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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Relativité de la différence émergence/ décohérence

Relativité de la différence émergence/ décohérence

Vendredi dernier, j’ai eu l’occasion de discuter avec Y.B. d’une expérience qu’il a pu faire concernant les transitions d’états de conscience (i.e.: le principe d'adhésion émergentiste), observées grâce à un IRM.

Le détail du protocole expérimental en lui-même est trop subtil pour être décrit en quelques mots. Le principe en est le suivant : un spectateur est mis en situation de participer à un spectacle (la subtilité consiste à faire entrer le théâtre dans une salle d’imagerie médicale) dont la mise en scène présente quelques « hiatus » destinés à interpeler le spectateur (17 points pour être précis). Par exemple, à un moment donné, l’acteur jette un coup d’œil à la caméra, hors situation ; un peu comme les personnages des « Ménines » de Velasquez, ou comme « les aveugles » de Bruegel nous interpellent…

Dans l’attente des détails de ce travail, ce que j’ai retenu de notre discussion m’interroge. En effet lors de ces « points de contact » préparés par le metteur en scène, deux faits majeurs retiennent mon attention :

  1. La liaison entre les deux hémisphères du cerveau (droit/gauche) est interrompue, comme dans les états modifiés de conscience (anesthésie ou états hypnotiques par exemple) ;
  2. Le rythme cardiaque baisse (en fait la variabilité du rythme: pour les férus de statistiques).

Mon interprétation immédiate est la suivante :

  • L’interpellation du spectateur est une mise en contact de deux niveaux Imaginaires, le tuchê de Lacan, son point de capiton ;
  • La baisse du rythme cardiaque correspondrait à une diminution de l’énergie investie dans ce mouvement, équivalent d’une « baisse de libido »
  • J’en déduis que cette baisse de libido correspond à une montée diachronique (i.e. : Ik => Ik+1)

Dans ces conditions, il faudrait que l’interruption de la liaison entre les deux hémisphères ait à voir avec un arrêt de la perception du mouvement, ou du temps. En effet, lorsque les deux plans Imaginaires sont en contact, je n’ai plus la possibilité de prendre conscience du temps, puisque disparaît la base stable d’où cette prise de conscience pourrait se faire. C’est une voie à explorer.

Pourrait-on y voir ce que le psychanalyste appelle la « jouissance » ? C’est une autre piste à préciser.

Mais ces premières réflexions m’amènent à creuser quelque peu ma propre interprétation.

Dans cette expérience, le spectateur est-il tiré vers le Symbolique, une plus ample conscience de la scène (mon interprétation immédiate), ou bien est-il aspiré par le Réel, qui le réveillerait d’une appréhension synchronique, ronronnante de la scène ? Il faudrait dépouiller le compte rendu de l’expérience pour avancer sur ce point.

Et c’est sur la mise en perspective de cette dernière interrogation que je voudrais attirer votre attention aujourd’hui : en effet, qui distingue entre les deux mouvements Ik => Ik+1 et Ik+1 => Ik ? Sinon moi (Im), en position ex-post par rapport à Ik+1.

Mais alors, quel est à proprement parler le vécu du spectateur (i.e. : lorsque Im = Ik+1)? Dans l’instant du contact, peut-il faire la différence entre les deux mouvements, au moment précisément où les plans se confondent, l’instant de sa jouissance, peut-être?

Ce qui fait question, c’est cette baisse du rythme cardiaque : pouvons-nous la repérer pour les deux types de mouvements diachroniques (i.e. : Ik => Ik+1 & Ik+1 => Ik) ? Auquel cas, il faudrait théoriser sur l’unicité du processus… Car, après tout, monter et descendre sont des termes très relatifs : lorsque je descends un escalier, je peux dire également que l’escalier monte vers moi…

Et puis, je voudrais revenir sur les expériences que l’on peut avoir lorsque l’on semble submergé par le Réel. Je raconte, dans « L’Homme Quantique » certain accident vécu, que je peux caractériser par une conscience aiguë du la situation, sans possibilité d’en être effrayé. Mais j’ai connu également des moments de pure panique, avec une accélération du rythme cardiaque dans des circonstances ridicules pour moi, objectivement bien moins dangereuses… L’idée que j’ai en tête, est que la « panique » est une réponse pas tout à fait immédiate au danger, et, en particulier qu’elle ne peut se développer qu’en fonction d’une certaine perception du temps qui passe, contrairement à la situation de pure inertie que l’on expérimente lorsque l’on sait ne plus rien pouvoir faire… Il faudrait pouvoir vérifier si la décharge d’adrénaline qui accélère le rythme cardiaque en état de panique est précédé ou non par une baisse du rythme cardiaque durant l’instant de la « prise de conscience » de la situation vécue.

Comme vous le voyez, cette expérience de Y. B. est riche de perspectives à développer.

Pour tout dire, je me demande s’il y a vraiment, pour l’acteur lui-même, cette différenciation que nous avons établie (en position ex-post) entre émergence et décohérence.

A développer…

Hari

Las Meninas de Velasquez

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Recul diachronique...

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A
J'ai discuté avec Yannick depuis cet article, et les idées se sont décanté.<br /> J'y reviendrai donc, et je laisse cet article en lecture, au titre d'archive... C'est toujours intéressant de garder trace de la piste qu'a suivi notre pensée, avant de se stabiliser; voir d'où elle vient.
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