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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

La querelle des Universaux # 17 — Alain de Libera — Le retour

Alain de Libera

Le 31/ 10/ 2025 :

- Finalement, tu y retournes ?

- Oui, ça fait quelque temps déjà que j'en sentais la nécessité, mais là, après ce que je viens d'écrire au sujet "Des catégories de Platon à Aristote", j'ai un problème de cohérence historique.

- Diable ! Peux-tu préciser ?

- Nous sommes en train de bâtir un scénario qui pourrait s'intituler : "Comment passer du ruban R← de Platon au cross-cap de Lacan" ?

- Vu comme ça, c'est un peu abscons...

- Ne bouge pas, je vais te faire un sketch du script :

  1. Platon

    P1 T4
    [⚤] [♻] 
       
     
       •
       
    [⚤] [♻]
  2. Aristote

    Q1 P2
       • 
     
     
       ♡
     
     

Tu noteras l'apparition des catégories en mode  ♢;

  1. Renaissance — Système des signatures :  (voir "Les mots et les choses #2 — la Renaissance — Table rase")
Les similitudes
     
conveniencia ⇙ aemulatio
 analogie 
sympathie
     

 

  1. Âge Classique — Taxinomie/ mathesis : (voir"Les mots et les choses #3 — L'âge Classique — révision")

  1. Descartes — Le cogito :: (voir "De David Hume à Niels Bohr")
    I1 Q4
     
       
    [⚤] [♻]
    [⚤] [♻]
       
     
  2. Kant — Les impératifs catégoriques :
    P1 T4
    [⚤] [♻] 
       
     
       •
       
    [⚤] [♻]

Ma question toute bête est la suivante : "comment passer des catégories d'Aristote aux impératifs catégoriques de Kant" ?

- Tu as déjà repéré la taxinomie en position [⚤] à l'Âge Classique, non ?

- Sans doute, mais que sont-elles devenues à la Renaissance ?

Autre chose : Si effectivement il y a un passage de la voie des mots chez Aristote, à celles des choses, qui se dessine depuis Descartes, et devient suffisamment impérieuse sous les coups de boutoir de Hume, pour que Kant lui aussi adopte cette voie des choses, il faut confirmer que lesdites "catégories", de covariantes d'Aristote à l'Âge Classique, en ♢ deviennent contravariantes avec Kant en [#].

- Le dernier point n'est pas trop difficile à vérifier : la contravariance chez Kant tient grâce à un "principe universel" postulé en [♻]𓁜.  Descartes peut s'en dispenser, puisqu'en partant de [⚤] il est cadré à l'horizon [♻]♧ par le principe conservatif de Galilée (vt=const dans un repère Galilée), que l'on retrouve chez Newton, avec la notion d'éther.

- Il nous reste à clarifier le passage des catégories d'Aristote à la taxinomie des Classiques, en tâchant de comprendre pourquoi  le concept serait en sommeil durant la Renaissance...

- Et en premier revisiter ce livre d'Alain de Libera qui t'a tenu d'octobre 21 à mars 22, pour voir de quelle façon les catégories ont traversé le Moyen Âge.

- Oui, et retrouver la raison qui m'avait conduit, en cours de lecture, à supprimer le niveau [#] de l'Imaginaire platonicien. Niveau où je viens de replacer les catégories d'Aristote...

- Concrètement, tu vas passer en revue tes 16 articles, ça va être rasoir...

- J'ai commis des textes d'autant plus longs que je tâtonnais. Mais à la relecture du premier, il me semble que ce recul de quelques années devrait me permettre d'aller plus vite au coeur du sujet, essentiellement grâce à un point de vue [#] sur une topologie de notre Imaginaire en forme de cross cap. Je te propose de voir cet exercice de relecture comme un test d'efficacité de cette nouvelle approche.


Sommaire


01/ La querelle des Universaux - Notes de lecture #1 :

- L'encart en-tête d'article montre bien que j'avais a priori installé d'autorité le niveau [#] entre [⚤] et [♻]; mais sans tenir compte de son émergence tardive. Par ailleurs, j'avais bien pensé à repérer la possibilité de "faire des tours" dans l'Imaginaire en liant 𓁝[∅]/[∃]𓁜 au passage de l'un à l'autre, sans toutefois caractériser les deux voies (𓁜𓁝)(♧𓁜𓁝♡) à partir de la dualité contravariance/ covariance

=> J'étais dans une pensée évoluant en R.

C'est ce passage de Libera qui m'avait conduit à entreprendre cette lecture :

"Quitte à lire l’histoire au futur antérieur, il faut multiplier les pierres d’attente : si, avec F. Cayla, on considère comme un problème fondamental le passage des analyses des premières Recherches logiques de Husserl à celles de la VIe Recherche – déterminer s’il y a identité de structure «noématique» entre le «perçu comme tel» et le «signifié comme tel» (autrement dit : «si la structure des actes d’appréhension de la signification peut être généralisée à celle des actes de perception») – si l’on se demande en quoi l’affirmation husserlienne que la perception est d’essence propositionnelle peut s’accorder avec l’idée d’une «sensorialité directe du sujet percevant», on a, au sein même de la philosophie dite «continentale», de quoi s’intéresser non seulement à la doctrine médiévale des «intentions» mentales en général, mais une raison husserlienne de s’intéresser au nominalisme occamiste." p. 28-29

Rétrospectivement, il est facile d'identifier le problème posé par Husserl comme la distinction entre deux points de départ "immanents" selon deux mouvements :

  • "perçu comme tel" / "sensorialité directe", dans la voie des choses : [∃][⚤]𓁜;
  • "signifié comme tel" / "perception propositionnelle", dans la voie des mots : ∃𓁜𓁜.

Avec tout de suite un critère discriminant à notre disposition :

  • [∃][⚤]𓁜 ouvre sur un parcours contravariant : la perception guide le sens;
  • 𓁜𓁜 ouvre sur un parcours covariant : le sens dépend du Sujet.

Et une filiation directe depuis Aristote, parcourant tout le Moyen Âge :

  • ad rem : “à la chose, ce qui est de la chose”;
  • dictum de re : “ce qui est dit de la chose”.

- Méfie-toi de ces rapprochements à l'emporte-pièce ! De Libera met justement en garde contre la téléologie en histoire, et c'est précisément ce que tu fais...

- Non pas ! Ce que j'écris ici n'est pas un a priori conditionnant ma lecture, puisque cet ouvrage a déjà fortement contribué au tableau que je dresse aujourd'hui, et qu'il s'agit plutôt d'une relecture. Ceci dit, je trouve cette réfutation de la téléologie en histoire, résumer le reproche que j'adressais à Foucault : (voir "Les mots et les choses #3 — L'âge Classique. Don Quichotte")

"Il faut rejeter à la fois le finalisme, qui polarise dix siècles autour d’un événement de pensée supposé dominant, et la pratique métonymique de l’histoire, qui exige qu’à chaque siècle corresponde une seule posture du savoir, attestée dans une œuvre singulière et marquée d’un seul nom propre."

- Si tu revenais au texte ?

- À l'époque je situais la dualité précédente de cette façon :

  • Le "perçu comme tel" ne peut se comprendre qu'en ♧;
  • Le "signifié comme tel" est évidemment en ♢.

Ce n'était pas loin, mais pas assez radical : avant même l'introduction du mode syntaxique ♢ (ici présupposé), la circulation en R permet de lier le signifié (vu dès ♧𓁜) à la sémantique ♧𓁜𓁜; quand le "perçu comme tel" pointe dans une autre direction [∃][⚤]𓁜[♻]𓁜. Ceci me conduira certainement à des contorsions pour cadrer ma lecture. 

Le dual de cette approche se retrouve dans le texte, à propos de la théorie d'Occam :

"Parmi tous les médiévaux, Occam est en effet celui qui a donné l’une des interprétations les plus systématiques et les mieux élaborées de l’intentio comme entité sémantique, et il a développé une théorie propositionnelle du langage mental dans le cadre d’une psychologie modulaire présentant l’âme intellective et l’âme sensitive comme deux sujets cognitifs distincts."

Nous n'avons aucune difficulté à saisir d'entrée de jeu cette dualité dans notre grille de lecture :

  • L'âme sensitive : en [♻]𓁜𓁝[∅];
  • L'âme intellective : en ♡𓁜𓁝♡.

Je voudrais recoller à mes commentaires de l'époque, mais j'ai du mal à avancer dans le texte tant il m'a travaillé inconsciemment !

- De quoi parles-tu ?

- Pour retrouver la deuxième citation de mon commentaire, je récolte au fil de ma relecture une pépite à chaque paragraphe, et je sens que je vais m'enliser dans cet exercice. 

Par exemple sur l'importance du Menon, qui s'invite toujours dans mes propres articles : 

"Le fantôme du platonisme est toujours glissé entre deux livres sur les rayons de la bibliothèque réelle. Le platonisme, d’un mot le Ménon, est toujours «sorti», «à l’emprunt», et c’est sur cet emprunt invisible mais sensible que se font les aristotélismes. Car le platonisme n’est jamais vraiment dehors, oublié, recouvert ou surmonté. Il parasite jusqu’aux théorèmes fondamentaux d’Aristote. C’est ce que révèle l’histoire autoritaire." p.31

Ou encore : 

"L’auctoritas médiévale est ce qu’on appellerait aujourd’hui une citation. Mais c’est une citation d’un type spécial, une citation qui «destine» la pensée, c’est-à-dire l’«envoie à ce qui lui appartient», selon le sens donné par Heidegger au mot «destin» (Geschick). Or, et c’est là ce qui fait l’originalité de l’auctoritas médiévale et du mode de penser fondé sur les autorités, dans certains cas, l’autorité voue la pensée au destin de son incertitude interne. On arrive alors au paradoxe que, parfois, la proposition qui, comme on dit, fait autorité est, en même temps, la plus incertaine qui soit. C’est le cas de toutes les autorités d’Aristote sur «les» universaux." p.32

Le terme covariant clignote immédiatement dans ma tête => la voie des mots (♧𓁜𓁝♡) et plus précisément en R! Et notre a priori concernant l'orthogonalité des voies suivies par Platon—/—Aristote, se retrouve pratiquement à chaque pas :

"Mais, si Aristote est réaliste, où est la cohérence conceptuelle du De interpretatione ? Comment maintenir à la fois qu’il «y a des choses universelles» []  et que la «nature d’un universel est d’être affirmé [] de plusieurs sujets» ?" p.33

Et toute l'ambiguïté de la position d'Aristote va se retrouver dans la discussion autour de la substance. 

Comment peut-on affirmer dans la Métaphysique qu’aucun universel n’est une substance et soutenir dans les Catégories que les genres et les espèces sont des substances secondes
[...]
L’alternative est cruelle et se complique encore lorsqu’on note que, dans les Catégories, chapitre 2, Aristote définit les substances secondes par le fait de n’être pas dans les choses, mais seulement affirmées des choses.? Ainsi, ce qui caractérise les genres et les espèces selon les Seconds Analytiques, II, 19, c’est d’être à la fois extérieurs à la pluralité et immanents à la pluralité, d’être à la fois dans l’âme et dans les choses ; et ce qui les caractérise dans les Catégories, 2, c’est de n’être en aucune façon dans les choses. Comment échapper à cette contradiction ? "

(a)Autrement dit, nous retrouvons ici le d'aboutement sur R :
substance première—♧/♡—substance seconde;
et par rapport à Platon un changement de point de vue :
substance première d'Aristote— /[♻]—substance de Platon.

- Si tu t'arrêtes à chaque pas, autant renvoyer le lecteur au livre lui-même, avance un peu.

- OK, je reboucle sur cette citation consacrée à "L’incohérence de l’aristotélisme ou d’une ambiguïté destinale" que je relevais dans mes premiers commentaires :

"Avant d’entamer la longue geste de l’universel, qui correspond à la longue marche de la philosophie d’Orient en Occident, il nous faut préciser davantage les trois phénomènes fondamentaux qui déterminent tout le processus :

  1. la formulation paradoxale du problème des universaux chez Porphyre ;
  2. le lien conceptuel qui unit la problématique des universaux à la doctrine des catégories à laquelle l’Isagoge est censée introduire ;
  3. les structures platoniciennes qui encadrent, d’un bout à l’autre du Moyen Âge, le déploiement de la pensée aristotélicienne sur le terrain des universaux :
    • a/ l’argument du Ménon, discours protofondateur de tous les réalismes, la théorie des Formes éponymes qui parasite en secret l’aristotélisme.
    • b/ la théorie des Formes éponymes qui parasite en secret l’aristotélisme." p.39

La théorie des formes de Platon :

Mes commentaires, autour de la dualité εἶδος (eidos)/ἰδέα (idea) montre assez mon embarras :

"Peut-être pourrions-nous y voir deux façons d'aborder une idée, ou de la percevoir ?

  • εἶδος (eidos) ex post, ou globalement, l'identification de l'idée, à quelque niveau que ce soit : [α]𓁜;
  • ἰδέα (idea) ex ante, ou l'apparence de l'idée, réduite à la distinction de ses symétries  𓁝[α].

Ce que je peux identifier, a posteriori, comme du à mon incompréhension de la distinction entre la voie suivie par Platon, et celle suivie par Aristote, et à mon a priori quant à l'ouverture de [#] à la suite d'Évariste Galois. Je manquais de souplesse dans la définition des "niveaux". Rien ne naît de rien et il faut bien que l'idée de symétrie elle-même soit déjà à l'oeuvre avant que d'être identifiable dans la structure de groupe.

- D'où cette dualité 𓁜/𓁝 ?

- Oui, mais mal venue. La symétrie à rechercher est d'un ordre plus élevé, autour de la diagonale de notre topologie : [⚤]—[♻]. Nous en avons déjà vu un aperçu dans :

  • La dualité des approches Platon—R/R—Aristote ;
  • La dualité de la substance chez Aristote : première—/ ♡—seconde.

Comme nous avons —a priori— les catégories d'Aristote en , il n'est plus difficile de comprendre l'apparence des idées en [#] chez Platon, avec une "symétrie" évidente entre les deux.

[⚤]    [♻]
     
[⚤] [#] [♻]

- Et que devient la distinction platonicienne εἶδος (eidos)/ ἰδέα (idea) chez Platon?

- Tout simplement : εἶδος (eidos)—[#]/[♻]—ἰδέα (idea). 

- Tu réintroduis le niveau [#], que tu avais supprimé à la fin de ta lecture de Libera ?

- Disons que le niveau [#] est à disposition sur le ruban R, il reste à voir s'il est effectivement occupé, ou s'il reste inclus en [♻], comme en gestation... Et ça va se discuter autour du concept de "substance"...

Aristote sur fond Platonicien :

La problématique devient beaucoup plus intéressante : comment la démarche d'Aristote, par essence covariante, pourrait-elle s'émanciper de la démarche platonicienne qui se veut contravariante (à la recherche du "vrai"). Nous avons déjà vu que Hume montrera la vanité de cette approche. (voir "De David Hume à Niels Bohr")

Quant à la fermeture de l'Imaginaire en [♻], oui, ça reste vrai, et j'utilise volontiers la caractéristique de "non-archimédien", après l'introduction des infinitésimaux pour en parler.

Élément et partie

En suivant le texte de Libera, je tombe sur ceci, que j'avais me semble-t-il forclos ! 

  • "Le terme φωναί d’abord rendu par voces, «sons vocaux», a cédé progressivement la place à d’autres vocables : sermo, voire nomen, avec Abélard, puis terminus, avec la logique «terministe» du XIIIe siècle, et terminus vocalis, avec les nominalistes du XIVe ;
  • le terme νοήματα  a été remplacé par conceptus, intentiones ou d’autres expressions plus proches d’Aristote, comme affectiones ou passiones animae, ou terminus mentalis au XIVe ; enfin,
  • le terme même d’ὄντα a cédé la place à celui de res, «choses».
  • À la triade -φωνα/ νοήματα/ ὄντα- a donc succédé celle des mots/noms, des concepts et des choses." p.57

Il y a incontestablement chez moi une esquive pour ne pas faire le rapprochement avec la trilogie [⚤]/ [#]/ [♻] (ou ♧/ ♢/ ♡ dans la voie des mots).

- Tu l'avais souligné dans le livre...

- Mais pas retenu dans mes commentaires. À la place, j'insiste sur la distinction 𓁝/𓁜 certes importante, mais pas au coeur du problème. 

02/ La querelle des Universaux - Notes de lecture #2 :

J'étais à l'époque focalisé sur la nécessité de retrouver les "transformations naturelles" de la théorie des catégories, et voulant aller plus vite que la musique, je tentais d'y ramener l'opposition entre ce que j'ai défini par la suite comme la dualité des voies (𓁜𓁝)(♧𓁜𓁝♡). Le rapprochement avec un principe entropique via un phénomène d'hytérésis (voir "Retour à Sun Tzu 2021 - #4 "), est du à une similitude entre les deux "formes", mais nous en sommes très loin ici.

La suite de mes commentaires indique clairement que pour éviter de parler du niveau [#] chez Platon / mode ♢ chez Aristote, je me focalise sur le duo 𓁝/𓁜. Je dirais aujourd'hui, en attente de relire le texte de Libera, que c'est une position de repli.

Sur la question du "tout" en [♻] perçu ex post : [♻]𓁜 :

Nous avons un peu progressé ces derniers temps quant à la caractérisation de ce niveau. Dire que le "tout" est conceptualisé, signifie en particulier (et ce, à partir de la définition des infinitésimaux et des infiniment grands en [♻]) que sa caractéristique essentielle est d'être "clos", et donc non-archimédien.(i.e. : en opposition à [⚤])

- Tu rabâches !

- Attends, je n'ai pas fini : cette "clôture" de l'Imaginaire en [♻] permet de comprendre une convergence des 2 voies au point [♻] / ♡ : 

  • Dans la voie des mots—covariante R on part de l'Un dans le choix 𓁝∅𓁜;
  • Dans la voie des choses— contravariante R dès le passage par [♻], on retrouve un principe unitaire (exemple: un principe conservatif explicite dès Galilée) qui va se renforcer en mode ♡, jusqu'au Symbolique : [♻]𓁜𓁝[∅]... Qui matche avec l'a priori platonicien d'un principe Unitaire choisi en [♻]𓁜𓁝[∅] ! Il vient de là l'embroulliamini  entre Aristote et Platon.
  • La question métaphysique étant : pourquoi cette convergence ? C'est la surprise de Poincaré constatant que la géométrie "naturelle" de  ℂ est hyperbolique !

- OK, mais il faut quand même relever une certaine ambigüité dans le texte de Libera affirmant qu'il n'existe pas de classes (soit [#] ou ♢) au Moyen Âge, seulement des questions ontologiques (et donc en [♻] et/ ou ♡):

"D’une part, car la question de savoir quelle sorte d’entités il faut accepter pour rendre compte de la vérité des mathématiques n’inclut pas la notion de classe, mais porte plutôt sur le statut ontologique des objets ou choses mathématiques intercalés par Platon entre les Idées et les choses naturelles (ou, plus exactement, sur l’exposé qu’Aristote fait de cette doctrine de Platon, dans sa Métaphysique)." p. 23

- Oui, et c'est bien tout le débat : 

"Le vrai problème est de montrer comment et pourquoi les problèmes méréologiques se sont immiscés dans la querelle des universaux. C’est alors un autre travail qui s’engage, qui réclame l’examen d’un objet proprement médiéval : l’élaboration de la topique du tout, selon la distinction entre tout universel et tout intégral, à partir des matériaux transmis par les monographies logiques de Boèce." p. 24

Bref, la suite de mes commentaires est une relecture de ce chapitre introductif, dont je n'arrive toujours pas à sortir.

03/ La querelle des Universaux - Notes de lecture #3 :

Je m'enlise dans des commentaires sans fin du chapitre introductif, mais rien de bien neuf.

04/ La querelle des Universaux - Notes de lecture #4 :

Toujours bloqué par cette lecture :

"les genres et les espèces :

  • ont-ils une existence réelle («subsistance») au titre de formes séparées ou;
  • existent-ils seulement dans l’esprit du sujet connaissant".

Je tourne en rond, faute d'avoir distingué entre (𓁜𓁝)(♧𓁜𓁝♡).  Et je réduis la dispute Platon/ Aristote à une opposition R↑/R↓, trop réductrice.

- D'où l'automatisme de répétition?

- Oui. Il y a aussi des considérations sur le choix d'un seul principe unitaire, que j'oppose au choix du vide par d'autres religions (Bouddhiste/ Jaïnisme) ou plutôt un principe dual (Taoïsme). C'est sans doute important à notre époque (surtout avec la théorie des catégories), mais hors contexte historique. Platon rejette jusqu'à la représentation du vide, c'était très fâcheux pour faire des calculs, et il faudra y repenser en mécanique quantique, mais bon, c'est une donnée de base, structurant tout le domaine philosophique, pratiquement jusqu'à nos jours.

Spinoza

À l'époque et après un petit séminaire à Cerisy (Les psychanalystes lisent Spinoza) voir "Après Cerisy", je me suis servi abusivement des 3 entendements du philosophe pour caractériser 3 mouvements (tous dans la voie des choses) :

  • Entendement de première espèce / immanent : 
  • Entendement de deuxième espèce / Transcendant : 
  • Entendement de troisième espèce : 

Tout ceci devra être revisité en son temps.

- Tu restes englué dans ce chapitre introductif !

- Oui, et ça nous diverti de notre objectif, forçons l'allure.

05/ La querelle des Universaux - Notes de lecture # 5 :

Là, je m'attaque directement à la classification des genres et des espèces (parmi les 5 catégories d'Aristote) selon ce qu'en a laissé Porphyre dans son Isagore, d'où va surgir la question des universaux au Moyen Âge.

"Il suffit de présenter ainsi les alternatives de Porphyre :

  1. les genres et les espèces sont
    1. des réalités subsistantes en elles-mêmes ou
    2. de simples conceptions de l’esprit ;
  2. les genres et les espèces sont
    1. des corporels ou
    2. des incorporels ;
  3. les genres et les espèces sont
    1. des êtres séparés
    2. des êtres subsistant dans les choses sensibles ;

pour voir se former la structure qui a porté toute l’exégèse néoplatonicienne tardive, puis, à travers elle, une partie de l’exégèse arabe et latine, par des voies que l’on peut identifier historiquement et sur lesquelles on reviendra plus loin." p. 47

En fait, j'avais mal retranscrit le texte de Libera, qui utilise un repérage ⟨1,1⟩ pour "des réalités subsistantes en elles-mêmes" par exemple, ce qui suggère deux coordonnées il faudrait que je lui demande). Si j'essaie cette classification "matricielle", cela donnerait quelque chose de ce genre :

⟨x,y⟩  ⟨x,1⟩ ⟨x,2⟩
⟨1,y⟩ des réalités subsistantes en elles-mêmes de simples conceptions de l’esprit
⟨2,y⟩ corporels incorporels
⟨3,y⟩ êtres séparés êtres subsistant dans les choses sensibles

Ce qui donne immédiatement l'idée d'une séparation en 2 voies distinctes :

  • ⟨x,1⟩ <=> dans la voie des choses ;
  • ⟨x,2⟩ <=> dans la voie des mots.

Pour les ordonnées c'est plus délicat : 

  • L'opposition ⟨1,1⟩/ ⟨1,2⟩ suggère :
    • ⟨1,1⟩ : un principe de conservation choses  en [♻];
    • ⟨1,2⟩ : le terme "simple" suggère une cohérence sémantique en ♡⚤ ?
  • L'opposition ⟨3,1⟩/⟨3,2⟩ suggère :
    • ⟨3,1⟩ êtres séparés => [⚤] ;
    • ⟨3,2⟩ le terme "subsistant" évoque ♧, mais l'opposition à ⟨3,1⟩ renvoie à ♧ ?
  • L'opposition ⟨2,1⟩/⟨2,2⟩ renvoie aux 2 voies :
    • ⟨2,1⟩ => "l'essence" de la voie des choses au niveau [#] ?
    • ⟨2,2⟩ => "l'essence" de la voie des mots en mode  ♢ ?
    • Et le lieu de la dispute sur les catégories [#] vs ♢ ?

Ce qui donnerait un tableau de ce type.

    de simples conceptions de l’esprit        
         
  [⚤] A   B [♻]  
  ⟨2,2⟩        
êtres séparés [⚤] D [#] C [♻] conservation choses
    ⟨2,1⟩    
    êtres subsistant dans les choses sensibles        

Bien entendu, il ne s'agit à ce stade de cette relecture, que d'hypothèses de lecture...

- J'ai plutôt l'impression que tu sur-détermines la présentation, en situant déjà Platon et Aristote sur deux voies différentes, quand, dans la pensée d'Aristote lui-même, le duo ⟨x,1⟩ vs ⟨x,2⟩ renverrait plutôt à la distinction entre niveau [⚤] du discret et du multiple opposé au niveau [♻] de la substance et conservation des choses.

    de simples conceptions de l’esprit   conservation choses    
         
  [⚤] A   B [♻]  
  ⟨2,1⟩   ⟨2,2⟩  
  [⚤] D   C [♻]  
         
    êtres séparés   êtres subsistant dans les choses sensibles    

- Effectivement : il faudra entrer dans le vif du sujet avant de trancher !

- Amen.

Hari

(a) Bien entendu,

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