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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

La querelle des Universaux # 19 — Les structures platoniciennes

La foire aux immortels — Enki Bilal

Le 05/ 11/ 2025 :

- Mon article précédent (#18) commençait à s'étirer, et le point d'Alain de Libera sur les structures platoniciennes risquait de s'y perdre. C'eût été dommage car c'est un point essentiel à notre entendement.

- Si important ?

- Alain de Libera résume en deux points ce qui fut transmis en Occident de la philosophie de Platon. Et c'est exactement ce qui nous importe, comme "préquel" à la saga  des Mots et des Choses.

Pour mémoire : nous abordons ici le troisième point du programme suivant :


Référence : 
La querelle des Universaux - Notes de lecture # 7 du 15/ 11/ 2021
Liste de mes commentaires en note 1)

Alain de Libera :

"Avant d’entamer la longue geste de l’universel, qui correspond à la longue marche de la philosophie d’Orient en Occident, il nous faut préciser davantage les trois phénomènes fondamentaux qui déterminent tout le processus :

  1. la formulation paradoxale du problème des universaux chez Porphyre ;
  2. le lien conceptuel qui unit la problématique des universaux à la doctrine des catégories à laquelle l’Isagoge est censée introduire ;
  3. les structures platoniciennes qui encadrent, d’un bout à l’autre du Moyen Âge, le déploiement de la pensée aristotélicienne sur le terrain des universaux :

les structures platoniciennes

- À ma très grande honte, j'avoue avoir complètement zappé de ma mémoire ce passage qui me semble essentiel. 

1/ La structure argumentation de Socrate dans le Menon :
"De la non-différence à la participation ou la violence faite à Menon"

"Notre propos est de montrer ici que «le» problème des universaux est la trace et l’effet restant d’une violence, d’une violence faite à Ménon."

- Nous voici prévenus !

- Oui, et donc, soyons attentifs à la démonstration. De Libera part du dialogue entre Socrate et Ménon :

"Dans le Ménon, 72b, Socrate suppose qu’ayant demandé à Ménon
"Q1 : «ce qu’est essentiellement une abeille» (Canto : «dans sa réalité»),
"R1 : qu’«il en est de toutes sortes».
"Q2 : «Quand tu déclares qu’il y a des quantités d’abeilles de toutes sortes et différentes les unes des autres, veux-tu dire qu’elles sont différentes en tant qu’abeilles, ou bien, ce qui les distingue, n’est-ce pas autre chose que cela, par exemple la beauté, la taille et certains caractères du même genre ?»
"R2 : «en tant qu’abeilles, elles ne diffèrent pas les unes des autres» ou, dans la version Canto, qu’«en tant qu’elles sont des abeilles, il n’y a aucune différence entre deux d’entre elles».

La thèse selon laquelle il n’y a pas de différence entre les abeilles en tant qu’elles sont des abeilles en appelle immédiatement une autre, que Socrate formule de manière hypothétique
"Q3 : «Si je te disais ensuite : Voyons, Ménon, cette chose par laquelle elles se ressemblent et qui est identique chez toutes, quelle est-elle ? Tu aurais sans doute une réponse toute prête ?» (trad. Croiset). «Or, si je te demandais ensuite : “Eh bien, Ménon, dis-moi quelle est cette propriété qui, sans créer la moindre différence entre ces abeilles, fait qu’elles sont toutes la même chose. D’après toi, qu’est-ce que c’est ?” À coup sûr, tu saurais me le dire ! » (trad. Canto).

"R3 qu’il saurait répondre à la question de Socrate s’il la lui posait, Socrate formule pour lui la réponse qu’il n’aurait pas manqué de donner et l’applique au problème de la vertu R3’ .

Eh bien, la question est la même à propos des vertus : quelque nombreuses et diverses qu’elles soient, elles ont en commun un certain caractère général qui fait qu’elles sont des vertus. C’est ce caractère général qu’il faut avoir en vue pour que la réponse à la question soit correcte et laisse saisir en quoi consiste la vertu (trad. Croiset, p. 237).
Eh bien, c’est pareil aussi pour les vertus ! Même s’il y en a beaucoup et de toutes sortes, elles possèdent du moins une seule forme caractéristique identique chez toutes sans exception, qui fait d’elles des vertus. Une telle forme caractéristique est ce qu’il faut bien avoir en vue pour répondre à qui demande de montrer en quoi consiste la vertu (trad. Canto, p. 129).

Le «caractère général», que les vertus ont en commun, la «forme caractéristique unique et identique», que toutes «possèdent sans exception», c’est l’εἶδος." p.63

A: identité-idempotence :

En relisant mon commentaire de l'époque (#7), mon argument tient à la posture des Sujets.

- Effectivement, Socrate, en posture 𓁝Socrate[α] peut "connoter" le concept en [α] sans avoir à l'identifier en [α]𓁜Socrate. C'est à rapprocher de la pensée mythique, ou encore de la différence en mathématiques entre "identité et idempotence". Mais le reste de tes commentaires tombe à l'eau faute d'avoir identifié les 2 voies des mots et des choses.

- Gardons malgré tout cette approche liée aux postures :

  1. Socrate se tient "aux côtés" de Ménon 𓁝Socrate[α] ; 𓁝Ménon[α];
  2. Socrate fait acquiescer Ménon à la description de cette identité des postures 𓁝Socrate[α] <=> 𓁝Ménon[α] par rapport au problème posé;
  3. Socrate prend la place du maître pour identifier le concept 𓁝Ménon[εἶδος]𓁜Socrate.
  4. Ménon n'a rien à répliquer, puisque la réponse offerte est parmi celles qui sont à ses yeux acceptables (idempotentes); et qu'elle représente une réponse au problème...

B: ambivalence de la maïeutique :

- OK, je vois le mécanisme, mais que pourrais-tu ajouter aujourd'hui, après avoir identifié le parcours de Platon sur R?

- Que Socrate est dans un processus transcendent R(il a la réponse), mais qu'il tente d'induire un processus immanent chez Ménon, dans le passage 𓁝Ménon[εἶδος][εἶδος]𓁜Ménon.

- D'où la violence faite à Ménon ?

- N'est-ce pas le propre de la maïeutique, ou de manière générale celui de tout enseignement ?

- Tout dépend de l'intention du Maître conduisant l'élève ! Ce qui justifie la manoeuvre de Socrate, à ses yeux comme à ceux de Platon, c'est la réminiscence. (Note 3)

 

Mais, avant de relire mes commentaires, j'étais parti ce matin dans une autre direction: la logique à l'oeuvre dans ce processus n'est pas limité au 1er ordre (non-contradiction et tiers exclu), et me revoyait à ce que nous avons vu du carré sémiotique...

- Encore un chantier laissé en plan !

- Oui, décidément, ce projet est sans fin. Mais pour resserrer le propos et revenir à notre distinction entre les deux positions potentielles des catégories (i.e.: [#] contravariant / ♢ covariant), je dirais que:

  • Si l'intention de Platon est de définir une voie R (avec des catégories contrariantes, [#], indépendantes du Sujet);
  • La maïeutique de Socrate est covariante R, puisque le concept de "forme" εἶδος se rapporte au dire de Socrate. (Note 3)

C: Place du tiers exclu en logique :

Et l'on peut avancer encore d'un pas, en considérant la logique à l'oeuvre dans la maïeutique socratique. Nous faisons l'hypothèse (bien étayée jusqu'à présent) que la logique du premier ordre est de niveau [⚤], et se retrouve également en [⚤]♡ (un choix a toujours quelque chose de binaire : il y a ce que l'on actualise, et le reste). Mais, en [⚤], nous avons vu que la logique à l'oeuvre ne respecte plus le tiers exclu (i.e.: dans un groupe, l'élément neutre est ce tiers non exclu). Ici, on peut dire que la logique à l'oeuvre est du même ordre : le "concept" peut être commun à plusieurs choses d'ordre différents comme dans cet exemple plus loin dans le texte :

"Si chaque réalité avait un nom unique qui lui fût propre, chacune se rangerait sous une seule et unique catégorie. Mais, puisqu’un même nom peut s’appliquer à plusieurs réalités qui, de plus, diffèrent par l’essence, une distinction s’imposait : tantôt il est clair que les réalités se rangent sous la même catégorie, tantôt ce n’est pas le cas. Ainsi on appelle «animal» l’homme et le cheval, et par ailleurs on appelle aussi «animal» Socrate et le portrait de Socrate, qui n’est qu’un ensemble de couleurs auxquelles on a donné une forme." p. 74 (Catégories, 1, 1a1, Simplicius)

Bien avant les notions de "groupe" et "sous-groupes normaux" nous pourrions dire que "animal" est le tiers non exclu d'une disjonction entre de qui est substantiel (Socrate), et sa représentation (la peinture).

- Et tu en tires quoi ?

- Que pour articuler le concept ♡ aux mots ♧, il faut bien une "grammaire" en ♢, caractérisée par une logique plus souple que celle des mots : l'émergence d'un "concept" nécessite de mettre de côté le tiers exclu.

- Mais dans la voie des choses, quid du niveau [#] ?

- Par symétrie, je suis tenté de voir la même logique à l'oeuvre. Lorsque par exemple, tu dis que "deux droites non parallèles se coupent en un point", il faut bien envisager "en même temps" le point et les droites, bien que le "point" ne soit ni l'une ni l'autre droite...

- OK, nous aurions donc deux critères à notre disposition :

  • variance : distinction voie des mots/ voie des choses;
  • tiers exclu / tiers non exclu pour distinguer [#] et ♢ des autres niveaux et modes ?

- Gardons-le comme hypothèse à tester, et retournons au texte de Libera.

D: retour au texte :

"Ces quelques lignes fournissent la trame platonicienne de la problématique des universaux. La question Q1 introduit la notion d’ ούσία. Socrate demande ce qu’est l’abeille . Selon Monique Canto1, le terme a plusieurs significations chez Platon, puisqu’il désigne

  • soit a l’existence réelle d’une chose (Protagoras, 349b ; Euthyphron, 11a),
  • soit b la nature réelle ou l’essence d’une chose, et que cette essence, à son tour, est conçue
    • soit b1 comme une réalité intelligible immanente aux êtres sensibles, particuliers et concrets – ce qui veut dire qu’elle présente le même type d’être qu’eux, qu’elle se situe au même niveau ontologique (Euthyphron, 11a),
    • soit b2 comme «ontologiquement différente des réalités nommées d’après elles, et connaissable par la seule pensée» (Phédon, 65d, 78d, 92d).

En traduisant περὶ ούσίας par «dans sa réalité», Monique Canto considère que Socrate se réfère au sens a et b1 du terme. Car, comme le montre R3’ , ce qu’une abeille est dans sa réalité, c’est «l’élément réel en fonction duquel toutes les abeilles sont des abeilles et se trouvent être, en tant que telles, identiques». Ainsi, définir ce qu’une abeille est dans sa réalité, c’est aussi définir une espèce animale, l’«élément de référence que doit considérer toute tentative de définition» en ce domaine étant l’εἶδος, «cette forme dont Socrate affirme qu’elle est unique et identique chez toutes les abeilles, une fois reconnue leur identité spécifique»."

Il y a pour nous, une différence très marquée entre :

  • L'existence, primitivement conçue comme le "trauma du Réel", à son contact le plus "immédiat" et avant toute verbalisation, en [∃]𓁜, qui peut être une impression fugace, identifié dans le recul [∃]𓁜[⚤]𓁜 (ou ∃𓁜𓁜);
  • La "chose substantivée", avec l'idée de "quantité conservée", et de totalité "mesurable" en [♻]𓁜.
concepts    
[⚤] νοήματα   B [♻]
  ↑♢       
[⚤] φωναί
[#]
ὂντα [♻]
mots   choses

- La question la plus immédiate est de savoir si l'on peut voir une filiation entre cette représentation moderne et ce qu'il en était pour les anciens ?

- Notre thèse est que nous ne faisons que réinterpréter, bricoler, des concepts anciens, je m'attends donc à les trouver au moins en amorce dans cette présentation. Revenons à notre hypothèse de lecture, i.e. : Platon évolue dans la voie des choses, à partir d'un principe unitaire en [♻] (nota:  la "causalité éponymique" qui suit nous confortera dans cette hypothèse.) :

concepts        
b2 [⚤] [♻]  
         
a [⚤] [♻] b1
mots       choses

- L'auteur parle de la chose en a et non des mots ?

- Certes, mais n'est-ce pas en l'identifiant par son nom que l'on prend conscience de la chose? (cf. la prise de conscience, selon J-P Changeux etc.) Il n'y a donc trop à s'étonner d'une telle proximité. Nous retrouvons ta remarque (2).

- Soit, et qu'en est-il de la forme, l’εἶδος ?

- Ah ! C'est l'important : tout ce que nous avons vu jusqu'à présent nous prépare à situer les formes au niveau [#], que j'avais forclos sans doute un peu vite de ma représentation de l'Imaginaire platonicien. C'est le moment de vérifier si j'ai eu raison ou non :

"Le terme εἶδος a plusieurs significations, puisqu’il désigne soit

  1. une réalité non sensible par rapport à laquelle est dénommée une classe d’êtres sensibles, que cette réalité :
    • 1a  «représente toute la réalité dont les êtres sensibles sont dépourvus » ou 
    • 1b qu’elle ne présente pas de «différence ontologique de nature déterminée avec les êtres particuliers qui tirent» d’elle « leur nature et leur nom» 
  2. soit «un universel logique, une sorte de genre opposé à des espèces plus petites ou à des particuliers» (Théétète, 178a ; Banquet, 205b ; République, II 357c).

Dans le texte du Ménon, c’est le sens 1b qui est allégué par Platon : «En effet, ni la conception selon laquelle l’εἶδος serait doté d’une forme de réalité supérieure à celle de l’être sensible, ni celle qui donnerait à l'εἶδος une forme d’existence séparée ne sont envisagées».

Autrement dit, R3’ est une réponse adéquate à la problématique ouverte en Q1 : le sens 1b d’εἶδος correspondant parfaitement au sens b1 d’ούσία.

Tu remarqueras que positionner en [♻] les étants ὂντα (les choses)  et la substance ούσία fait encore sens aujourd'hui à nos yeux, en comprenant le terme "substance" au sens de "mesurable" ou mieux "d'observable" : l'étant est l'objet pour l'observateur.

- Platon est tout sauf relativiste !

- Je disais juste que ce schéma platonicien pouvait encore se distinguer en arrière-plan de nos représentations modernes, et c'est bien le sens de notre démarche archéologique.

Maintenant la question porte sur la "forme" εἶδος.

Pour être sûr de bien situer ce qu'Alain de Libera entend par "être sensible", j'ai scanné son texte à l'aide de perplexiy : (suivre lien)

— 🤖 : "En résumé, dans le cadre de ce livre, «être sensible» désigne les choses matérielles et particulières, objets de perception sensorielle, par opposition aux essences, universaux ou formes qui appartiennent à l’ordre intellectuel et abstrait."

- Autrement dit, ces expériences que le Sujet peut avoir de ces "êtres sensibles" seraient plutôt à rechercher en [⚤] ? Mais qu'en est-il de son dual, l'"être intelligible" ?

- C'est tout l'ambiguïté du raboutage [⚤]/[♻] , qui se retrouve dans la classification de l'auteur.

  1. Une réalité "non-sensible" => nous ne sommes pas en [⚤];
    • 1a => on peut le comprendre comme [⚤]♡ (?)
    • 1b => pas de différence "ontologique" reverrait à la "substance" en [♻] (?)
  2. L'universalité logique
    • => fait penser au principe unitaire en [♻];
    • => le raboutage [⚤]/[♻] rapportant le sensible à ce principe universel (?)

Comme tu le vois, je reste extrêmement prudent dans mon positionnement.

- Ça donne malgré tout quelque chose de représentable sur notre topologie de l'Imaginaire :

1a [⚤] [♻]  
    2    
être sensible [⚤] [♻] 1b

- Tu ne retrouves ni mode ♢ ni niveau [#] ?

- Effectivement, mais Il y a malgré tout cette série d'espèces qui pourrait annoncer un lien "grammatical" en [#] entre le genre en [♻] et les éléments en [⚤] ? La suite nous guidera.

"C’est la même «forme caractéristique», le même περὶ ούσίας, qui sert à définir ce qu’est un individu et l’espèce à laquelle il appartient; cette forme est présentée :

  • tantôt comme de nature intelligible, mais immanente aux êtres sensibles, sans se confondre avec eux (Ménon),
  • tantôt comme une Forme au sens de «réalité indépendante du sensible, existant par elle-même et inaccessible aux sens» (Canto, p. 220).

Il y a donc chez Platon lui-même de quoi distinguer entre trois types d’ εἶδος:

  • la forme immanente,
  • la Forme séparée et
  • le genre logique. " p.64

- Avoue qu'il y a de quoi s'y perdre, non ?

- Il faut y aller à pas comptés.

  • Les termes περὶ ούσίας se traduisent par "au sujet de l'essence",  ou "ce que l'on peut dire à propos de l'essence", et nous sommes donc au niveau du concept, en [⚤];
    • Ce qu'est un individu et son espèce => passage [⚤]/[♻];
    • une Forme comme "réalité indépendante du sensible" => en posture [⚤];
Forme séparée
περὶ ούσίας
[⚤] [♻]  
       
être sensible [⚤] [♻] essence
forme immanente

- Mais toujours pas de "forme" au sens moderne en [#]?

- Rien qui rappelle l'idée d'un rapport de contenant/ contenu ou de surface/ volume, voire d'orthogonalité, sans parler de "bord", bien entendu ! Continuons notre lecture.

"À l’ambiguïté des termes ούσία et εἶδος s’ajoute une difficulté liée à celle de la fonction discursive de l’εἶδος, qui sert à la fois :

  • à définir ce que chaque individu concret doit «avoir» ou «posséder» pour être ce qu’il est
  • et la réalité «unique et identique chez tous les individus» d’une même classe ou d’une même espèce qui fonde à la fois l’unité/ réalité d’une classe, la réalité/unité d’une espèce naturelle et la commune appartenance desdits individus à cette classe ou à cette espèce."  p. 65

Tu retrouves ici (heureusement !) 

  • ce qu'il doit posséder pour être en [♻] ;
  • la réalité unique et identique chez tous les individus en [⚤].

Ensuite, de Libera développe un point que j'avais sans doute mal cerné, dans mes commentaires A/ B/ et C/ précédents : le passage de la non-différence à la ressemblance.

- N'est-ce pas lié à la différence identité/ idempotence ?

- Sans doute, mais le point de vue me semble différent. Suivons l'auteur.

"Comment Socrate s’y prend- il ? En faisant dire à Ménon que les «abeilles ne diffèrent pas les unes des autres en tant qu’abeilles»,
[...]
Si l’on s’attache plus spécialement à la formulation de Q2 - R2 , on voit alors que Ménon reconnaît moins l’identité spécifique des abeilles que le simple fait que rien ne distingue une abeille en tant qu’abeille d’une autre abeille en tant qu’abeille."
p. 65

On peut revenir à ce que nous avons dit de la "prise de conscience" qui nécessite de se raccrocher à une identification pour "voir" ce qui est devant nos yeux...

- Oui, et tu retrouves :

  • φωναί en [⚤]𓁜 —ou les mots pour faire simple— permettant d'identifier les abeilles sont un même vocable : Ménon est bien obligé de convenir qu'en utilisant le mot "abeille" tous les insectes qu'il désigne ainsi sont semblables (il aurait pu dire non les bourdons sont mâles et les abeilles femelles par exemple). 
  • Maintenant, puisque Socrate est dans la voie des mots (il a un petit côté Sophiste...) il invite Ménon à se retourner (l'auteur écrit "avant de s’élever à la considération de ce qui la fonde, c’est-à- dire de ce que doit «avoir en vue» (𓁝) celui qui veut faire une réponse adéquate") dans la posture ♧𓁜𓁝;
  • "ce qui la fonde" étant bien entendu définissable ex post 𓁜 par le passage 𓁝♡𓁜.

- Tout ceci est déjà dans le passage de l'idempotence à l'indemnité...

- Oui, mais c'est l'approche de Platon qui est ici intéressante :

"Ménon reconnaît moins l’identité spécifique des abeilles que le simple fait que rien ne distingue une abeille en tant qu’abeille d’une autre abeille en tant qu’abeille."
[...]
C’est sur la saisie d’une non-différence entre individus que l’on dira, précisément pour cette raison, appartenir à une même espèce, non sur la reconnaissance d’une identité spécifique, que Socrate fonde le mouvement d’argumentation qui lui permet de conduire explicitement Ménon à la reconnaissance du « caractère général » possédé en commun par tous les individus dits spécifiquement identiques."

En ce sens, on peut dire que Ménon reste coincé entre ♧𓁜𓁝Ménon et qu'il n'y a pas identification de la base où il projette toutes ses observations d'abeilles.

Là où il y a "forçage" de la part de Socrate, c'est lorsque des abeilles, il passe à la vertu qui —elle— est formellement définie en ♡𓁜Socrate.

D'où cette conclusion d'Alain de Libera, qui doit nous servir de guide par la suite :

"Le passage de la non-différence à la ressemblance est la matrice de la problématique des universaux et le ressort du réalisme.
[...]
D’une formule : l’
εἶδος est ce par quoi, du point de vue de l’ούσία , des choses sont non différentes les unes des autres. C’est cette doctrine que l’on retrouve au Moyen Âge dans la théorie de l’«indifferentia»." p. 66 - 67

Où tu retrouves le raboutage εἶδος—[⚤]/[♻]ούσία.

2/ la théorie platonicienne des idées et causalité éponymique des Formes :

"Le réalisme platonicien des Formes séparées est présenté dans le Phédon. La thèse centrale est exposée en 102b : «Les Formes existent et sont des choses déterminées. Les autres choses reçoivent leur dénomination de leur participation à ces Formes.» Outre la séparation des Formes considérées comme des choses déterminées et la participation, il faut noter le thème de la causalité éponymique qui déploie ontologiquement la participation. Les Formes sont non seulement causes des choses, mais causes éponymes." p. 67

C'est sans doute le plus exotique à mes yeux : l'abstraction totale de toute référence topologique en [#] comme de toute articulation syntaxique en ♢ pour "coller" véritablement les mots aux choses.

- Sois content: tu as le moment philosophique, le point de départ de notre saga des mots et des choses !

- En ce sens, oui, nous pouvons planter là un jalon important dans notre démarche. Maintenant, le plus difficile est de ce tenir à cette "forclusion", et faire "comme si"...

- Il suffit de t'en tenir au texte, rien qu'au texte., et à superposer les transparents de ton synopsis. 

Forme séparée [⚤] [♻] UN
       
φωναί [⚤] [♻] ούσία

- Tu es sûr du sens de parcours R ?

- C'est précisément cette causalité éponymique qui nous l'assure : le lien entre la chose et son nom est contravariante, indépendante des choix du Sujet ! Et c'est cohérent avec la démarche de Platon, qui veut absolument se démarquer des Sophistes, en partant d'un principe Unitaire, garant de la cohérence et de la résilience d'un circuit que tu peux parcourir indéfiniment. 

La causalité éponymique et le problème des «causes d’imposition»

L'auteur met l'accent sur le rôle d'Abélard (1079—1142) vu comme révolutionnaire :

"Dans sa Logica Nostrorum petitioni (ou Gloses de Lunel), Abélard a poussé à fond la réflexion sur les universaux à partir du geste inaugural de la datio nominis ou «institution des noms» (éd. B. Geyer, p. 522). C’est l’initiative onomastique du logothète, de l’homme entendu comme premier instituteur du langage, qui assume le rôle de centre problématisateur de la question de l’universel. Le point d’application de la problématique des universaux n’est fourni ni par les choses en soi ni par les mots considérés dans leur simple réalité matérielle, mais par les sermones, les mots pris dans la dimension sémantique de l’intention de signifier, du « vouloir dire » originel qui préside à leur emploi effectif dans un discours." p. 69

- Vois-tu l'aspect révolutionnaire du projet?

- Oui, en remettant le choix du Sujet, son intention, au coeur du système, il passe immédiatement de R à R. La cohérence du circuit étant toujours assurée par le raboutage ♧/♡ .

Sermones   UN
       
   
       
Voces   res

Un platonisme de contrebande :
paronymie et éponymie

- Le texte de Libera est extrêmement dense, et pour me l'approprier commodément, je dois avancer une thèse à vérifier sur pièce. Je propose de partir de ceci :

  1. Aristote, en R introduit avec ses catégories une articulation en ♢ entre ♧⚤ et ♡⚤;
  2. Simplicius et Boèce vont tenter la symétrie ♢/[#] dans la voie platonicienne R.
Aristote   Platon
 ♡     [⚤] [♻]
  =>      
    [⚤] [#] [♻] 

A/ Retour sur les catégories d'Aristote

"Les Catégories d’Aristote contiennent un système ontologique exposé par bribes, dont la cohérence n’apparaît qu’à relier entre elles quatre séquences textuelles :

  • "le chapitre 1, qui propose une distinction entre
    • choses homonymes,
    • choses synonymes et
    • choses paronymes ;
  • le chapitre 2, qui offre une classification des différentes sortes de choses à partir des relations prédicatives

i.e. :

  • les substances premières, comme Socrate, qui ne sont ni dites d’un sujet ni dans un sujet,
  • les substances secondes, comme homme, qui sont dites d’un sujet sans être dans un sujet,
  • les accidents particuliers, comme une blancheur particulière, qui sont dans un sujet sans être dits d’un sujet, et
  • les accidents universels, comme Science, qui sont dans un sujet, l’âme, et dits d’un autre sujet, la grammaire ;
  • le chapitre 5, qui donne une définition des substances secondes (déjà caractérisées au chapitre 2 par le couple
    • «ne pas être dans un sujet» et
    • «être dit d’un sujet»)

grâce à une notion nouvelle: l’attribution essentielle ou «synonymique» (συνωνύμως, univoce), issue du développement des éléments mis en place au chapitre 1 ;

  • le chapitre 8, qui définit les «choses qualifiées» comme «celles qui sont dénommées d’après des qualités ou qui en dépendent d’une autre façon», bref comme choses «paronymes» ou susceptibles d’être « dites paronymiquement » (παρωνύμως, denominative).

Le chapitre 1 des Catégories contient la seule introduction qu’Aristote lui-même ait jugé bon de donner à son texte. Quelques lignes, où les homonymes sont présentés comme des choses qui ont communauté de nom, mais pas communauté de λόγος (c’est-à-dire : qui n’ont pas même «énoncé de l’essence», λόγος τῆς οὺσιας), et les synonymes comme des choses qui ont à la fois communauté de nom et de λόγος. C’est ce balancement harmonieux que vient brutalement interrompre la définition des paronymes." p. 72

- Un petit schéma aiderait à comprendre cette avalanche...

- Pas facile. (Note 4)

- Tu avais déjà tenté d'identifier les positions relatives des substances première et seconde (voir (a) dans l'article #17) : première—♧/ ♡—seconde. Vérifie cette hypothèse.

- Tu as raison : la substance seconde n'est pas dans le sujet (donc mode sémantique ♡) mais se réfère au sujet (donc niveau discret de la parole [⚤]), ça semble se tenir.

- Et que faut-il entendre par "être dans un sujet" et "être dit d'un sujet" ?

- Nous avions déjà brièvement abordé le sujet (voir ici dans l'article #17) :

Avec la montée finale des choses vers le principe Unitaire en [♻], qui permet de boucler la boucle. Ce que nous pouvons tenter de schématiser de la sorte :

  de subiecto   in subiecto
  catégories   UN
   ♡  
prédicables    
   
  sujet sensible   substance première
  multiple    

En revenant à l'intention initiale de Porphyre (Note 2), je propose de voir le 5 catégories "prédicables" comme des outils en ♢ permettant l'articulation entre les catégories (comme universaux), attribuées à une multitude de sujets sensibles.

- Si tu les places en ♢ ça devrait e présenter un peu comme un "objet discriminant", ou un "graphe", non ?

- Tentons ceci :

  1. De l'individu à l'espèce et au genre,
    • il y a une notion d'ordre : individu < espèce < genre (qui fait encore sens de nos jours, après Liné & Darwin) => à partir de là on peut se représenter cette hiérarchie sous forme de "graphes" pour notre compréhension — cf. l'arbre de porphyre)
  2. Ce qui est propre permet d'identifier chacun des "noeud' de notre "graphe précédent (un noeud étant individu, espèce ou genre)
  3. La différence est ce qui distingue deux "noeuds de même rang" sur notre "graphe"
  4. L'accident : là nous sortons de notre "graphe", mais ce sont des "substances secondes"

- Tu en as déjà 4/ 5 à placer. 

espèce
genre
propre
différence
 ♡  
   
 

Et la 5è ?

- Ces "accidents" font toujours partie des catégories, au même rang que les substances de seconde espèce, permettant deux types de prédicats portant soit :

  •  sur ce qui est dit de l'individu, comme sujet sensible : ♡↓♧;
  • sur la substance première (ce qui est) de l'individu : ♡/♧.
accident
 

particulier

universel
 
 

- OK, mais reviens au texte. Quid du trio homonyme/ synonyme/ paronyme ? (Note 2)

- J'ai eu besoin d'aide ! :

— 🤖 : En résumé : homonymes, synonymes et paronymes chez Aristote et Porphyre servent de présupposés linguistiques pour comprendre comment les cinq prédicables s’appliquent aux sujets ; ils permettent d’analyser la nature des universaux et la structure logique du discours" (voir lien)

Mais j'avoue que c'est insuffisant, et j'ai l'impression que de Libéra accélère sur la fin de ce chapitre...

- J'ai compris : tu fatigues et nous comprendrons sans doute mieux au fil des chapitres suivants.

- Exactement.

- Amen

Hari

Note 1 :

Repris dans notes de lecture #17 du  31/ 10/ 2025 :

  • La querelle des Universaux - Notes de lecture #1 du 12/ 10/ 2021
  •  La querelle des Universaux - Notes de lecture #2 du 06/ 11/ 2021
  • La querelle des Universaux - Notes de lecture #3 du 09/ 11/ 2021
  • La querelle des Universaux - Notes de lecture #4 du 11/ 11/ 2021
  • La querelle des Universaux - Notes de lecture # 5 du 12/ 11/ 2021

Repris dans notes de lecture # 18 du 03/ 11/ 2025 : 

Repris dans le présent article # 19 

À suivre

Note 2 :

- J'ai un mal de chien à concevoir l'univers mental d'Aristote ou Porphyre, et je suis obligé de revenir sans cesse à l'article #17, pour m'assurer de ne pas avoir dit de bêtises. 

J'en reste pour l'instant à ces définitions :

  1. les "universaux" sont ce que l'on peut dire de "plusieurs" sujets,
  2. les "catégories" d'Aristote sont donc des universaux, au nombre de 10 (voir lien)
  3. 🤖 : Porphyre, dans l’Isagoge, ne retient pas les dix catégories d’Aristote dans leur totalité, mais se concentre sur les cinq «prédicables» qui structurent la manière dont les catégories (notamment celle de la substance) peuvent être attribuées aux sujets. Ces cinq prédicables sont :
        •    Genre (γένος)
        •    Espèce (εἶδος)
        •    Différence (διαφορά)
        •    Propre (ἴδιον)
        •    Accident (συμβεβηκός)
    (voir lien)

En lisant Perplexity, je m'aperçois qu'ici (εἶδος) est traduit par espèce, quand de Libera nous parle plus volontiers de "forme"

- Plus précisément : 

Il y a donc chez Platon lui-même de quoi distinguer entre trois types d’ εἶδος:

  • la forme immanente,
  • la Forme séparée et
  • le genre logique. " p.64

- Il y aurait donc un glissement de sens de Platon à Aristote ?

- À vérifier, mais continue avec Perplexity.

  1. 🤖 : Porphyre propose dans l’Isagoge une analyse logique préalable à la lecture des Catégories d’Aristote, expliquant comment comprendre et classer ces prédicables dans le contexte de la substance, qui demeure la catégorie principale. L’arbre de Porphyre («arbor porphyriana») illustre la hiérarchie des genres et espèces au sein de la catégorie de substance, et reste fondamentale pour la logique médiévale et la classification des connaissances.
    En résumé, Porphyre se focalise sur le genre, l’espèce, la différence, le propre et l’accident, qui forment les outils centraux de l’analyse logique appliquée à la première des dix catégories aristotéliciennes : la substance.

Mon trouble vient peut-être du fait qu'il n'y a pas de distance entre langage et méta-langage : les catégories servent à structurer les catégories. 

🤖 :  Porphyre définit comme «prédicables» (quintuple voix, quinque voces) les cinq notions qui expriment les différentes manières dont un prédicat peut se rapporter à un sujet dans une proposition : genre, espèce, différence, propre et accident.
Ce qui permet à Porphyre d’ériger ces cinq notions en «prédicables», c’est leur capacité à rendre compte de toutes les modalités par lesquelles on peut signifier quelque chose d’un sujet :

  • le genre (ce qui est commun à plusieurs espèces),
  • l’espèce (le concept propre à un ensemble d’individus partageant la même essence),
  • la différence spécifique (ce qui distingue une espèce à l’intérieur d’un genre),
  • le propre (une propriété qui appartient à une seule espèce, mais qui n’en constitue pas l’essence),
  • l’accident (ce qui peut appartenir ou non à un sujet, sans nécessité).

Chez Porphyre, ce choix se justifie par un souci de clarification logique préalable : il sélectionne ces cinq prédicables comme les seules manières fondamentales de prédication — c’est-à-dire, les types possibles de rapport entre le prédicat et le sujet d’un énoncé, tels qu’ils sont rencontrés dans la logique et la classification aristotélicienne, en particulier pour la substance. Les prédicables sont donc définis par leur rôle structurel dans l’architecture du discours : ils organisent ce que l’on peut «dire de» ou «prédiquer» à un sujet. (voir lien)

Reste à faire le joint avec les homonymes, synonymes et paronymes : (voir lien)

🤖 :  Chez Aristote et dans l’Isagoge de Porphyre, les notions d’homonymie, de synonymie et de paronymie jouent un rôle conceptuel dans la façon de comprendre les rapports de prédication : elles précisent comment un mot (ou un prédicat) peut s’appliquer à différents sujets, ce qui prépare à la distinction des cinq prédicables.

  • Les homonymes sont des termes identiques appliqués à plusieurs choses qui ont des définitions différentes ; le mot est le même, mais les essences diffèrent (par exemple « chien » pour l’animal et pour la constellation).
  • Les synonymes désignent ce qui partage non seulement le même nom mais aussi la même définition ; cela prépare la prédication par le genre ou l’espèce, attribués à plusieurs sujets dans le même sens.
  • Les paronymes désignent les mots formés à partir d’un autre mot, mais avec une différence de signification (comme « grammairien » dérivé de « grammaire »).

La distinction entre ces trois types de rapports linguistiques est fondamentale, car elle éclaire la manière dont les cinq prédicables peuvent être appliqués :

  • Genre et espèce relèvent de la synonymie : ce sont des universaux attribués dans le même sens à plusieurs sujets.
  • Accident peut relever de l’homonymie ou de la paronymie selon la façon dont il survient à divers sujets et selon le contexte de la prédication.
  • Différence et propre se situent à la frontière entre synonymie (quand la différence ou le propre s’applique toujours dans le même sens) et les autres formes (si leur attribution varie selon le sujet).

En résumé : homonymes, synonymes et paronymes chez Aristote et Porphyre servent de présupposés linguistiques pour comprendre comment les cinq prédicables s’appliquent aux sujets ; ils permettent d’analyser la nature des universaux et la structure logique du discours 

Note 3 :

Il y a contradiction entre :

  • La maïeutique de Socrate, qui est par nature covariante (la voie des sophistes) et
  • L'objectif de Platon, qui au contraire aspire à une vérité indépendante de la parole, contravariante

Pour lever cette distorsion, Platon a besoin de 2 axiomes :

  1. Un principe Unaire chez un individu;
  2. Que ce principe soit le même pour tous : la réminiscence.

Ainsi Socrate ne fait que dévoiler à Ménon un concept qui est nécessairement en lui, et partagé par Socrate. Il n'y a donc pas, pour Platon, manipulation mais guidage. Lorsque Socrate fait remarquer à Ménon, qu'il sont dans la même posture 𓁝[εἶδος], ils ont tous deux le regard dirigé vers une vérité [1] commune, et donc, Socrate, en se retournant 𓁝Ménon[εἶδος]𓁜Socrate[1] n'occulte pas le principe [1] mais ouvre la voie à Ménon, vers ce [1] commun.

J'ai en tête l'idée d'une cochaine en cohomologie. Le raisonnement est du style : ils y a de multiples pistes de ski au départ sur le domaine skiable, mais leur enchaînement est limité par la dénivelée entre les stations de départ et d'arrivée.

Dans cette métaphore :

  • Ménon et Socrate sont à la station de départ A, avec une multitude d'options. <=> les abeilles;
  • Ce qui fait qu'en tant que piste les options de départ sont toutes équivalentes, c'est la possibilité d'atteindre la station d'arrivée B <=> on "oublie" les caractères secondaires des pistes comme on oublie les différences secondaires entre abeilles et Socrate dit à Ménon "on se retrouve à la station B";
  • Ce qui fait qu'une piste est une piste c'est que sa dénivelée est < ou = dénivelée A-B <=> Socrate s'arrête avant de définir ce qu'est une abeille.

Note 4 :

J'étais parti dans une autre direction, mais qui me semble pour l'heure un cul de sac... à reprendre peut-être ultérieurement.

- Tu avais déjà tenté d'identifier les positions relatives des substances première et seconde (voir (a) dans l'article #17) : première—♧♻/ ♡⚤—seconde. Vérifie cette hypothèse.

- Tu as raison : la substance seconde n'est pas dans le sujet (mode sémantique) mais dit du sujet (niveau discret de la parole), ça semble se tenir. Maintenant où introduire cette notion de synonymie?

- Avec ses deux compères homonyme et paronyme, comme désignant un rapport entre ♧ et ♡, c.-à-d. les éléments d'une syntaxe en ♢, et au niveau [⚤] puisque l'on s'intéresse à la parole.

- Il y a un déplacement de la paronymie platonicienne...

- Sans doute, puisqu'il s'agit ici d'articuler ce qui n'avait pas à l'être quand les mots collaient aux choses chez Platon.

- Autrement dit il faut déconstruire la paronymie ?

- Tentons ceci, à partir de la dichotomie élémentaire Un / multiple très platonicienne :

    signifiant
    un multiple
signifié un paronymie synonymie
multiple homonymie  

- Reste à rapprocher le couple signifiant/ signifié des concepts d'époque...

- Le rapport Un/ multiple me semble un bon guide.

  1. Lorsque Socrate dialogue avec Ménon, il n'a pas de scrupule à le forcer à partager son point de vue, puisqu'il ne fait qu'oeuvre de pédagogue en réactivant chez ce dernier un concept déjà là, qu'il ne fait que réactiver. Et même s'il change de voie, en passant de Platon R← à une argumentation sophiste, en R↓, il est "de bonne foi", dans la mesure où il ne fait que rendre Ménon conscient d'une vérité, en [♻]♡, déjà en lui : => il part de l'Un, pour élaguer le multiple (Note 3)
  2. Aristote est dans une approche différente R↑, immanente à partir de [⚤]♧; => il part du multiple, pour remonter vers Une vérité : Si je traduis ceci dans un schéma où ♢ médiatise ♧ et ♡, le rapport Multiple↑Un donne ceci : ♧⚤↑♢⚤ : signifié↑signifiant => homonymie ♢⚤↑♡⚤ : signifiant↑signifié => synonymie La paronymie garde son statut : lorsque un signifié en ♧⚤ (voce) colle à son "sens" en ♡⚤ (substance seconde).
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