7 Mai 2025
Le 07/ 05/ 2025 :
- Hier matin, en commentant le texte de présentation du carré sémiotique de Algirdas Julien Greimas (voir ici dans "Le carré sémiotique-suite"), c'est imposé à moi la nécessité de représenter notre Imaginaire par un cross cap.
- Ce n'est pas nouveau, et tu ferais rire bien des psys de ta naïveté.
- Tu n'y es pas : la nécessité s'en est fait sentir dans le domaine de la sémiotique, autrement dit, un discours s'articulant en [⚤]♢, quand notre topologie est de niveau [#]♢.
- Encore une fois, rien de neuf : les spys eux aussi ont construit leurs théories à partir de la parole du Sujet.
- Sans doute, mais il y a plus. Rembobinons le film :
Le 08/ 05/ 2025 :
- L'horreur : hier, et après avoir partagé l'article sur les réseaux sociaux, il a disparu de mon blog.
- Peut-être est-il mort pour renaître aujourd'hui ?
- Très malin, mais je déprime rien qu'à l'idée de réécrire quelque chose. Ce n'est plus une aventure mais un pensum.
- Passe à autre chose...
- Non, car pour une fois mon développement aurait pu intéresser quelques amis. Et puis le lien vers le texte étant déjà partagé, je ne veux pas le laisser mort.
- Et bien, rassemble tes souvenirs et fait court pour une fois.
- C'est parti. Pour mémoire :
Considérons un Sujet 𓁝𓁜 :
Pour lui :
Ensuite :
- Autrement dit, dans ta topologie Imaginaire, la syntaxe sémiotique [⚤]♢, s'applique à décrire le passage
[⚤]♡ ↓ [⚤]♧, dans la voie des mots (♧𓁜𓁝♡).
- Exactement.
Passons maintenant au moment où, à propos des "Structures du système sémiotique", les auteurs définissent les différentes "dimensions" du carré sémiotique. J'ai buté d'entrée de jeu sur la définition des "axes S et S̄".
"Les dimensions : Par leurs définitions respectives, les termes sémiotiques sont groupés par paires en six dimensions systématiques. On peut distinguer :
Syntaxe ♢⚤ | Sémantique ♡⚤ | Signes ♧⚤ |
relations | dimensions | structures sémiotiques |
contraire | axe S axe S̄ |
s1 + s2 s̅1 + s̅2 |
- Et où est-ce que ça coince ?
- Dans la distinction entre s̅1, s̅2 faite dans un langage de niveau [⚤]♧, s'appuyant explicitement sur la logique du 1e ordre, avec :
Ce qui nous renvoie au langage de la théorie des Ensembles. Or, si {a} & {b} sont les deux éléments d'un tout {E} = {{a}; {b}}; l'ensemble {PE} des parties de {E} ne contient que 4 éléments, à savoir :
La distinction que nous faisons entre les postures 𓁝/ 𓁜 du Sujet, me permet de comprendre :
Vois-tu mon problème ?
- Oui, effectivement : une écriture "s̅1+s̅2" ou "∅+∅" n'a aucun sens dans cette perspective.
- Voilà, nous en sommes au point où, en tant qu'auteur 𓂀Hari, je devais prendre une décision :
La première branche de l'alternative serait quelque peu arrogante, voire condescendante. La sémiotique est un domaine bien fréquenté, et semble donner quelques résultats utiles. Par ailleurs, je suis assez en phase avec les auteurs, et leur référence à la forme canonique de Lévi-Strauss m'intéresse. Bref, je partage avec les auteurs une même intention, et la différence d'attention sur un objet commun pourrait m'être utile, avec la perspective de situer cette sémiotique comme une schématisation ([⚤]←[♻])♢𓂀Hari de notre "entropologie"; qui sait ?
- Ce ne serait pas la première fois que tu passes outre quelques libertés avec la syntaxe, pour t'intéresser au sens du discours, que ce soit chez Lacan malgré sa conception particulière de la topologie, ou chez Grothendieck tentant de gravir le Yi King à mains nues.
- C'est donc dans cette disposition d'esprit que, pour me sortir de cette situation embarrassante, l'image du cross-cap s'est imposée à moi (Note 1) et surtout cette circulation du Sujet à sa surface (voir ici dans "Le cross-cap"):
![]() |
![]() |
1 | 2 |
- Ça reste un peu abscons !
- Imagine que la "surface", sur laquelle je représente les déplacements du Sujet par des flèches, est la "mise à plat" de notre cross-cap, coupé selon l'axe de pincement où la surface se recoupe, un peu comme un tanneur met à plat la peau d'un animal, ou comme le psy étale le Moi-peau du Sujet en consultation; les deux axes de cette surface étant :
L'important, c'est que lorsque le Sujet circule sur la voie (☯𓁜𓁝☯) en mode ♡, il arrive en bout de course en posture 𓁝[∅]♡ face à l'objet initial qu'il ne peut dépasser. Dans une pensée néoplatonicienne, c'est par exemple un "principe Unitaire" transcendant tout concept particulier, c'est encore le concept vide ∅ des mathématiques. En quelque sorte, le Sujet est sur la surface "extérieure" du cross cap (Note 2) et atteint la ligne de séparation entre extérieur/ intérieur. Pour continuer d'avancer au-delà de [∅], le Sujet glisse sur face "intérieure", et se retrouve face à l'objet final de mode ♧, c.-à-d. : [∃]♧𓁜, dans la voie des mots (♧𓁜𓁝♡).
- Autrement dit, faute d'une expérience directe d'une posture impossible [∅]♡𓁜, il en parle, c'est bien ça?
- Oui, c'est l'idée. Faute de comprendre comment la femme —sous le totem de l'engoulevent— est capable de faire de la poterie, le Jivaro explique la situation en se racontant une histoire, un mythe.
J'espère que tu visualises bien ce cheminement.
Ceci étant mis en place, nous avons deux façons distinctes de nous référer au concept S,
La façon la plus complète ou "universelle" de cerner l'objet du discours S, est de décrire ce qu'est S ET ce qu'il n'est pas S̄. (Note 3)
- Tu retrouves une démarche duale qui ressemble à l'idée de JP Changeux, pour qui la prise de conscience d'un objet est la rencontre entre un concept et un percept...
- Ce n'est pas un hasard. Maintenant, je te demande toute ton attention : la démarche allant de S à sa représentation en s1, ne suit pas le même chemin que celle menant de S̄ à son expression en [⚤]♧. Il faudrait suivre le double cheminement, comme un film dont le titre serait "Quand S rencontre S̄".
L'histoire de S :
S1⊂S | 𓁝[⚤]← | [⚤]𓁜←𓁝[♻]←[♻]𓁜 | S |
choix ↓ | |||
s1 | [⚤]𓁜 | →𓁝[♻] | s̅1 |
L'histoire de S̄ :
S | S̄ | S2 | S2⊂S̄ | |
[♻]𓁜→ | 𓁝[∅] | [⚤]𓁜 | →𓁝[⚤] | |
↓ | ↑ | choix ↓ | ||
[∃]𓁜 | → | 𓁝[⚤] | [⚤]𓁜 | |
s̅2 | s2 |
- La conception de S2 à partir de s̅2 me paraît un peu tordue !
- Mais non, suis bien le cheminement :
Au final, les deux concepts S1 & S2 de niveau [⚤]♡𓁜, sont bien représentés par s1 & s2 au niveau [⚤]♧𓁜, mais si ma représentation est juste :
- Je croyais qu'il n'y avait pas de posture 𓁝[⚤]♧?
- Oui, c'est un peu bancal : il faudrait parler de 𓁝[⚤]♢; mais la sémiotique ne distingue pas formellement les deux modes ♧ & ♢, il faudrait peaufiner l'approche.
- Soit , et Thanatos dans tout ceci ?
- Si tu considères que pour bien définir S, il faut à la fois parler de ce qu'il est ET de ce qu'il n'est pas (contrairement à Parménide), autrement dit de S ET de S̄, tu vois dans la définition de S̄ une double inversion à l'oeuvre :
- C'est une naissance du négatif de S.
- Vois-le autrement : en modifiant son contexte (i.e.: S̄), tu modifies S. Reviens à la potière jalouse.
- Mouais, il faudrait y réfléchir. Lorsque Jésus meurt sur la Croix, ce n'est pas une absence qui meurt !
- Non mais Jésus est le Verbe, et c'est l'environnement du Chrétien qui change par le Livre. L'Église ne lui demande pas de monter sur la Croix... Et l'Eucharistie est un récit, (i.e.: "Faite ceci en souvenir de moi") dans la voie (♧𓁜𓁝♡), et non l'expérience d'un trauma du Réel dans la voie (☯𓁜𓁝☯).
Tout ceci éclaire peut-être d'un jour nouveau cette double inversion de la forme canonique : le passage sacrificiel 𓁝S̄♡↓s2♧𓁜 indique un passage par la voie (♧𓁜𓁝♡), pour faire le lien entre le sens de l'expérience en ♡ et l'expérience elle-même en ♧, dans la voie des choses (☯𓁜𓁝☯).
- En bref, tu passes :
Et pour le coup, les Chinois ont été un poil plus rapides que les Occidentaux avec Lao Tseu :
"Trente rais se réunissent autour d’un moyeu. C’est de son vide que dépend l’usage du char.
On pétrit de la terre glaise pour faire des vases. C'est de son vide que dépend l'usage des vases.
On perce des portes et des fenêtres pour faire une maison. C'est de leur vide que dépend l'usage de la maison.
C'est pourquoi l'utilité vient de l'être, l'usage vient du non-être." (Tao Te King)
- Oui, comme tu le constates, notre surface topologique (☯𓁜𓁝☯)⊥(♧𓁜𓁝♡) offre au philosophe un vaste terrain de jeu.
Mais le point important pour moi c'est la nécessité d'un principe de mort "culturel", Thanatos, en contrepoint d'une pulsion vitale, notre Éros ou énergie vitale qui nous dépasse.
- Amen
Hari
Note 1 :
- Pour comprendre comme le Cross-cap s'inscrit dans notre entropologie, voir les articles suivants :
Note 2 :
- Bien entendu, le cross cap, en 4D n'a qu'une seule surface, la coupure étant dûe à sa représentation en 3D, de même qu'un noeud en 3D est représenté en 2D avec une coupure du brin passant dans la boucle.
Note 3 :
À propos du concept d'universalité, se reporter à l'article :