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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Émergence & décohérence

Il y a fondamentalement deux façons distinctes de construire une représentation de la réalité.

  • Soit par la synthèse de notre expérience ;
  • Soit par la déduction de conséquences implicites d’un jugement synthétique.

Et, fait remarquable, quelque soit la voie empruntée, cette création se décrit par un passage entre deux plans Imaginaires (Ik et Ik+1).

  • Synthèse : Ik => Ik+1 : je passe des éléments au groupe (ou « champ ») ;
  • Déduction : Ik+1 => Ik : je passe du groupe aux éléments.

Ces passages sont, par définition, des mouvements diachroniques au sein de notre Imaginaire ; et pour exprimer ceci, je suis, moi qui vous en parle ici et maintenant, en position ex-post (Im) par rapport à ces deux niveaux.

Situation qui se résume ainsi : Ik < Ik+1 < Im.

Cette position extérieure, condition essentielle pour présenter un discours rationnel, me permet également d’y rapporter une mesure des fréquences de répétition (en Ik et Ik+1), et donc de décrire ces évolutions en termes de temps, de mouvement, de dynamique et d’économie.

Donnons quelques exemples pour vous faire sentir cette différence :

La mécanique Newtonienne s’est constituée à partir de la relation établie entre deux éléments distincts, pour ensuite développer le concept de « champ de gravité ». La démarche est ici « synthétique ». Et l’on a défini la stabilité de nos expériences en ce domaine comme de type « temporel » : mon idée qu’une pomme tombera toujours par terre vient de la répétition des expériences.

La thermodynamique statistique de Boltzmann, à l’inverse, s’est élaborée à partir des données immédiates de nos sens, comme la température, pour y voir les conséquences macroscopiques d’une agitation d’hypothétiques atomes microscopiques. Et la notion de stabilité qui s’y déploie est de type « structurelle » : la stabilité de la température tient à la multitude des complexions particulières des atomes qui mènent au même état macroscopique. Mais ici, le calcul statistique de ce maximum ne fait pas référence au temps.

Ceci étant posé, je propose de situer dans ce contexte les deux termes d’émergence et de décohérence.

L’émergence se rapporte à un mouvement de type Ik => Ik+1

Et la dynamique attachée à un tel mouvement diachronique (cf.: « L’Homme Quantique »), est de la forme :

Répétitions synchroniques => émergence diachronique, ou pour retrouver les termes lacaniens : automaton => tuchê. La tuchê étant proprement le point de contact (point de capiton) raccordant les deux plans Ik & Ik+1. C’est le principe de tout apprentissage à partir du Réel, que l'on repère au niveau le plus élémentaire de l'arc réflexe, du réflexe de Pavlov, comme chez l'enfant en bas âge lorsqu'il acquière la notion d'Objet.

La décohérence, terme qui nous vient de la mécanique quantique, me semble parfaitement correspondre au mouvement inverse, de type Ik+1 => Ik.

Ma justification de cet emprunt tient en ceci : au niveau Ik+1, les éléments ou Objets discernés au niveau Ik sont vus comme « intriqués ». Et ce rapport n’a rien à voir avec un quelconque échange d’information entre les éléments considérés. Ceci est vrai à tout niveau de langage (i.e. : tout niveau Imaginaire) que nous considérions.

  • En linguistique : la compétence acquise (capacité à s’exprimer) n’est pas réductible à la somme des performances réalisées (phrases produites) ;
  • En mathématiques :
    • le groupe n’est pas réductible à ses éléments ;
    • une axiomatique ne se réduit pas à la somme des théorèmes qui en découlent ;
  • En mécanique quantique : deux corpuscules sont « intriqués » lorsqu’ils sont décrits par une fonction d’onde (un champ, au niveau Ik+1), et décorélés lorsqu’on les individualise (passage au niveau Ik); ce qui justifie par là-même mon emprunt.

Cette différence entre décohérence et émergence peut se caractériser par leur rapport au temps. En effet, contrairement au phénomène d’émergence, la décohérence ne s’exprime pas en fonction du temps ; parce que, précisément, son repérage temporel dépend de la constitution Imaginaire du niveau Ik à partir du niveau Ik+1 ; et ne peut advenir qu'à l'instant où je passe effectivement de Ik+1 => Ik.

Et c’est là, me semble-t-il, le socle épistémologique qui permet de comprendre l’essence même du principe de Maupertuis, dont je discute dans « l’Homme Quantique ».

Ce qui précède est une mise en perspective de ce que nous savions déjà; mais voici quelque chose de plus original, que je laisse à votre sagacité :

D’après ce que nous avons déjà exposé, la gravitation offre une structure Imaginaire sur, au minimum, deux niveaux; ce qui permet de voir la gravitation comme un phénomène essentiellement quantique.

Bonne méditation

Hari

Note du 12/04/2019

Cet article fait suite à "intrication symbolique et déshérence imaginaire".

Par ailleurs, l'étude de la théorie des catégories permet d'approfondir cette idée. Voir à "foncteur" dans "Du morphisme au foncteur".

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