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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Covariance et contravariance #2 - les 4 discours de Lacan

Le discours par Jacques Lacan (4mn)

Suite de "Covariance et contravariance du Sujet et de l'Autre - Schéma en L et forme canonique des mythes"

Le 25/ 01/ 2022 :

- Il est peut-être temps de revenir à cette antienne  lacanienne :

Les 4 discours :

- Tu t'es énervé à plusieurs reprises sur le sujet, faut-il encore y revenir ? (note 1)

- Compte tenu de ce que nous venons de voir, j'ai l'impression que nous allons retomber sur quelques évidences, ce qui nous permettra de décanter le discours lacanien, pour mieux le comprendre, éventuellement.

Revenons au point où j'en étais resté dans : "Le point #4 - Lacan Le schéma en L".

1/ À l'époque, n'ayant pas encore distingué les modes ♧  et ♢, je n'ai que la différence ex ante du Sujet 𓁝 et ex post de l'auteur 𓂀 (posture ultime du Sujet 𓁜).

2/ Je me plante en raccrochant à la différence de postures 𓁝/𓁜 celle de conscient/ inconscient :

"En fait il nous parle de la relativité du savoir, celui de 𓂀 et celui de 𓁜 sur cette partie qui est au dos du Sujet 𓁜. Nous en avons déjà la structure: 

  • Pour le Sujet en position ex ante 𓁝, c'est ce qui lui échappe en position ex post 𓁜. En restreignant la partie consciente du Sujet à la simple rationalité logique :
    • La pensée consciente du Sujet est [∃][⚤]𓁜
    • Le savoir sur la partie inconsciente de sa pensée se résume à 𓁝☯ pour le Sujet lui-même ;
  • Pour l'observateur 𓂀 c'est ce qu'il en a théorisé : 𓁝𓂀 ou 𓁝[∅]𓂀 ou 𓁝[♲][∅]𓂀 ou 𓁝[#][♲][∅]𓂀 "

Et je m'en étonne rétrospectivement : n'étais-je pas de "mauvaise foi" à vouloir à toute force faire rentrer un tenon rond dans une mortaise carrée ? (note 1)

- "Mauvaise foi", reflet de celle de Lacan maltraitant la suite de Fibonacci ?

- Ce serait un point à analyser, mais revenons à la dualité conscience/ inconscience. Lorsque le comptable fait, ex ante, un budget prévisionnel il n'est pas plus inconscient que lorsqu'il établit, ex post, le bilan annuel. Sa vision est certes limitée à un ensemble de conjectures qui lui échappent, mais il n'est pas inconscient. D'ailleurs, nous suivons depuis longtemps JP Changeux en définissant la "prise de conscience" dans l'instant du changement de postures 𓁝/𓁜.

- Tu n'étais pas clair dans ta tête, tout simplement faute d'avoir fait l'analogie entre un changement de mode Imaginaire, et le passage de la Catégorie des Ensembles à celle des Graphes en théorie des Catégories. Et puis tu es dur avec toi-même : il y a bien une différence de posture visible entre :

  • Le maître  [♲]𓁜;
  • L'élève 𓁝[♲].

Une différence nous ramenant directement à nos considérations d'hier quant à la volonté philosophique d'éviter la pensée mythique. Ce que l'on voit ici comme la volonté de l'élève d'accéder au savoir sans recourir aux arguments d'autorité du maître.

- Autrement dit le meurtre du père et le complexe d'Oedipe ?

- Comme tu le vois nous n'en sortons pas... j'en étais donc à :

"On peut donc en déduire que pour Lacan, l'inconscient du Sujet 𓁝☯ s'exprime en 𓁝[♲][∅]𓂀"

Visiblement je n'ai pas une idée claire de ce qu'est l'inconscient.

- C'est-à-dire ?

- Je suis, bien entendu en position ex ante par rapport au Symbolique qui transcende mon Imaginaire 𓁝 : je ne m'explique pas ce qui me défini, mais je ne suis pas pour autant inconscient d'une cause qui me dépasse ! Laissons là mes commentaires et repartons de Lacan lui-même :

"[...] le savoir sur l'inconscient, à savoir s'il y a un savoir qui dit "il y a quelque part une vérité qui ne se sait pas" et c'est celle qui s'articule au niveau de l'inconscient, c'est là que nous devons trouver la vérité sur le savoir".

Essayons d'articuler tout ceci autour de la seule chose à peu près bien cernée au niveau neurologique : la "prise de conscience" selon JP Changeux, caractérisable par le changement de posture 𓁝/𓁜.

  1. En mode ♧, nous retrouvons (𓁝[♲]⏩[♲]𓁜)𓂀;
  2. En mode ♢, nous retrouvons le passage ( [∃]𓁜↓𓁝[])𓂀.

Maintenant considérons le maître 𓁜m face à l'élêve 𓁝e lors de la "transmission d'un savoir" dans la situation 𓁝e[♲]𓁜m. Le maître peut se faire deux représentations de sa posture [♲]𓁜selon qu'il se situe lui-même en mode ♧ ou ♢ :

  1.  En se prévalant de sa position par rapport à un système symbolique partagé en  : 
    ([♲]𓁝m𓁜[]⏩[♲]𓁝𓁜m[])𓂀m
  2. En se prévalant d'un "savoir" (qui ne se sait pas) acquis: 
    ([∃]𓁜m𓁝m[]⏩[♲]𓁝𓁜m[])𓂀m

C'est un peu long à écrire, mais j'espère que tu as pu t'y faire, non ? Qu'est-ce qui te saute aux yeux ?

- C'est assez facile à repérer :

  1. Processus covariant : le maître et l'élève partagent une posture ex ante similaire face au Symbolisme 𓁝m[] <=> 𓁝e[];
  2. Processus contravariant : le maître part de  [∃]𓁜m quand l'élève en reste à 𓁝e[].

- Oui, avant de transmettre son "savoir", le maître a eu le choix entre ces deux parcours:

contravariant   covariant    
[∃]𓁜m       (𓁝m[]) inconscient 𓂀
  (↓)    
𓁝m[]    𓁝e[♲]𓁜m 𓁝m[] conscient 𓂀

Se pose alors la question de l'intention du maître concernant l'élève. Son choix dépend avant tout de la conscience qu'il a de ses options, de son potentiel :

  • (a) 𓂀 peut :
    1. Lui transmettre des précepts : 𓁝e/𓁜m
      (𓁝e[♲]𓁜m⏩[⚤] 𓁝𓁜e[♲])𓂀m<=> (a)1;
    2. L'initier à l'état d'adulte : ex ante 𓁝e<=>𓁝m
      (𓁝e[♲]𓁜m𓁝e[♲]𓁝𓁜e[]⏩𓁝e[])𓂀m<=> (a)2;
  • (b)𓂀 peut, en plus :
    1. En faire son égal quant aux limites de son savoir : ex post 𓁝e<=>𓁝m;
      (a(2)⏩𓁝e[]​​​​[∃]𓁜e⏩... ⏩𓁝e[])𓂀m <=> (b)1;
    2. En faire son adepte : 𓁝e/𓁜m
      (a(2)𓁝e[])𓂀m <=> (b)2;

- Les deux mouvements (a)2 et (b)2 sont identiques, non ?

- À ceci près que le maître ne se situe pas dans le même mode : le gourou accroche ses adeptes à un Symbolisme qu'il ne partage pas forcément avec eux, et ce qui était covariant devient contravariant.

De ceci, on peut tirer que les actions du maître sur l'élève sont : (Note du 23/ 02/ 2022)

  • Contravariantes; dans les situations de pouvoir (a)1 et (b)2 ;
  • Covariantes dans les situations empathiques (a)2 et (b)1.

- OK, tu retombes sur 4 discours de maître, mais est-ce ce dont parle Lacan ?

- Désolé, mais c'est l'heure de l'apéro, à demain pour le suite...


Le 26/ 01/ 2021 :

- Je cherche ces fameux 4 discours en parcourant mes propres articles s'y référant (note 2) sans les trouver... Il faut dire qu'en écrivant de travers la suite de Fibonacci, Lacan m'avait passablement énervé, et c'est là-dessus que je me suis focalisé, trop peut-être, comme l'imbécile qui regarde le doigt du maître lui montrant la Lune.

Et bien soit, revenons à l'équation lacanienne telle qu'il la livre :

en commentaire de cette phrase d'où nous étions partis hier :

"[...] le savoir sur l'inconscient, à savoir s'il y a un savoir qui dit "il y a quelque part une vérité qui ne se sait pas" et c'est celle qui s'articule au niveau de l'inconscient, c'est là que nous devons trouver la vérité sur le savoir".

Je vais tenter d'aller vite, car, à relire mes propres articles, comme j'ai du le faire pour retrouver mes commentaires sur cette équation, je m'aperçois que je suis toujours trop bavard, ce qui me lasse moi-même !

  • Savoir : nous dirons qu'il s'agit d'un discours de mode ♧, articulant entre eux des concepts identifiables
    • en tant qu'éléments [α]𓁜
    • en tant que parties 𓁝[α]
    • dans une logique du 1er ordre [⚤]:   (...)𓂀
  • L'inconscient se déploie en mode ♢, et fonctionne selon une logique [⚤], qui échappe au mode ♧.

- Attends un peu : si tu fais l'analogie entre mode ♢ et Catégorie des Graphes, tu arrives parfaitement à articuler consciemment un discours, dont tu nous dis qu'il est "inconscient"...

- C'est ça qui est délicat : l'inconscient recule au fur et à mesure que tu élargis ton champ de conscience... C'est pareil dans une analyse : l'analyste va être conscient d'un automatisme de répétition qui reste inconscient chez l'analysant.

C'est proprement le "savoir" de l'analyste sur une "vérité-savoir" chez l'analysant.

Cependant, dans l'échange verbal entre analyste/ analysant, il faut malgré tout en passer par une expression qui s'articule en [⚤], comme la langue française, par exemple. C'est difficile à exprimer correctement, mais l'échange passe à un certain moment par la parole, qui peut devenir pour le patient comme le point de contact au Réel. Parole qui a une mesure : son prix.

Je pense ne pas tordre la parole de Lacan en disant que "vérité-savoir", c'est le fonctionnement effectif, en mode ♢, du Sujet qui échappe à la représentation en mode ♧ qu'il en a. Et c'est trivialement représentable par un foncteur d'oubli entre l'objet discriminant de mode ♢ vers celui de mode ♧:

  [⚤]   𓂀
  Foncteur d'oubli  
  [⚤]   𓂀

Tu remarqueras en passant qu'en disant que l'inconscient s'articule en [⚤], comme le langage (avec un simple changement d'objet discriminant) nous restons strictement lacaniens !

La suite coule de source : la vérité sur cette "vérité - savoir" c'est qu'il faut passer de [⚤] à [⚤], et donc repasser en mode ♢ : le savoir sur la vérité du Sujet se trouve dans le fonctionnement de son inconscient.

- En somme c'est trivial...

- N'est-ce pas ce que nous espérions ?

Maintenant que nous avons :

  • Situé le schéma en L de Lacan dans notre tableau de l'Imaginaire;
  • Situé la problématique de Lacan dans ce même tableau,

il serait étonnant de ne pas faire coïncider :

  • Les 4 discours de Lacan, et
  • Les 4 possibilités (a)1, (a)2, (b)1, (b)2 de 𓂀.

- Y a plus qu'à...

- Pour sortir de mon propre discours, j'ai retrouvé les schémas en question dans une conférence sur les discours de Guy Clastres :

Les 4 discours

J'avoue avoir du mal à accrocher : il y a tant de mots, de digressions, de crème chantilly autour du sujet abordé; bref, j'ai perdu l'habitude. Je vais donc chercher une présentation vidéo, présumant que sur ce type de support l'auteur ira plus vite au coeur de son sujet.

Je tombe sur celle-ci signée "Dynamik-art-research" d'une durée de 33 mn, ce qui me semble raisonnable, mais finalement je reste sur ma faim.

J'essaie cette autre vidéo : "Les 4 discours Lacan #6" de Séraphino Malaguarnera. Ouf, j'arrive enfin à en tirer quelque chose.


(a)1 Le discours du Maître :

à 6 mn de la vidéo

Le discours de 𓂀m est transmis au Sujet 𓁝𓁜e pour qu'il en produise quelque chose. Le désir du maître est donc de provoquer le retournement du Sujet, vu dans le discours (a)1 :

(𓁝e[♲]𓁜m⏩[⚤] 𓁝𓁜e[♲])𓂀m 

(b)2 Le discours de l'hystérique :

à 9 mn de la vidéo

Il s'agit ici d'hystérie, et je le présume d'une hystérie névrotique, autrement dit d'un Sujet bloqué en posture 𓁝.

Là j'ai une difficuté théorique, puisque je précise toujours la posture ex post de l'auteur 𓂀 par rapport à son discours (...)𓂀, y compris celui d'un hystérique.

A priori, je rapprocherais le discours de l'hystérique de celui du gourou et de son adepte (b)2 :
(𓁝e[♲]𓁜m𓁝e[♲]𓁝𓁜e[]⏩𓁝e[])𓂀m.

- Je ne vois pas le lien ?

- L'essentiel, pour l'hystérique 𓁝e, c'est de forcer le maître ou "Sujet supposé savoir " à produire du discours, des explications sur ce qu'il ne sait pas sur lui-même, [♲]𓁜m, sans le suivre en mode ♢, en restant 𓁝e[].

- Ce n'est toujours pas le discours même de l'hystérique...

- Le schéma de Lacan non plus : il s'agit toujours d'une représentation de la scène que 𓂀 peut en faire. Tu peux dissocier ici 𓂀Lacan et le maître 𓁜m dont il parle.

- Il faudrait peut-être revenir sur la définition du "discours" ?

- Tu as raison : il faut revenir à Lacan : 

"Un discours c'est cette sorte de lien social qui, chez ce que nous appellerons ... l'être parlant ... J'appelle ce quelque chose qui dans le langage se fixe, se cristalise, qui use les ressources du langage ... qui use de ça pour que le lien social entre êtres parlants ça fonctionne". vidéo 

Je t'invite à voir Lacan en action, en paroles : c'est toujours aussi fort ! Et donc, il ne faut pas nous limiter à l'aspect "production par un auteur(...)𓂀m pour voir la description elle-même des postures des Sujets comme "produisant du lien social".

En écrivant 𓁝e[♲]𓁜m, certes, il s'agit bien de ma description d'une scène (𓁝e[♲]𓁜m)𓂀Hari, mais c'est un objet qui produit du lien social dans lequel je peux m'impliquer de cette façon (𓁝Hari[♲]𓁜m)𓂀Hari, ou de cette autre: (𓁝e[♲]𓁜Hari)𓂀Hari.

- Techniquement (𓁝Hari[♲]𓁜m)𓂀Hari ne tient pas.

- Tu as raison : ici 𓁜m est l'objet initial en []. Mais c'est bien de cela qu'il s'agit pour l'hystérique : se choisir un objet initial qui produise du signifiant [♲] le concernant.

(b)1 Le discours de l'analyste :

à 14 mn de la vidéo

Lacan part du discours précédent de l'hystérique, caractérisé par la souffrance du Sujet comme "divisé". Il faudrait ici qu'il retrouve son unité. Je traduis ceci par le passage de 𓁝 (comme partie d'un tout) à 𓁜 (ayant une vue globale du tout). 

Et cette aspiration répond au désir du maître de voir son patient évoluer grâce à une meilleure compréhension de lui-même.

Tout ceci me conduit à y voir le mouvement (b)1 :
(𓁝e[♲]𓁜m𓁝e[♲]𓁝𓁜e[]⏩𓁝e[]⏩𓁝e[]​​​​[∃]𓁜e)𓂀m;

L'empathie du maître pour l'élève tient à la covariance de l'analyste et de son patient.

(a)2 Le discours de l'universitaire :

à 21 mn de la vidéo

Ici, "le savoir occupe toute la place", et ce savoir se développe autour de certains "signifiants maîtres" qui ne peuvent pas être discutés; autrement dit 𓁝e et 𓁝m sont dans une même posture ex ante par rapport à ces signifiants. En mathématiques on parlerait d'un système axiomatique à partir duquel on tire des théorèmes. Pas besoin d'aller beaucoup plus loin pour repérer notre mouvement (a)2 :
(𓁝e[♲]𓁜m𓁝e[♲]𓁝𓁜e[]⏩𓁝e[])𓂀m.

- Ça tombe bien: c'est le dernier de ta liste!


- Ouf, je me suis empressé d'encadrer mon analyse des 4 discours avant de clore par ce très court récapitulatif :  (Note du 23/ 02/ 2022)

Les 4 discours 𓂀m 𓂀m
covariance 𓂀 et 𓁝𓁜 universitaire (a)2 analyste (b)1
contravariance 𓂀 et 𓁝𓁜 maître (a)1 hystérique (b)2

- Et tu es content de toi ?

Je te signale que tu n'as pas traité des 4 places dans le diagramme de Lacan ni des 4 concepts avec lesquels il joue aux chaises musicales: S1, S2, S et a.

- Oui, je sais : il faudrait faire ce travail de traduction... Mais ce serait beaucoup d'énergie pour un public absent, et il y a tant à faire par ailleurs... L'important n'est pas tant de le suivre que de le retrouver aux points de rendez-vous.

Une autre fois peut-être...


27/ 01/ 2022 :

- Je suis passablement énervé ce matin, à cause de ce que j'ai écrit au sujet du discours de l'hystérique.

- C'est faux ?

- Le titre du discours est faux, et il n'est pas de moi, mais de Lacan. J'ai baissé ma garde pour aller vite, ce qui m'a conduit à louper quelque chose d'important, que Lacan transmet, malgré une erreur de syntaxe.

- C'est bien compliqué.

- Comme toujours avec Lacan. C'est pourquoi je vais prendre le temps de mettre tout ceci à plat, ce sera didactique.

Le discours de l'hystérique :

1/ L'erreur de dénomination :

Lorsque j'écris : (𓁝e[♲]𓁜m𓁝e[♲]𓁝𓁜e[]⏩𓁝e[])𓂀m, il y a de ma part une ellipse. En toute rigueur j'aurais du préciser :
(𓁝e[♲]𓁜m⏩𓁝e[♲]𓁝𓁜e[∅]⏩𓁝e[∅])𓂀m. afin d'expliciter le niveau auquel se tient la narration de l'auteur 𓂀m: en [⚤].

- Attends ! Où est situé  ton auteur ? En 𓂀m ou en  [⚤]𓂀m  ?

- Nous avons ici un décalage entre ce que l'on pourrait appeler son" champ de conscience", et sa narration. Tu as le même problème lorsque Freud rêve en 𓂀m pour nous en parler en [⚤]𓂀m .

- Il faudrait régler ton orthographe pour éviter ce genre d'ambiguïté.

- Oui, quoique j'ai à dessein garder l'emploi de ⏩ pour la narration. L'exemple d'aujourd'hui montre que ce n'était pas superflu.

- Soit, mais nous sommes loin de Lacan.

- Laisse-moi le temps d'y arriver.

À ce niveau Imaginaire, donc, les deux protagonistes du discours sont représentables par une simple opposition dialectique  𓁝𓁜. En nous limitant à ces 4 discours, nous avons :

   𓁝 𓁜 𓂀
  Esclave Maître Maître
  Hystérique Analyste Hystérique
  Patient Analyste  Analyste 
  Élève Universitaire  Universitaire

Tu vois tout de suite que le deuxième discours cloque, car celui qui est sensé tenir le discours en est incapable. Je l'avais pointé immédiatement, puis j'ai cafouillé, ébloui sans doute par l'autorité du Maître...

- Un esclave peut parler de son maître...

- Certes, mais

  • Soit d'un point de vue d'esclave, avec un "maître" conceptualisé de ce point de vue : (𓁝esclave[α]𓁜maître)𓂀esclave, avec une vision d'auteur 𓂀esclave ex post du maître, par exemple celle d'Alex Haley dans "Roots".
  • Soit d'un point de vue extérieur par un Auteur conceptualisant les deux points de vue, mais reflétant les conceptions de l'auteur, par exemple celles d'Hegel, qui ne sont pas celles d'un maître, ou d'un l'esclave particulier.

La nécessité de la posture ex post de l'auteur (...)𓂀 est d'ordre topologique, même si sa trace narrative est d'ordre dialectique.

- Tu veux parler de la règle de clôture du discours, tirée de la topologie (voir "Clôture, ouverture, fermeture")?

- Oui, c'est fondamental. Et ce que Lacan appelle "discours de l'hystérique" est "le discours de Lacan sur l'hystérique". Les autres titres ne posent pas problème, puisque la règle de clôture permet d'écrire :

  • (𓁝e[α]𓁜m)𓂀Lacan <=> 𓁝e[α]𓁜Lacan <=> 𓁝e[α]𓁜m

2/ La parole d'un Sujet en posture 𓁝 :

La seule possibilité pour l'auteur d'être "comme" le Sujet ex ante, c'est dans les situations de covariance, les deux face au même niveau symbolique 𓁝[], autrement dit dans l'amour, la foi, l'espérence de quelque chose de connotable (autour d'un symbole) et non dénotable (comme un objet). Le seul discours de cette sorte est : (𓁝[])𓂀.

- Je ne pense pas que Lacan soit dans cet état d'esprit.

- Tu as raison, mais alors, l'Auteur doit changer de niveau.

Rappel: [∃]𓁝⇅𓁜[⚤]𓁝⇅𓁜[#]𓁝⊥𓁜[♲]𓁝⇆𓁜[∅]𓂀

Nous shuntons [#], pour des raisons sur lesquelles je ne reviens pas ici, il nous reste donc ([♲]𓁝⇆𓁜[∅])𓂀, avec un auteur lui-même à ce niveau [♲]𓂀, où nous retrouvons Emmy Noether avec son triptyque quantité conservée/ symétries/ incertitude.

  • La symétrie qui nous occupe ici est celle des postures 𓁝⇆𓁜;
  • L'incertitude tient à la liberté des Sujets en présence;
  • La quantité conservée ce rapporte à la symétrie, et porte ici sur le discours entre 𓁝 et 𓁜

Comprends-tu pourquoi Lacan m'énerve à ce point ? Il dit mal les choses, mais derrière toutes ses approximations, il y a du vrai.

Ce qu'il dit du discours est profondément vrai.

3/ Le discours comme "objet":

L'image qui me vient est celle de V. en train de négocier l'achat d'un masque à l'étalage d'une petite échoppe à la sortie de Grand Bassam. Entre elle et le vendeur, il y a une rupture radicale, deux mondes que rien ne relie, ni la culture, ni la foi, ni la position sociale, ni la richesse ni même le sexe. Rien.

Sauf ce masque qui passe d'une main à l'autre, en échange d'argent représentant sa valeur pour chacun d'eux.

- Ne nous refais pas la théorie de la valeur, épargne-nous le Barre de ta jeunesse !

- OK, mais c'est bien à ce niveau que Lacan situe le discours, et nous venons de voir que c'est la seule façon de l'envisager.

- Et ça te ramène à des questions de volume, de mesure et d'observable.

- Oui, tout d'un coup, Lacan me renvoie à cette idée de "matière active", dont nous parlions il y a à peine 15 jours (voir "Entre syntaxe et matière active").

- Soit, tu as raccroché les wagons, mais pour en revenir à ces 4 discours, pourquoi Lacan nous parle-t-il spécifiquement de l'hystérique ?

- Sans doute pour ne pas parler de l'analyste de mauvaise foi qui alimente son hystérie.

- Mauvaise foi ?

- Nous sommes dans une relation contravariante et je parlais de gourou, ce qui nous donnerais les équivalences : 

 𓁝 𓁜
adepte gourou
hystérique analyste

Ce qui connote très péjorativement la posture de l'analyste dans ce schéma. N'oublie pas qu'à la belle époque où Lacan s'exprimait, la mauvaise foi évoque irrésistiblement la figure sartrienne du salaud... Ici l'analyste joue à l'analyste comme le serveur du Flore joue son rôle...

Parler de l'hystérique est donc une façon de cacher la poussière sous le tapis.

Comprends-tu à quel point Lacan peut être fascinant et agaçant ?

Et puisque nous en sommes revenu à nos considérations sur cette dualité covariance/ contravariance, lorsque l'objet du discours est un Autre, je pense que c'est le bon moment pour nous souvenir de l'impératif catégorique kantien.

Retour à Kant :

- Pour ne pas écrire trop de bêtises, je te propose de nous laisser guider par l'émission "Les chemins de la philosophie" d'Adèle Van Reeth du 30/09/2020, consacrée au sujet, avec son invité Antoine Grandjean.

Il y a d'abord, chez Kant l'idée que l'expérience morale présente les deux caractères : (à 4'47")

  • D'universalité
  • De nécessité.

L'universalité me renvoie immédiatement à l'idée de "propriété universelle" de la théorie des catégories, ce n'est certainement pas un hasard. Quant à la nécessité, elle découle pour nous de notre humaine nature. En particulier, la loi s'applique à tous quelque soit sa posture d'Auteur 𓂀 ou de Sujet 𓁝⇆𓁜 du discours, ce que nous retrouvons évidemment au niveau [♲], celui de la mesure et de la loi.

J'apprends au passage que pour Kant il s'agit d'une révolution. Le "paradoxe de la méthode en philosophie morale" ne dépend pas du "but à atteindre", ce qui serait un "si ... alors", car pour Kant la nécessité morale ne tient qu'à la forme même de la loi.

La chose est extrêmement intéressante, et nous permet ce rapprochement : 

  • Un but identifié / impératif hypothétique <=> 
    • Si ([♲]𓁝𓁜)𓂀:
      • avec la possibilité que le choix soit celui de l'Auteur, par exemple l'Un de Platon [1] à la place de [∅];
    • Alors ([♲]𓁝𓁜[1])𓂀:
      • avec une contravariance entre le 𓁝 du "si"  et 𓂀.
  • Une forme s'imposant d'elle-même / impératif catégorique <=>
    • L'objet vide ∅, s'impose comme objet initial de la Catégorie des Ensembles en raison d'une propriété universelle;
    • Elle s'impose à tous, quel que soit l'auteur : ([♲]𓁝[∅])𓂀.

Donc, selon Kant "la loi est caractérisée par un rapport entre l'universalité et la nécessité", ce qui est pratique pour caratériser simplement notre niveau [♲].

Maintenant l'impératif catégorique tient au respect par chacun de cette loi.

- OK, je vois où tu veux en venir : ce respect se traduit par la covariance de l'auteur et du Sujet, objet de son discours.

- Tu vois bien que c'est extrêmement simple. Nous en sommes à 7'45" de la bande son, je laisse courrir jusqu'au terme de l'émission (59') pour vérification, mais je pense que c'est bon.

- C'est intéressant, mais nous voici bien loin de nos préoccupations, et de ton approche de la dualité covariance/ contravariance dans la théorie des catégories. Faut-il ratisser si large ?

- Tu connais mon trauma lorsqu'étudiant, perdu dans la bibliothèque de Florence, occupant mon temps pendant que C. travaillait à son mémoire de fin d'études, je me heurtais si fort à une introduction aux "vecteurs covariants/ vecteurs contravariants" dans un bouquin sur la relativité... Traumatisme si violent qu'il m'en éloigna jusqu'au moment où je les retrouvais sous la forme que nous venons de voir dans l'article "cohérence épistémologique".

Et je commence à m'en faire une représentation cohérente : 

  • Le rapport du Sujet à l'Autre est par nature covariant;
  • Le rapport du Sujet à l'Objet est par nature contravariant.

Suivant cette hypothèse, ce qui, dans les théories physiques, est

  • covariant doit relever du Sujet pur, je pense par exemple à un changement de base dépendant de son choix; sans lien à l'objet et sans expression énergétique;
  • contravariant doit relever de l'Objet au sens où il se révèle au Sujet comme "quantité conservée" malgré ses changements de postures (ex : approche locale  𓁝/objet/𓁜  globale). 

- Voilà au moins un bon sujet de méditation !

Hari

Note 1 :

J'ai fait plusieurs tentatives pour aborder les 4 discours :

Note du 23/ 02/ 2022 :

Je me rends compte à la relecture qu'il y a un glissement de sens entre les concepts de convariance/ contravariance tirés de la théorie des catégories et mon appropriation, qui va aboutir au schéma suivant :

Les 4 discours 𓂀m 𓂀m
covariance 𓂀 et 𓁝𓁜 universitaire (a)2 analyste (b)1
contravariance 𓂀 et 𓁝𓁜 maître (a)1 hystérique (b)2

Il m'a plu par sa simplicité, mais au sens strict, les deux termes n'ont de sens qu'avec des passages de mode ♢♧, autrement dit, les discours (b)1 et (b2).

  • Le discours (a)1 est simplement la dialectique entre les deux posture  𓁝/𓁜;
  • Le discours (a)2 marque le désir du maître d'arriver au partage d'un même questionnement [♲]𓁝𓁜[] d'où découle son enseignement [♲]𓁜. D'où le terme "d'initiation".

- Faut-il reprendre toute la suite ?

- À moins de comprendre les termes de covariance/ contravariance, au sens de la physique ou des mathématiques, comme le développement, sur deux modes ♢ et ♧ d'une distinction déjà là en mode ♧ entre la posture du maître et celle qu'il désire pour l'élève :

  • soit 𓁝e/𓁜m : 𓁝e est un objet pour 𓁜m ou 𓂀;
  • soit 𓁝e/𓁝m : 𓁝e est un Autre 𓁝m pour 𓂀m.

a1, a2, b1, b2

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