Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
30 Novembre 2024
- Un peu déçu de mon exploration chez Badiou, (voir "La philosophie comme sport de combat"), car il m'a fait prendre conscience qu'il est temps de quitter un terrain philosophique si stérile à notre époque.
- Retour aux maths ?
- Oui, après un dernier coup d'oeil en partant, comme on quitte une femme aimée.
- Comprends pas ?
- La soupe mijotée aujourd'hui dans le chaudron universitaire, ne tient pas au corps et ne permet plus d'affronter la rigueur des temps modernes. Pour en rester au contact le plus direct, avec le matériau brut de la physique, quel philosophe pourrait parler sérieusement du lien temps—espace, du principe d'inertie ou du triptyque d'Emmy Noether ? Il faut changer de langage, s'inspirer des mathématiques...
- Plaidoyer pro domo pour ton Sujet comme topos ?
- Oui, et à ce propos, repensant à la représentation d'un topos en [♻]♢ par des schémas [⚤]♢←[#]♢, je me suis dit que ce serait une façon d'épingler nos philosophes sur la toile de leur Imaginaire (en [#]♢) comme l'entomologiste des papillons sur leurs bouchons de liège.(Note 4)
- D'où ce retour à la taxinomie, à Linné, et au chapitre des "Mots et des Choses" sur l'Âge Classique ?
- Bien sûr, après tout, c'est en pensant à Foucault que j'ai nommé les deux axes de notre topologie Imaginaire :
- N'est-ce pas prétentieux de ta part, sans parler d'irrespect ?
- Non, parce qu'un long développement en [⚤], quel que soit le mode ♧ ♢ ♡ de discours, apparaît alors dans sa nudité comme un canard au milieu d'un lac. D'où la joie, certes un peu potache je te l'accorde, de s'écrier "le roi est nu".
- Mouais, et comment peux-tu juger d'un coup d'œil les développements d'un génie, comme Platon par exemple, qui a mis des décennies à polir son ouvrage si parfaitement qu'il nous guide encore actuellement ?
- Parce que, justement, nous sommes sortis de la caverne. Ou plus modestement, notre caverne contient la sienne. À tout le moins pouvons-nous dire qu'en passant de 1 dimension (la rhétorique) à 2 dimensions (la topologie), notre horizon s'élargit.
- Tu as déjà fait l'exercice quantité de fois ici sur ce blog, en particulier sur Platon, et le choix de l'Un ou du vide ∅ en limite 𓁝[∅]☯ de l'Imaginaire. (Note 1) Franchement, tu vas nous ennuyer à toujours ressasser le même discours...
- OK, mais sans remonter si loin, nous pouvons quand même tenter quelques coups de sonde, pour le fun...
- Que proposes-tu ?
- Amusons-nous par exemple à suivre la dispute entre Spinoza / Descartes / Bacon, c'est la première chose qui vient en interrogeant mon IA préférée autour "des 3 entendements de Spinoza".
- Une bonne fois pour toutes, assure-toi de parler de ces 3 entendements à bon escient.
- Partons de là :
"Q : Quelle est la différence entre la connaissance du premier genre et du deuxième genre selon Spinoza ?
🤖: La distinction entre la connaissance du premier genre et celle du deuxième genre chez Spinoza repose sur leurs fondements et leurs caractéristiques.
Différences entre le premier et le deuxième genre de connaissance
En résumé, le premier genre de connaissance se concentre sur les perceptions sensorielles et les expériences individuelles, tandis que le deuxième genre utilise la raison pour arriver à des conclusions logiques et universelles. Cette hiérarchie montre comment Spinoza valorise une approche plus rationnelle pour comprendre la réalité au-delà des apparences immédiates."
- En résumé :
C'est bien ça ?
- Oui, ce qui m'amène à rectifier un rapprochement que j'ai souvent fait ici, et qui porte à faux, en parlant d'immanence S↑ et de transcendance S↓ en lieu et place de ces deux entendements.
- Preuve que remettre les choses en place dans cette topologie Imaginaire n'est pas inutile. Et le troisième entendement ? (Note 5)
"🤖: Troisième genre :
En somme, le troisième entendement chez Spinoza constitue une forme supérieure de connaissance qui intègre et dépasse les limitations des deux premiers genres. Il offre une vision unifiée qui permet d’appréhender la réalité dans sa totalité, en établissant des connexions profondes entre l’individu et l’univers."
- Et là tu nous balances la fermeture de l'imaginale en forme de tore et ce que Russell appelle "accointance" dans le passage direct ♡↓♧ (voir ici dans "De Wittgenstein à Dimpsy")
- Exactement. Comme tu le vois, nos petits schémas, non seulement permettent une très grande économie de moyens pour "représenter" les mouvements du Sujet dans son Imaginaire, mais encore, et ce n'est pas le moindre avantage, me permettent de corriger mes propres préjugés.
- Tes préjugés ?
- Nécessairement, car pour arriver à cette représentation, j'ai échafaudé des hypothèses de travail, en empruntant à René, Francis ou Baruch, et comme je ne suis ni intelligent, ni particulièrement attentif, je comprends souvent de travers, à preuve mes emplois abusifs de S↑ et S↓. Mais, en bout de course, à partir de l'idée de "topos", j'ai un Bescherelle, qui me permet de corriger mes fautes d'orthographe.
- Donc acte, mais tu parlais de Descartes et Bacon.?
- Après bien des pérégrinations dont ce blog garde la trace, nous avons finalement situé le cogito, en bouclant l'Imaginaire comme une sphère S1. (voir "L'épistémè qui nous gouverne").
- Précise pour qui débarque.
- Reviens à cette surface :
𓂀♡ | 𓂀♡ | |||||||||
[∅] | [∅] | [∅] | ||||||||
[∃]♡ | [⚤]♡ | [#]♡ | [♻]♡ | [∅]☯ | ||||||
[∃]♢ | [⚤]♢ | [#]♢ | [♻]♢ | [∅] | ||||||
☯[∃]♧ | [⚤]♧ | [#]♧ | [♻]♧ | [∅] | ||||||
[∃]⚤ | [∃]# | [∃]♲ | ||||||||
𓂀♡ | 𓂀♡ |
Nous pouvons regrouper les 4 coins 𓂀♡ représentant le Sujet 𓁝𓁜 à l'horizon de son Imaginaire comme sur le plan ci-dessus, se projetant au centre [#]♢ du dispositif, dans une projection sur S1 (imagine que tu refermes ce plan comme on noue les 4 coins d'un mouchoir autour d'une orange). Alors :
- D'accord et qu'est-ce que Spinoza reproche à Descartes ?
- Interrogeons Perplexity :
🤖Spinoza reproche à Descartes plusieurs aspects fondamentaux de sa philosophie, en particulier concernant la nature de la substance, l'interaction entre l'âme et le corps, et la conception de la volonté. Voici les principaux points de critique :
Critiques de Spinoza envers Descartes:
En somme, les critiques de Spinoza à l'égard de Descartes portent sur des fondements métaphysiques et épistémologiques qui remettent en question le dualisme cartésien et proposent une vision moniste où tout est interconnecté au sein d'une seule substance infinie."
- Bon, j'espère que tu vois comme moi à quel point notre représentation est éclairante ?
- Fais-moi ta leçon...
- 1/ La substance :
La discussion autour de la substance nous renvoie à la dispute Aristote / Platon et à la querelle des Universaux (voir la dizaine d'articles sur le blog). Dans un Imaginaire hérité de Platon :
|
Où la substance en [♻] se trouve ballottée 𓁝[♻]𓁜 entre le Un comme objet initial en 𓁝[∅] et le multiple [⚤]𓁜 de l'existence [∃]𓁜. Tu peux disserter jusqu'à plus soif du dualisme du point de vue 𓁝𓁜 sur la substance, tant que tu ne comprends pas la torsion entre les deux faces du ruban de Moebius qui recolle 𓁝[♻] pile sur [♻]𓁜 face.
2/ La dualité âme/ corps :
Je te renvoie à nos commentaires sur le discours de François Cheng (en particulier "Comment parler de l'âme"). D'une façon directement liée au topos, la dualité entre la pensée et l'âme, vue par Descartes comme dualité pensée / espace, devrait se discuter à partir de l'idée de Grothendieck du topos comme "lit du discret et du continu". La pensée étant comprise ici comme "discours" et l'espace impliquant le continu.
- Avec le discret en [⚤] et le continu en [#]?
- Tu peux même ajouter la connexion [⚤]←[#] comme schéma de Grothendieck. Par ailleurs, l'idée d'un lieu de rencontre qui serait chez Descartes la glande pinéale, fait immédiatement penser à l'hypothalamus, lieu de rencontre bien concret et neurologique celui-ci, du "percept" et du "concept" chez J.-P. Changeux.
- Si je m'en tiens à ton écriture, la dualité âme/ corps serait directement dans la dualité des postures du Sujet : 𓁝𓁜, se traduisant :
- Oui, et comme tu le vois, de répéter toujours les mêmes choses commence à devenir lassant.
3/ Conception de la volonté :
- Je ne reprends pas la dualité anima/ animus ou encore celle de libido/ pulsion, mais à tout le moins pouvons-nous dire que, dans le langage mathématique, il y a toujours la nécessité d'en appeler à "l'axiome de choix", n'en déplaise aux quelques mathématiciens rêvant encore d'une démarche purement "immanente". (Nous en parlions encore hier dans la critique de Badiou (voir "La philosophie comme sport de combat").
4/ Critique de la liberté :
- Alors là, non seulement l'axiome de choix implique la liberté du Sujet entre diverses potentialités, en mathématiques, mais plus fondamentalement, la physique nous enseigne, avec Dirac, que la mesure (l'attention du Sujet) dépend de son questionnement (son intention). Et le débat est clos depuis l'expérience de choix retardé d'Alain Aspect (voir "de Wittgenstein à Dimpsy").
- OK, je vois que tu t'amuses bien avec ta représentation topologique de l'Imaginaire, mais peux-tu continuer avec la dispute Spinoza / Bacon?
- Là c'est plus neuf pour moi, car je ne connais pas Bacon, sauf à dire qu'il trace une voie "anglo-saxonne", s'éloignant d'une philosophie plus "continentale".
🤖 Spinoza critique Francis Bacon sur plusieurs points, principalement en ce qui concerne sa méthode empirique et sa compréhension de la nature de l'esprit humain. Voici les principaux reproches formulés par Spinoza à l'encontre de Bacon :
Critiques de Spinoza envers Bacon:
En résumé, les critiques de Spinoza envers Bacon portent sur la méthode empirique insuffisante, une compréhension erronée de l'intellect humain, l'utilisation d'idées confuses et abstraites, ainsi qu'une méconnaissance des causes de l'erreur. Ces reproches soulignent un désaccord fondamental sur la manière d'aborder la connaissance et la nature humaine."
- Comme je suis un peu dans le bleu sur le sujet, j'ai suivi les liens donnés par Perplexity, ce qui n'est pas sans intérêt :
1/ Méthode empirique insuffisante :
J'ai trouvé ceci (ref):
"Of Bacon I [Spinoza] shall say little; he speaks very confusedly on this subject [human error], and simply makes assertions while proving hardly anything.
1.1 : Le monde appréhendé par les sens :
Nous sommes, évidemment du côté de Bacon, puisque notre représentation de l'Imaginaire du Sujet est le fait d'un Sujet particulier : (...)𓂀.
Spinoza pense que le Sujet peut atteindre à une connaissance certaine du Monde; en prenant le passage direct ♡↓♧ pour "vrai". Cette vérité découlant du postulat d'un principe Unitaire qu'il exprime en posture [♻]𓁜♡. Strictement parlant, il se pose en "docteur" de la Loi.
1.2 : Abstraction et mouvement :
Pour Bacon, l'homme est porté à l'abstraction, oui :
Pour assurer ma compréhension de "and imagines as stable things that are in flux", j'ai trouvé cette précision :
"🤖 : Bacon reconnaît que la réalité est en constante évolution. Il critique les approches philosophiques qui s’appuient sur des vérités immuables ou des abstractions figées. Pour lui, la connaissance doit être fondée sur l’observation et l’expérience, ce qui implique une compréhension des changements et des transformations dans le monde naturel."
Ça nous ramène à Héraclite (voir "Qui a tué Platon").
- Mais du même coup ça questionne en retour le monisme de Spinoza : pour qu'il y ait un mouvement, il faut différencier le départ de l'arrivée.
- Laissons les spécialistes en discuter. Toujours est-il que le mouvement est l'essence même de la syntaxe qui met en rapport des signifiants.
- Et donc le monoïde •⟲ comme objet final en [∃]♢ en langage catégorique ?
- Oui, mais là tu parles de notre démarche, quand l'objectif est de montrer son aptitude à représenter d'autres options.
- En l'occurrence,?
- Spinoza est focus sur son choix initial Platonicien : :
(([♻]𓁝⇆𓁜[∅]☯)⏩([1]𓁝⇆𓁜[∅]☯))𓂀♧, qui fige tout le reste.
1.3 : L'homme est en constante activité :
- Là encore, l'imagerie médicale et la neurologie ont tranché : le cerveau est effectivement toujours en constante activité.
- D'où cette représentation générale du Sujet par ces schémas [⚤]←[#] ?
- Oui, toute notre représentation du Sujet, les postures duales 𓁝𓁜, les attentions duales (☯𓁝𓁜☯) et (♧𓁝𓁜♡), et les différents automatismes de répétitions qui caractérisent les mouvements du Sujet dans son Imaginaire:
(☯[∃][⚤]𓁝⇅𓁜[#]𓁝⊥𓁜[♻]𓁝⇆𓁜[∅]☯)𓂀♧.
2/ Abstraction et erreurs :
- Sans reprendre tout ce qui vient d'être écrit, on peut comprendre que la connaissance chez Bacon est relative au Sujet, quand elle est absolue chez Spinoza, puisque assurée par Dieu, la causa sui : (Note 3)
"🤖 : Spinoza définit la substance comme causa sui, c’est-à-dire “cause de soi-même”. Cela signifie que la substance (ou Dieu) n’a pas besoin d’une cause externe pour exister ; elle existe par elle-même et est totalement indépendante. Cette idée est centrale dans sa métaphysique, car elle établit que tout ce qui existe découle nécessairement de cette seule substance infinie."
Où tu retrouves Spinoza en posture [1]𓁝⇆𓁜[∅], avec le principe Unitaire en 𓁝[∅], incarné en substance au niveau [♻]𓁜.
De ce fait, c'est Spinoza qui ne comprend pas l'importance de l'erreur dans une démarche qui va petit à petit s'imposer comme "scientifique".
3/ Idées confuses et abstractions: vu en 1.2
4/ Absence de compréhension sur la nature de l'erreur :
- Comme je suis sec sur la question, retour à Perplexity :
"🤖 : Nature de l’erreur : Alors que Spinoza considère l’erreur comme une privation liée à un mauvais usage de la liberté humaine, Bacon voit l’erreur comme un obstacle pratique à surmonter par une méthode scientifique.
Pour représenter l'erreur selon Spinoza, on peut penser au discours du maître chez Lacan (voir ici dans "Covariance- contravariance #2") (Note 2), toujours autour de 𓁝élève[♻]𓁜maître. (Note 3)
5/ Influence du libre arbitre :
- Bon, je n'y reviens pas car je fatigue un peu, mais l'axiome de choix, comme l'expérience de choix retardé me semblent encadrer pour l'heure notre représentation de l'Imaginaire du Sujet.
- J'avoue moi aussi fatiguer quelque peu. Je ne pensais pas en venir à ce type de rédaction de philo. Tout ceci pour en arriver où ?
- À vérifier sur pièce que notre topologie Imaginaire permet de situer une dispute philosophique avec une grande économie de moyens; et que guidé par la syntaxe de la représentation, cela te permet au passage de rectifier certains préjugés sur ce que tu crois savoir. Nous en avons eu ici l'exemple avec les 3 entendements de Spinoza que j'avais mal digérés...
- En somme, tu cherches à nous le vendre comme outil pédagogique ?
- Et pourquoi pas ? À la réflexion, ces exercices portant sur la philosophie permettent de roder notre syntaxe. Il n'est peut-être pas inutile au fond de poursuivre l'entraînement pour remettre en jeu mes préjugés, rectifier mes erreurs, et assouplir mes neurones...
- À suivre, donc...
Hari
Note 1 :
Voir en particulier :
Note 2 :
Il faudra revenir sur la distinction covariance/ contravariance, après ce que nous avons vu dernièrement dans "Schéma d'action #8")
Note 3 :
Pour qui s'amusera d'un rapprochement Spinoza - Lacan, voir de texte, au retour d'un séminaire à Cerisy "les psychanalystes lisent Spinoza".
Je me souviens d'un grand spécialiste Italien de Spinoza, n'arrêtant pas de s'en référer sans cesse à la "causa sui" de Spinoza, qui à l'entendre tenait du Saint graal !
Note 4 :
En retravaillant cette image qui n'était venu de je ne sais où, j'ai repensé à Lawvere expliquant dans "Conceptual mathematics" la différence entre section et rétraction en comparant le travail d'un directeur de musée et celui d'un observateur d'oiseaux. Voir :
Note 5 :
J'insiste un peu lourdement sur cette erreur personnelle que je relève ici parce qu'elle fait sens dans le contexte.
1/ cette erreur vient de ce qu'à l'époque où j'ai assimilé
Je ne concevais les déplacement du Sujet dans son Imaginaire que comme passant d'un niveau à l'autre (voir Suzanne tournant dans sa cage , autrement dit je n'avais qu'une vision linéaire des déplacements du Sujet pour couvrir la topologie Imaginae : selon un axe (☯☯) pour tout dire.
Ce n'est qu'en passant à une représentation réellement "topologique" des déplacements, que je me rends compte aujourd'hui de ce qui m'apparaît dès lors comme une "erreur".
2/ C'est une erreur selon Bacon.
Je prends conscience de mon erreur au sens que Bacon en donne. Nous le verrons dans le fils du texte.