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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Et si je me trompais ?

- Mon attaque d'hier contre Alain Badiou était trop facile.

- Ça m'a paru au contraire assez définitif : il reste néoplatonicien (avec un principe unitaire Occidental 𓁝[1] quand la théorie des catégories - qu'il connaît très bien - aurait du lui indiquer que l'objet initial le plus élémentaire est le vide Oriental 𓁝[]).

- Oui, bien sûr, mais j'étais focalisé sur cette même objection que je veux présenter de vive voix à Alain Connes, lors  du prochain colloque de l'association Lysimaque : "mathématiques et psychanalyse", des 28 & 29 janvier prochains...

Tout d'abord, il est faux de dire que la pensée d'Alain Badiou "shunte" le niveau [#]♧ car, dans son intervention à Sciences Po, il s'appuie sur un schéma (i.e.: présentant 3 axes distincts), que je n'ai pu voir puisque je ne disposais que d'une trace audio de cette présentation. C'est une discussion sur laquelle je reviendrais éventuellement, mais ce n'est pas là l'essentiel.

Ce matin, en me rasant, je ruminais encore cet article, lorsque la pensée suivante m'est venue :

"Es-tu sûr d'être toi-même débarrassé de cet idéal unitaire platonicien ?"

- Ça me paraît évident, puisque tu différencies parfaitement les objets final/ initial au contact respectivement du Réel et du Symbolique : ([∃]𓁝⇅𓁜[⚤]𓁝⇅𓁜[#]𓁝⊥𓁜[♲]𓁝⇆𓁜[∅])𓂀.

- Oui, au premier abord, et dans une narration en mode objectif ♧; mais l'Imaginaire ne se limite pas à ce mode de penser primaire. Il ne suffit pas de tuer le Dieu platonicien comme réification d'une "pulsion Unaire", pour reprendre le terme de Lacan, car cette pulsion, qui nous pousse à rassembler la nuit ce qui est épars le jour, est évidemment active en coulisses, en mode ♢, derrière la scène du mode ♧ (je parle de la scène et des coulisses au sens d'Alain Connes - voir ici).

D'une certaine façon, notre Imaginaire est toujours à l'oeuvre pour nous permettre d'exister à travers tous les aléas de la vie, malgré les chocs du Réel. Il y a toujours, en chacune des 𓁝parties du vivant, un principe poussant à diminuer son entropie individuelle𓁜, en dépit ou en lutte contre un principe entropique général𓁜. Autrement dit, à chacune des topologies que nous utilisons pour quadriller un Réel qui nous échappe, afin d'en parler, comme on jette un filet à la mer pour récupérer quelques poissons, est attaché un principe négentropique (la récupération des poissons), s'opposant à une dilution entropique globale (l'eau s'échappant du filet).

- Tu n'échappes pas, en tant qu'individu, à cette "pulsion unaire", on l'aura compris; et donc ?

- Dans le schéma général de l'Imaginaire (voir "Ikebana"), 

[∃] [⚤] [#] [♲] [∅] 𓂀
[∃] [⚤] [#] [♲] [∅] 𓂀
[∃] [⚤] [#] [♲] [∅] 𓂀

je me suis particulièrement focalisé sur l'évolution de l'objet final, passant de l'objet en [∃]♧ au morphisme entre objets en [∃]♧ et au topos en [∃]♡ ; en me contentant de repousser d'un mode à l'autre le même élément initial, vide ∅, sans plus y réfléchir.

La suture entre modes ♢ & ♧ à savoir : 𓁝[∅]↑[∃]𓁜, implique le retournement du Sujet 𓁝/𓁜, et c'est ce que font en particulier le prêtre, le mollah comme le rabin en "interprétant" la parole de Dieu pour se faire docteurs de la Loi (la 𓁝croyance symbolique devient savoir𓁜 objectif aux yeux des 𓁝fidèles- voir "les 4 discours" ).

Au niveau syntaxique ♡, il y a une équivalence entre toutes les "voies" empruntées et le principe initial s'élève jusqu'à (𓁝[∅]𓂀. Formellement : si tout peut advenir du vide, il peut accoucher de chacun des Dieux qu'il nous plaira d'imaginer.

Mais, et c'est là que j'ai loupé le coche : cette recherche syntaxique d'une équivalence ([♲]𓁝⇆𓁜[∅]𓂀 reste un principe unitaire, fût-il le vide lui-même !

- Ce schéma ([♲]𓁝⇆𓁜[∅])𓂀♡ nous renvoie directement à tes réflexions sur le duo anima/animus de François Cheng (voir : "Comment parler de l'âme"), non ?

- Effectivement, mais à l'époque de ce texte, j'en étais resté au mode ♧ d'une réflexion qu'il faut prolonger.

Et donc, quoi que tu fasses, et même en remplaçant un vieux principe unitaire platonicien [♲]𓁝⇆𓁜[1] par un principe initial vide [♲]𓁝⇆𓁜[∅]☯ comme expression Imaginaire de notre système Symbolique , plus conforme à notre vision moderne du monde (en particulier avec la mécanique quantique dans l'interprétation de Copenhague, et Niels Bohr contre Einstein), nous n'épuisons pas une pulsion, unaire en son essence, toujours à l'oeuvre pour nous permettre d'exister 𓁝, ne fût-ce que très temporairement en tant qu'individu, plus longtemps en tant qu'espèce, voire de l'Univers issu d'un Big Bang, et plus fondamentalement encore (i.e.: en mode syntaxique ♡) en tant que principe vital négentropique.

Vois-tu le paradoxe ?

- Précise...

- Même en collant directement un principe vide (Oriental) et non-unitaire (non-Platonicien ou non-Occidental) au plus près du niveau Symbolique, il n'en demeure pas moins que la focalisation du Sujet sur son système Symbolique 𓁝, révèle toujours d'une aspiration unaire, au sens Lacanien du terme.

- Il faudrait donc en rester à Platon ?

- Non, car Platon reste en mode objectif 𓂀. Sa problématique est de comprendre comment les "idées" informent la substance comme le sceau cachette la cire, dans un double mouvement immanent/ transcendant avec d'un côté le multiple, [1]𓁜 et de l'autre l'Un 𓁝[1]. En ce sens, oui, Alain Badiou reste platonicien, en mode ♧:

Thèse 6 :
Plus jargonante, je dirais moi que l'universalité n'est rien d'autre que la construction fidèle, aussi fidèle que possible, d'un multiple générique et infini
J'éclaircirai cela quand on y arrivera."

et ma récusation est fondée.

Mais il faut comprendre de quelle façon se caractérise l'action de ce principe unitaire, en fonction de la posture prise par le Sujet pour en rendre compte.

Au plus bas de l'échelle, en mode ♧ tu as:

  • Au niveau [⚤] une logique du 1er ordre, et le tiers exclus. L'automatisme de répétition ⇅ est temporel (concepts de succession, de causalité, et de temporalité discontinus);
  • Au niveau [#], l'automatisme de répétition ⊥ change de nature, d'ordre spatial (continu). La dichotomie devient orthogonalité (et le temps est vu comme dimension spatiale continue);
  • Au niveau [♲] la répétition ⇆ porte à rassembler, à unir et se décline à chaque niveau :
    • [♲] en principe de conservation distance/ temps sous forme de vitesse chez Galilée et Einstein, plus généralement triptyque d'Emmy Noether. En termes de langage : notion de topos unifiant le discret [⚤] et le continu [#];
    • [#] le temps vu comme une dimension spatiale (continue et orthogonale à l'espace dans la géométrie de Minkovski);
    • [⚤] : la dialectique tente d'articuler les contradictions entre principes dichotomiques.

- Ça, nous l'avons déjà vu en long, en large et en travers, tu te répètes.

- Oui, mais j'insiste ici sur cette pulsion qui nous pousse toujours à l'unification des concepts, et passe essentiellement au niveau [♲] par des principes de "conservation".

- Maintenant, il s'agirait de voir ce que devient cette pulsion unaire dans les modes suivants...

- Pour avoir une vue d'ensemble, il est préférable d'adopter une approche syntaxique en mode ♡ que l'on déclinera ensuite en mode ♢ et ♧.

En mode ♡, le maître mot me semble être "universalité", vu comme l'expression d'une pulsion unaire, avec laquelle Platon se débat en mode ♧ au niveau logique [⚤]. Et c'est en mode ♡ que doivent se discuter les préoccupations d'Alain Badiou, et c'est ici que la théorie des catégories peut nous servir de guide !

- Autrement dit Platon meure en  ♧ et son avatar Platon nous parlerait d'universalité ? 

- Oui, et je te laisse t'amuser à schématiser cette résurrection à l'aide de la forme canonique des mythes (voir ici) ! Maintenant, à partir de cette "universalité" recherchée en mode ♡, tu retrouves l'essence-même de tous les développements en théorie des catégories :

  • Le concept de "principe universel" lui-même et l'importance du topos en mode ♡comme concept unifiant les aspects discret/ continu de nos représentations;
  • L'importance des "transformations naturelles" entre foncteurs en mode ♢;
  • Pourquoi les lois de la physique s'expriment de façon privilégiée en termes matriciels (voir "Matrice") avec l'importance du changement de posture 𓁝/𓁜 (avec le discriminant comme quantité conservée dans l'inversion d'une matrice) et de la double approche du Sujet [∃]𓁝/𓁜[∅].

Sur ce, bonne méditation à tous !

Hari

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