Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
11 Octobre 2014
Soirée eigthties avec ma chère et tendre, des musiques du fond de l’âme, sous un ciel sans étoiles. J’écoute tandis que mes mains courent mezza voce sur le clavier, comme celles de ma grand-mère cliquetaient du tricot. Break dans une charrette sans fin jusqu’à mon prochain départ le 24. Moment volé pour revenir sur quelque chose qui profite chaque soir de mon endormissement pour me chatouiller l’encéphale. Une évidence cherche à faire son chemin en moi entre l’inexistence du temps (oui, j’en suis là) et le caractère purement Imaginaire du concept de liberté.
Pas envie de forcer les choses, pour laisser tout ceci mûrir doucement. Mais en attendant cette évidence promise, j’ai une difficulté à aplanir : pour faire beau, la liberté devrait s’offrir comme un concept diachronique, ce qui n’ai pas évident.
Pour faire beau ? Oui, bien sûr, what did you expect ?
En l’occurrence, cette beauté tiendrait à la simplicité du théorème de Noether.
En effet, son théorème tourne autour d’une idée simplissime, à savoir qu’un « Objet » reste inchangé lorsque l’on change de référentiel pour le représenter. Avec cette conséquence majeure que lors d’un tel changement de référentiel, la connaissance que le Sujet retire de l’Objet est entachée d’une incertitude.
C’est le fameux triptyque symétrie/principe de conservation/incertitude.
Maintenant, j’opère une symétrie sur le théorème lui-même en changeant l’Objet, par le Sujet. Ceci est licite, dès lors que, comme je l’ai montré, la stabilité de l’un se fait par rapport à l’autre, et que cette stabilité peut s’exprimer dans le même langage.
Au risque de la lourdeur, précisons ici :
Conséquence :
A l’incertitude liée aux Objets correspondrait idéalement la liberté du Sujet.
Et voilà où le bât blesse : l’incertitude étant un concept diachronique, il devrait en aller de même de la liberté du Sujet.
Or, lorsque je joue au poker, ma liberté de poser ou non une carte sur le tapis, c’est à dire d’actualiser l’une des potentialités qui s’offrent à moi, strictement limitées, déterminables, s’inscrit dans un registre synchronique…
Aïe.
Comprenez-moi bien, je n’ai aucune difficulté à concevoir ce que serait une « liberté diachronique ». C’est par exemple l’avocat refusant de s’inscrire dans la logique d’un procès pour récuser ses juges (tactique de rupture chère à M° Vergès). Mais cette « liberté synchronique » fait tâche.
Et c’est là qu’il faut laisser infuser, pour ne pas tordre les faits afin de parvenir à la conclusion que l’on espère. J’en suis là, en position ex-ante.
J’ai bien conscience que la situation purement synchronique du jeu est une idéalisation, qui ne colle « pas tout à fait » à la réalité. La théorie des jeux offre bien les outils pour calculer la meilleure réponse dans telle ou telle situation de jeu ; mais si les gens jouent, c’est précisément dans l’espoir de faire la nique au hasard, aux lois, règles stratégiques, et autres augures des dieux.
La réponse est peut-être là : structurer une situation comme un jeu synchronique est un arrêt que l’on se donne dans notre description du Réel. Si nous affinons notre description, d’une situation dite « synchronique », il nous faut la structurer à nouveau en niveaux distincts, circuler dans notre Imaginaire fractal.
Restons sur le cas du jeu de poker : j’ai une bonne main, mais l’adversaire à beaucoup renchéri. Ai-je assez pour suivre ? Je sais que Pierre est prudent, donc il doit avoir du jeu, mais il me connais bien, et sait que je suis téméraire, et donc, il a peut-être surévalué son jeu. Et ainsi de suite ad nauseam. Mais finalement, j’y vais : je coupe la suite infinie des raisonnements pour agir : « et puis zut : tapis ».
Autrement dit, là encore, agir dans le jeu c’est sortir du jeu.
Nous retrouverions ainsi la liberté comme essentiellement un acte diachronique.
Idée trop neuve, juste sortie du clavier, pour savoir si ça tient, mais j’aime bien cette façon de s’en sortir, non ?
Le discours sur la liberté peut alors s’installer assez simplement, en particulier, sa relativité.
Un autre aspect, et pas des moindres serait de rapprocher le plaisir que l’on éprouve à exercer sa liberté de la « jouissance » en psychanalyse, ou même de la « joie surréaliste » d’André Breton.
Dans tous les cas, il s’agirait d’un sentiment lié au changement de posture ex-ante / ex-post. Et vous voyez, en creux ce qu’impliquerait de ne pas changer de position: le manque à jouir.
Ceci dit, et en attendant la suite, je vous souhaite une bonne nuit
Hari
Note du 04/03/2020
Je poursuis ma réflexion sur le sujet dans l'article "V.I.T.R.I.O.L."