15 Octobre 2025
Le 15/ 10/ 2025 :
Circulation sur R↑
- Hier, après avoir mis à jour mon "Analyseur entropologique", j'ai relancé R-Claude sur l'analyse de la grammaire générale à l'Âge Classique. Il faut reconnaître qu'après avoir longuement explicité chacune des fermetures du cross cap, comme des rubans de Moebius, il divague moins.
-Il ne fait plus d'erreurs ?
- Si bien entendu, et c'est la notion d'espace qui lui pose le plus de problèmes. Par exemple, dans son analyse, il me sort un lien ♡⚤←♡♻ du plus bel effet, alors que nous sommes censés nous trouver sur un ruban de Moebius R↑.
Je lui demande alors de se reporter à la syntaxe pour trouver le moyen de passer de l'un à l'autre sur ce ruban. (voir la synthèse sur les "circuits" et "raboutages" à la fin de l'article sur le verbe être). Il me ressort immédiatement :
| ↺⃞⃖ | ∅♻/∃⚤ | ↻⃞⃗ |
Autrement dit, il faut passer par la séquence ♡♻↑∅♻/∃⚤↑♧⚤↑♢⚤↑♡⚤ pour transcrire sur le ruban un parcours qui semble plus évident ainsi : ♡⚤←♡♻. Si tu préfères une image, ça se représente de cette façon sur le cross-cap :
| ♧♻↑♡♻ | ∅♻/∃⚤ | ♧⚤↑♡⚤ | ||||||||||||||||||
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- Et donc ?
- La question revient sous une autre forme, lorsqu'il s'agit cette fois de savoir si l'on doit passer de ♡♻ à ♧♻ :
Jusqu'à présent, j'avais évité les jointures, en écrivant directement ♡♻↑♧⚤↑♢⚤↑♡⚤↑♧♻...
- Même ainsi, ça paraît bien compliqué !
- Sans doute, mais les chemins sont effectivement différents. Pour le dire très rapidement, dans la descente, tu pars d'un principe général de conservation pour distinguer une partie qui se "conserve" soit notre "objet", dans l'autre tu remontes de la représentation de cet objet en ♧⚤, et les niveaux intermédiaires (s'ils existent !)
- Toujours aussi compliqué. Et qu'en a pensé R-Claude ?
- Il en a déduit que ♡♻↑♧⚤↑♢⚤↑♡⚤↑♧♻ était le chemin le plus court, et ça m'a donné matière à réflexion.
Mon écriture glyptique paraît compliquée car elle transcrit littéralement ce qui est une représentation initialement topologique de l'Imaginaire; autrement dit c'est une projection en 1D d'un circuit se déroulant en 3D (sur un cross cap ou comme ici un ruban de Moébius). et ces deux "raboutages" ∅♻/∃⚤ & ∅⚤/∃♻ marquent une coupure unique (de 2 points de vue différents) sur la représentation, d'une figure qui n'en possède pas.
- Mais d'où t'est venu ce terme de "raboutage" que le correcteur orthographique refuse obstinément de reconnaître ?
- Il s'est imposé à moi, sans que j'y pense vraiment, mais à la réflexion, ça vient de l'idée d'algèbre qui, si ma mémoire est bonne, vient de "rabouter" : si tu "rajoutes" une même quantité à droite et à gauche du signe égal dans une équation, cette égalité reste intacte... Et j'aime beaucoup, comme tu le sais, cet aspect "bricolage" qui nous vient du fond des âges.
Puis, dans les vapeurs de l'éveil, mon esprit prenant ses aises, j'ai repensé à ce que j'avais lâché —pris dans le flot du discours— en faisant ma présentation à l'atelier d'Anatole Khélif: "une équation, c'est comme une co-chaîne : ça tourne autour de zéro".
- Tu en reviens à la topologie, qui elle aussi tourne autour du concept vide, en comptant les trous d'un espace topologique ?
- Oui, et notre ruban de Moebius également tourne autour d'un vide, c'est en fait moins qu'un ruban, un simple fil (celui du discours) auquel on applique une torsion pour que [∅] se raboute à [∃]. Et tu sais bien que cette torsion est marquée par le passage de la posture 𓁝[∅] à la posture [∃]𓁜 du Sujet.
- Tout ceci pour nous dire quoi ?
- J'imagine notre Sujet tournant dans son Imaginaire sur ce fil de discours, d'un geste aussi automatique qu'un Turc égrainant son tesbhi entre ses doigts, ou qu'un Tibétain tournant son moulin à prières.
Il nous faut ressentir pleinement l'évidence de ces passages, d'autant plus qu'à force d'y réfléchir, leur différence s'est imposée à moi.
1/ Passage ∅⚤/∃♻:
- C'est vrai ça, quel sens accorder à la posture 𓁝∅⚤ ?
- Pour me faire comprendre, je vais utiliser une métaphore mathématique :
=> Les postures à retenir dans ce mouvement d'ensemble sont donc bien : ♡⚤𓁜↑𓁝∅⚤/∃♻𓁜↑♧♻𓁜.
2/ Passage ∅♻/∃⚤:
Ici, la question est plus simple :
Tout ceci est bien pris en compte dans la séquence :
♡♻𓁜↑𓁝∅♻/∃⚤𓁜↑♧⚤𓁜↑𓁝♢⚤𓁜↑𓁝♡⚤𓁜↑𓁝∅⚤/∃♻𓁜↑♧♻𓁜↑𓁝♢♻𓁜↑𓁝♡♻
- Sans doute, mais il faut bien reconnaître que c'est très fastidieux !
- C'est pourquoi nous ne décortiquons pas ainsi tout ce que nous faisons d'instinct, et si nous éludons ces coupures nous pouvons écrire directement :
Et sur nos schémas :
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![]() |
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||||||||||||||||||
| ♡♻𓁜↑♧⚤𓁜 | ♡⚤𓁜↑♧♻𓁜 |
La difficulté étant de "voir" la continuité en ligne droite des mouvements de type "↑" sur un ruban R↑ qui se traduisent sur la surface topologique "à plat" par un passage au coin diamétralement opposé.
- En somme les questions ontologiques ou existentielles ne seraient dues qu'au mode de représentation, et la philosophie traduirait un manque de recul ?
- Disons à tout le moins que dans une démarche qui se veut immanente dans la seule voie des mots (i.e. R↑), la réponse à une question ontologique est toujours d'ordre existentielle.
- Qu'en est-il dans l'autre sens, transcendant R↓ ?
Circulation sur R↓
- Tu as raison, et puisque nous y sommes, autant y regarder de plus près. Comme nous partons cet fois-ci au plus près du Symbolique, en ♡♻𓁜, nous devrions arriver à ces schémas :
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![]() |
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||||||||||||||||||
| ♧♻𓁜↓♡⚤𓁜 | ♧⚤𓁜↓♡♻𓁜 |
Ce qui donne en développé :
Mais j'avoue avancer en terrain découvert, car la démarche a quelque chose de religieux ou dogmatique qui ne me plaît guère. Bon, sous toute réserve, je te propose ceci
1/ Passage ∃♻/∅⚤ :
C'est certainement mal exprimé, car comme je te l'ai dit, je suis mal à l'aise dans le genre religieux, mais bon, tu retrouves malgré tout la discussion autour de la substance : est-elle du côté du monde des idées, et de l'un (ici le niveau [♻]) ou du côté du monde du multiple et de la manifestation (ici le niveau [⚤]).
2/ Passage ∃⚤/∅♻ :
C'est le passage biblique : "le verbe s'est fait chair" qui résonne en tout Occidental ayant peu ou prou été bercé dans son enfance au sein de l'Église...
- Il faudrait dépasser tes souvenirs de jeunesse pour comprendre quels mécanismes sont en jeu, non ?
Nous retombons sur l'ambivalence du verbe "être" qui est au centre de la grammaire générale à l'Âge Classique. (voir "le verbe être").
Si je regarde un peu d'où sort cette discussion sur la nature de l'être (voir ce qu'en dit Perplexity ici), on peut remonter à Parménide/ Platon / Aristote. Cependant, et là il me faudra étayer la thèse : ces philosophes sont dans la voie des choses, précisément pour se démarquer d'une approche par les mots, celle des Sophistes.
Mon hypothèse est que c'est l'Église, au Moyen Âge, qui a détourné la philosophie, en R→ pour la mettre à son service, dans la voie des mots en R↓.
— 🤖 :
- Oui, au moment où, selon Foucault, la pensée s'articule entre mathésis (♧⚤) et taxinomie (♢⚤) dans la voie R↑, et se retrouve en particulier dans la grammaire générale... Avec au centre le verbe "être".
- Exactement : c'est de là que Foucault prend son élan pour dire que l'Homme, comme "objet" de sa propre "attention", est une idée moderne... De ce point de vue, on peut même avancer d'un pas, en disant que l'Homme "est" un effet de langage...
- Lacan : l'Homme est un être de langage !
— 🤖 : "Jacques Lacan a bien soutenu que l’homme est, fondamentalement, un être de langage : il n’est pas l’auteur de la formule telle quelle (on la retrouve dans plusieurs lectures synthétiques), mais il insiste sur le fait que le sujet humain n’existe qu’en tant que « parlêtre » — un être parlé par le langage plutôt que maître de celui-ci.
Une citation explicite de Lacan sur ce thème :
« Le langage est extérieur à ce vivant, qui du fait que le langage lui tombe dessus devient un parlêtre (formule de 1973, dont Lacan précise parfois qu’elle veut dire non pas être parlant, mais être parlé). »
On trouve aussi dans ses séminaires et écrits des formulations comme :
« C’est le monde des mots qui crée le monde des choses » (Écrits, 1966).
Et plus radicalement encore :
« L’être parlant est un animal malade. Au commencement était le Verbe, tout ça, ça dit la même chose. » (entretien du 29 octobre 1974).
Il faut donc retenir que Lacan n’a pas forgé une formule unique reprise partout, mais l’idée que l’homme n’est homme que pris et structuré par le langage est centrale dans toute sa pensée."
- Il y aurait donc tout un pan de la pensée Occidentale, focalisée sur le rapport entre l'Homme et la parole, dans la voie de mots, que ce soit de façon immanente R↑ ou transcendante R↓ ?
- C'est en tout cas une piste bien fréquentée ! À nous de vérifier si notre caractérisation comme une "circulation sur un ruban R↓↑" résiste à l'examen. Par l'instant, je trouve que ça encaisse plutôt bien le choc...
Mais je voudrais finir cet article sur le verbe "rabouter" : en passant de [∅] à [∃]; on ne peut pas dire que le Sujet 𓁝𓁜 "explique" quoi que ce soit, et le fait qu'il tourne ainsi en rond pour se retrouver au point de départ... Tourne à l'automatisme de répétition...
- Mais riche du parcours, malgré tout, non ?
- Certes, n'oublions pas les leçons de la dialectique ! Bref, le fait est qu'en tournant, il faut bien tourner autour de quelque chose !
- Et tu reviens à la topologie...
- Effectivement, vue de ♢#, c.-à-d. au centre du manège —le point aveugle des circuits R↑ ↓ et R→←— si 𓁝𓁜 "tourne" sur un lacet qu'il est impossible de réduire au point de départ (cf. les lacets en topologie), rendant ainsi le voyage possible, c'est bien parce qu'en son milieu existe un vide infranchissable... Et tu retrouves ici encore cette dialectique entre [∃] et [∅], vue cette fois-ci depuis [#]♢.
De ce point de vue, le geste de "rabouter" [∅] et [∃] revient à faire exister ce vide central; comme en écrivant une équation algébrique (....)=0 c'est le "0" qui atteste de l'existence de la suite de symboles comme une "chaîne" (ou "cochaine", c'est selon).
- Ton écriture n'est pas une algèbre...
- Je n'ai pas cette prétention, mais note quand même l'analogie :
♡♻𓁜↓𓁝♢♻𓁜↓♧♻𓁜↓∃♻𓁜/𓁝∅⚤↓♡⚤𓁜↓𓁝♢⚤𓁜↓♧⚤𓁜↓∃⚤𓁜/𓁝∅♻↓♡♻𓁜= ∅
Ce sera peut-être plus lisible en prenant juste l'ordre de succession des étapes:
♡♻>♢♻>♧♻>∃♻>∅⚤>♡⚤>♢⚤>♧⚤>∃⚤>∅♻>♡♻= ∅
La nature parfaitement cyclique de l'enchaînement narratif permet d'écrire sans trop se tordre la cervelle :
♡♻>♢♻>♧♻>∃♻>∅⚤>♡⚤>♢⚤>♧⚤>∃⚤>∅♻= (>♡♻)
que l'on peut comprendre comme : "en ∅♻ je suis à un pas de ♡♻"
- OK, tu conserves donc cette idée d'une dualité [∃] / [∅], même lorsque 𓂀 recule de [⚤]♧ à [#]♢; mis qu'en est-il lorsque l'Imaginaire passe d'une voie à l'autre, sur le cross cap ?
- Nous avons déjà abordé le sujet dans l'article "Le Moi—Peau" : je garde l'idée du Sujet comme d'un "bord", qui n'a pas de bord... Et c'est la représentation la plus générale que je — 𓂀Hari— puisse donner de moi-même en [♻]♡, pour parler du reste.
- Amen
Hari