13 Mai 2025
Le 13/ 05/ 2025 :
- Ce Gaston, c'est ta version de la grotte de Platon ?
- Écoute, cela fait pratiquement 15 jours que j'ai le nez sur le guidon, et tout ça pour avoir buté sur un nom inconnu —Greismas— au détour d'un commentaire dans un club Facebook (voir ici); ce qui m'a conduit à relire ce que nous avions vu rapidement de Bourdieu (ici) et des 4 discours de Lacan (ici). Besoin d'une pause...
- Je vois surtout que tu procrastines et recules le moment de terminer "Récoltes et semailles"...
- Ce n'est pas faux, mais puisque nous discutons à bâtons rompus, j'aimerais mettre en perspective ce que nous venons de voir par rapport à ce que je développe sous le terme d'"entropologie".
- J'aimerais également savoir ce que tu espères en voulant à toute force comprendre certains concepts de Grothendieck tels que topos, schéma et esquisse?
- Il n'est pas inutile d'aller fouiller dans la caisse à outils mathématiques afin de redresser quelques constructions tordues, telle la "topologie" à la mode Lacan; non pour le "corriger", mais pour mieux l'entendre. Nous avons vu (ici) que son cross-cap est d'une remarquable efficacité, lorsque tu l'utilises en respectant la syntaxe qui le définit, en évitant la logorrhée commune aux thuriféraires de la doxa lacanienne.
- Toi aussi tu déblatères ?
- Je plaisante, mais puisque tu en parles : j'ai écouté ce matin une interview d'Élodie Mielczarack par Frédéric Taddéi sur Europe 1 à propos de son livre "Anti Bullshit"; qui me renvoyait aux critiques de la théorie des catégories traitée parfois d' "abstract no sens".
- Il faut bien reconnaître que tes articles doivent paraître, pour celui qui débarque sans crier gare, particulièrement fumeux.
- Oui, parce que j'ai développé des outils spécifiques pour explorer notre domaine, et qu'il faut consentir à un certain effort intellectuel pour se les approprier.
- Est-ce que l'effort en vaut la peine ?
- C'est le coeur du problème...
De la sémiotique :
- Partons de la sémiotique, que tu découvres à peine : qu'apportes-tu au spécialiste ou à l'utilisateur du carré sémiotique ?
- Imagine que tu veuilles viser un boulon de 12 avec une clef de 13. Au mieux, avec un peu d'astuce et en bricolant, tu vas peut-être y arriver, en foirant la tête de ton boulon. Maintenant imagine que cette clef fasse partie d'une trousse complète; du 8 au 24, à toi dans ces conditions de choisir la clef la plus adaptée à ton besoin. Et bien le rapport entre la sémiotique et notre entropologie est de cet ordre : de l'outil sémiotique à la trousse à outils entropologique.
- Une promesse de vente qui n'engage que toi ! Vas-y, argumente...
- Partons de la présentation du carré sémiotique de Mielczarack sur son blog. C'est simple, clair et rédigé pour un public d'utilisateurs potentiels.
- Oui, en particulier, j'ai mieux compris l'idée des "méta-termes" que dans l'article de Greismas sur lequel tu t'es basé pour ton propre article (voir ici).
- Bien entendu : j'étais en mode découverte ! Bref, l'auteur montre très simplement comment utiliser cet outil, en particulier pour créer des "méta-termes".
Ici la perspective est plus limité que dans l'article de Greismas car la dualité initiale S/ S̄ dans l'espace Imaginaire [♻]♡𓁜⇆𓁝[∅]♡ est ramenée à une dualité S1/ S2 logique en [⚤]♡𓁜.
Maintenant attardons-nous sur la logique en question :
- Et donc ?
- Reviens à notre espace Imaginaire développé, avec niveau topologique [#] et mode syntaxique ♢.
𓂀♡ | 𓂀♡ | |||||
[∅] | [∅] | [∅] | ||||
[∃]♡ | [⚤]♡ | [#]♡ | [♻]♡ | [∅]☯ | ||
[∃]♢ | [⚤]♢ | [#]♢ | [♻]♢ | [∅] | ||
☯[∃]♧ | [⚤]♧ | [#]♧ | [♻]♧ | [∅] | ||
[∃]⚤ | [∃]# | [∃]♲ | ||||
𓂀♡ | 𓂀♡ |
Nous avons vu, à propos des deux processus définissant l'objet par des "groupes", soit d'homologie au niveau [#], soit de cohomologie au niveau [⚤] (voir "Schémas d'actions #6 — La cohomologie"), que les logiques associées diffèrent quelque peu :
En résumé, nous utilisons deux logiques différentes en mode syntaxique ♢:
[⚤]♢ | [#]♢ | |
Tiers exclu | non | oui |
Non-contradiction | oui | non |
- Autrement dit, la sémiotique utilise une logique de type "topologique" propre au niveau [#]♢, (c'est le sens de l'inclusion S1⊂¬S2), alors qu'elle est développée à partir du carré syllogistique de Socrate, dans un univers où ni le niveau topologique, ni le mode syntaxique ne sont distingués : un ruban de Moebius [∃][⚤][♻][∅], où les niveaux [∃]&[∅] sont raboutés tête-bêche.
- Comme tu viens de le dire : le niveau topologique [#] ne s'est pas émancipé du discret-multiple en [⚤] et de la substance-unique en [♻]; il n'est donc pas aberrant de voir dans ce carré une "projection" d'un objet non représentable. Vois-le comme un "objet discriminant" de niveau [⚤], de quelque chose en attente de définition.
- Soit, ma remarque n'était pas une critique, et ce carré semble un outil effectivement très utile, mais je voulais, à travers cet exemple, te montrer en quoi notre approche entropologique pouvait apparaître comme un domaine plus large, la "deixis positive" —pour reprendre ce terme— de la sémiotique elle-même.
De la psychanalyse :
- Et quid du rapport entre entropologie et psychanalyse ?
- Pour le dire simplement : introduire un peu de rigueur dans la représentation topologique de l'Imaginaire est un hommage à Lacan. C'est nettoyer la forme pour mieux appréhender le fond. Je t'invite à voir en détail notre façon d'aborder les 4 discours et en particulier la représentation des chemins Imaginaires suivis par le Sujet dans chacun des discours. Vois comment une représentation topologique simple rend compte de la différence entre les discours de l'hystérique et de l'analyste:
![]() |
![]() |
discours de de l'hystérique | discours de l'analyste |
Pas besoin d'un grand laïus : ces boucles sont produites directement par la syntaxe, il suffit de poser le Sujet sur la bonne case et le laisser filer dans le labyrinthe pour le suivre à la trace.
La forme canonique :
- Un grand avantage théorique à ces représentations entropologiques d'autres champs des sciences humaines est que nous tenons compte explicitement de la forme canonique de Lévi-Strauss dans le passage de la ligne de pincement de notre cross-cap; ce qui n'est explicite, ni en sémiotique ni en psychanalyse, ni en sociologie.
- C'est déjà pas mal, pourquoi continuer à explorer les sciences dites "dures" ?
Perspective :
- Parce que les domaines de la sémiotique, comme de la psychanalyse, voire de la sociologie, se développent dans la voie des mots (♧𓁜𓁝♡), avec un rapport à la voie des choses (☯𓁜𓁝☯) — en particulier les effets de la parole sur le Sujet — difficile à observer, quand mathématique et physique (surtout cette dernière) marient les deux voies de façon plus intime. C'est en particulier le sens de la "réfutabilité" de Popper.
Par ailleurs, avec le principe général que nous recyclons toujours les mêmes schémas de pensée, à travers les cultures et au fil des siècles, il est important de tester cet axiome sur les développements les plus récents de l'Imaginaire : relativité et quantique en physique, langage catégorique en mathématique.
- Tu reboucles sur "la propriété universelle en philo"... Belle chute !
- Merci
Hari