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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Pourquoi les religions "du livre" n'aiment pas le sexe

Jeanine de Reiser

- Tu cherches à faire le buzz ?

- Je me suis dit qu'à me focaliser toujours sur l'archéologie du savoir, j'en oubliais d'utiliser les outils que j'ai forgés.

- Pourtant, tu n'arrêtes pas de te frotter à ceux qui t'ont guidé jusqu'ici. Que ce soit AbellioLacan, Foucault, Piaget; sans compter Galilée ou Descartes etc.

- Oui, mais cela reste très intellectuel. J'ai bien essayé, il y a quelques années déjà, d'échanger sur le blog Mediapart, autour de la religion ou de la liberté, mais là encore, le public est assez restreint.

- Donc tu tapes directement dans les sujets les plus sulfureux, comme la religion et le sexe ?

- Je vais juste évoquer en deux mots une conséquence évidente de mon approche.

- En deux mots, mais il faudrait adopter ton point de vue !

- C'est ça l'idée: faire gober l'hameçon avec l'appât. Ma réflexion est absolument évidente dès que l'on a fait le détour pour comprendre mon point de vue. La simplicité de l'explication donnera peut-être à un ou deux lecteurs le désir d'en savoir plus !

- C'est du racolage ?

- Eh oui !

- Les 3/4 ont déjà zappé !

- Et c'est tant mieux: je ne m'intéresse qu'aux "happy few" capables d'un effort pour me suivre, pas au nombre de "likes".

- Un tantinet élitiste, mais soit, démarre.

- Très simple :

1/ Un livre sacré, c'est la trace "lisible" d'un référé qui échappe au Sujet. Autrement dit, le Sujet (en l'occurrence le croyant) est en position ex post par rapport au "Livre" et ex ante par rapport au principe  qui en a guidé la rédaction. Très précisément : Ilivre< Im < S, avec la possibilité pour un "clergé", d'expliciter la signification du "Livre" et ce faisant, de se substituer à ce référé Symbolique, pour formater culturellement le Sujet et, éventuellement, le manipuler à son profit :

Ilivre <Im <Iclergé <S

Toute la question de la liberté de "choix" réside dans le rôle du clergé dans l'affaire. Je n'insiste pas, mais c'est très évident, là encore.

Il en découle que le Sujet se définit dans une approche qui le "transcende": il est à l'image d'un Dieu qui s'échappe.

2/ L'appétit sexuel, à l'inverse, rattache le Sujet au Réel; le "Ça" freudien (on pourrait y voir le du matheux). J'objective ma pulsion ou mon désir en le fixant sur un "objet", or l'image minimale me rattachant au Réel , c'est l'objet final (notre (*) en I01). Autrement dit :

R <I1 <Im

L'approche est ici immanente: je me fixe, en position ex post, sur un "objet" très clairement identifiable.

Tu vois le problème pour le clergé: le croyant échappe à sa détermination Symbolique s'il en vient à céder à ses pulsions, ou s'il cherche à se définir de façon immanente (je pense donc je suis): Sade, et Descartes même combat.

- Pourtant le sexe est nécessaire ne serait-ce que pour perpétuer la société !

- Oui, aussi  le clergé doit-il se réapproprier la pulsion sexuelle, pour l'intégrer au fait culturel. Et de ce point de vue, ou pourrait dire que la préoccupation est déjà là, dans les sociétés primitives, qui ignorent l'idée d'individu, et développent des règles strictes pour former les couples (voir "les structures élémentaires de la parenté" de Lévi-Strauss). 

Je ne te refais pas tout le film, mais l'on en vient vite à considérer la femme comme un bien, ayant une valeur d'échange etc.

Mais pour en revenir à notre propos, et à nos religions du Livres, il est évident que la sexualité des individus doit être contrôlée et mise au service d'un principe s'échappant de l'Imaginaire vers le Symbolique.

- Veux-tu dire que l'on doit réagir en se laisser aller à ses pulsions ?

- Non, mais la question est de savoir:

  • si le Sujet peut décider du pôle Symbolique par lequel il souhaite se définir (on en revient à Kant): R< I1< Im< S;
  • ou si le Sujet est subordonné au clergé : Im< Iclergé...

- Mais pourquoi le Sujet, après avoir pris conscience de son identité, à partir de l'âge classique (voir Foucault), se résoudrait-il à s'en remettre à une église quelconque plutôt que d'assumer sa liberté?

- C'est extrêmement simple: parce que sans elle, l'Image la plus haute qu'il puisse se faire de lui-même, c'est l'objet initial, le vide ( ).

Or, ce vide renvoie à l'idée d'inexistence (l'existence est à l'autre bout de l'Imaginaire ne l'oublie pas), et de la mort. Il faudrait revoir le couple "Éros/ Thanatos" freudien en introduisant cette distance diachronique, qui place (*) et ( ) aux deux limites Réelle et Symbolique de l'Imaginaire !

- Autrement dit, pour échapper à la mort, il faut soit baiser, soit croire son curé, imposé ou choisi ?

- Ou considérer la contemplation de sa vacuité comme une délivrance de l'idée de "Moi"... Mais, cette expérience qui est un "mouvement ou une "transformation", n'est évidemment pas de l'ordre de l'écrit.

Tu vois qu'il est possible d'en faire des livres, à partir de là.

Sur  ce, bonne méditation ! ooommm...

Hari

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