25 Janvier 2025
Les portes sur l'univers
(appendice à "La clef du Yin et du Yang")
Le 25/ 01/ 2025 : (suite de #8)
- Avant de poursuivre, j'aimerais revenir sur ce que A.G. dit de la démarche scientifique, et c'est important, puisqu'au fond, c'est au coeur de sa démarche : son yoga du Yin et du Yang est une tentative pour démonter le mécanisme de la création scientifique..
"«La méthode» est restée la même : précision avant tout ! — et les «questions», nous n'avons garde de les poser au «Tout», au grand Silencieux, mais bien à la partie, toujours empressée de répondre à toutes les questions qu'on voudra bien lui poser — les stupides comme les intelligentes, les superficielles comme les profondes, elle n'est pas à ça près ! Et quand nous avons rempli nos sacs et nos carnets avec les réponses du multiple, il est temps à nouveau de revenir à l'Un, au Tout. Pour une paire d'yeux de rechange.
Tel me semble être le mouvement de va-et-vient entre le désir et la nécessité, entre la chair de la connaissance et l'ossature du savoir, entre l'Aimée, et les choses qu'elle habite et qui nous mènent vers Elle.
Dans ce mouvement, la «pureté» appartient à la méthode, à la voie choisie. Elle se manifeste par une claire vision des constituants d'un Tout, de leurs particularités propres et de leurs différences mutuelles. Elle réside dans la précision de cette vision. La fécondité, elle, vient d'ailleurs. Elle ne réside ni dans la méthode, ni même dans les choses que nous interrogeons, mais dans celle qui les habite et qui nous répond par elles.
Pour le dire autrement : le pur est un moyen pour nous mener vers le fécond, vers la fécondité propre à l'Aimée, la Mère. Quand le pur cesse d'être moyen, pour devenir sa propre fin, la pensée se trouve coupée de la source et se dessèche, faute de se renouveler. Elle aura beau accumuler les œuvres et emplir des bibliothèques entières, ce ne sont pas là les œuvres de l'Amour. Elles diront peut-être la gloire du patron, mais elles n'ont aucune part à la fécondité de la Mère." p. 1192 (en gras dans le texte)
J'avoue m'être fourvoyé dans ce texte : à première lecture j'avais compris que A.G.mettait l'accent sur la pureté, parce qu'il l'a mis en couple avec "fécondité", et que cet axe particulier va structurer la suite du développement. Mais je n'avais pas fait attention à la restriction qu'il apporte :
"Quand le pur cesse d'être moyen, pour devenir sa propre fin, la pensée se trouve coupée de la source et se dessèche, faute de se renouveler."
- Là-dessus, nous sommes tous d'accord, non ?
- Oui, bien entendu, mais ça souligne du coup l'importance de l'autre axe, lié à son désir et conduit du "savoir" à la "connaissance". Le savoir étant de l'ordre de l'accumulation des rapports à l'objet, la connaissance étant du côté de l'unité derrière la multiplicité des expériences de l'objet.
- Autrement dit, ça te conforte dans l'idée d'une dualité des voies qu'il définit sans en voir l'orthogonalité :
- Oui, c'est l'essentiel qui doit nous servir de boussole, pour nous orienter dans cet échaudage de couples bricolés à partir d'un contresens quant à la nature même de la dualité Yin/ Yang, nous n'y avons que trop insisté.
12/ Précision et généralité — ou la surface des choses
"J'ai commencé hier à essayer de cerner le mouvement de va-et-vient, dans la pensée à la découverte du Monde, entre le «désir» ou la «fin», incarné en la fécondité de la «Mère», et la «nécessité» ou la «voie», incarné en la pureté de la méthode, du mode de connaissance même que représente la «pensée». Ce mouvement me semble évoqué assez bien par le «diagramme en zigzag» que voici :
J'ai fait figurer le diagramme en zigzag, dans lequel figurent sept couples (représentés par sept flèches) reliant quatre qualités yang et quatre qualités yin, entre les deux couples séparés
pureté → fécondité et savoir → connaissance. " p. 1193 & 1194
- Ça me rappelle les "cartes" géographiques que les Kanacs font sur des bambous gravés, et leur façon de représenter parallèlement des dimensions perpendiculaires (à nos yeux).
- Oui : nos deux axes (☯𓁜𓁝☯)⊥(♧𓁜𓁝♡) sont ici parallèles, ce qui rend le cheminement proposé par A.G. passablement hermétique.
- À toi de relever le défit !
- Tentons ceci :
les choses (☯𓁜𓁝☯) | les mots (♧𓁜𓁝♡) | |
pureté→fécondité | savoir↑connaissance | |
𓁝particulier → général𓁜 | 𓁝[α]m→[α]m𓁜 | 𓁝mα↑(m+1)α𓁜 |
précis𓁜 → général𓁜 | [α]m𓁜→𓁝[β]m→[β]m𓁜 | mα𓁜↑𓁝(m+1)α→[α]m+1𓁜 |
précis𓁜 → 𓁝vague | [α]m𓁜→𓁝[β]m | mα𓁜↑𓁝(m+1)α |
clair𓁜 → 𓁝vague | [α]m𓁜→𓁝[β]m | mα𓁜↑𓁝(m+1)α |
clair𓁜 → 𓁝obscur | [α]m𓁜→𓁝[β]m | mα𓁜↑𓁝(m+1)α |
su 𓁜 →𓁝obscur | [α]m𓁜→𓁝[β]m | mα𓁜↑𓁝(m+1)α |
su 𓁜 → 𓁝mystérieux | [♻]𓁜→𓁝[∅] | ♡𓁜↑𓁝[∅] |
- Ça ne nous avance pas beaucoup...
- Tu voudras bien m'excuser, mais les termes "précis", "vague", "clair" et "obscur", ne me semblent pas particulièrement bien définis. Ce tableau permet cependant de soulever un lièvre :
Le schéma de A.G. ne prend pas en compte cette différence fondamentale à mes yeux, car au plus proche du Réel :
Il faudra attendre d'être en mode ♢ pour qu'un "élément♧⚤𓁜" fasse "𓁝partie♢⚤" d'une "structure♢⚤𓁜" de groupe en passant par ♧⚤𓁜↑𓁝♢⚤, passant alors du Yang au Yin en fonction du contexte.
- Pas terrible comme début...Espérons que la suite nous apporte quelques lueurs.
- A.G. parle de "dynamique du désir", et j'ai encore en tête la remarque de Dimitri lors de ma dernière présentation à l'atelier CLE d'Anatole Khélif (ici) : il faut introduire le désir dans la représentation d'un processus de penser. Nous sommes tous d'accord, et c'est chez A.G. une grande avancée par rapport à "la Méthode" de Descartes.
"pureté → fécondité et savoir → connaissance.
Ces deux couples expriment une relation dynamique commune aux sept couples du zigzag, lesquels peuvent tous être vus comme représentant un des multiples aspects de la «dynamique du désir»: celle où le «savoir» qui répertorie et explique est le moyen de la voie vers une connaissance «en compréhension», et où la «pureté» de la démarche intellectuelle est moyen et voie vers la fécondité d'une intuition du Tout. Cette intuition plonge profond dans l'inconscient, et aucune des formulations qu'elle nous inspire pour la décrire et la cerner dans le champ du conscient ne saurait entièrement la capter ni l'épuiser..." p.1194
Cette partie, essentielle au propos de A.G., s'articule particulièrement bien en utilisant notre syntaxe, contrairement à sa litanie de "couples" :
Le sens de cette pulsion, sur une surface topologique est malheureusement plus difficile à cerner que sur une ligne... Nous avons déjà proposé ceci :
𓂀♡ | 𓂀♡ | |||||||||
[∅] | [∅] | [∅] | ||||||||
↑ | ↑ | ↑ | ||||||||
[∃]♡ | → | [⚤]♡ | → | [#]♡ | → | [♻]♡ | → | [∅]☯ | ||
↑ | ↑ | ↑ | ||||||||
[∃]♢ | → | [⚤]♢ | → | [#]♢ | → | [♻]♢ | → | [∅] | ||
↑ | ↑ | ↑ | ||||||||
☯[∃]♧ | → | [⚤]♧ | → | [#]♧ | → | [♻]♧ | → | [∅] | ||
↑ | ↑ | ↑ | ||||||||
[∃]⚤ | [∃]# | [∃]♲ | ||||||||
𓂀♡ | 𓂀♡ |
Le "désir" poussant le Sujet 𓁜𓁝 dans une direction générale
Réel—☯ → ☯—Symbolique.
- Mais ton désir aboutit au vide, quand A.G. en tient pour l'Unité...
- Il oublie qu'il n'y a désir que dans le manque... Je te renvoie à Platon, Schopenhauer, Spinoza, ou en accéléré à André Comte-Sponville qui en parle très bien dans cette vidéo (depuis le temps que j'attendais l'occasion de la placer!)
- Autrement dit l'objet initial vide ∅ s'impose mécaniquement dans la représentation de l'Imaginaire ? Et si malgré tout je veux croire à cette Unité, comme Einstein, par exemple ?
- Nous dévions du texte là, mais pour te répondre : tu peux le présenter comme un choix sur la voie qui te convient, par [♻]𓁜←𓁝[∅]☯ ou par 𓁝♤∅↓♤♻𓁜, selon ton tempérament. L'important étant la posture 𓁝 pour garder ton désir actif.
- OK, donc, là, sur l'importance du désir tu es en phase avec A.G ?
- C'est un peu dans l'air du temps, la question portant sur sa représentation et sa prise en compte. La suite est moins consensuelle :
"Les six termes yang qui figurent dans le diagramme total se trouvent sur une même ligne (la ligne du haut, comme il se doit), et de même pour les six termes yin (lesquels forment la ligne du bas). Les termes yang du zigzag sont
le particulier, le précis, le clair, le su (saisi par le « savoir »),
ils représentent le pôle du «savoir», et celui de la «pureté» qui lui est propre — le pôle propre à la pensée comme mode de connaissance. Les termes yin sont
le général, le vague, l'obscur, le mystérieux,
ils représentent le pôle de la «connaissance» qui appréhende et qui comprend, et la fécondité propre à la connaissance intuitive des choses.
Dans la suite des quatre qualités yang, on perçoit une progression vers une appréhension de plus en plus nette, de mieux en mieux circonscrite, jusqu'au stade final de ce qui est bel et bien su, «saisi», «approprié» en quelque sorte par la pensée. C'est une progression en direction du yang.
Dans la suite des quatre termes yin, on sent de même une progression en sens inverse, depuis le «général», distant et dénué quasiment de toute tonalité particulière, lequel commence à révéler une substance quand il est perçu comme le «vague», cette substance se faisant plus proche et plus charnelle dans I'«obscur», pour se révéler enfin dans sa vraie nature, comme ce qui est le plus proche et le plus intime, dans le «mystérieux».
Ce qui nous attire par la force du désir, c'est bien le «mystérieux», se révélant à nous par cette perception familière de «vague», d'«obscurité»: et en même temps, par un étrange paradoxe, nous n'avons de cesse de le sonder et de l'arpenter en tous sens, pour le transformer en une chose «connue» ou pour mieux dire, pour transformer la connaissance diffuse du mystérieux en chose exprimée et sue." p. 1194-1195 (en gras dans le texte)
Désolé pour cette longue citation, mais l'auteur est plus à même d'expliquer son point de vue, et l'on pourrait me reprocher de travestir la pensée du maître en la résumant...
- C'est quand même très particulier : présenter la progression vague→obscur→mystérieux comme une avancée dans la voie du yin, amenant à la fécondité, moi je veux bien, mais franchement, c'est un peu capillotracté, non ? Et il arrive à parler du désir sans même évoquer le "manque" ! Ça sent la forclusion à plein nez !
- Forclusion ou refoulement ? Aux psys d'en discuter, en tout cas Il y a quelque chose qui cloche dans son approche depuis l'origine, et je pense que nous mettons ici le doigt dessus :
Grothendieck est foncièrement Platonicien, dans le sens où il se fait une idée très "objective" de l'existence d'un principe unitaire, dont il pourrait faire le tour et présenter la théorie, je ne suis pas loin d'y voir son rêve d'esquisse. Mais il n'a pas l'ouverture de Platon, qui lui, a bien compris l'existence d'un "manque" comme moteur de l'action humaine.
Ce qui est gênant par la suite, c'est qu'il retrouve évidemment cette dualité entre le vide et l'existence, dans le langage catégorique (à noter : pas un seul mot sur ce langage qu'il utilise au quotidien). Dualité , dont nous nous sommes emparés dès qu'apprise, pour y voir la clôture de l'Imaginaire en [∃] & [∅]. Dualité renvoyant directement au couple Yin / Yang, auquel nous étions parvenus bien avant d'envisager la syntaxe que nous développons actuellement. Et c'est parce que cela me paraît tellement évident que le silence de A.G. m'interpelle : pourquoi n'a-t-il pas un seul mot, ne fait-il pas une seule allusion au couple (0;1) au coeur de la logique, au coeur de l'informatique, dont le dessin même renvoie à l'idée des sexes mâle et femelle, principe dual universel, Linga/Yoni, à la base de toute "fécondation".
D'où ce "paradoxe" final qui ne l'est qu'à ses yeux :
Or ce n'est pas un mécanisme descriptible par un modèle où l'on parle d'un "équilibre" entre Yin et Yang.
- Arriverons-nous au bout de ce texte ?
- Ça devient de plus en plus difficile effectivement. Lorsqu'il dit que le but est de passer du mystérieux à quelque chose d'exprimé et su, ça me fait tiquer : en fait, à force de travail, de façon "immanente", il croit pouvoir aboutir à quelque chose de "su", en [♻]𓁜, effectivement dans la posture Yang du docteur de la loi, qui "sait". Mais c'est un rêve psychotique, qui n'a rien à voir avec la démarche scientifique, avançant par essais et erreurs, certaine de ne jamais épuiser son champ d'expertise.
L'indétermination est déjà dans la mécanique quantique, dans le triptyque d'Emmy Noether. Plus essentiellement s'il en était besoin, dans une démarche purement mathématique avec les théorèmes de Gödel, Il ne peut en aucun cas —et quelle que soit la façon de le dire— exister un "savoir" parfaitement "exprimé" ou clos; d'où la nécessité de prolonger [♻]𓁜→𓁝[∅], en passant du Yang→Yin.
- Pouce ! Tu t'énerves, avant d'avoir lu la suite, car il va dans ton sens.
"Mais la réalité est tout autre. L'esprit-qui-pense est yang, et ce qui l'attire, c'est son complémentaire yin, c'est le mystère. C'est dans sa confrontation à ce qui est obscur, ou pour dire, dans ses épousailles toujours renouvelées avec le mystérieux, que l'esprit lui-même se renouvelle et puise sa fécondité. Si dans son mode d'expression et de communication, il choisit la précision, et non le vague, et s'il y cherche sans cesse le clair et non l'obscur, c'est parce qu'il sait d'instinct (ou d'expérience ancestrale, devenue comme une seconde nature...) que c'est là son plus sûr moyen pour pénétrer dans l'inconnu et pour appréhender le mystérieux et consommer sans cesse les épousailles avec la Bien-Aimée." p. 1195
- Ouf ! Sauvé par le gong !
- Tout une journée sur ces 3 pages ! Il va falloir changer de braquet pour avancer !
- Ça a au moins le mérite de m'obliger à préciser mes propres positions...
Le 26/ 01/ 2025 :
13/ L'harmonie — ou les épousailles de l'ordre et du mystère
- A.G. précise et modifie un peu sa nomenclature, et prolonge son zigzag en introduisant de nouveaux couples. Dans son schéma, les flèches en gras représentent les couples les plus significatifs.
Contentons-nous d'enregistrer que les pôles Yang sont au-dessus des pôles Yin.
Petite remarque intéressante :
"On peut voir l' "imagination" comme étant "l'approche directe", intuitive vers le mystérieux, ou aussi, comme la voie d'accès du conscient à l'inconscient. La discipline d'une pensée rigoureuse constitue la voie indirecte, qui est aussi la voie propre à la pensée, la voie "yang" par excellence." p. 1197-1198 (en gras dans le texte)
Où tu retrouves immédiatement dans l'arrangement de nos 3 modes :
Ensuite, il revient sur son regroupement entre deux groupes "d'attracteurs" Yin et Yang , ce qui nous avait conduit à l'idée qu'il distingue ainsi nos deux voies des choses (☯𓁜𓁝☯) et des mots(♧𓁜𓁝♡) (voir 11/ de l'article #8), et plus précisément, dans le second groupe :
Voie des mots (♧𓁜𓁝♡) | |
Yang | Yin |
le simple | — le complexe |
l'abstrait | — le concret |
le précis 𓁜 | — 𓁝 le vague |
ordre 𓁜 | — 𓁝 chaos |
structure | — substance |
il s'attarde sur : le simple (ou la simplicité) t l'ordre.
"Ainsi on pourrait dire que la "simplicité" et "l'ordre" sont comme l'âme et le corps d'une seule et même qualité" p.1199
Ce qui m'incite à leur assigner le niveau Imaginaire [⚤] : celui de la représentation "élémentaire", de la logique et de l'objet classifiant.
- Simplicité et ordre, qui se retrouvent en [♻] avec la "mesure" de la substance, derrière ses représentations foisonnantes en [#]...
- Oui avec cette fois-ci, opposée à la substance en [♻], la "structure" en [#].... Comme tu le vois, nous sommes ici dans la littérature, passons...
14/ Le caractériel et le caractéristique — ou l'accordéon cosmique
- Je retiens une belle image poétique : A.G. a rêvé de son zigzag-zag comme d'un accordéon qu'il appelait dans son rêve "harmonica", jusqu'à ce qu'il en comprenne le sens inconscient d'harmonie. Avec le sentiment d'un "souffle de vie qui anime toute chose et qui et qui relie le versant de lumière au versant sombre". p. 1202
- Là tu te sens en phase, non ? J'imagine Suzanne les cheveux au vent, courant dans le tube formé par les 3 modes de l'Imaginaire... (voir "Suzanne dans sa cage")
- Oui, sauf qu'il voit Madame Lamère et Monsieur Lordre pour jouer de cet accordéon... Madame Lamère comme objet initial, vide ou non, mais Yin, 𓁝[∅]☯, j'achète; mais Monsieur Lordre, pas tout à fait : l'ordre apparaît en [⚤]𓁜, mais l'objet final est en [∃], prenant conscience des coups du Réel frappant à la porte, ☯[∃][⚤]𓁜, et là, je parlerais plus volontiers de chaos ou de désordre...
De toute façon, A.G. devrait se souvenir qu'un moteur (qui est générateur d'ordre) ne peut fonctionner qu'entre une source chaude ☯ et une source froide ☯, or si Madame Lamère, 𓁝[∅]☯ est notre cause première, ou le vide (également froid) ou la causa sui de Spinoza, et représente de ce fait l'ordre absolu, l'autre source ne peut pas être du "même niveau thermodynamique", mais plus désordonné, plus chaud, plus Yang, et Monsieur Lordre n'est pas le bon candidat.. Ordo ab chaos, toujours 😏
Un autre rêve pourrait intéresser un psy : celui d'ù émerge un couple qui s'adresse à lui, comprend-il :
Le caractériel — le caractéristique
J'ai bien ma petite idée sur la question, mais là ce serait purement de la psychanalyse de comptoir... Toujours est-il que son accordéon-harmonica s'allonge de plus en plus. Bref, il remixe son zigzag :
Son évocation d'un changement d'optique me renforce dans ma thèse qu'il a plus ou moins conscience de la dualité des approches (☯𓁜𓁝☯) et (♧𓁜𓁝♡) :
"Il y a un petit changement d'optique en passant du terme yang de droite "discipline" qui terminait le côté Yang dans le zigzag d'hier, à "le fait", car nous passons ici d'une qualité ou tonalité «intérieure», concernant l'esprit ou la pensée, à une qualité ou une «optique» «extérieure», concernant le monde observé et reflété dans l'esprit qui scrute. C'est pour faire le «joint» entre ces deux optiques, que j'ai ajouté, en dessous de ce terme «le fait», le terme essentiellement équivalent (à l'optique près) «factualité», qu'il m'a d'ailleurs fallu inventer pour la circonstance (il ne se trouve pas dans Le Petit Robert, désolé !). Ce terme est censé désigner les dispositions ou l'attitude de celui qui s'en tient strictement aux faits, ce qui a aussi une certaine connotation d'«objectivité». Il y a un mot allemand tout ce qu'il y a de courant pour cette chose, Sachlichkeit39. Pour une raison similaire, j'ai cru bon d'accoler l'un sous l'autre «le nécessaire» (qui fait pendant avec «le possible») et «nécessité» (qui fait pendant avec «hasard»), et de même pour «le réel» et «réalité».
39. Ce mot est formé avec Sache, signifiant I'«objet», ou la «chose» ; donc Sachlichkeit désigne l'attitude qui s'en tient «aux objets», c'est-à-dire aux faits. Je signale que le mot allemand pour «fait» (Tatsache) est formé avec la même racine Sache." p. 1203 - 1204
- Tu devrais récupérer le mot "Sachlichkeit" pour désigner ta "voie des choses", c'est plus classe !
- J'y penserai... En attendant, il s'attarde sur une différence de tonalité entre :
Ceci dit, je m'interroge sur le fait que A.G. ne se questionne pas d'avoir ainsi à rallonger sans fin son zigzag-zag.
- Quelle interrogation ?
- J'étais moi-même au début de ma démarche à imaginer une suite indéfinie de "niveaux Imaginaire", jusqu'à ce que je me pose la question du sens de cet automatisme de répétition ! (voir "etc.") Je ne vais pas reprendre tout le fil de mes réflexions, mais enfin, notre cerveau n'enfile pas des perles sans fin, tu n'as qu'à revenir aux mécanismes de la lecture pour t'en convaincre. (voir "Les neurones de la lecture")
- Il en est au premier stade de la démarche, à la taxinomie (voir "Mathesis et taxinomie"), et il classe ses couples en groupes...
- Je veux bien, mais c'est quand même Alexandre Grothendieck que nous voyons à l'oeuvre, il pourrait déjà se poser la question d'une structure de cette guirlande de couples flottant au vent, sans se limiter à la distinction élémentaire Yin-Yang, qui n'est qu'un classement binaire de base.
- Tu veux qu'il suive les traces de Fuxi inventeur fantasmé du Yi King il y a 22 siècles ?
- Par exemple.
- Il a au moins l'idée de "fermer" sur lui-même son zigzag , et pas n'importe comment : en raccrochant : Ordre à Liberté :
"Pour ce qui est de la partie du soufflet que je viens d'y raccorder tantôt, son dernier cran
ordre → liberté,
«raccrochant» le terme «ordre» au bout resté libre ayant nom (comme par hasard) «liberté», il ne m'est venu que ce matin en passant, en vaquant à mes occupations. J'étais tout content — voilà donc se raccrocher à l'accordéon ce fameux «ordre», lequel était apparu pas plus tard qu'hier comme un personnage important — le plus important de la journée, pour mieux dire, avec dame «mystère» avec laquelle il venait sous mes yeux de convoler en justes noces40
Ça n'a pas fait tilt tout de suite, pourtant. Il faut dire que j'étais pressé d'aller au marché, et n'avais pas eu mon compte de sommeil. C'est tantôt seulement, juste avant de me remettre à la machine, quand j'ai pris la peine pour la première fois de gribouiller noir sur blanc tout le nouveau morceau de soufflet qui se raccordait à celui d'hier, que le «miracle» s'est produit. Il y avait, à l'extrême gauche du long soufflet, le terme restant libre que je venais d'y ajouter mentalement le matin même, l'«ordre». Et à l'extrême droite, que j'avais eu le temps d'oublier un peu entre-temps, le terme restant libre, yin cette fois, c'était le «mystère». Or, c'étaient justement (comme par hasard encore) ces deux termes-là, ou plutôt les importants personnages qu'ils représentent, que j'avais vu s'apparier pas plus tard qu'hier, sans m'y être alors le moins du monde attendu ! Et voilà donc, sans que je m'y sois non plus attendu, se refermer l'accordéon-harmonica cosmique! Et plus besoin, du coup, de raccorder les doubles-lignes superposées. Pour le représenter, cette fois il ne s'agit plus de lignes, mais bien de cycles: de deux cercles concentriques, l'un yang, extérieur, l'autre yin, intérieur. (Pourtant, il n'était pas circulaire, l'accordéon de ce taquin de Rêveur.) p. 1205- 1206 (en gras dans le texte)
40. Cet accouplement remarquable
ordre-mystère
ne figurait pas dans mon fameux répertoire, il ne m'était apparu que par la réflexion d'hier. Le couple
ordre-liberté,
pourtant bien courant dans le jargon politique, m'avait également échappé jusque-là, et n'est apparu que ce matin même. La raison en est probablement que j'étais inhibé par le fait que l'époux présomptif «ordre» était déjà «pris», par le couple bien connu (formant association pousse-bouton) ordre-chaos. Voilà ce que c'est que le fameux «conditionnement culturel» !" p. 1206
Plusieurs remarques :
1/ Comment peut-on parler du "couple bien connu (formant association pousse-bouton) ordre-chaos." et ne pas faire figurer le "chaos" quelque part dans la représentation de la pensée scientifique?
2/ Idem pour l'incertitude : A.G. associe ordre-liberté, avec une connotation politique du couple, sans doute liée à son histoire, ce que je ne discute pas, mais enfin, comment peut-il se désintéresser à ce point de la physique ? En particulier comment ne pas se poser un seul instant la question de l'indétermination (au coeur de théorèmes, bien mathématiques ceux-ci, d'Emmy Noether) ? Est-ce du à un rejet, quasi épidermique chez les matheux, d'un l'axiome de choix qui s'impose malgré eux au coeur des maths ?
3/ Nous avons déjà vu ci-dessus que la fermeture, du côté où A.G. situe l'ordre, doit se faire sur le désordre, s'il veut avoir quelque chance de démarrer le ventilateur pour sentir le "souffle de vie qui anime toute chose et qui et qui relie le versant de lumière au versant sombre".
- Minute ! Toi-même oublies souvent de boucler [∅] sur [∃] dans la suite de niveaux [∃][⚤][#][♻][∅], par exemple, lorsque tu t'en tiens aux 3 niveaux centraux, où se développe pleinement l'exercice de la pensée : [⚤], [#]; [♻]...
- OK, je râle peut-être un peu vite.
L'essentiel tient à cette "roue" qui équivaut à un "tube", et là tu me vois venir : la différence entre ce tube et notre ruban de Moebius, c'est la torsion finale qui amène l'objet initial au revers de l'objet final : 𓁝[∅]→[∃]𓁜.
Là où nous passons du Yin au Yang, A.G. conserve la différence entre les deux.
- Sa dynamique n'est pas la tienne : il voit deux circulations de sens opposés selon la bordure Yin ou la bordure Yang.
- Nous en rediscuterons en temps voulu, mais autres points :
4/ La double circulation Yin Yang ne donne pas une idée claire du passage d'un pôle à l'autre de la structure. Par exemple : comment passer de "Ordre" à "Savoir" (tous deux Yang et sens de circulation Yang = +) si le passage par "Mystère" Yin, te dirige vers "Liberté" Ying (circulation -), qui te ramène à "Ordre" ou "Loi" en amont de "Ordre" ?
- Tu nous vends ta soupe ?
- Avoue que c'est quand même plus simple sur un ruban de Moébius de constater d'une part que ce qui va à droite sur une face, va à gauche "de l'autre côté (localement)", et d'autre part que la conjonction de ces deux mouvements antagonistes en un point correspond à une "prise de conscience" au sens de J.P. Changeux...
5/ Le choix comme les rapprochements entre couples ne me semblent pas... disons "évidents" pour le dire gentillement.
Passons-les en revue —par curiosité, j'ai cherché les équivalents des pôles de la structure dans le Yi King. Les réponses sous toute réserve de Perplexity ici pour le Yang et là pour le Yin— :
"Yang" :
A.G. | Yi King | Topologie |
Ordre | ䷂Difficulté initiale (3) | [⚤]𓁜 |
Savoir | ䷃ La jeunesse (4) | ? |
Clarté (Lumière) | ䷀Le créateur (1) | 𓁝[∅]☯ |
Précision | ䷼Vérité intérieure (61) | ? |
Rigueur | ䷆L'armée (7) | ? |
Volonté | ䷔Morsure (21) | À redéfinir dans le couple intention - attention
|
Contrôle | ䷜L'insondable (29) | ? |
Discipline | ䷋La stagnation (12) | ? |
Factualité (le factuel) | ䷎L'humilité (15) | La voie des choses (☯𓁜𓁝☯) |
Réalité (Le Réel) | ䷣L'obscurité (36) | ☯[∃]𓁜 le trauma du Réel de Lacan à la porte de l'Imaginaire; |
Nécessité (le nécessaire) | ䷫La rencontre (44) | 𓁜⇆𓁝 |
Loi | ䷰Révolution (49) | [♻]𓁜; |
"Yin" :
A.G. | Yi King | Topologie |
Liberté | ䷪La percée (43) | Représenté au niveau élémentaire, quantique, par le saut [∃]→[⚤]𓁜 |
Hasard (le fortuit) | ䷖L'érosion (23) | À rapprocher de l'indétermination vue en 1. |
Possibilité (le possible) | ䷃La jeunesse (4) |
|
Rêve (Le rêve) | ䷗Le retour (24) |
L'association rêve/ retour donne à penser ! |
Imagination | ䷼Intérieur 61) | Par hypothèse, tout de qui n'est ni Réel ni Symbolique est Imaginaire; en particulier toute représentation de cet Imaginaire. "Intérieur" convient très bien ici ! |
Jeu | ䷹La joie (58) | ? |
Abandon | ䷧La délivrance (40) | Par principe, il n'y a pas d'arrêt du mouvement : un "abandon" se caractérise dans la répétition d'une situation |
Spontanéité | ䷘L'innocence (25) | ? |
Généralité | ䷀Le Créateur (1) | D'une façon générale s'exprime d'une posture ex post 𓁜 (donc Yang) |
Flou | ䷛La prépondérance du grand (28) | C'est vague... |
Obscurité | ䷣L'obscurité (36) | |
Mystère | ䷯Le puits (48) | D'une façon générale est perçu en posture ex ante 𓁝 |
- Il y a beaucoup de trous dans tes commentaires...
- Faute de précision dans les définitions : que doit-on comprendre dans :
Par ailleurs, en laissant l'I.A. jouer le rôle du naïf, son interprétation des étiquettes de A.G. en termes d'hexagrammes, montre d'une part que la partition faite par A.G. n'a pas le caractère d'universalité qu'il lui prête, ni même un classement bien tranché entre ce qu'il entend par Yin et Yang au regard d'une tradition millénaire.
Par ailleurs des termes à l'acceptation voisine (qu'il différencie Yin Yang) renvoient à un même hexagramme :
- Bref il faut tout rejeter ?
- Non pas ! L'entreprise est déjà une grande avancée par rapport à une mentalité ambiante restée confite dans un néoplatonisme bourgeois.
- A.G. est platonicien...
- Certes, mais il a vu des choses qui ne sont pas si évidentes pour beaucoup :
- À suivre donc.
- Amen !
Hari
PS du 09/ 02/ 2025 :
Ce matin , en cherchant une illustration pour la suite de mes commentaires, je tombe sur une image du "Livre de Voynich" qui n'est pas sans rappeler ce schéma de Grothendieck 😏: