Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
23 Janvier 2022
- Mon article "Cohérence épistémologique" m'a conduit à définir le passage du mode ♢ de penser "relationnel" au mode ♧ "objectif", en termes de covariance et contravariance. Je pars donc dans des considérations tirées de la théorie des catégories, mais ces deux derniers jours, ces idées neuves ne demandaient qu'à batifoler en terres psychanalytiques. Je reprends donc ici ces développements, pour plus de lisibilité sur le blog.
Le 22/ 01/ 2022 :
- Avant de passer à autre chose, j'aimerais laisser un petit signet à mon intention, pour y revenir à loisir : les deux concepts covariance/ contravariance doivent être utiles aux sciences humaines, puisqu'ils décrivent des nécessités liées à la prise de conscience par l'auteur 𓂀 de ses propres mécanismes psychologiques.
- À quoi penses-tu ?
- Je n'ai pas encore d'idées précises sur la question, il faudra revisiter la forme canonique des mythes comme le schéma en L de Lacan, nous arrêter un moment sur le cogito cartésien, mais le plus immédiat me semble relever de l'interprétation des rêves.
L'interprétation des rêves.
Revenons à "L'interprétation des rêves #2 - irma/discussion-du-cas. J'avais déjà à l'époque l'idée d'un saut entre les deux modes de penser ♢ et ♧, et d'une "topologie" qui ne s'exprime qu'en mode ♢, ce qui échappe à Lacan.
Je reprends donc mes commentaires d'alors, en commençant par l'interprétation du rôle de la formule NC3H9 :
"- Deux points fondamentaux :
1/ [pour Freud à l'époque] L'énonciation vaut explication, or, j'ai situé la résolution du rêve par la formule NC3H9 en ([⚤]𓁜)𓂀♢; sous-entendant, pour moi en 𓂀2♢, et qu'il y a une suite possible (en bleu): ([⚤]𓁜1[#][♲][∅]☯)𓂀2♢quand, pour Freud 𓁜1 à l'époque, l'énonciation fait loi [⚤]<=>[♲], ce qu'il pourrait comprendre: ([♲]𓁜1)𓂀1♢. On voit bien, effectivement, qu'il y a une différence de point de vue à prendre en compte entre hier 𓂀1♢ et aujourd'hui 𓂀2♢..."
Je pense qu'elle est bien située, en ([⚤]𓁜)𓂀♢, cependant, concernant ma propre idée (en 𓂀2♢), il faudrait en discuter. La progression d'un niveau à l'autre en mode ♢ me semble aujourd'hui plutôt relever d'un souci narratif de mode ♧ de ma part (en 𓂀2♧)!
L'essentiel tient à l'intention de Freud. Si la formule NC3H9 apparaît effectivement clairement en mode ♢ au cours de son rêve, elle sert de clef lors de son interprétation en mode éveil, ou ♧. Il est tentant d'y voir un mouvement contravariant ! (rep1)
trauma [∃]𓁜 ← | NC3H9 en [⚤] | 𓂀♢ |
↓ | ↓ | |
source 𓁝[∅] → | de l'explication "logique" en [⚤] | 𓂀♧ |
Ici, le trauma initial ne renvoie pas au Réel (limite inférieure du mode ♧), comme lorsque le maître de jacques se heurte le genou sur un caillou, mais devient source d'explication (limite supérieure du mode ♧).
"2/ Le second point tient au sentiment de Freud par rapport à ses analysants : il y a les bons (qui acceptent) et les réfractaires, comme Irma, qui refusent de guérir par sa parole."
Maintenant lorsque Freud dialogue avec son patient, ils sont nécessairement en mode ♧, et pour mener celui-ci d'une posture 𓁝[∅] à une expression logique en [⚤]♧𓁜 , il faut bien entendu que l'élève 𓁝[♲]♧ accepte la leçon du maître [♲]♧𓁜 ou s'y plie, dans un processus S↓ que nous connaissons bien.
Le problème du névrosé étant sa propension à rester en posture 𓁝, tu vois la difficulté de cette approche Freudienne : le "bon névrosé" est celui qui ne l'ai pas...
Je glisse sur la suite de l'article, car j'ai oublié mon état d'esprit d'alors, pour arriver à ce passage :
"La structure du rêve
- Tu as raison, c'est là l'essentiel de la leçon.
L'espace des femmes :
1/ Rappelons ce que nous avons déjà tiré du texte :
Je pense qu'il faut préciser cet "espace". Il s'agit d'un "espace topologique", au sens où Poincaré parle de topologie, c.-à-d. en mode ♢, rien à voir avec une quelconque géométrie# en mode ♧.
- Tu arrivais au même point.
- Oui, mais je me rends compte qu'il faudra prendre le temps de le formaliser correctement. En particulier, je me trompe en disant que ce qui manque à Freud et Lacan, c'est le niveau [#]. Ils s'inscrivent tous deux dans une pensée Occidentale qui l'a ignoré fort longtemps, et l'on peut restreindre l'Imaginaire à [∃][⚤][♲][∅]; mais ce qui est plus grave, c'est d'en rester au mode ♧ pour s'attaquer au rêve et à la pensée mythique en mode ♢. La plasticité de l'espace en mode ♢, à laquelle nous a habitués la topologie, se voit immédiatement dans les peintures rupestres les plus archaïques, et tient aux liens qu'elles expriment autant sinon plus qu'à la véracité des scènes qu'elles représentent. Le biais tient à ce que je n'ai pu conceptualiser ce mode ♢, qu'après avoir compris la nécessité du niveau [#].
- Il serait intéressant de savoir s'il s'agit d'un biais personnel, ou culturel (Poincaré vient après Euclide et Galois)?
- J'ai du mal à m'extraire de ma propre culture pour en juger, mais revenons pour l'instant à cette théorie des rêves.
Revenons aux deux "espaces" représentés, celui des femmes et celui des docteurs :
"Il y a d'un espace à l'autre une différence de registre très marquée par Lacan:
Vois-tu où je veux en venir ?
- Ça me semble assez évident : il y a une différence covariant/ contravariant dans l'approche par Freud de ces deux espaces...
- Oui mais lequel est covariant, lequel est contravariant ? Saute au point 5 de mes commentaires :
"... Alors, j'ai toutes les raisons d'exprimer l'ensemble en décrivant ce trio [i.e. les docteurs] en posture ([⚤]𓁜)𓂀♢, autrement dit, en utilisant la règle de clôture du discours, en ([⚤])𓂀♢. Cette posture étant le point de réveil du Sujet, au moment où la formule NC3H9 s'affiche."
Restons simples : ces docteurs exprimant NC3H9, lui servent d'espace d'expression (le chef de gare), avant que Freud se focalise sur cet élément de discours (le train), tel que nous venons de le voir (retour à rep 1). Autrement dit, nous sommes dans un mouvement contravariant.
Je l'interprète comme ceci : Freud n'est pas fondamentalement "attaché" à ces docteurs, de même qu'Einstein se détache sans état d'âme du chef de gare, pour suivre le voyageur dans le train. Par contre, Freud est "attaché" à l'espace des femmes, il souffre avec, si je puis dire, d'ailleurs il n'est plus dans la contenplation de la scène, il la vit, il y participe en posture 𓁝, rattachée si l'on suit le fil à 𓁝[∅]♢.
- Attends, Freud est-il l'auteur 𓂀 ou le Sujet 𓁝𓁜?
- Les deux mon capitaine Freud auteur 𓂀Freud analyse Freud rêveur 𓁝𓁜Freud. Or, 𓂀♢Freud nous dit que 𓁝𓁜Freud est "avec les femmes", et donc en posture 𓁝Freud , c.-à-d. : (𓁝Freud)𓂀♢Freud.
Et s'il rabat son discours (s'il interprète son rêve) en mode ♧; il le fait au terme d'un mouvement covariant où 𓁝[∅]♢ conduit à 𓁝[∅]♧.
Ce qui s'interprète trivialement par le fait que Freud analyste 𓂀Freud est
Le 23/ 01/ 2022 :
Le schéma en L de Lacan :
- Cette revisite de l'interprétation des rêves, m'oblige à revenir sans délai sur le schéma en L de Lacan.
- Il y a urgence ?
- Disons que cet article est encore assez lu aujourd'hui, et que je ne peux pas le laisser en l'état : il est trop daté quand, après ce que nous venons de voir, sa structure saute aux yeux :
Donc :
Après ce que nous venons de voir, il est assez trivial d'y retrouver nos deux processus (a) covariant 𓁝 et (b) contravariant 𓁜, d'où ce schéma revisité :
[∃]𓁜 | A𓁜 | 𓁝A | 𓁝[∅] | 𓂀♢ |
↓ | ↓(b) | ↓(a) | ↓ | |
𓁝[∅] | 𓁝a' | 𓁝a | 𓁝[∅] | 𓂀♧ |
- Pas très parlant...
- Parce que l'Autre est soit :
- J'ai l'impression qu'il faudrait en discuter avec des analystes...
- À l'occasion, pourquoi pas. En attendant, je te propose de méditer là-dessus pour ce dimanche.
Le 24/ 01/ 2022 :
- En y repensant, est-ce que tu n'ouvrirais pas des noix à coups de marteau-piqueur ?
- De quoi parles-tu ?
- Tu pars de la définition d'un "foncteur représentable" auquel tu t'es accroché il y a quatre ans en maths, pour l'acclimater à ton schéma de l'Imaginaire, et ensuite en tirer (par les cheveux) des considérations plus ou moins lacaniennes; mais en fait tu n'as dit que des platitudes.
- À savoir ?
- Tout simplement que
Je pense que l'homme du paléolithique aurait eu la même conscience de cette différence.
- Mais c'est précisément le signe que nous sommes dans la bonne direction! Si l'on pouvait repérer cette différence de postures dans le fonctionnement neurologique lui-même (je pense au rôle des neurones miroirs), ça me conviendrait parfaitement. Mon hypothèse étant que nous n'avons guère changé depuis qu'un être vivant s'interroge sur lui, comme sur le monde dans lequel il est plongé (depuis que son cortex frontal s'est développé), ce qui est remarquable n'est pas de retrouver un schéma mathématique derrière une représentation du psychisme, mais au contraire l'analogie entre les deux qui nous ramène au plus primitif de notre nature.
La thèse est que les mathématiques sont un langage, et donc relatifs au Sujet. L'intérêt de ce rapprochement maths/ psychisme tient au travail du mathématicien qui a déjà rongé notre langage jusqu'à l'os, mettant à nu les aporis du discours, qu'il réifie en axiomes.
Dans cette perspective, lorsqu'en partant d'une procédure mathématique j'y retrouve une trivialité comme celle que tu me reproches, c'est le signe que nous sommes sur la bonne voie, et j'espère que plus nous avancerons, plus ce sentiment d'évidence s'imposera.
Regarde ce schéma en L, ne trouves-tu pas qu'il y gagne en lisibilité ?
- Et si tu en profitais pour pousser jusqu'à :
La forme canonique des mythes :
- Oui, c'est nécessaire, puisque notre représentation de l'Imaginaire évolue.
Revenons donc à notre malheureuse potière jalouse qui ne colle pas à son totem l'Engoulevent, puisqu'elle fait soigneusement sa poterie, ce qui correspondrait mieux au style du Fournier aux dires de Lévi-Strauss, qui en tire la formule suivante :
Fjalousie (engoulevent) : Fpotière (femme) :
: Fjalousie (femme) : Fengoulement-1(potière)
Nous pouvons remarquer une différence entre les "fonctions" et les "objets".
Notre potière est ici notre Sujet 𓁝𓁜, le conteur du mythe est 𓂀.
- Où places-tu l'Engoulevent ?
- Qu'est-ce qu'un "totem"? A priori, ce n'est pas une simple étiquette⚤ en mode ♧, puisque lui aussi se définit par ses relations, autrement dit il est représentable en mode ♢.
Disons que le mythe évoque un décalage entre la structure relationnelle de l'Engoulevent et celle de la femme (i.e. : jalouse, ce qui cadre avec l'engoulevent mais potière ce qui ne cadre pas).
Vu sous cet angle, il est tentant de voir deux types de relations :
Et donc :
Nous avons donc un discours sur deux modes:
qui traite du rapport :
Au passage tu remarqueras la disjonction entre un processus S↑ aboutissant en 𓁝[♲] et un autre S↓ aboutissant [♲]𓁜 qui nous ramène à la discussion entre Platon et Aristote (voir la série d'articles sur les universaux en particulier #12).
Donc, pour chacun des deux "Sujets" 𓁝𓁜, la femme et son totem, le conteur 𓂀♢ envisagerait le schéma de leurs relations de cette façon :
Fpotière [∃]𓁜 | Fjalousie 𓁝[∅] | 𓂀♢ |
↓ | ↓ | |
𓁝[∅] | 𓁝[∅] | 𓂀♧ |
- Jusque-là tu ne dis pas grand-chose...
- Effectivement, il s'agit juste d'une réécriture ou d'une contextualisation, comme tu voudras...
Maintenant, que nous dit Lévi-Strauss ? Que si la femme et l'engoulevent sont sous le même rapport en ce qui concerne la jalousie (Fjalousie), ils s'opposent sous le rapport de la poterie (Fpotière).
Ce qui m'intéresse ici, c'est que le rapprochement totémique, de l'ordre de la loi chez les Jivaros en [♲]𓁜, n'est pas remis en cause par l'observation et une démarche immanente, vois sur le schéma : (note 3)
Fpotière [∃]𓁜 | 𓁝[♲]𓁜 | Fjalousie 𓁝[∅] | 𓂀♢ |
↓ | ↓ | ↓ | |
𓁝[∅] | S↑ 𓁝[♲]𓁜 S↓ | 𓁝[∅] | 𓂀♧ |
Et donc, ce qui va régler la parole n'est pas une remise en cause de l'ordre social (le totem de la femme reste l'engoulevent), mais du rapport du totem au Réel et à l'objet; d'où la double inversion de Lévi-Strauss: la mort d'Engoulevent qui en retombant sur Terre donne la terre à poterie.
À mon sens, cette double inversion est le signe, non pas d'une approche dialectique (opposition vie/ mort) relevant d'une logique du premier ordre en [⚤]𓂀♧, mais l'équivalent d'un foncteur d'oubli 𓁝[⚤]♢↓[⚤]𓁜♧ marquant un changement de logique, que l'on pourrait contextualiser ainsi :
Fpotière [∃]𓁜 | 𓁝[⚤] | 𓁝[♲]𓁜 | Fjalousie 𓁝[∅] | 𓂀♢ |
↓ | ↓ | ↓ | ↓ | |
𓁝[∅] | [⚤]𓁜 | S↑ 𓁝[♲]𓁜 S↓ | 𓁝[∅] | 𓂀♧ |
- Comment interprètes-tu 𓁝[⚤]♢↓[⚤]𓁜♧ ?
- Si l'on s'intéressait au Yi King, je dirais que [⚤] est le trait "mutable" de la figure, qui conduit à s'interroger 𓁝[⚤]♢ sur le lien logique entre le fait d'être potière et jalouse. Nous savons juste :
Donc :
Maintenant, sois bien attentif à mon coup de baguette magique : dans tout discours, l'antécédent du niveau [⚤] est le niveau [∃], avec l'objet final (ici notre engoulevent) et donc :
Vois-tu ce merveilleux tour de passe-passe ? Pour le conteur 𓂀♧: (Note du 24/ 02/ 2022)
- Autrement dit, notre conteur Jivaro s'invite dans la discussion Platon/ Aristote, et transcende le passage 𓁝[♲]⏩[♲]𓁜 qui va mobiliser l'Occident jusqu'à la Renaissance ?
- C'est une façon de voir les choses, mais revenons pour l'heure à la double inversion caractéristique de la Forme Canonique:
[∃]𓁜 → | 𓁝[⚤] | mythe | 𓂀♢ |
↓ | ↓ | Foncteur d'oubli | |
𓁝[∅] → | [⚤]𓁜 | récit du mythe | 𓂀♧ |
- Tu vas te faire tirer les oreilles avec ton "foncteur d'oubli" !
- Le mot important c'est "oubli" : le mythe évolue dans une logique qui échappe à celle du récit. Tu as le même problème pour relater un rêve.
Maintenant la double inversion de Lévi-Strauss est très simple à identifier :
- Et cette Forme Canonique se retrouve à travers chacun des mythes que Lévi-Strauss a pu collecter ?
- C'est ce qui fait la beauté de la chose !
Maintenant nous pourrions avancer la thèse suivante : cette structure est une représentation du passage entre les deux modes ♧ et ♢, caractérisé par :
[∃]𓁜 | 𓂀♢ |
↓ | |
𓁝[∅] | 𓂀♧ |
Avoue que c'est plus simple, non ?
- Il faudrait le demander au lecteur...
En résumé
Caractérisation de la pensée mythique :
Nous venons de caractériser la pensée mythique à partir de la forme canonique, établie par Lévi-Strauss comme universelle (au terme d'une exploration de 400 mythes du monde entier), de la façon suivante :
L'approche philosophique grecque :
Par opposition à cette pensée mythique duale (modes ♧ et ♢), la philosophie grecque cherche à franchir 𓁝[♲]⏩[♲]𓁜 au terme d'un processus purement immanent S↑ en mode ♧ "objectif", strictement dépendant de la logique du 1er ordre [⚤]♧𓁜. Platon s'y casse les dents, et Aristote ne fait pas mieux.
- Je sens que tu es prêt à revenir sur la discussion des universaux ?
- Oui, j'ai envie de faire la soudure entre cette pensée qui se développe jusqu'à la Renaissance et la pensée Classique, pour arriver à notre pensée moderne.
- Si nous revenons maintenant au schéma en L de Lacan, tu vois que nous y retrouvons le même processus contravariant du Sujet par rapport à l'objet de son attention.
Réciproquement, la double inversion mythique est si profondément ancrée en nous qu'elle nous conditionne encore, et que Lévi-Strauss la retrouve dans le mythe freudien d'Oedipe.
- Arrêtons là s'il te plaît, ça fait pas mal à digérer en cet après-midi ensoleillé !
Le 25/ 01/ 2022 :
- Il est peut-être temps de revenir à cette antienne lacanienne :
- Tu t'es énervé à plusieurs reprises sur le sujet, faut-il encore y revenir ? (note #2)
- Compte tenu de ce que nous venons de voir, j'ai l'impression que nous allons retomber sur quelques évidences, ce qui nous permettra de décanter le discours lacanien, pour mieux le comprendre, éventuellement.
Revenons au point où j'en étais resté dans : "Le point #4 - Lacan Le schéma en L".
1/ À l'époque, n'ayant pas encore distingué les modes ♧ et ♢, je n'ai que la différence ex ante du Sujet 𓁝 et ex post de l'auteur 𓂀 (posture ultime du Sujet 𓁜).
2/ Je me plante en raccrochant la différence de postures 𓁝/𓁜 à celle de conscient/ inconscient :
"En fait il nous parle de la relativité du savoir, celui de 𓂀 et celui de 𓁜 sur cette partie qui est au dos du Sujet 𓁜. Nous en avons déjà la structure:
Et je m'en étonne rétrospectivement : n'étais-je pas de "mauvaise foi" à vouloir à toute force faire rentrer une tenon rond dans une mortaise carrée ? (note 1)
- "Mauvaise foi", reflet de celle de Lacan maltraitant la suite de Fibonacci ?
- Ce serait un point à analyser, mais revenons à la dualité conscience/ inconscience. Lorsque le comptable fait, ex ante, un budget prévisionnel il n'est pas plus inconscient que lorsqu'il établi, ex post, le bilan annuel. Sa vision est certes limitée à un ensemble de conjectures qui lui échappent, mais il n'est pas inconscient. D'ailleurs, nous suivons depuis longtemps JP Changeux en définissant la "prise de conscience" dans l'instant du changement de postures 𓁝/𓁜.
- Tu n'étais pas clair dans ta tête, tout simplement faute d'avoir fait l'analogie entre un changement de mode Imaginaire, et le passage de la Catégorie des Ensembles à celle des Graphes en théorie des Catégories. Et puis tu es dur avec toi-même : il y a bien une différence de posture visible entre :
Une différence nous ramenant directement à nos considérations d'hier quant à la volonté philosophique d'éviter la pensée mythique. Ce que l'on voit ici comme la volonté de l'élève d'accéder au savoir sans recourir aux arguments d'autorité du maître.
- Autrement dit le meurtre du père et le complexe d'Oedipe ?
- Comme tu le vois nous n'en sortons pas... j'en étais donc à :
"On peut donc en déduire que pour Lacan, l'inconscient du Sujet 𓁝☯ s'exprime en 𓁝[♲][∅]☯𓂀"
Visiblement je n'avais pas une idée claire de ce qu'est l'inconscient.
- C'est-à-dire ?
- Je suis, bien entendu en position ex ante par rapport au Symbolique qui transcende mon Imaginaire 𓁝☯ : je ne m'explique pas ce qui me défini, mais je ne suis pas pour autant inconscient d'une cause qui me dépasse ! Laissons là mes commentaires et repartons de Lacan lui-même :
"[...] le savoir sur l'inconscient, à savoir s'il y a un savoir qui dit "il y a quelque part une vérité qui ne se sait pas" et c'est celle qui s'articule au niveau de l'inconscient, c'est là que nous devons trouver la vérité sur le savoir".
Essayons d'articuler tout ceci autour de la seule chose à peu près bien cernée au niveau neurologique : la "prise de conscience" selon JP Changeux, caractérisable par le changement de posture 𓁝/𓁜.
Maintenant considérons le maître 𓁜m face à l'élêve 𓁝e lors de la "transmission d'un savoir" dans la situation 𓁝e[♲]𓁜m. Le maître peut se faire deux représentations de sa posture [♲]𓁜m selon qu'il se situe lui-même en mode ♧ ou ♢ :
C'est un peu long à écrire, mais j'espère que tu as pu t'y faire, non ? Qu'est-ce qui te saute aux yeux ?
- C'est assez facile à repérer :
- Oui, avant de transmettre son "savoir", le maître a eu le choix entre ces deux parcours:
contravariant | covariant | |||
[∃]𓁜m | 𓁝m[∅] | inconscient | 𓂀♢ | |
↓ | ↓ | |||
𓁝m[∅] | 𓁝e[♲]𓁜m | 𓁝m[∅] | conscient | 𓂀♧ |
Se pose alors la question de l'intention du maître concernant l'élève. Son choix dépend avant tout de la conscience qu'il a de ses options, de son potentiel :
- Les deux mouvements (a)2 et (b)2 sont identiques, non ?
- À ceci près que le maître ne se situe pas dans le même mode : le gourou accroche ses adeptes à un Symbolisme qu'il ne partage pas forcément avec eux, et ce qui était covariant devient contravariant.
De ceci, on peut tirer que les actions du maître sur l'élève sont : (note du 23/02/2022)
- OK, tu retombes sur 4 discours de maître, mais est-ce ce dont parle Lacan ?
- Désolé, mais c'est l'heure de l'apéro, à demain pour le suite...
Le 26/ 01/ 2021 :
- Je cherche ces fameux 4 discours en parcourant mes propres articles s'y référants (note 2) sans les trouver... Il faut dire qu'en écrivant de travers la suite de Fibonacci, Lacan m'avait passablement énervé, et c'est là-dessus que je me suis focalisé, trop peut-être, comme l'imbécile qui regarde le doigt du maître lui montrant la Lune.
Et bien soit, revenons à l'équation lacanienne telle qu'il la livre :
en commentaire de cette phrase d'où nous étions partis hier :
"[...] le savoir sur l'inconscient, à savoir s'il y a un savoir qui dit "il y a quelque part une vérité qui ne se sait pas" et c'est celle qui s'articule au niveau de l'inconscient, c'est là que nous devons trouver la vérité sur le savoir".
Je vais tenter d'aller vite, car, à relire mes propres articles, comme j'ai du le faire pour retrouver mes commentaires sur cette équation, je m'aperçois que je suis toujours trop bavard, ce qui me lasse moi-même !
- Attends un peu : si tu fais l'analogie entre mode ♢ et Catégorie des Graphes, tu arrives parfaitement à articuler consciemment un discours, dont tu nous dis qu'il est "inconscient"...
- C'est ça qui est délicat : l'inconscient recule au fur et à mesure que tu élargis ton champ de conscience... C'est pareil dans une analyse : l'analyste va être conscient d'un automatisme de répétition qui reste inconscient chez l'analysant.
C'est proprement le "savoir" de l'analyste sur une "vérité-savoir" chez l'analysant.
Cependant, dans l'échange verbal entre analyste/ analysant, il faut malgré tout en passer par une expression qui s'articule en [⚤]♧, comme la langue française, par exemple. C'est difficile à exprimer correctement, mais l'échange passe à un certain moment par la parole, qui peut devenir pour le patient comme le point de contact au Réel. Parole qui a une mesure : son prix.
Je pense ne pas tordre la parole de Lacan en disant que "vérité-savoir", c'est le fonctionnement effectif, en mode ♢, du Sujet qui échappe à la représentation en mode ♧ qu'il en a. Et c'est trivialement reprénetable par un foncteur d'oubli entre l'objet discriminant de mode ♢ vers celui de mode ♧:
[⚤] | 𓂀♢ | ||
↓ | Foncteur d'oubli | ||
[⚤] | 𓂀♧ |
Tu remarqueras en passant qu'en disant que l'inconscient s'articule en [⚤], comme le langage (avec un simple changement d'objet discriminant) nous restons strictement lacaniens !
La suite coule de source : la vérité sur ce "savoir-savoir" c'est qu'il faut passer de [⚤]♧ à [⚤]♢, et donc repasser en mode ♢ : le savoir sur la vérité du Sujet se trouve dans le fonctionnement de son inconscient.
- En somme c'est trivial...
- N'est-ce pas ce que nous espérions ?
Maintenant que nous avons :
il serait étonnant de ne pas faire coïncider :
- Y a plus qu'à... suite ici
Hari
Note 1 :
À la relecture j'ai l'impression d'avoir complètement oublié d'où je suis parti! Voir ici :
Il est vrai que depuis, la différence entre les objets initial/ final a pas mal chamboulé ce que je comprenais alors !
D'où une différence qui arrive à maturité ici : la simple dualité de postures 𓁝/𓁜 évolue en différence covariance/ contravariance, dès que l'on introduit plusieurs modes de pensée.
Aujourd'hui, je situe plutôt l'inconscient en mode ♢.
Note 2 :
J'ai fait plusieurs tentatives pour aborder les 4 discours :
Note 3 :
Retour à Spinoza.
En écrivant :
𓁝[♲]𓁜 | 𓂀♢ |
↓ | |
S↑ 𓁝[♲]𓁜 S↓ | 𓂀♧ |
J'indique qu'en mode ♧, les deux mouvements immanent S↑et transcendant S↓ donnent lieu à une "narration" en termes de déroulement d'un processus temporel, autrement dit l'auteur est en [⚤] pour s'exprimer : (...)⇅𓂀♧. Ce qui rejoint ce que nous avions dit de la forme privilégiée du discours pour ce mode de pensée (limité à la logique du 1er ordre).
Mais le dernier entendement de Spinoza, que l'on peut se représenter un peu vite comme la conjonction de S↑ et S↓, se place de lui-même en mode ♢ !
C'est dire :
Nous avons vu en effet que le langage privilégié du mode ♢ est plutôt de niveau [#], soit une approche topologique et une expression graphique: (...)⊥𓂀♧.
Je me rends compte à la relecture qu'il y a un glissement de sens entre les concepts de convariance/ contravariance tirés de la théorie des catégories et mon appropriation, qui va aboutir au schéma suivant (voir "Les 4 discours de Lacan")
Les 4 discours | 𓂀m♧ | 𓂀m♢ |
covariance 𓂀 et 𓁝𓁜 | universitaire (a)2 | analyste (b)1 |
contravariance 𓂀 et 𓁝𓁜 | maître (a)1 | hystérique (b)2 |
Il m'a plu par sa simplicité, mais au sens strict, les deux termes n'ont de sens qu'avec des passages de mode ♢↓♧, autrement dit, les discours (b)1 et (b2).
- Faut-il reprendre toute la suite ?
- À moins de comprendre les termes de covariance/ contravariance, au sens de la physique ou des mathématiques, comme le développement, sur deux modes ♢ et ♧ d'une distinction déjà là en mode ♧ entre la posture du maître et celle qu'il désire pour l'élève :
Tu remarqueras la similitude avec ce que nous retrouvons chez Bourdieu : voir dans "la distinction #3", le schéma (b) :
[#]𓁜m | ←[♲]𓁜m | ←[∃]𓁜m | 𓂀m♢ | |||
↓ | ↓ | ↓ | ||||
S↓ | [⚤]𓁜e | ←𓁝e[#] | ←𓁝e[♲] | ←𓁝e[∅] | 𓂀m♧ | |
S↑ | [⚤]𓁜e | →[#]𓁜e | →[♲]𓁜e | →𓁝e[∅] | 𓂀e♧ |
De ce point de vue, le récit mythique, par lequel une société primitive va surmonter une contradiction logique [⚤]♧:
Il y a autour de ce niveau [♲] une problématique quant la posture du Sujet que l'on trouve :
C'est cette stabilité malgré les variations dans l'intention du Sujet qui trahit l'existence de l'objet en [♲], au sens de la stabilité, dans le discours de Diderot à D'Alembert; nous en parlions encore il y a peu (voir # 9)
«Tenez, mon ami, si vous y pensez bien, vous trouverez qu’en tout, notre véritable sentiment n’est pas celui dans lequel nous n’avons jamais vacillé, mais celui auquel nous sommes le plus habituellement revenus. » Extrait de: Diderot. «Entretien entre d'Alembert et Diderot.» Apple Books.
- Tu veux parler de la quantité conservée ? Mais quelle est-elle en l'occurrence?
- C'est ce qui est conservé lorsque tu passes de 𓁝[♲] à [♲]𓁜.
- Ça ne m'aide pas beaucoup.
- Nous ne sommes pas au bout de notre exploration, mais repenses à l'objet mathématique qu'est une matrice (voir "Matrice"), où nous avons la même confrontation entre les deux postures du Sujet 𓁝/𓁜. Il y avait là aussi une quantité conservée, qui est le "déterminant" de la matrice, qui se rélève, si l'on peut dire, dans l'inversion de cette matrice, autrement dit, lorsque l'on échange les deux points de vue. C'est ce que l'on retrouve également dans le "bra/ket" de Dirac (voir "Métaphysique quantique de Dirac")...
Ces rapprochements font par ailleurs repenser le désir Grec de s'émanciper de la pensée mythique, aboutissant chez Platon au choix de l'Un comme objet initial en [∅], comme une pulsion d'ordre esthétique en mode ♢... D'où découlera l'éthique en mode ♧ qui nous est si familière à nous Occidentaux, dans un sens très large (i.e.: formatés peu ou prou dans l'une des trois religions du Livre)...