Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
22 Novembre 2020
- Une fois n'est pas coutume, ce matin au réveil tout se bouscule au portillon et je dois en garder trace toute affaire cessante.
Tout part d'une série de trois documentaires d'Arte consacrés à l'écriture.
J'écoute d'abord un Chinois comparant l'écriture hiéroglyphique et celle du Mandarin. Il parle d'une même façon d'utiliser un certain nombre de "marqueurs" pour indiquer si le glyphe qui suit doit être lu pour son sens, ou le son du mot qu'il représente, et ça me ramenait au souvenir de ma belle-mère utilisant un dictionnaire Chinois : elle commençait par définir auquel des cinq éléments appartenait le mot recherché, pour ensuite compter le nombre de traits longs et courts. Là encore ces cinq éléments servaient de marqueurs catégoriques.
En fin de reportage, il y a aussi une présentation du livre de Xu Bin "Histoire sans mot", qui décrit la journée d'un individu sans mot, juste à l'aide de smileys et pictogrammes facilement compréhensibles, quelle que soit la culture de celui qui les interprète. Et je pars en boucle sur le thème "ce serait fantastique de pouvoir parler avec Xu Bing de mes petits glyphes, il y trouverait certainement un intérêt, et peut-être pourrait-il les rendre plus esthétiques, ou plus universels".
Je m'endors là-dessus, et ce matin, mon esprit embraye sur le thème :
Je devrais faire un programme qui ouvre à chaque posture indiquée par des marqueurs de posture, les signes des concepts auxquels elle donne accès.
- Je ne te suis pas ?
- Par exemple, si j'indique la posture [⚤]𓁜 j'ai à disposition les concepts de successeur < et >, ainsi que =, ↑↓←→⇅⇆, etc., mais pas ceux d'orthogonalité ⊥ ou d'infini ∞, conçus en [#]𓁜.
Ne pas indiquer la posture dans laquelle nous nous trouvons pour nous exprimer conduit à des confusions possibles dans l'emploi de certains termes comme "normal", dont le sens évolue en fonction du niveau Imaginaire où l'on se situe :
Autre exemple plus important peut-être :
- Mais le mathématicien a déjà depuis longtemps pris l'habitude de situer le cadre conceptuel dans lequel il développe une théorie.
- Oui et non.
Oui, lorsqu'il présente le raisonnement lui permettant de construire un théorème, il y est effectivement très attentif, cependant, certains mots repris d'instinct du langage commun, sans plus de précision, comme ceux que je viens de citer lui échappent, hors contexte, et le conduisent dans des impasses dont il pourrait s'apercevoir s'il utilisait de tels marqueurs. (note 1)
Par exemple, cette idée "d'extension galoisienne", m'a induit en erreur pendant longtemps ca pour moi, une "extension" est associée à un élément qui vient "à la suite" de ce qui précède, et donc dans une posture [⚤]𓁜, alors que nous sommes en recherche 𓁝[#], avec un corps de rupture C déjà constitué en 2[#]𓁜, comme nous l'avons vu, autrement dit la suite de nos extensions a une limite connue d'avance, quand la construction de N en [⚤] n'en a pas.
Ce besoin de précision n'est pas propre aux sciences dures, et nous avons déjà relevé quelques incohérences entre la posture de celui qui avance une thèse et le niveau Imaginaire qu'il eût convenu d'adopter, par exemple, Freud dans un état d'esprit proprement Aristotélicien lorsqu'il théorise Thanatos pour expliquer l'automatisme de répétition "au-delà du plaisir", ou encore Lévi-Strauss avec la forme canonique des mythes lorsqu'il oppose le fournier à l'engoulevent.
Ces idées me tournant dans la tête au réveil, je me suis souvenu des marqueurs utilisés par Alain Damasio dans "Les furtifs" pour signifier un changement de narrateur, et donc de façon de parler pour construire son récit selon les divers points de vue des protagonistes, et je me disais qu'il serait intéressant d'utiliser un système d'écriture automatisée sur ordinateur qui, à chaque marqueur de position, laisserait à l'auteur d'un récit ou d'une thèse, signes, sémantique et syntaxe propres au niveau Imaginaire ainsi défini.
Et ceci m'a rappelé que les physiciens ou déjà l'expérience d'une telle écriture, avec, par exemple les schémas de Feynman :
Voire en chimie :
- Ils ne sont pas les seuls, reporte-toi aux schémas en théorie des catégories, ou à la théorie des graphes !
- C'est vrai. Je me demande d'ailleurs si nos développements actuels ne s'émancipent pas de la nécessiter d'être transmis intégralement par la parole, voire même d'être couchés sur le papier. Il m'a fallu passer sur Blender pour tenter de représenter le bouclage Réel/Symbolique sur un ruban de Moebius en 3D :
- C'était un peu laborieux !
- Oui, mais je pense travailler dans ce sens pour faire ma prochaine présentation au groupe CLE, en utilisant pleinement le logiciel de présentation "Explain everything".... Nous verrons ce que cela donnera et de quelle façon c'est reçu !
Hari