Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
4 Avril 2016
Ce matin, en regardant les statistiques de mon blog, je vois qu’un internaute avait atterri sur un ancien article « convergences » datant du 17 novembre 2010. Article complètement oublié au fond du blog, et que je redécouvre. J’en profite pour corriger quelques fautes d’orthographe qui piquent les yeux.
Et ces statistiques décidément surprenantes, m’indiquent qu’un autre article oublié, plus récent cependant a également été visité : « L’avenir de l'homme » daté du 12 mars 2015 cette fois-ci.
Et c’est après ces relectures qu’en me rasant tard ce matin (oui, je profite de mes vacances à Rennes pour lézarder) me vient cette idée : si le Bouddhisme a tant le vent en poupe aujourd’hui en Europe, et en France particulièrement, c’est parce que le sacrifice initiatique qui permet de s’élever (i.e. : pour ceux qui me suivent d’un peu près : une élévation diachronique de l’Imaginaire vers le Symbolique, empruntant la forme canonique desmythes) est individuel ; alors que, dans les religions du livre, le salut individuel est subordonné, passe au second plan par rapport à l’aspect communautaire. L’Église chrétienne règle la vie des fidèles, les juifs sont le « peuple élu » quand la loi islamique prétend régenter la vie publique…
Entre le bouddhisme et nos trois religions du livre, il y a fondamentalement une différence de niveau Imaginaire. Et ceci se voit très clairement. Par exemple, pour les chrétiens, la scène originelle, la mise en œuvre rituelle du mythe, qui est l’eucharistie, c’est le sacrifice du fils de Dieu pour l’élévation de son peuple. C’est donc bien au niveau communautaire qu’il faut appliquer la forme canonique du saut diachronique (le pas vers Dieu). Par contre, pour le bouddhiste, la contemplation de la vacuité, qui signe la disparition du « moi », est par essence un acte individuel, une expérience personnelle.
Il y a bien, au sein du bouddhisme, une différence entre le salut « pour soi » (le petit véhicule ou hīnayāna) et l’attitude de celui qui diffère son éveil pour éclairer les autres, différant sa propre ascension vers la bouddhéité, dans une position instable de bodhisattva (le grand véhicule ou mahāyāna). Mais l’action en elle-même est fondamentalement individuelle. Le sacrifice du moi concerne chacun.
Donc, pour en revenir au parallèle religions du livre / bouddhisme ; nous avons bien d’un côté un Symbolique concernant le groupe et de l’autre un Symbolisme axé sur l’élément.
Or, nos sociétés occidentales mettent l’accent sur l’individu, depuis le Siècle des lumières (époque de l’émergence de l’Homme au sens moderne, selon Foucault). Il n’est donc pas étonnant que dans une société renvoyant le Symbolique à l’individu, et c’est le sens profond de la LAÏCITÉ, l’Occident se tourne vers le bouddhisme, plus « politiquement correct » que d’anciennes racines judéo-chrétiennes qui nous gênent aux entournures.
Amen
Hari
P.S.:
1/ En ce sens, le succès du Bouddhisme en France pourrait être vu comme une résistance, au niveau Symbolique, àla culture anglo-saxonne basée sur le protestantisme.
2/ En ce qui concerne la laïcité comme concept diachronique: voir ce billet.