Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
3 Septembre 2015
Une première constatation, pour ouvrir (éventuellement) la discussion : les 15 pendules vont chacun à son rythme, sans se soucier des autres, mais notre œil ne peut pas s’empêcher d’ordonner ce qu’il voit, de donner un sens à notre vue.
Et ceci me rappelle ce que disait Lacan, concernant justement notre propension à "regrouper" nos idées. Et que de ce simple fait, des "lois" se faisaient jour.
Pour reprendre l’exemple de Lacan, faisons des tirages 0/1 et regroupons les tirages par paquets de 3. Avec cette règle de regroupement simple :
Alors, il est assez simple de démontrer que certaines lois sont induites par ce simple "regroupement".
Certaines séquences sont impossibles, par exemple :
Mais comme c’est fastidieux, je l’ai vérifié sur une feuille Excel, que vous trouverez ici. Il suffit d’écrire dans une case vierge et de faire un retour chariot, pour refaire une série de tirages et voir ces régularités. C’est plus explicite.
Et bien, notre œil lui aussi ne peut s’empêcher de "voir des choses" qui sont "pour lui" et non "en soi"…
Et lorsqu’à certains moments il n’y arrive pas, il est désemparé, devant le chaos. Je suis sûr que vous aussi, lorsque les pendules présentent une structure chaotique, attendez qu’un motif se dessine, et vous en êtes satisfait. À d’autres moments, le regard est fasciné par sa propre production, par exemple lorsque l’on a l’impression du mouvement décomposé d’une boule sur une spirale. N’est-ce pas ?
En fait il y a plus dans ce jeu de pendules, si je reprends ceci avec le vocabulaire que j’essaie de tester, ici & là. Au sens le plus strict des mots, nous avons ici des "éléments", des billes sphériques accrochées à chacun de nos pendules, et des "ondes" qui se déforment sous nos yeux, selon une séquence d’ensemble (retour à la figure initiale) qui dure une minute pile.
L’ensemble des billes s’inscrit dans un espace "réel", mais, l’image même qui en est produite, nous offre une projection particulière, en 2D, selon un point de vue que l'on nous invite à partager.
Le dispositif déjà, en lui-même est le produit d’une réflexion, une première "mise en scène", et le récit de cette expérience, le film, est une "mise en scène seconde", une "projection" intelligible.
On retrouve bien ici, sur cette expérience macroscopique, la différenciation onde/corpuscule qui a été caractérisée au niveau des corpuscules élémentaires.
Quelques constats qui en découlent :
Ce qui me plaît beaucoup, dans ce jeu de pendule, c’est la mise en évidence très simple, presque palpable, de l’aspect "plus imaginaire", plus construit, des ondes que des corpuscules
Reprise le 05/09
Et si, à ce niveau élémentaire, pratiquement au contact du réel, nous pouvons déjà prendre conscience d’un recul imaginaire, par rapport au réel pour percevoir une "onde", imaginez ce qu’il en est de concepts beaucoup plus complexes, tels que notre "moi", ou tels que "dieu"…
Maintenant, cette perspective ouvre une voie intéressante pour discuter de l’intersubjectivité, concept absolument rejeté par Lacan, comme par Freud (qui dénonçait les idées de Young). En gardant à l’esprit cette différenciation diachronique (c’est-à-dire, une différence de niveau imaginaire et non une opposition dialectique) onde / corpuscule, alors on peut concevoir la possibilité d’une "marche en phase" entre deux individus (des corpuscules humains). Renversement de perspective : l’humanité n’est plus dans cette perspective le simple "rassemblement" d’êtres humains, épars comme des grains de sable. Mais ce sont les êtres humains qui résulteraient d’une "décohérence" de l’humanité.
Pensée qui n’est pas si exotique que cela. Lorsque par exemple Lacan dit que nous sommes portés par notre langage, "lalangue" maternelle, l’idée est bien de cet ordre.
La perspective alors, serait de caractériser le rapport entre la "noosphère" de Theillard de Chardin et les êtres humains, comme celui qui sépare l’onde des corpuscules… Il y aurait de l’un à l’autre un saut diachronique.
Ce qui permet de recadrer l’opposition Freud - Lacan / Young au sujet de cette intersubjectivité :
C’est dire que s’il peut y avoir corrélation entre pensées d’un individu à l’autre, sans échange "physique" entre eux, alors, cette influence (en Ik + 1) ne peut pas se décrire dans les mêmes termes que ceux employés pour des relations entre individus (en Ik).
Hypnotisez-vous bien.
Hari
PS: cette discussion me permet de reprendre un réflexion qui tournait autour du prochain pas de l'évolution... Comme quoi, sans doute, je creuse mon sillon... La roue du Dharma.