Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
16 Juillet 2014
Nous avons présenté l’observation d’un objet quantique comme une expérience limite, marquant une rupture dans la construction feuilletée de notre Imaginaire en couches synchroniques superposées (cf.: "L'Homme Quantique".).
Il s’agit d’un point d’arrêt dans la structure Imaginaire qui, en dehors de cette frontière avec le Réel, est formellement relativiste et présente une structure fractale. Il est donc tentant de prolonger la réflexion dans le champ de la théorie de la relativité elle-même. La question qui se pose étant de savoir si la limite précédente (voir "Le principe d'incertitude sans les maths") y est également repérable. Or, dans la théorie relativiste, l’existence d’une vitesse indépassable, la vitesse de la lumière, est à proprement parler le point nodal, non relativiste, dont il faudrait rendre compte.
Dans cette optique, il nous suffirait d’établir que notre conception du temps, qui nous a conduits au principe d’incertitude, implique l’existence d’une vitesse limite pour offrir une perspective commune aux théories quantique et relativiste.
Revenons en détail au dispositif scénique le plus général dont nous nous soyons occupés jusqu’à présent pour représenter un mouvement à vitesse constante :
Par construction de notre Imaginaire, nous avons vu que la fréquence propre (de répétitions ou de transactions) attachée à un niveau synchronique est une fonction décroissante de sa position diachronique, c’est-à-dire que la fréquence propre au Modélisateur est par construction plus faible que celle de l’Observateur.
En supposant que je sois ce Modélisateur, en Im, la base stable à laquelle rapporter les mesures de fréquences, je peux écrire :
Dans le même temps, et en tant que Modélisateur de la scène, je constate que l’Observateur voit l’Objet avec une fréquence propre (i.e. : rapportée à la base stable en Img) qui est un battement entre ces deux fréquences :
fo = (fk-1 – fk) < fk-1
Autrement dit, dans ce compte-rendu de l’expérience rapporté par le Modélisateur, l’Observateur voit l’Objet aller moins vite par rapport à lui, que le Modélisateur. Il y a une sorte d’effet stroboscopique dû à la fréquence d’« échantillonnage » du Réel qui diffère de l’un à l’autre. Si, par exemple, l’Observateur a une fréquence de perception de vingt images par seconde tandis que le Modélisateur prend un cliché toutes les minutes, alors ce dernier aura un effet d’accéléré de la scène vécue par l’Observateur (selon son point de vue de Modélisateur) concernant cet Objet.
Nous nous limitons à constater que la mesure du temps est fonction de la distance diachronique qui s’établit mécaniquement, pour ainsi dire, entre deux Observateurs d’un seul et même Objet lorsque l’un d’eux se faisant Modélisateur en rapporte l’expérience.
Revenons maintenant à notre bloc-notes, constitué de feuilles indépendantes. Supposons, avec un peu d’imagination, que sur chaque feuille un petit démon (nous n’en sommes pas avares) fasse lui-même des dessins sur les feuilles de son propre calepin. Nous voyons défiler les dessins de notre démon à une vitesse plus élevée que lui-même en fait l’observation dans son propre référentiel, c’est ce que nous venons de voir. On peut imaginer ainsi une structure gigogne. Mais cette structure ne peut être développée à l’infini, puisqu’il y a la limite quantique d’un saut diachronique unique.
Que se passe-t-il maintenant pour notre démon, lorsque le temps de l’expérience se réduit pour le Modélisateur à un seul saut diachronique élémentaire ?
En toute logique, ce saut ultime est indécomposable. Autrement dit, notre démon ne peut pas dans cet entre-deux faire bouger quoi que ce soit à son propre niveau. Il ne peut y avoir de fréquence de battement entre ma fréquence d’observation de ce démon (réduit ici à un seul saut diachronique) et la fréquence de déplacement des pages de son calepin dans son référentiel : son dessin est figé par rapport à lui. Le point en déplacement sur son calepin se déplace, pour moi, à la même vitesse (indépassable) que mon démon. Ils vont, pour moi, à la même vitesse l’un que l’autre ; tandis que pour ce dernier, il n’y a plus de mouvement.
Notre façon de représenter le temps implique l’existence d’une vitesse limite.
Mais notre démonstration ne dit rien de la valeur de celle-ci : elle est propre au niveau considéré. À l’extrême de nos représentations, à l’échelle quantique, il faudrait, pour en donner la valeur, une seconde hypothèse, portant sur la distance minimale que l’on puisse repérer sur notre calepin lorsque l’on fait un saut diachronique unique. Il s’agirait de la « distance de Planck » notée l. Par pure convention Imaginaire, on pourrait alors associer à notre saut diachronique élémentaire, un temps (non effectivement mesurable), élémentaire, qui serait le « temps de Planck » noté t.
Selon ce point de vue, la vitesse limite « c », prise en considération dans la théorie de la relativité, serait alors la vitesse associée à la mesure du déplacement d’un photon pendant un saut diachronique élémentaire : lp = c.
Le physicien trouvera sans doute que je cherche des verges pour me faire battre : ni la longueur de Planck, ni la constante « c » n’ont ici le statut qu’il leur assigne. Certes, mais encore une fois, nous ne faisons pas de physique.
Pour le dire autrement : notre discours se veut à un niveau Imaginaire It, et situe les théories en question à un niveau It-1. Nous vérifions leur convergence au niveau qui est le nôtre (It), transcendant les particularismes de leurs expressions au niveau It-1 ; avec toutes les conséquences attachées à ce saut diachronique. L’exercice consiste donc à éprouver la logique de ce discours par les conséquences réfutables que l’on peut en tirer. Nous nous bornons, ce faisant, à montrer la possibilité d’une filiation Imaginaire commune à deux théories qui n’arrivent pas à s’unifier au niveau qui est le leur… jusqu’à preuve du contraire, bien entendu.
Ainsi donc, notre approche qui ne doit rien à la physique, nous offre une façon assez économique, en termes d'énergie intellectuelle (ce qui n'est pas rien), de trouver une racine commune à la mécanique quantique et la relativité restreinte. Ce qui sied à mes neurones fatigués.
Pour accéder au Nirvana du physicien (rien à voir avec Feud!) qu'est la "théorie unitaire", il resterait encore à traiter de la gravitation. Nous avons déjà effleuré le sujet ici. Il nous suffira de poursuivre un peu plus loin pour juger du résultat.
J'ai là un sujet tout trouvé pour le prochain article...
Hari
Note du 12 / 04 / 2018
En toute logique, je devrais supprimer cet article car mon argumentation est douteuse. Je le laisse pour garder une trace de ce que j'ai pu penser à un moment donné, mais aussi parce que l'appareil mis en place reste inchangé pour arriver au bon résultat.
1/ Première erreur: le saut "indécomposable, au niveau du modélisateur", me semble tiré par les cheveux. Certes, le modélisateur ne voit qu'un saut au niveau du Démon, mais il ne peut en tirer aucune conclusion quand aux mouvements de ce dernier. C'est un peu comme le jeu des enfants "un, deux, trois, soleil". Celui qui se retourne ne voit aucun mouvement, pourtant les autres joueurs se sont bel et bien dépassé lorsqu'il avait le dos tourné, et le récit de la scène change d'un point de vue à l'autre.
2/ Ensuite, l'hypothèse d'une vitesse décroissante de niveau en niveau me vient de mes études sur les organisations, et c'est cette décroissance qui a motivé tous mes développements. Cependant, ce n'est pas la bonne approche en physique.
Il faut partir du choc du Réel, qui est en la matière l'expérience de Michelson & Morley. L'expérience indique une vitesse limite c, ce qui est facilement compréhensible comme étant un "saut élémentaire" d'une distance de Planck en un temps de Planck. Ce n'est pas une démonstration, mais une congruence entre l'expérience (c, lp, tp) et l'existence d'un "saut élémentaire" dans notre système de représentation du mouvement.