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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Énergie vitale et désir

Qi

Le 06/ 06/ 2025 :

- Je viens de survoler rapidement "Les mille plateaux", qui n'offrait pas d'ouverture majeure sur une nouvelle épistémè, pour revenir à un texte ("Kojève ou Lacan" de Thierry Simonelli) qui m'est fortuitement tombé sous la main concernant la lecture de Hegel par Kojève, et surtout sa postérité, car il structure fortement la pensée de Lacan, et corrélativement celle de Guattari comme de beaucoup d'autres.

- C'est un travail de titan !

- Non, non, rassure-toi : j'ai buté dans le texte sur le concept de "désir", auquel est attaché une négativité qui me semble intéressante.

- Je ne vois pas où tu veux en venir ?

- À ceci mon très cher ami : faute d'avoir procédé à une remise en cause fondamentale d'un socle platonicien commun à toutes leurs discussions, nos philo-spys cherchent comment faire entrer dans leurs représentations un vide, qu'ils n'arrivent pas à voir en position d'objet initial 𓁝[∅], à la place de l'Un Platonicien, identifié dans le retournement[♻]𓁜𓁝[∅], tout simplement.

- Et c'est le "désir" qui a focalisé ton attention ?

- Oui. C'est si central, qu'il apparaît 77 fois dans le texte de Simonelli. 

— 🤖 : ... En résumé : Le désir,

  • selon Kojève, est au cœur de l’humanité, moteur de l’histoire, de la conscience de soi et de la reconnaissance. Il est fondamentalement négatif, créateur, et toujours médiatisé par l’autre.
  • Lacan, tout en reprenant ces traits, les radicalise en plaçant le désir dans l’ordre du langage et du symbolique, faisant du sujet du désir un effet du signifiant et non plus un simple acteur de la dialectique de la reconnaissance. (lien)

Regarde comme tout vient simplement :

Chez Kojève ; dans la voie des choses (𓁜𓁝); 

En représentant le Sujet à son plus haut niveau, i.e. face an Symbolique (hors Imaginaire) par cette posture  𓁝[∅].

  • La virtualité créative est dans l'objet vide [∅];
  • Le Sujet s'exprime dans le passage ([♻]𓁜⇆𓁝[∅])([♻]𓁜⇆𓁝[∅]);
  • Le désir est dans la tension 𓁝/𓁜;

Chez Lacan :

Nous avons la même posture 𓁝[∅], mais cette fois-ci dans la voie des mots (♧𓁜𓁝♡) :

  • La virtualité est d'ordre sémantique 𓁝[∅]𓁝♡𓁜
  • Le signifiant d'ordre objectif 𓁝♡𓁜𓁜;
  • Le désir est là encore dans la tension 𓁝/𓁜

Pour les passage entre les deux voies je te renvoie :

- Tu brodes beaucoup à partir de 3 lignes de texte...

- Il ne s'agit pour l'instant que d'une grille de lecture personnelle. Notre but est de comprendre comment ce vide, non conceptualisé en univers Platonicien, arrive à s'imposer malgré tout dans le discours sur le "désir". Ce qui m'intéresse donc au premier chef est de relever dans ce texte les liens entre désir et vide. Par flemme, j'ai délégué le travail à Perplexity (voir ici les détails); pour obtenir ce tableau résumé :

Concept   Chez Kojève   Chez Lacan
Désir comme vide   Le désir révèle un vide, une absence, une négativité constitutive de l’humain   Le désir est fondé sur le vide, le manque, structuré par le symbolique
Fonction du vide   Le vide du désir est moteur de l’histoire, de l’action, de la transformation   Le vide du désir structure le sujet, cause son clivage, fonde le langage
Nature du vide   Vide existentiel, “néant” qui n’annule pas l’homme mais le pousse à se dépasser   Vide symbolique, manque fondamental, objet du désir toujours manquant

— 🤖 : En résumé : Dans le texte, le désir est constamment rapproché du vide, tant chez Kojève (vide existentiel, moteur de l’histoire et de la subjectivité) que chez Lacan (vide symbolique, manque structurant du sujet). Chez les deux penseurs, le désir n’est pas simple appétit, mais tension vers ce qui manque, ce qui n’est pas, et c’est cette béance qui fonde l’humain comme être de projet, de parole et d’histoire. (lien)

Avoue que ça colle pas mal avec notre grille de lecture...

- OK, d'accord, il y a effectivement un vide qui se faufile dans l'Univers Platonicien, et c'est tout ?

- Non, il y a mieux avec le doublement de la négativité chez Kojève et Lacan. Je te passe les détails (voir ici) pour sauter à la conclusion :

— 🤖 : En résumé : Kojève et Lacan parlent de la double négativité du vide en définissant le désir comme une force qui nie le donné (première négation) et qui, par cette négation, produit une nouvelle réalité subjective (seconde négation). Le vide du désir n’est pas simple absence, mais dynamique créatrice, moteur de l’histoire (chez Kojève) ou du sujet (chez Lacan), toujours structurée par une négativité active et déterminée. (voir ici)

Franchement, ça ne te dis rien ?

- La double inversion de la forme canonique de Lévi-Strauss ?

- Ben oui ! Vérifions-le (voir ici). Il semble que non : les deux cheminements intellectuels viennent d'horizons radicalement différents. 

- Ça rend la convergence d'autant plus intéressante : tu as ici un exemple de "Déterritorialité" à l'oeuvre !

- Blague à part, il y a là une question de synchronicité.

  • Lévi-Strauss va au Brésil (1935-1938), et publie ses premiers articles méthodologiques entre 1945 et 1953
  • Kojève élabore l’idée de la double négativité du désir principalement dans les années 1930, lors de ses célèbres séminaires sur Hegel à l’École pratique des hautes études (1933-1939). Cette conceptualisation est synthétisée et publiée dans son ouvrage majeur, Introduction à la lecture de Hegel (Gallimard, 1947), qui reprend et développe les leçons données pendant cette période;
  • Lacan commence à intégrer et à reformuler l’idée de double négativité du désir à partir des années 1950, dans ses premiers séminaires, et tout au long des années 1960.

- Sans oublier les théorèmes d'incomplétude de Gödel de 1931, en pleine crise des fondements des mathématiques. (voir lien)

- Merci du rappel. J'ai posé la question d'un rapport entre la forme canonique et la double négativité du désir de Lacan à Perplexity :

— 🤖 : Il existe des similitudes formelles frappantes entre la double inversion de la forme canonique de Lévi-Strauss et la double négativité du désir chez Lacan, mais il n’y a pas de filiation directe attestée ni de rapport explicitement revendiqué par l’un ou l’autre auteur. (voir détails ici)

Toutefois, je ne serais apparemment  pas le premier à avoir noté ces similitudes, ce qui me rassure  :

- En résumé : tu retrouves tous les ingrédients qui t'ont mené au cross-cap, ce qui est très rassurant, puisque tu t'es très explicitement inspiré de Lacan tout au long de ta démarche.

- Ironie facile... Non, je voulais simplement montrer que toute la réflexion philosophique, depuis au minimum Kojève est en train de muer et abandonne implicitement le bon vieux principe Unaire Platonicien, au profit du vide, dix siècles après son apparition en mathématiques occidentales; même si, sur le dojo philosophique actuel, les tenants du Un et du multiple, s'affrontent encore et toujours selon les règles de la lutte Gréco-romaine, et je n'ai rien contre Badiou (voir "De la philosophie comme sport de combat").

- Menteur !

- Amen

Hari

PS : pour l'énergie vitale, nous avons déjà largement traité le sujet : voir

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