esprit.
- Bon, là une faut faire une hypothèse pour avancer rapidement, la démarche philosophique étant toujours une exploration basée sur un pari.
- Et quel est ton pari ?
- Que l'Homme étant un être de parole, il s'agit ici de compléter la démarche selon les choses (☯𓁜𓁝☯) (qui rétrospectivement caractériserait la partie 4), par une démarche selon les mots (♧𓁜𓁝♡).
- Ce qui te permet de replacer ta surface topologique de l'Imaginaire ?
- Tu penses bien que je n'allais pas louper cette ouverture. Maintenant, tentons de voir si notre hypothèse tient la route.
— 🤖 : Points essentiels de la thèse :
1/ Deux ordres de connaissance et d'existence :
- Dans l'opposition entre l'ordre de la durée et de l'éternité, il est facile de retrouver la dualité platonicienne de l'Un et du multiple.
- Ce qui conduit à la dualité des postures du Sujet 𓁝𓁜, pour aboutir aux 4 parcours sur le cross-cap (voir "Un GPS pour circuler sur le cross-cap") ?
- Oui, ce n'est pas le lieu de reprendre tout le développement ici, mais ça paraît assez évident. Ce qui semble plus intéressant, c'est la distinction entre :
— 🤖 : Il s’agit de deux types distincts de connaissance chez Spinoza.
La connaissance rationnelle et la connaissance intuitive sont donc deux degrés séparés, même si elles ne s’opposent pas : la science intuitive prolonge et dépasse la raison, en donnant accès à la compréhension immédiate et singulière de la réalité, là où la raison reste générale et discursive.
J'espère que tu as repéré immédiatement que nous sommes dans la voie des mots à définir le bouclage des modes ♡ ♢ ♧ ? C'est ce que nous avons retrouvé chez Russell (voir "Le mode sémantique")
- À ceci près que Spinoza, dans la mesure où il s'inscrit dans une pensée Platonicienne, n'a pas nécessairement distingué formellement le mode syntaxique ♢...
- Disons que nous sommes dans la protohistoire de ces développements ultérieurs. N'oublie pas la période : 1632—1677, il est contemporain de Descartes 1596—1650.
- Donc nous sommes en phase ?
- Oui.
2/ La liberté humaine :
- Pour nous c'est pratiquement constitutif de la démarche, avec le triptyque d'Emmy Noether : quantité conservée/ symétries/ indétermination.
- Certes, mais il s'agit de comprendre de quelle façon Spinoza la caractérise; ici c'est un passage direct 𓁝♧♻↑♡♻𓁜, ou bien 𓁝[♻]♡𓁜→𓁝[♻]♡𓁜; ce qui n'est pas ce qui nous comprenons par indétermination. La représentation syntaxique ♢ que nous pouvons nous en faire, serait un passage à la limite, à force de répétitions.
- Ça peut également se comprendre en termes d'initiation, ou comme "prendre la place du père", avec une création suivant la forme canonique, ou encore la contemplation de la vacuité chez les Bouddhistes...
- Bref, c'est une présentation sujette à de multiples approches, et que je partage sans problème (voir "Comment parler de l'âme avec François Cheng" ou "Métaphysique : la sémantique au-delà de la syntaxe"); même si les mots diffèrent, l'aspiration est la même.
3/ l’esprit humain possède une dimension éternelle :
- Oui, bien sûr, voir l'article sur François Cheng. L'important étant l'aspect non-individuel de cette persistance de l'être (voir le "Moi-Peau").
4/ L’expérience de l’éternité :
- J'avais repensé à cette "joie" d'exister dans "Métaphysique : la sémantique au-delà de la syntaxe".
- Pas très convaincu : l'aspiration Symbolique se signale par la posture [♻]𓁜⇆𓁝[∅]☯; qui doit se vivre dans dans la voie des choses (☯𓁜𓁝☯), quand la connaissance reste dans la voie des mots (♧𓁜𓁝♡). Quant à la rationalité, elle reste de l'ordre de la répétition ♢⇅♡, différente de la compréhension immédiate ♧↑♡, qui la transcende.
Que la "joie" de l'union à Dieu résulte de connaissance "rationnelle et intuitive", il faudrait aller plus avant dans le texte, pour en discuter.
5/ l’amour intellectuel de Dieu :
- Il y a une volonté de dominer les passions par l'intellect, la voie des choses par la voie des mots, qui n'est pas l'équilibre auquel nous conduisent nos réflexions sur la psychanalyse.
Par ailleurs, l'idée d'un "amour intellectuel" de Dieu, me semble une approche très marquée par sa culture Juive, même s'il a été excommunié (frappé d’un herem) de sa communauté.
- Précise ?
- Je me souviens que ce fût un point très discuté, lors du colloque de Cerisy.
— 🤖 : L’étude de la loi divine chez les Juifs, appelée étude de la Torah, est une pratique centrale, considérée comme une mitsva (commandement religieux) majeure, voire la plus importante de toutes. Cette étude concerne la Torah écrite (la Bible hébraïque) et la Torah orale (Talmud, Midrash, commentaires rabbiniques), et elle est obligatoire pour tous, hommes et femmes, jeunes et vieux, riches ou pauvres. (suivre ce lien)
Pour moi, la foi ou l'espérance, par exemple Chrétienne ou Bouddhiste, se vit en posture [♻]𓁜⇆𓁝[∅]☯; tandis que l'étude de la Loi se pratique en 𓁝[♻]𓁜⇆[∅]☯ :
La joie intellectuelle qui se manifeste dans le passage 𓁝[♻]𓁜→𓁝[♻]𓁜, c.-à-d. lorsque la réflexion rejoint l'intuition [♻]𓁜⇆𓁝[∅]←[♻]𓁜⇆𓁝[∅], dans le bouclage ♡ ♢ ♧; c'est le "eurêka" d'Archimède sortant du bain. Spinoza change seulement l'objet de l'attention du Sujet : il ne s'agit plus du niveau d'eau dans la baignoire, mais de la nature de Dieu. Objectifs différents, processus identique : la prise de conscience comme rencontre d'un percept → et d'un concept ←.
- N'oublie pas l'époque. Spinoza est contemporain de Galilée mort en 1642; époque où l'on commençait à croire que la raison était universelle, cadrée cependant avec un principe Unitaire [1] en lieu et place de [∅]. Descartes est dans le paysage et le critiquer comme Spinoza l'a fait, passait malgré tout par sa reconnaissance... Le siècle des Lumière pointe à l'horizon (1715).
En résumé :
Le 21/ 05/ 2025 :
Partie 3 : De l’origine et de la nature des affects :
— 🤖 : La troisième partie expose la thèse fondamentale selon laquelle les affects (ou passions) humains doivent être compris comme des phénomènes naturels, soumis aux mêmes lois que tout ce qui existe dans la nature. [♻]
La troisième partie de l’Éthique de Spinoza démontre que les affects humains sont des phénomènes naturels, déterminés par les lois universelles de la nature. L’homme, loin d’être une exception, est soumis à ces lois et ses passions résultent de la rencontre de sa puissance d’agir avec celle des autres êtres. Comprendre l’origine et la nature des affects est essentiel pour pouvoir ensuite apprendre à les maîtriser et à tendre vers la liberté.
- Bon, là pas de problème : c'est le sens même que je donne à notre "entropologie" en construction. Je te laisse passer en revue les détails en suivant ce lien .
Partie 2 : De la nature et de l’origine de l’âme :
— 🤖 : La deuxième partie, expose la thèse centrale selon laquelle l’esprit humain n’est pas une substance distincte du corps, mais l’idée du corps lui-même, et que la pensée humaine est soumise aux mêmes lois de la nature que tout le reste.
- Là, nous retrouvons ce que nous avons dit en écoutant François Cheng, conduisant à notre définition de l'Imaginaire du Sujet comme un "Moi-Peau", en reprenant l'idée d'une énergie ou Kundalini, dont le "Moi" du Sujet serait une mue. Cette peau ayant la forme du cross-cap, c.-à-d. que ce "Moi" ne sépare le Sujet du Monde, que d'un point de vue local.
— 🤖 : Points essentiels de la thèse :
Résumé synthétique : La deuxième partie de l’Éthique de Spinoza démontre que l’esprit humain est l’idée du corps et que la pensée, comme toute chose, est soumise à la nécessité naturelle. Il n’y a pas de séparation entre l’âme et le corps, ni de libre arbitre absolu. L’esprit humain peut néanmoins accéder à la connaissance vraie en comprenant les causes de ses idées et en développant des idées adéquates.
1/ L’esprit est l’idée du corps :
Je pense que cet "esprit" est ce que nous appellerions le "Moi" du Sujet, avec une approche beaucoup plus nuancée des rapports du Moi au Sujet qu'une simple "représentation" intellectuelle.
Que l'esprit soit "un mode particulier de l'étendue" me renvoie à l'idée de décohérence d'un état intriqué.
- On pourrait également penser en termes d'information. Par exemple toute l'information du contenu d'un trou noir est observable sur son horizon.
- Oui, j'ai l'impression que l'idée est sans doute neuve à l'époque, mais qu'elle a fait des petits si nombreux qu'ils nous sont familiers.
2/ Rejet du libre arbitre :
- Vaste sujet ! Je pense à Gide (Les caves du Vatican) et plus encore à Camus; l'existentialisme, l'absurde etc.
- Pour en revenir à Spinoza ?
- Si tu penses le Moi comme un "observable", soit un état décorrélé d'un ensemble d'états intriqués (dans le Sujet et le Sujet dans le Monde), alors l'indétermination est au coeur de la représentation. Maintenant, le "libre arbitre" peut être perçu par le Sujet en posture 𓁝[α], lorsqu'il fait un choix en univers incertain. Le libre arbitre est proprement l'axiome de choix en mathématique: les constructivistes voudraient bien s'en passer, mais concrètement, il est indispensable à l'expression même des mathématiques: être constructiviste reste un choix...
- Mais ce choix n'est pas sans cause ?
- C'est la question de la "variable cachée", suggérée par Einstein (son paradoxe EPR de 1935), pour expliquer l'incomplétude de la théorie quantique. Non, les expériences sur les inégalités de Bell réalisées par Alain Aspect en 1982, ont montré que cet espoir était vain.
- Mais l'homme n'est pas à l'échelle d'un atome...
- La question n'est pas là mais dans le fait que la connaissance qu'un Sujet peut avoir de lui-même est limitée. Le Moi n'est qu'une projection du Sujet, sa peau; et dans le passage Sujet—[α]𓁜↓𓁝[α]—Moi, il y a, pour le Sujet qui s'exprime, 𓁝[α], un choix en univers incertain, et non parmi des potentialités définies (en univers certain). C'est en cela que le Sujet a le sentiment d'avoir un libre arbitre.
- L'analyste repérera un automatisme de répétition quand l'analysant pensera agir librement...
- Certes, c'est pour cela que cette notion de "libre arbitre" est relative et non absolue. Spinoza pense que par l'étude, en comprenant les causes de nos actions, cette impression d'avoir un libre arbitre va s'effacer, comme Einstein pensait qu'une "variable cachée" supprimerait l'aléa quantique. L'analyste arrivera peut-être a faire comprendre à l'analysant la cause de son acte répétitif, et sa compréhension de lui-même en sera modifiée, mais le point important est que cette amélioration dans la connaissance de soi par la simple raison (en mode ♢) est un processus indéfini, sans saut final 𓁝[♻]♡𓁜→𓁝[♻]♡𓁜. Et Spinoza ne pouvait pas avoir l'idée d'un tel argument quantique à son époque.
Un autre point pour enfoncer le clou : l'expérience à choix retardé de Wheeler. Dans cette expérience, c'est le choix du Sujet 𓁝♡⚤↓♧⚤𓁜 qui est cause du résultat observé ! L'intention du Sujet agit sur un phénomène, ayant été déjà "causé" par ailleurs.
3/ Connaissance et idées:
- Je pense que de nos jours, nous avons quelque peu avancé sur le sujet.
- Rien de particulier à dire ?
- Peut-être concernant les "causes adéquates" des choses. C'est une vision dans la voie des choses, (☯𓁜𓁝☯), et nous avons vu son insuffisance. Dire qu'une chose st "cause" d'une autre, c'est se former une théorie, qui doit être ensuite vérifiée par l'expérience, et ça demande un passage constant du mode des mots (la théorie) (♧𓁜𓁝♡) à la mesure de l'observable dans la voie des choses.
- Autrement dit, il n'y a pas de connaissance "absolue" mais uniquement relative.
- Oui, c'est la même remarque que pour le point précédent, concernant le libre-arbitre.
4/ la connaissance vraie :
- Il découle des deux remarques précédentes sur la connaissance des causes et l'absence de libre arbitre, que le vrai est une conception toute relative lorsque l'on s'en tient à "la raison" c.-à-d. en empruntant le mode syntaxique ♢.
- Et selon un mode purement "intuitif" ♧↑♡ ?
- Le problème est que la raison ne peut pas en rendre compte, par hypothèse.
En résumé :
— 🤖 : La première partie pose la thèse fondamentale du spinozisme : il n’existe qu’une seule substance, absolument infinie, que Spinoza identifie à Dieu ou à la Nature (Deus sive Natura). Tout ce qui existe est en Dieu et rien ne peut être ni conçu ni exister sans Dieu.
Points essentiels de la thèse :
Résumé synthétique :
La première partie de l’Éthique de Spinoza établit que Dieu est la seule substance existante, identique à la Nature, et que tout ce qui existe est en Dieu, déterminé par la nécessité de sa nature. Il n’y a ni création ex nihilo, ni providence, ni finalité : tout est soumis à l’ordre nécessaire de la Nature divine.
1/ Monisme de la substance :
- On revient à un Platonisme pur et dur, avec le Un [1] en place d'objet initial, à la place du vide [∅], déterminant ensuite la Loi ou les règles de l'Univers : ([♻]𓁜⇆𓁝[1]←[♻]𓁜⇆𓁝[1])𓂀Spinoza♡.
- Avec la substance vue ici en [♻]♡𓁜; qui nous rappelle la querelle d'Aristote avec Platon :
— 🤖 : Chez Platon, la substance véritable se situe du côté des Idées (ou Formes) : la réalité authentique est celle du monde intelligible, accessible uniquement par l’intellect, tandis que le monde sensible n’en est qu’une copie imparfaite. Les Idées sont uniques, immuables et séparées des choses particulières ; ce sont elles qui donnent leur être aux multiples objets sensibles.
Chez Aristote, au contraire, la substance se trouve du côté du multiple, c’est-à-dire des individus concrets composés de matière et de forme (hylémorphisme). Pour lui, la substance première est l’être singulier (par exemple, tel cheval particulier), et non l’universel ou l’Idée. Aristote critique la théorie platonicienne des Idées séparées et affirme que la substance est toujours inséparable de la multiplicité des choses individuelles et de leur existence concrète.
En résumé :
La position de Spinoza est entre les deux : oui la substance est une (Platon) mais non elle n'est pas séparée de la création (Aristote).
- Et ta position ?
- Je l'ai déjà exprimé dans le ""Moi-Peau". Ma différence, par rapport à Spinoza, est que cette "unité", tient plus à une "énergie" qu'à une "substance".
- Tu joues sur les mots...
- Non : l'énergie a trait aux "relations" entre objets ou aux "mouvements". En ce sens, je suis plus dans la dualité du Yin Yang. Ce qui persiste n'est ni le Yin, ni le Yang, mais leur relation, et nous avons besoin de deux objets pour définir le mouvement (dualité objet initial [∅]/ final[∃]). Dualité qui remplace celle de Platon entre l'Un et le multiple.
Par ailleurs la dualité pensée/ étendue renvoie à nos deux voies :
- Ne le prends pas mal mais en prenant le mouvement comme principe Unaire entre deux pôles Yin et Yang, tu nous rejoues la Sainte Trinité ! (voir "De l'hypostase")😏
- C'est ce qui est bien avec la philo : tu peux enfiler des perles toute la sainte journée, sans jamais finir le collier ! Mais tu as raison d'y repenser : ça montre au moins que l'idée Unaire de Platon chatouillait ou gratouillait déjà les penseurs Chrétiens au Moyen Âge, où le Saint Esprit, pourrait être compris comme une réification de cet entre deux Père—Fils... Puisque l'énergie n'est pas encore pensable.
2/ Dieu est la Nature :
- "Tout ce qui existe (les modes) est en Dieu et procède de sa nature". Ça ne me gêne pas plus que ça, à condition de penser en termes d'énergie plutôt que de substance. De ce point de vue, j'aime bien l'idée du "Kundalini", dont le Moi ne serait qu'une mue, une peau à durée de vie limitée.
- Tu remplaces la substance par l'énergie... Est-ce le dernier mot de l'histoire ?
- Certainement pas. Plus fin que l'énergie, il y a l'information, et que sais-je derrière encore ? Lorsque les astronomes ont besoin de faire entrer dans leurs équations une "énergie noire" et une "masse noire" représentant 95% de la masse observable pour justifier l'accélération de l'expansion de l'Univers, tu me permettras de rester modeste, lorsque je cherche à représenter l'Imaginaire de l'Homme !
3/ Nécessité et déterminisme :
- En tant qu'ingénieur, j'ai une vague idée des liens entre cause & conséquence, quoique l'expérience de choix retardé doit rendre prudent à ce sujet, mais je ne m'aventurerais pas beaucoup plus loin. Fondamentalement, ce que je vois, ce que je comprends, est limité par ce que je suis : un animal avec un cerveau, au lobe frontal un peu plus développé que le chimpanzé, point barre.
Quant au déterminisme, oui, bien sûr, et la psychanalyse se base sur cette idée que le comportement humain est déterminé par ce qu'il a vécu, mais il est beaucoup plus judicieux d'intégrer dans nos représentations un principe d'indétermination. Pour le dire d'un mot, qui fasse raccord avec notre intérêt pour le langage mathématique : il faut doubler l'homologie (l'objet est donné au départ) par la cohomologie (l'objet se construit par restriction des possibles).
4/ Rejet de la providence et du libre arbitre divin :
- Ça nous renvoie au dialogue d'Einstein et Bohr :
Et ça me rappelle l'histoire juive des deux rabbins qui se disputent si fort sur un point de la Torah, qu'ils agacent Dieu. Celui-ci descendant des Cieux leur apparaît et propose de leur dire sa vérité, mais les rabbins protestent en lui disant que leur dispute ne le concerne pas, que c'est une histoire entre eux concernant sa Loi.
- OK, je pense que tu vas pouvoir méditer quelque temps sur tout ceci !
Le 23/ 05/ 2025 :
- Je ne sais pourquoi ce matin je me réveille avec l'idée que le Moi se consume comme la feuille d'un cigare, séparant l'air du tabac, et que Dieu est un fumeur de havane.
- Il y a donc un Dieu dans ton histoire...
- Tout du moins un souffle que tu peux voir comme divin. Et je reviens par ce chemin fumeux à cette évidence : les anciens réifiaient —i.e. la quantité conservée dans le triptyque d'Emmy Noether— la "chose en soi" avec l'idée de "substance", quand nous réifions le mouvement avec l'énergie, et Einstein va définitivement faire la transition avec E=mc2; ce que nous avons caractérisé, il y a un bout de temps déjà, au coeur du niveau [♻] de la conservation (voir "Syntaxe de l'entropologie"). La conservation de l'espace-temps avec v̅.v= c2 en [♻]♧ renvoyant quant à elle aux conditions a priori de la connaissance de Kant, exprimées dans "La Critique de la raison pure" (voir ici), rédigée vers 1780.
J'ai évoqué Galilée —précurseur d'Einstein avec v=constante, comme de toute la physique— dans mes commentaires, et c'est évident : son principe d'inertie date de 1632 quand Spinoza rédige l'éthique entre 1661 et 1675, et l'idée était encore très novatrice (voir ici). Il faudra ensuite attendre Sadi Carnot, en 1824 pour énoncer qu'un moteur fonctionne avec une source chaude et une autre froide, et Rudolf Clausius en 1865 pour définir le principe d'entropie, soit deux siècles après l'époque de Spinoza.
Par ailleurs je relève que sur certain point, Aristote voit plus juste que Spinoza, en distinguant la puissance et l'acte, présageant la distinction quantique entre :
Et pendant que j'y suis : l'aspect quantique des choses, avec une dualité onde/ corpuscule se double d'une autre qui rejoint notre discussion sur l'Éthique :
- Belle envolée, mais pourquoi cette digression ?
- Emporté par la sympathie que j'éprouve pour le personnage, et avec la déférence due à un philosophe qui a tant impacté notre pensée Occidentale, je cherchais les points de convergence, comme l'ado se cherche dans l'image du père, en escamotant du coup le fossé épistémologique qui nous en sépare.
- Bref, après avoir tué Platon (voir "Qui a tué Platon?"), il faut tuer Spinoza ?
- Oui, c'est un principe de répétition universel, fondamental, rite de passage dans la plus pure forme canonique du mythe (voir "Moi-Peau & forme canonique").
- Et en quoi consiste l'acte sacrificiel ?
- Reviens à l'histoire de la philo (voir ici dans "Histoire mondiale de la philosophie de Vincent Citot"): toute philosophie se fonde sur un choix fondamental entre un principe Unitaire ou un principe Dual.
De ce fait l'Orient comprend le mouvement avant l'objet.
C'est là où nous conduit Freud avec son automatisme de répétitions, et Grothendieck lorsqu'il nous parle de yoga à propos de ses 6 opérations (suivre le lien).
Et c'est pourquoi tout commence, pour nous Occidentaux, par le meurtre du père : Platon.
- Amen !
Hari
ÉNote 1 :
J'avais assisté en son temps à un colloque à Cerisy "Les psychanalystes lisent Spinoza".
Note 2 :
J'ai fais une requête par chapitre, que tu retrouveras en lien ici, avec les références à suivre pour une méditation plus approfondie...
Connaissance rationnelle t instinctive => suivre ce lien
Sur la substance chez Aristote et Platon => suivre ce lien, voir également sur ce blog nos commentaires du Livre de De Libera sur la querelle des universaux (17).